Historique du sous-marin Marsouin


Le lancement du sous-marin Marsouin à Cherbourg (21 mai 1955).
1951-57 : De la construction à l'admission au service actif

Inscrit au budget de 1949, la construction du sous-marin Marsouin débute en septembre 1951 à l'arsenal de Cherbourg, sous le numéro Q232.

Fin 1953, il est mis sur cale.

Des doutes se font jour quand à la résistance à la pression des sections avant de la coque épaisse. Une maquette au 1/10e est alors testée en bassin. La calotte avant de la coque épaisse présentent d'importantes voies d'eau avant même d'atteindre son immersion maximale ! Ainsi le Narval et le Marsouin reçurent un système de barre de renfort destinée à empêcher l'écrasement de la coque.

Le Marsouin est mis à flot le 21 mai 1955. C'est le 62e submersible construit par l'arsenal de Cherbourg. La cérémonie de lancement est présidée par l'amiral Periès, préfet maritime de la première région.

Le 1er juin 1956, il est armé pour essais, mais les problèmes avec les diesels sont tels, que le 8 août 1957 la commission permanente des programmes et essais (CPPE) s'oppose à l'admission au service actif du Narval et du Marsouin, prévue pour le 1er octobre 1957 (ndrl : mais alors quand a eu lieu son admission au service actif ?).

Le 18 septembre 1957 le Marsouin appareille de Cherbourg pour Toulon, où il arrive le 30 septembre 1957, après escale à Casablanca du 23 au 26 septembre.

Arrivé à Toulon, il est affecté à la 1ère escadrille de sous-marins (1ère ESM).


La mâture est pliée suite à un abordage avec un bâtiment inconnu (novembre 1960).

Le 27 janvier 1958, au nord du golfe de Girolata, le Marsouin touche la côte par babord, à la vitesse de 5 nœuds. Un ballast est crevé et l’avant de l’aileron babord - lequel supporte la ligne d’arbres et la barre de plongée - est marqué d'un fort impact. Voir le récit détaillé de l'ingénieur mécanicien Jean Gagneux.

Le Marsouin ne restera pas longtemps basé à Toulon, puisque le 15 juin 1958, il rallie la base sous-marine de Lorient-Kéroman, où il y restera basé jusqu'à la fin de sa carrière.

Le 5 février 1959, il est décidé de procéder pour entraînement à une prise de plongée en avarie de station d’huile c'est-à-dire de manœuvrer les purges en local et à bras…Alerte !… les purges sont ouvertes… sauf celles du ballast 1 extrême arrière qui restent bloquées ; et voilà le bâtiment qui part en pointe négative jusqu’à 50°, accroché en surface par son ballast AR…belle dégringolade de personnels et de matériels, on stoppe les moteurs et le bâtiment se redresse. Belle frayeur quand même !

1960 : Abordé par un bâtiment inconnu

Le 15 novembre 1960, il appareille de Lorient pour une sortie en mer.

Le lendemain, alors qu'il navigue à l'immersion périscopique, il est à 19h18... Alerte 30 mètres rapidement ! Deux minutes après, le bateau est fortement secoué et prend 5° de gite sur babord, puis tout semble redevient normal. Il plonge à 30 mètres, mais aucun aérien (sauf l’APV) ne fonctionne ni les feux de hune. Le Marsouin met une heure à faire surface, tellement il y a de bateaux partout, au poste de combat, toutes portes étanches fermées. Rien ne se passe.
Jean Gagneux, alors chef mécanicien, va voir les dégâts. Les dégats sont importants : tout l’avant du massif supérieur est ravagé par l’hélice d’un gros cargo. Le haut du massif est découpé comme par « 2 coups de hache » parallèles qui ne pouvaient avoir été faits que par la rotation d’une grande hélice, dont on pourrait même mesurer le pas… La mâture est pliée et le haut de la baignoire entièrement défoncé.

Le sous-marin rejoint sa base de Kéroman le 17 novembre. Une commission d’enquête (présidée par le commandant Fages) se réunit le 18. Le Marsouin reprendra la mer le 5 janvier 1961, après réparation.

1961 : Deux naissances à bord

Le 1er mars 1961, il rallie Lorient après sa croisière océanique au cours de laquelle il a effectué un grand nombre d'exercices, en particulier avec l'escadre légère, avec laquelle il a touché Cadix.

Repartant de Lorient le 9 octobre 1961, il touche successivement Invergordon et Rosyth (Ecosse), après plusieurs jours d'exercices en Manche, mer d'Irlande puis Atlantique avec le Brestois et le Basque. Fait remarquable, Fifille, la chienne mascotte du bord donne naissance à deux nouveaux membres d'équipage : Scapa et Gardon, nés au large des côtes écossaises. Le Marsouin revient à sa base de Lorient le 31 octobre. Après un séjour de 24 heures, il appareille à destination de Bordeaux où il fait escale pour la première fois du 4 au 11 novembre 1961.


A la mer (18 mai 1966).
Le 3 novembre 1961, il quitte Lorient, puis dans la soirée à 23h00, il est abordé par le caboteur Carentan. Cette collision provoque une déformation de l'étrave et du masque du sonar sur 3 mètres environ. Il n'y a pas de blessé.

De janvier à septembre 1962, il est en grand carénage à Lorient. Il quitte Lorient le 30 septembre 1962 en direction de Toulon qu'il touche le 9 octobre 1962.

1964 : Croisière polaire en mer de Norvège

Du 28 avril au 16 mai 1964, une croisière polaire en mer de Norvège conduit l'Espadon et le Marsouin à monter jusqu'au parralèle 70°N. Ce sont les premiers sous-marins français à naviguer sous la banquise, vérifiant que l'approche et la plongée ne présentent pas de difficultés particulières. Ces plongée permettront de préparer l'opération « Sauna » l'année suivante, pendant laquelle le Dauphin et le Narval resteront une dizaine de jours au 72°N en naviguant ponctuellement sous la banquise.

En juillet 1964, le Narval et le Marsouin sont avec le BSL Rhône sont à Royan.

Le 11 mars 1966, tous les trois font une nouvelle escale commune de 3 jours à Bayonne.


A la mer après refonte (13 octobre 1970).

1968-69 : Refonte à Kéroman

De février 1968 à octobre 1969, le Marsouin est en refonte à la base de Lorient-Kéroman. Les diesels Schneider sont débarqués et remplacés par trois diesel SEMT Pielstick 12PA4 185 pour la propulsion diesel-électrique en surface. Les tubes lance-torpilles arrière sont supprimés. Un nouveau kiosque est mis en place, ainsi que de nouveaux sonars. Les ailerons et barres sont modifiés. L'équipement électronique de détection est rénové.

Une escale à Portsmouth a lieu en juin 1970, une autre à Bayonne le 20 mai 1971.

1975 : Voie d'eau par 200 mètres de fond !

Le 11 novembre 1975, le Marsouin est en plongée par 200 mètres de fond dans le golfe de Gascogne. Soudain, une voie d'eau se déclare. Les manoeuvres de secours pour regagner la surface en urgence sont alors entreprises. Une fois arrivé en surface, le sous-marin prend une forte gite (77° environ), et l'acide des accumulateurs électriques des 2 batteries se déverse. La voie d'eau était une « fausse » voie d’eau (rupture de canalisation interne), ce qui explique le phénomène de « feuille morte » due à une non prise de poids et à une vitesse insuffisante par rapport à la vitesse ascensionnelle. Au bilan, six hommes déquipage sont blessés (contusions et brûlures d'acide). Les trois plus gravement atteints seront évacués vers un hôpital par hélicoptère, alors que le bâtiment fait route vers Lorient qu'il rallie le jour même. Le Marsouin reprend la mer le 6 janvier 1976, après réparations.

Du 26 janvier à juin 1976, il effectue la mission « Orion » en océan Indien, via le canal de Suez avec le Rhône et la Junon.

1978 : Un mort et deux grands brûlés suite à une explosion

Le 4 août 1978 à 0900, le Marsouin appareille pour une plongée statique qui se fera sous Groix. C'est sa première sortie pour essais à l'issue d'un grand carénage. Quelques minutes après l'appareillage du poste 8, une explosion de la station d'huile advient alors qu'il est par le travers de KIII. Elle fait un mort, le maître mécanicien Olivier, et six blessés dont un ouvrier de la DCAN. Plusieurs d'entre eux seront sévèrement brûlés.

Les réparations à Lorient s'étendent d'août à novembre 1978.

En 1979, il fera escale à Gand, ainsi qu'à Portsmouth (13 septembre).

Du 10 janvier au 23 avril 1981, il est en mission aux Antilles. A cet occasion, il fait un arrêt technique de 3 semaines à Pointe-à-Pitre avec le soutien du BSM Garonne.


Seule l'étrave du sous-marin Marsouin trône désormais à l'entrée de Lorient (8 novembre 1988).

1986 : Démoli à Lorient

Le Marsouin fait une dernière sortie à la mer au large de Lorient le 4 octobre 1982. La dernière cérémonie des couleurs a lieu le 8 novembre 1982, date à laquelle le bâtiment est mis en réserve spéciale. Il aura effectué 2589 jours de mer, parcouru 352 904 milles nautiques, dont 33 887 heures en plongée.

Peu à peu canibalisé, au profit des autres sous-marins du même type, il est condamné le 8 juin 1983, et devient le numéro Q633. Sa coque servira par la suite à divers essais, notamment un essai en immersion d'une charge de nageur de combat (mod. 1957) du commando Hubert.

Il est vendu aux enchères à Lorient le 6 février 1986 à M. René Vaysse, un ferrailleur à Pont de Buis, pour la somme de 266 000 francs.

Au printemps 1986, sa coque est démoli à l'intérieur de l'arsenal. Le travail est polluant. De nombreux débris seront abandonnés. Le préfet maritime s'opposera ensuite à toute nouvelle démolition dans l'arsenal (Cf. la Diane sera démolie à Kéroman). Une autre source signale le Marsouin démoli à Saint Nazaire (probablement une erreur ?).

Mais la coque du Marsouin ne sera pas totalement démolie. En effet, le 27 mars 1987, l'étrave qui gisait depuis plusieurs mois sur un terre-plein des chantiers de La Perrière, est vendu à la ville de Lorient pour la somme de 40 000 francs. Cette étrave sera mise en place sur le périphérique de Lorient, près de la base sous-marine. Elle y trône depuis le 25 mai 1988, et y est encore aujourd'hui.

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Net-Marine © 2010. Remerciements Jean Gagneux, Dominique Salles, Patrick Du Cheyron, Serge Pelois, Serge Le Coustour. Copie et usage : cf. droits d'utilisation. Vous souhaitez compléter cet historique (activité, escales, anecdotes, etc...) ? Ecrivez nous.


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