Histoire du BDC Trieux


Le lancement du
Trieux aux Ateliers et Chantiers de Bretagne à Nantes (6 décembre 1958)
Mis sur cale aux Ateliers et Chantiers de Bretagne à Nantes le 25 avril 1958, ce bâtiment de débarquement de chars est baptisé Trieux le 17 avril 1956, du nom d'un petit fleuve côtier de Bretagne. Le Trieux est lancé le 6 décembre 1958. Il entre en service le 18 mars 1960 et est affecté à la 4e région maritime. C'est le premier d'une série de cinq bâtiments du même type.

Du 11 juin au 22 juillet 1962, le porte-avions La Fayette, le LST Chélif et les BDC Trieux, Blavet et Argens assurent le rapatriement de 17 496 personnes d'Algérie en Métropole. Le personnel marine ainsi rapatrié, familles comprises, représente 1053 personnes. Les passagers militaires des autres armes, ainis que leur familles, sont au nombre de 4154. 5906 civils d'origine européenne ont été transportés par le La Fayette et 6383 musulmans. Ces derniers sont d'anciens harkis et GMST, accompagnés de leur famille. La plupart de ces passagers sont débarqués à Marseille (9207 passagers) et à Toulon (7357 passagers. 632 passagers ont été débarqués en Corse et 300 à Port Vendres.

Pour l'anecdote pendant l'été 1962, lors du transport de 650 harkis de Mers el-Kébir à Marseille, un enfant naîtra dans la salle à manger des officiers sise au PC radio. Le jeune Mohamed Nichane et sa maman sont en parfaite santé.

D'octobre 1963 à mars 1964, le BDC est en grand carénage à Cherbourg.

Le Trieux quitte le 16 mars 1964 Cherbourg pour la Polynésie. Après une escale de quelques jours à Fort-de-France , il franchit le canal de Panama, et arrive le 4 mai 1964 à Papeete. Il est affecté au Centre d'Expérimentation du Pacifique. En octobre, Le Trieux passe sur le nouveau dock de Papeete. Ce fut le premier navire à profiter de ce service.


Le
Trieux inaugure le dock flottant de Papeete (
1964)

Pendant deux ans et demi, le bâtiment va silloner les eaux de la Polynésie, parcourant plus de 50 000 milles et transportant plus de 23 000 tonnes de matériel divers. Il s'agit d'amener sur place les matériaux nécessaires à l'édification des sites de tir des atolls de Mururoa et de Fangataufa et la base avancée de Hao. Ce sont des installations énormes : blockhaus, poste centraux de tir et de télécommande, pistes d'aviation, centrales électriques, usine de fabrication de l'eau... Inlassablement sont effectuées des rotations entre Papeete, Hao et Mururoa pour acheminer aussi bien matériaux de construction (ciment, fers à béton, goudrons) que matériel roulant (véhicules, grues, bulldozers) et que les fournitures nécessaire à la vie quotidienne des nouveaux chantiers (vivre, eau potable, gasoil), ainsi que quelquefois des matériaux plus dangereux (essence, dynamite). Ces rotataions essentielles mais monotones sont entrecoupées par des liaisons avec les archipels extérieurs de la Polynésie (Marquises, Gambier, Australes, Iles sous le Vent) pour le transport d'équipement ou de personnel, pour des tournées d'inspection d'autorités ou simplement des missions de présence.

Au cours d'un carénage à Papeete (mai à juin 1966), le Trieux subit toutes les modifications nécessaires à sa participation aux expérimentations nucléaires de l'été : installations d'étanchéité, de climatisation, de décontamination.


Arrivée du hangar hélicoptères, construit aux CMN de Cherbourg et qui sera mis en place sur le Trieux.

A partir du mois de juin, il est mis aux ordres du commandant des sites de Mururoa, pour effectuer les dernières évacuation des atolls avant chaque tir, et y assurer l'hébergement de personnel du génie et de la légion nécessaire aux derniers travaux.

Après une dernière remise en état rapide, il quitte Papeete le 11 novembre 1966, touche Nouméa le 25 novembre et y retrouve la gabare Tarentule qui rentre à Toulon et va l'accompagner une bonne partie du chemin du retour. Les escales pitoresques agrémentent le voyage de retour : Bali, Penang, Djibouti, Palerme. Le Trieux est de retour à Cherbourg le 28 janvier 1967.

Le Trieux affectue alors une refonte à Cherbourg. On y voit notamment l'installations d'un hangar pour deux hélicoptères Alouette (le hangar est construit par les CMN). C'est probablement à cette époque qu'une modification de l'armement est effectuée : Suppression des 20mm arrière, remplacement des deux affûts de 40mm à l'avant par des 20mm (à confirmer).

En septembre 1967, le BDC est en Côte d'Ivoire.

Le Trieux repart en Polynésie (NDRL : Je n'ai pas beaucoup d'information sur la période 1967-70), toujours pour les mêmes missions de soutien au Centre d'Expérimentations Nucléaires.

On le retrouve en avril 1970, lorsqu'il appareille de Papeete pour Rurutu en transport de 700 tonnes de matériels destinés aux sinistrés (suite au passage du cyclone Emma) pour la reconstruction de leurs maisons. Le déchargement se fera par les baleinières du Trieux.

En avril 1976, alors que le Trieux est en escale à Huahine, au mouillage devant le petit village de Fare, 5 matelots sont attaqués, frappés et roués de coups par une vingtaine de voyous. Non content d'avoir démoli les marins à coup de bambous, de pierre et même de bancs, les voyous poursuivent les victimes jusqu'à la coupée du bateau, et tente de prendre d'assaut le Trieux. Les voyous sont repoussés à l'aide de lances incendie. Un affrontement général est évité de justesse. Un marin grièvement blessé est évacué sur Papeete.

En août 1978, une mystérieuse photo apparaît dans la Dépêche de Tahiti accompagnée de cette légende "Bébé Trieux a été baptisé à Moruroa. L'heureuse maman Tarepa Roapamoa avec son bébé Manniva Trieux durant la cérémonie de baptême, en compagnie de la marraine de l'enfant. Derrière eux se trouvent l'infirmier et le médecin du bord". En fait, ce bébé serait né à bord alors que sa maman,originaire d'un atoll, tentait d'aller accoucher à Papeete. Si un lecteur en sait plus n'hésitez pas à m'écrire : .

En octobre 1979, le Trieux participe à de grandes manoeuvres à Tahaa. Cet exercice annuel met en oeuvre les hommes du BIMAT, le BDC Trieux où le PC de commandement est installé, ainsi que l'EDIC 9082.

En septembre 1981, un nouvel exercice a lieu avec le pétrolier Punaruu, les avisos-escorteurs Cdt Bory, Balny et EV Henry, le patrouilleur La Combattante, les Neptune et l'Alouette de la 12S.

Le 23 avril 1982, les 21 membres d'équipages d'un chalutier sud-coréens sont sauvés par l'aviso-escorteur EV Henry, alors qu'ils dérivaient depuis une semaine sur ce qui restait de leur bateau, dévasté par un incendie suite à une explosion de moteur. Privé d'eau et de nourriture, les marins sud-coréen ont la chance de rencontrer l'EV Henry qui faisait route de Tahiti vers Hawaï. Ils sont ensuite transférés sur le Trieux qui les ramène à Tahiti.

En janvier 1983, les manoeuvres interarmées "Australes 83" ont lieu à Rurutu avec cette fois la participation du TCD Orage. Mais quelques jours après cet exercice, une affaire bien plus préocupante va occuper le BDC. Le cyclone Nano ravage l'archipel des Tuamotu. Le Trieux est parmi les premiers bâtiments engagés dans l'opération de secours au sinistrés. Il appareille avec plusieurs tonnes de matériel et de vivres en direction de Hao, un des atolls les plus touchés, puis visite d'autres zones pour y apporter son aide. L'aéronavale est également grandement solicitée, et les Neptune effectuent de nombreux parachutages de canots de sauvetage avec du matériel de survie (chaîne SAR) à des habitants isolés sur certains atolls. C'est au total plus de 900 personnes des armées qui seront engagées dans cette vaste opération dont près de la moitié des effectifs est embarquée sur les navires : EV Henry, Marara, Lorientaise, Trieux, Blavet, Chamois, EDIC 9074.

Une mission aux Marquise a lieu en octobre 1983, avec escle à Fatu Hiva, Hiva Oa, Ua Huka, Ua Pou et Nuku Hiva. Cette mission a lieu au profit du SMCB (Service Mixte de Contrôle Biologique) et du RIMAP.

Janvier 1984, après avoir quitté Moruroa avec des membres d'une mission scientifique pluridisciplinaire, le Trieux mouille à Rapa. C'est la toute première fois qu'une mission aussi importante et aussi complète se déplace sur la plus australe des îles, appuyée par un soutien logistique inégalé, notamment le BRB Marara et une Alouette. Objectif : Les pierres et les plantes ! L'hélicoptère récupèrera de nombreux échantillons récoltés par les scientifiques. Le Trieux rentre à Papeete le 13 février.

En avril 1984, le Trieux participe aux manoeuvres annuelles Taakeo aux Marquises du Nord (Nuku Hiva, Ua Pou, Ua Huka), avec la quasi totalité du RIMAP, l'aviso-escorteur Doudart de Lagrée, le Batral Dumont d'Urville, les patrouilleurs La Lorientaise et La Combattante. Une Alouette III est embarquée sur le Trieux.

Le 26 juin 1984, un chalutier coréen, le Oyang, lance un appel de détresse à 400 km dans le nord-ouest de Tahiti : un marin gravement malade doit être hospitalisé d'urgence. Le BDC Trieux appareille de Papeete. L'Alouette III de la 12S le rejoint peu après. Celle-ci, guidée par un Neptune, réussi à déposer le médecin du Trieux à bord du chalutier, puis à hélitreuiller le malade et le médecin, puis se pose à l'aéroport de Faaa. Le malade est ensuite conduit à l'hôpital de Papeete.

En décembre 1984, le Trieux effectue le ravitaillement en vivres de la Jeanne d'Arc au mouillage de Bora-Bora.

Du 13 au 23 juin 1986, un exercice interarmées Matikea est organisé dans les îles sud de l'archipel des Marquises. Le BDC participe à la totalité de l'exercice, embarquant près de 350 hommes à Papeete le 12 au matin, il assue leur transit pour arriver le 16 à l'île de Tahuata, puis Hiva-Oa du 18 au 20 et le retour à Papeete le 23 au soir. Parallèlement à l'hébergement du RIMAP, il participe aux exercices en liaison avec l'aviso-escorteur EV Henry, le Dumont d'Urville, le pétrolier Papenoo, l'Alouette, un Gardian de la 12S et le Twin Otter.

Du 9 au 13 février , le Trieux et 200 hommes du RIMAP effectue un exercice aux Gambiers. Cette manoeuvre est assez compliqué à organiser compte tenu des 1700 km qui sépare Tahiti de cet archipel. Le 9 février, le Trieux mouille à Rikitea. La Manoeuvre se poursuit sur Mangareva.

L'équipage du bâtiment de débarquement de chars (BDC) Trieux lors de la prise de commandement du capitaine de corvette Philippe Goulet de Rugy (19 mai 1987).

Arrivée à Singapour pour démolition (juin 1991).
Début juillet 1988 a lieu ce qui est peut être le dernier exercice du Trieux aux Marquises. Après avoir passé une journée à Omoa, et une autre à Atuona, le Trieux se rend à Taiohae pour 3 jours avec des soldats du RIMAP.

Le 12 juillet 1988, il est désarmé à Papeete, puis remis à l'administration des Domaines. Embossé à Fare Ute, il est condamné sous le numéro Q666 le 5 décembre 1988.

Le 29 septembre 1989, la coque du Trieux est mis en vente par les Domaines.

En juin 1991, la coque est remorquée depuis Papeete arrive à Singapour. Elle y sera démolie aux chantiers Alwyn Mac Millan.

(Texte Net-Marine 2006. Nota : Vous souhaitez compléter cette histoire par des textes ou des images intéressantes ? N'hésitez pas à nous écrire : netmarine@netmarine.net )


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