Sous-marin Marsouin : 27 janvier 1958 - Choc en plongée sur la côte

Le 27 janvier 1958, au nord du golfe de Girolata, le Marsouin touche la côte par babord, à la vitesse de 5 nœuds. L'ingénieur mécanicien Jean Gagneux raconte...

En janvier 1958 le sous-marin océanique Marsouin est admis au service actif depuis 4 mois, il est commandé par le LV Fages, et fait partie de la 1ère escadrille de sous-marins (ESM) à Toulon.

Il appareille le 21 janvier 1958 à 11h30 pour des exercices d’escadre ; au matin du 22 janvier il se produit une avarie de barre arrière au schnochel , sans conséquences ; il participe ensuite à des CASEX et procède à des essais à la pointe pour entraînement ; il mouille le soir à Porquerolles. Les 23, 24 et la matinée du 25 janvier il participe à des exercices avec transits sous patrouilles aériennes et navales, il réussit à ne pas être détecté et finalement fait surface dans le golfe de Porto puis rejoint Ajaccio à 14h30, il y restera jusqu’au matin du 27, le nouvel officier en second (lieutenant de vaisseau Bastien Thiry) embarque au cours de l’escale.

Le Marsouin appareille à 7 heures, le 27 janvier, après que le capitaine de corvette Lasserre du Centre d’Entraînement ait embarqué. La matinée se passe en exercices avec des escorteurs, le Marsouin se pose sur le fond à 62 mètres pour ne pas être repéré. A partir de 19 heures, commence un important exercice dont le thème est l’attaque d’un grand bâtiment (le Gustave Zédé) au mouillage dans le golfe de Porto, lequel est fermé par un barrage d’escorteurs. Pour déjouer cette surveillance, le commandant Fages décide de faire une approche discrète en rasant la côte nord du golfe de Girolata (l’Ingénieur Mécanicien Gagneux note « ce n’est pas rassurant »).

A 22h15, le Marsouin touche la côte par babord à la vitesse de 5 nœuds… L’ordre « surface - chassez partout » est donné mais il y a encore trois chocs avant de faire surface, au pied même d’une impressionnante falaise qui domine le bâtiment ; il est alors constaté la crevaison d’un ballast et un fort impact sur l’avant de l’aileron babord lequel supporte la ligne d’arbres et la barre de plongée ; aucune autre avarie n’est signalée dans le bord. Le Marsouin repart en surface et peu de temps après plonge à 100 mètres et participe aux exercices en cours toute la journée du 28 et de la matinée du 29.

Le Marsouin rentre à Toulon le 29 janvier à 11h30 ; l’IM plonge vers 16h30 pour évaluer les dégâts, il constate que l’avant est très abîmé au niveau du dôme sonar, il lui semble que les autres avaries sont plutôt minimes mais l’eau est très sale. Le 30 juin appareillage à 9 heures, exercices les 30 et 31 avec retour à Toulon dans la soirée pour le week-end. Le 3 février l’IM note « on appareille malgré l’état du bateau », (il faut dire qu’en plus des dégâts de la coque de nombreux appareils de son service lui donne des soucis de fonctionnement). Le bâtiment va au Brusc pour des mesures de bruit et revient vers 20 heures ; nouvel appareillage le 4, également pour des mesures de bruit au Brusc et retour à Toulon, où il est mis en indisponibilité pour réparations, l’IM note « on s’arrête enfin mais on ne sait pas ce qu’on va faire pour la coque ».

Le jeudi 6 février, le bâtiment est déplacé à Castigneau, puis entre au bassin Vauban à 14h30, il est échoué à 17h30. Le bassin n’est asséché que tard dans la soirée du vendredi 7 février et, le lendemain, il est constaté que le bâtiment est assez abîmé. Les réparations peuvent commencer, elles dureront jusqu’au 24 février date à laquelle le bâtiment est à nouveau disponible.

Il faut noter que la cérémonie prévue le samedi 15 février, pour la remise de la Croix de Guerre au Marsouin par le Ministre chargé de la Marine, est annulée le 13.

Jean Gagneux pour Net-Marine © 2010. Copie et usage : cf. droits d'utilisation.


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