Historique
du sous-marin Minerve

En construction aux chantiers Dubigeon à Nantes (1959). |
Baptisé
le 19 septembre 1960, le sous marin Minerve est mis sur cale en mai 1958
aux chantiers Dubigeon à Nantes. Il est mis à flot le 31 mai 1961.
En octobre 1962,
il effectue une première plongée statique dans la darse transatlantique
de l'arsenal de Cherbourg.
Du 2 au 30 novembre
1962, le sous-marin effectue sa traversée de longue durée en eaux
froides. Il quitte Cherbourg, fait escale à Londonderry (Irlande),
Bergen (Norvège), Göteborg (Suède), puis rallie
à nouveau Cherbourg. Il atteindra ainsi la latitude extrême de
66°47'. Divers démontages et visites de contrôle sont effectués
à son retour.
Après avoir
effectué ses derniers essais devant Cherbourg en novembre 1962, il quitte
ce port le 10
décembre 1962 pour Toulon où il arrive le 22 décembre,
après une halte à Mers el-Kébir. Il aura parcouru
depuis sa mise à flot, 3058 nautiques et effectué 223 heures en
plongée, dont 44 au schnorchel. Il
est affecté à la 1ère escadrille de sous-marins (1ère
ESM).
Le 26 juillet 1963,
les sous-marins Amazone, Flore,
Minerve et Galatée
font escale à Alicante en compagnie du Maillé
Brézé.
Le 10 juin 1964,
il est admis au service actif.
En juillet 1964,
la Minerve, l'Eurydice,
la Flore, la Diane,
Le Savoyard, L'Alsacien,
et le Gustave Zédé sont en escale à Corfou.
L'escadre reçoit la visite du Roi Constantin de Grèce le
17 juillet. Sa vedette royale salue de 21 coups de canons les bâtiments
mouillés sur rade, puis le roi monte à bord du Gustave Zédé,
se faisant présenter les officiers des sept bâtiments. Sa majesté
descend ensuite à bord de la Minerve,
où il montre très intéressé par la conception du
bâtiment. En 1964, la Minerve
fait également escale à Malte (date ?) et Tarente
(date ?).
Du 1er janvier
au 1er octobre 1967 a lieu son premier grand carénage dans un des bassins
Missiessy de l'arsenal de Toulon.
Le sous-marin relâche
à Nice du 5 au 7 juin 1968, ce sera sa dernière escale.
" Des
Marins sont morts en mer. Ils étaient volontaires, c'est-à-dire
qu'ils avaient d'avance accepté le sacrifice et qu'ils avaient
fait un pacte avec le danger.
C'est pour cela en particulier que le sous-marin Minerve a laissé
au coeur de la France toute entière un souvenir profond, et à
ses armées un exemple qui durera.
Au nom de la Patrie, je salue leur mémoire et je suis sûr
que ce qu'ils ont voulu faire et ce qu'ils ont fait restera pour notre
France quelque chose de fort, comme ils l'avaient voulu. Vive la France ".
Charles de Gaulle,
8 février 1968.
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La
perte de la Minerve
Le 27 janvier
1968, la Minerve navigue au large
de Toulon en exercice avec l'Eurydice
et la Junon. La météo
est mauvaise. La Minerve refait
surface pour débarquer un officier en formation, puis le sous-marin
replonge. Ce sera sa dernière immersion. Il disparaît quelque
temps après, avec ses 52 membres d'équipage, au sud-est du cap
Sicié par 2000 m de fond.
Outre l'Atlantic,
qui eu le dernier contact avec le sous-marin, des moyens seront mis en place
rapidement par la marine pour effectuer les recherches, dont un nombre important
de bâtiments : Cassard,
Kersaint, Jaureguiberry,
La Bourdonnais, La
Galissonnière, l'Elie Monnier, le Commandant Robert
Giraud, L'Agenais,
Le Béarnais, L'Enjoué, L'Adroit, L'Alerte,
Le Frondeur, un Alizé,
les dragueurs de la 30e division dont la Paquerette, toutes les unités
disponibles de la Direction du port, et même le porte-avions Clemenceau
! Le Télénaute, le Terebel (institut français
du pétrole) et la soucoupe Cousteau rallie également la zone.
Malheureusement, malgré tous ces efforts, les recherches ne donnent
rien, et sont suspendues le 2 février.
Les seismologues
du laboratoire de géophysique vont toutefois apporter un indice intéressant.
En effet, en dépouillant les enregistrements de leurs analyseurs, ils
découvrent une anomalie, correspondant à une onde de choc dont
le point d'origine se trouve à une vingtaine de kilomètres en
mer, au sud de Toulon. Sans pouvoir localiser le lieu exact de la catastrophe,
on peut alors déterminer le moment exact de l'implosion de la coque
: le 27 janvier à 07h58.
La cause de
l'avarie fait l'objet de nombreuses hypothèses (collision, voie
d'eau, noyage via le schnorchel, avarie de l'appareil à gouverner,
explosion interne,...). Il est possible que l'accident soit le résultat
d'un défaut de conception du sous-marin auquel s'ajoute la réaction
en chaîne d'incidents mal maîtrisés. Deux
principaux problèmes se posaient à l'époque, d'une part
l'ergonomie du matériel, qui ne permettait pas toujours de réagir
avec toute la promptitude nécessaire à un incident, d'autre
part des difficultés de formation des équipages, à
un moment où la constitution des équipages des premiers SNLE
type Le Redoutable demandait beaucoup
de monde, et où les méthodes d'entraînement étaient
encore par trop artisanales. Il n'y avait, par exemple, pas de simulateur
à terre.

Les zones des naufrages de la Minerve
(27 janvier 1968) et de L'Eurydice
(4 mars 1970).
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Opération
REMINER
La recherche
de l'épave de la Minerve
fait l'objet de l'opération REMINER (REcherche MINERve) de 1968 à 1969.
En juillet 1968,
La Recherche rallie la Méditerranée pour effectuer un
balayage de la zone avec un sondeur à loupe, mais ne repère
rien de probant.
Du 17 septembre
1968 à octobre 1969, le baptyscaphe Archimède va effectuer
une série de plongée pour essayer de découvrir l'épave
de la Minerve, mais sans grand succès.
Le Mizar américain n'aura pas plus de chance. On fit même
appel à des radiesthésistes, et autres charlatans.
En 2006, l'épave
n'a toujours pas été précisemment localisé, elle
ne le sera peut-être jamais. Il reste que trente ans après, les
moyens techniques de détection ont considérablement évolué.
Des navires comme le Beautemps-Beaupré
ou le Pourquoi-Pas ?
pourraient reprendre les recherches avec plus d'accuité. Mais est-il
temps de réveiller les morts ?
Vous
souhaitez compléter cet historique (activité, escales, anecdotes,
etc...)
? Ecrivez
nous.
(A savoir : Les archives
du sous-marin Minerve sont conservées au Service Historique de la Défense,
port de Toulon, sous la côte 366 C. A ma connaissance, elles n'ont pas
encore été inventoriées. A noter qu'une partie de la documentation
est classifiée, notamment les rapports d' enquête suite à
l'accident, et ne peut être encore consultée. Il est possible qu'une
autre partie des archives soit au château de Vincennes).
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sous-marin Minerve].
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