Les bâtiments des flottilles en Indochine (1945-1954)
Les Landing Craft (LC) d'origine alliée L'étude et le développement de bâtiments spécialisés dans les opérations de débarquement, déjà entamés au Royaume-Unï avant 1939, reprit avec une nouvelle vigueur dès le lendemain de Dunkerque. L'entrée en guerre des Etats-Unis multiplia bien entendu le rythme et l'intensité des études et des fabrications. Il en résulta deux lignes de matériels, assez aisément reconnaissables l'une de l'autre, mais plus complémentaires que concurrentes - les développements en furent en effet coordonnés - et des engins des deux familles furent utilisés dans les deux marines. Les appellations et sigles des différents bâtiments et engins ont été attribués de manière relativement systématique. On distingue en effet :
Il n'existe pas en français d'appellation globale satisfaisante pour les types très divers entrant dans la catégorie LC : le terme « chaland de débarquement » rend bien l'idée du fond plat qu'offrent tous les LC pour pouvoir s'échouer sur les plages, mais ne laisse pas deviner que certains d'entre eux sont de véritables petits bâtiments de guerre ; de même, le terme « engin de débarquement » est certainement adéquat pour les plus petits LC, mais on peut le trouver lui aussi insuffisant pour les plus gros, qui ne sont ni des chalands, ni de simples engins. Car la catégorie anglo-saxonne des LC, telle qu'elle a été établie vers 1942, recouvre en fait deux sous-catégories, assez bien tranchées :
Pour ce qui intéresse la guerre d'Indochine, les Landing Craft à considérer sont les suivants :
Du point de vue de leur origine, on peut approximativement distinguer : L'urgence des programmes de construction et le souci de la standardisation ont conduit les Américains à adopter un seul type de moteur pour tous leurs bâtiments et engins : ce moteur quasi universel, qui s'est révélé excellent, est le diesel Gray-Marine 6-71 (licence Général Motors Corp.), 6 cylindres, 225 CV, double circuit de réfrigération (eau douce et eau de mer), avec cependant deux variantes, suivant qu'il tourne « à droite » ou « à gauche ». On trouve :
Dans le domaine de la standardisation, on peut aussi noter l'utilisation extrêmement répandue du canon de 20 mm Oerlikon (matériel conçu par une nation neutre, la Suisse, de même que le canon de 40 mm Bofors un peu moins répandu dans les flottilles, est d'origine suédoise) La plupart des LC, du fait qu'ils sont destinés à transporter et à jeter à terre, en paquets, du personnel et du matériel, ne sont que des plate-formes, entourées du minimum de superstructures nécessaires et munies d'un système de propulsion à l'arrière. D'aucuns les qualifient, sans bienveillance, de « caisses à savon ». En tous cas, c'est sans nuance péjorative que l'on parle de la cuve pour désigner l'espace plan, à ciel ouvert, et entouré de murailles plus ou moins hautes, où sont en quelque sorte parqués les personnels et matériels transportés. Possèdent de telles cuves les LCT, les LCA, les LCVP et les LCM. Ces quatre types d'engins sont donc, à priori, très vulnérables aux tirs de mortiers, et les plus petits, susceptibles de naviguer très près de berges qui les surplombent largement, sont de plus vulnérables aux jets de grenades. Il faut reconnaître que ces éventualités ne se sont jamais produites, ou tout au moins qu'il ne s'est jamais produit de drame de ce fait. Pourtant
les LCT n'ont jamais été
couverts (sauf par des tentes qu'on n'établissait qu'en dehors des
contraintes opérationnelles). Si les petits engins, LCA,
LCVP et LCM,
ont été munis de toitures fixes, ou semi-fixes (souvent en bois
recouvert de toile goudronnée), c'est surtout afin de leur conférer
une certaine habitabilité. Dans la conception anglo-saxonne, il
n'était pas question que les équipages de ces petits engins séjournent
à bord. Enfin une dernière remarque générale : dans la description de l'armement des divers types de bâtiments et engins, l'armement portatif n'est pas mentionné : si les fusils et fusils-mitrailleurs sont peu utilisés, ainsi que les Piat (Projector Infantry Anti Tank, sorte de bazooka - lance-roquette à charge creuse - de fabrication britannique.), il n'en est pas de même des mortiers de petit calibre (50 mm, 60 mm, deux pouces,...), très appréciés des utilisateurs, mais impossibles à recenser. Les bâtiments de la deuxième génération Des nouveautés sont un des éléments de la mutation intervenue dans les flottilles à partir de janvier 1951. Ces nouveautés qui sont entrées en service en 1951 avaient été préparées (conception, ou négociation ?) auparavant, c'est-à-dire en général en 1950, éventuellement dès 1940. Pendant la guerre du Pacifique, les LC anglo-saxons composent en fait deux catégories assez nettement, différentes : les grands chalands, et les petits engins. Pour éviter les erreurs qui peuvent résulter de cette dualité, l'US Navy décide, peu après la fin de la guerre, de changer la dénomination ("re-designate") des grands LC. Ainsi, les LCI(L) deviennent des LSI(L), les variantes (G), (M), etc... des LCI deviennent des variantes des LSI, et les LCS(L) américains passent aussi dans la classe des landing ships. Louis Durteste et Net-Marine © 2009. Copie et usage : cf. droits d'utilisation. Photos collection Jackie Martin-Desbois, ECPA, dessins Claude Picard - Marines internationales juin 1980.
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