Vought F-8E (FN) Crusader

Le 25 mars 1955, le prototype XF8U-1 de Chance Vought fait son premier vol à partir du lac salé de Mudroc. Le Crusader pulvérise tous les records de l'époque. Les F-8 terminent la guerre du Viêt-nam avec le meilleur rapport victoires/pertes des avions du conflit. Ils poursuivent leur carrière aux Etats-Unis jusqu'en 1987. La Philippine Air Force les utilise également pendant quelques années.

Au début des années soixante, la France cherche un successeur pour l'Aquilon. La Marine se tourne de nouveau vers Chance Vought. La flottille 12F renaît en octobre 1964, la 14F six mois plus tard. Le dernier des 42 F-8E (FN) - FN pour French Navy - est livré en 1965 c'est également le dernier des 1261 Crusader à sortir des chaînes de Dallas. Les Crusader F-8E (FN) furent produits pour l'aéronavale française, avec des ailes hypersustentatrices modifiées spécialement conçues pour les porte-avions de petites dimensions.

Lorsqu’en 1978, la 14F se rééquipe en Super Etendard, seuls 8 Crusader ont été perdus, dont trois pendant « l’automne noir » de 1970 et trois entre 1977 et 1978 pour des problèmes de régulateur du réacteur. Mais plus de 20 pilotes ont dépassé le millier d’heures de vol sur l’intercepteur supersonique : tous sont unanimes pour vanter les grandes qualités de cet avion. C’est l’époque à laquelle, la livrée US-Navy initiale est abandonnée au profit d’une peinture gris uniforme, qui cèdera la place à la fin des années 80 à la livrée gris-bleu finale.

Les derniers Crusader français au 18 juin 1999
Avion
Heures de Vol
Appontages (pa)
Note
3
4842.3
870
 
7
5915.1
1196
 
8
5380.2
947
Réf 02.08.99
10
5464.4
946
 
11
5600.0
892
 
29
5293.7
1087
 
32
5359.8
1086
Réf 30.09.99
34
4522.9
893
 
39
4964.0
1020
 

Pendant plus de trente années, le « Crouze » a servi les couleurs de la France et a assuré la couverture aérienne de la flotte au sein de la Marine Nationale. Il a participé à toutes les opérations qui privilégiaient l'emploi d'une force aéronavale. De Djibouti au Liban, du golfe d'Oman à la mer Adriatique, l'ombre de ce vieux serviteur a couvert pratiquement toutes les mers du monde. Douze appareils étaient encore en service au 15 décembre 1999, date du retrait définitif du F-8P Crusader.

En 1999, plus de 10 avions avaient dépassé les 5000 heures de vol, et certains avaient plus de 1000 appontages au compteur, ce qui est considérable pour un avion embarqué. Ces appareils auraient dû être retirés à partir de 1985, à l'arrivée prévue des Rafale, mais ceux-ci ayant subi des retards budgétaires, pour faire la soudure, la Marine souhaitait des F-18 d'occasion, mais elle dû se contenter d'un programme de rénovation des F8-P, qui s'est terminée en 1997 : visite approfondie de la quille centrale, changement de la pieuvre électrique, et installation d'un détecteur d'alerte radar, qui faisait cruellement défaut depuis vingt ans. Le programme ne comportait pas le remplacement du vieux radar, qui n'est ni « look-down » ni doppler, ce qui mettait les Crusader hors d'état d'affronter un intercepteur moderne, comme le Mig 29. C'est en partie pour cette raison qu'ils n'ont été engagés à bord du Foch que jusqu’au 1er mars 1999, lors des missions Trident au-dessus de l’ex-Yougoslavie.

Le dernier des monoréacteurs monoplaces de chasse embarquée aura effectué presque 148 000 heures de vol. La dernière flottille de Crusader de l'US Navy, la VFP 63 avait été dissoute en 1982. A l'époque ces appareils n'y étaient plus utilisés depuis longtemps que dans la mission de photo-reconnaissance, et non comme intercepteurs. Comme l'Armée de l'Air des Philippines avait ferraillé les siens après l'éruption du Pinatubo, les Crusader de la 12F étaient donc les derniers au monde.

Pour en savoir plus :
Les caractéristiques principales
Une collection de photos
Les flottilles ayant armé des Crusader :
1 - Flottille 12F (03/1965-12/1999)
2 - Flottille 14F
Alexandre Gannier pour Net-Marine © 2008. Copie et usage : cf. droits d'utilisation. A noter, l'excellent ouvrage de Jean Marie Gall « Les Crusader français en action » Collection histoire de l'aviation n°4 - Editions Lela Presse)

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