Les insignes des équipages de sous-marins
1ère partie : 1906-1946

1. Alors qu'au début du XXème siècle la marine française compte déjà trente neuf sous-marins, l'organisation de ces bâtiments d'un type nouveau est encore à mettre en place. De nombreux arrêtés, circulaires ou dépêches règlent donc les problèmes au coup par coup.

C'est ainsi que le 21 février 1906, est publié au bulletin officiel de la marine un arrêté ministériel réglant le recrutement et l'organisation du personnel non officier des flottilles de sous-marins. Il y est fait mention que l'armement des sous-marins est assuré exclusivement par du personnel volontaire et choisi parmi les titulaires d'un brevet de spécialité (timoniers, torpilleurs, mécaniciens, gabiers).

La durée d'affectation aux sous-marins n'est pas limitée mais les hommes dont la conduite et l'aptitude professionnelle laissent à désirer peuvent être rendus d'office au service général et ne plus faire partie du personnel des flottilles de sous-marins.

Les personnels constituant les équipages de sous-marins bénéficient d'avantages substantiels en matière de solde et d'avancement. Et comme il y a intérêt à manifester l'appartenance de ces personnels à des équipages de choix, l'article 14 de l'arrêté crée un insigne décrit comme suit :

" Le personnel embarqué sur les sous-marins porte sur le bras gauche un insigne spécial représentant une torpille et deux foudres. Cet insigne est brodé en or pour les officiers mariniers, en soie rouge pour les quartiers-maîtres et marins ".

L'arrêté comporte normalement une annexe, non insérée au bulletin officiel, donnant le modèle de l'insigne. En dépit des recherches effectuées, cette annexe n'a jamais été retrouvée. Il est probable qu'elle a été détruite lorsque, quatre mois plus tard le 26 juin 1906, une circulaire vient à nouveau traiter " du signe distinctif porté par les équipages de sous-marins". Compte tenu de ces délais très brefs on peut également penser que ce premier modèle de l'insigne n'a jamais été fabriqué.

2. Le nouveau modèle d'insigne pour le personnel des sous-marins est défini comme suit :

" Le personnel embarqué sur les sous-marins porte sur le bras gauche un insigne spécial, brodé en or pour les officiers mariniers, en soie rouge pour les quartiers-maîtres et marins. J'ai décidé que le signe distinctif réglementaire dont il s'agit consisterait en deux torpilles croisées avec foudre et serait délivré aux parties prenantes à titre onéreux ".

Ces insignes sont destinés à être cousus en haut de la manche gauche de la veste, du manteau, du caban ou de la vareuse. Délivrés à titre onéreux, l'insigne brodé en or coûte 4,50 francs et celui en soie rouge 3 francs.


Personnel des sous-marins: insigne pour officiers mariniers.

Personnel des sous-marins : insigne pour quartiers-maîtres et marins.
Quartier-maître du sous-marin BELLONE durant la 1ère guerre mondiale. L'insigne de sous-marinier semble être un insigne doré d'officier marinier et non l'insigne en soie rouge que doivent porter les quartiers-maîtres.


Aucun dessin n'accompagne la circulaire du 26 juin, mais il est précisé " que des échantillons-types seront envoyés incessamment aux ports " chargé d'approvisionner ces insignes. Cet envoi doit normalement conduire à l'uniformité d'insignes dont la fabrication est assurée dans le cadre de contrats passés avec des fournisseurs différents selon les ports

Au résultat la forme générale de l'insigne est respectée. Cependant les variantes de taille, de forme ou de grosseur des torpilles et de longueur des foudres sont nombreuses. On trouve également des fabrications de fantaisie plus spécialement destinées aux quartiers-maîtres et matelots. La plus courante est sans doute celle où les foudres sont brodées en or au lieu d'être en soie rouge.


Insigne produit par un fabricant toulonnais. Contrairement au modèle officiel, la position des torpilles est inversée.

Modèle de fantaisie pour quartier-maître ou marin : foudres et hélices sont brodées en or

3. Le 22 juin 1946 la circulaire n° 68 PM/ORG prescrit le port d'insignes de spécialité pour tous les personnels des équipages de la flotte. Ces insignes en tissu sont cousus en haut du bras gauche.

Pour les personnels des sous-marins la question se pose de savoir s'il est possible de porter l'insigne de sous-marinier et l'insigne de spécialité au même emplacement. Ou faut-il plutôt déplacer un des deux insignes ? Ou en supprimer un ?
La rédaction initiale de la circulaire indique que l'insigne de sous-marinier fait partie des "insignes divers assimilés à des insignes de spécialité". A ce titre il est porté au lieu et place de ces insignes. Une première modification intervient le 12 août 1946. L'insigne reçoit la nouvelle appellation d'insigne du certificat d'aptitude à la navigation sous-marine. Les conditions de port demeurent cependant inchangées. Le 24 décembre 1946, une deuxième modification à la circulaire du 22 juin décide la création d'un insigne spécial pour le personnel titulaire du certification d'aptitude à la navigation sous-marine sous forme d'un macaron métallique épinglé sur le côté droit de la poitrine et destiné à être porté par le personnel non officier et par le personnel officier.

Après quarante ans d'existence l'insigne en tissu des équipages de sous-marins disparaît. Bien que largement répandu jusqu'en 1939 - à cette époque la flotte sous-marine française ne compte pas moins de 77 unités - il constitue aujourd'hui un insigne peu connu et difficile à retrouver : cousu sur les effets de drap, il a généralement disparu avec ceux-ci.

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L'équipage du sous-marin CIRCE photographié à Bizerte en 1910. L'insigne de sous-marinier est visible sur la manche du second maître assis au premier rang.