Les grues flottantes automotrices de 7,5/15 tonnes
A
l'issue du second conflit mondial, la marine nationale dispose d'un ensemble
disparate de grues flottantes construites avant guerre, cédées par les américains
ou capturées en Allemagne. Dans le cadre du renouvellement des moyens portuaires
engagé à la fin des années 50, la marine notifie à la DCAN (Direction des Constructions
et Armes Navales) Cherbourg
le 6 février 1960 la commande de 2 GFA (Grues Flottantes Automotrices)
s'inspirant des unités construites dans les années 30. Si le flotteur est fabriqué
au sein de l'arsenal normand, la grue est conçue et réalisée par la société
Applevage sise à Paris dans le 20ème arrondissement. Deux autres unités sont
construites quelques années plus tard par le même chantier.
Équipant
progressivement les DP (Direction du Port), les GFA se mettent au service
d'unités plus prestigieuses que sont les navires de combat. Propulsées donc
totalement autonomes sur rade, elles se déplacent d'un quai à l'autre transportant
les charges les plus diverses. On les voit manipuler successivement munitions,
embarcations, missiles, coupées et autres hélicoptères à bout de potentiel pour
pouvoir voler...Usées par plus de 40 années de service et ne répondant plus
aux normes de sécurité en vigueur, elles sont progressivement arrêtées dans
les années 2000 à l'exception de la GFA3. Totalement refondue en
2006 par la société Foselev Marine à La Seyne-sur-Mer, elle voit son activité
prolongée d'une quinzaine d'année.
Éléments
indispensables de la chaîne logistique des bases navales, les GFA sont
remplacées à partir de mars 2008 par les PGA
(Pontons Grues Automoteurs). Commandés le 16 janvier 2007 à 5 exemplaires
aux chantiers Socarénam, les PGA sont
destinés aux ports de Toulon, Brest et Cherbourg.
A côté de leur fonction principale de grue flottante, ils sont étudiés et équipés
pour réaliser des travaux d'ancrages portuaires remplaçant les gabares de port
désarmées depuis plusieurs années.
|
Les
grues flottantes automotrices (GFA) |
. |
Nom |
Lancé |
En service |
Désarmé
|
Observations |
- |
GFA 1 |
08/01/1962 |
10/02/1964 |
2005 |
en attente à Toulon |
- |
GFA 2 Girafe |
15/06/1961 |
10/02/1964 |
2001 |
coulé à Brest |
- |
GFA 3 |
10/01/1962 |
16/01/1963 |
|
en service à
Toulon |
- |
GFA 4 Lama |
? |
17/07/1967 |
2005 |
en attente à Toulon |
|
GFA
1
Admise au service actif le 10 février 1964, la GFA 1 effectue
toute sa carrière à Toulon au sein de la DP puis de la base
navale. Rejointe par la GFA 3 puis beaucoup plus tardivement par la GFA
4 Lama, elle effectue inlassablement ses missions de soutien jusqu'au début
des années 2000. Usée et d'une disponibilité devenant très
aléatoire, elle est définitivement arrêtée en
2005. En attente de condamnation, ses missions sont reprises par la GFA
3 refondue et ultérieurement par un PGA.
GFA
2 Girafe
Admise au service actif le 10 février 1964, la GFA 2 rallie
Mururoa enradiée dans le TCD Foudre. Le CEP
(Centre d'Expérimentations du Pacifique) devant être impérativement
opérationnel en 1966, les travaux d'infrastructure à réaliser
sont titanesques. Ne disposant pas de bassin de radoub sur place, c'est échoué
dans le radier de la Foudre que la GFA 2 subit son premier
carénage du 9 au 14 septembre 1964. Après quelques années
de service dans le Pacifique, elle remonte en métropole avec le concours
de l'Ouragan. Désormais
affectée à la DP Brest et baptsiée Girafe, elle
assure le soutien des unités de l'Escadre et de la Flottille de l'Atlantique.
Rejointe en 1986 par Alpaga, elle cesse toute activité en 2001
usée par presque 40 ans de service. En attente de condamnation en
rade abri, elle coule accidentellement en mai 2005 victime d'une voie d'eau,
seule l'extrémité de sa flêche émergeant à
la surface de l'eau. Quelques mois plus tard, les plongeurs démineurs
interviennent pour démonter la grue lors de travaux sous-marin, le ponton
moins génant pour la navigation étant renfloué ultérieurement.
Ses missions sont reprises par la GFA 6 Alpaga et ultérieurement
par un PGA.
GFA
3
Admise au service actif le 10 janvier 1963, la GFA 3 est enradiée
à Cherbourg dans
le TCD Foudre le 15 janvier suivant. Destinée à la DP
Mers-el-Kébir, base importante de la marine nationale en Afrique du Nord,
elle y arrive le 21 janvier 1963. Indépendante depuis quelques mois,
l'Algérie est progressivement évacuée, les unités
étant rapatriées en métropole ou redéployées
outre-mer. Par décision de l'état-major de la marine en date du
5 septembre 1967, il est prévu que la GFA 3 soit affectée à
la DP Toulon et ultérieurement à Diégo Suarez dans l'île
de Madagascar. C'est enradiée dans la Foudre en compagnie du remorqueur
portuaire Hévéa qu'elle rejoint la DP Toulon le 27 janvier
1968. Ne ralliant finalement par l'Océan Indien, elle effectue inlassablement
ses missions de soutien d'abord en compagnie de la GFA 1 puis plus tardivement
de la GFA 4 Lama. Mieux conservée que ses congénères,
elle fait l'objet d'une refonte totale en 2006 au sein du chantier Foselev
Marine implanté à La Seyne-sur-Mer. Consistant essentiellement
en un changement de propulsion, une reconstruction de l'abri de navigation et
de la cabine de grue, cette refonte permet à la GFA 3 de retrouver
du potentiel pour 15 années supplémentaires. En effet, à
côté des PGA il est indispensable
de conserver une GFA à Toulon pour travailler dans les grandes
hauteurs atteintes par le Charles
de Gaulle, le Mistral ou
encore le Tonnerre.
GFA
4 Lama
Admise au service actif le 17 juillet 1967 et baptisée Lama,
la GFA 4 est affectée à la DP Lorient au lieu de Brest
comme initialement prévu. Sa zone d'action se répartie entre l'arsenal
principal situé à l'embouchure du Scorff et la base sous-marine
de Kéroman. L'activité du port Morbihanais est importante avec
les navires stationnés, en construction ou en carénage et les
sous-marins de l'ESMAT (Escadrille des Sous-MArins de l'ATlantique). La fermeture
de la DP Lorient intervenant le 1er juillet 1995 dans le cadre des restructurations
du plan OPTIMAR, Lama remonte provisoirement à Brest certainement
escortée par un remorqueur. Enradiée dans l'Orage
rentrant du Pacifique, la GFA arrive à Toulon son nouveau port
d'affectation le 21 décembre 1994. Renforçant GFA 1
et GFA 3 vieillissantes, elle effectue inlassablement ses missions de
soutien jusqu'au début des années 2000. Usée et d'une disponibilité
devenant très aléatoire, elle est définitivement arrêtée
en 2005. En attente de condamnation, ses missions sont reprises par la GFA
3 refondue et ultérieurement par un PGA.
Texte Franck Dubey pour Net-Marine © 2007. Copie
et usage : cf. droits d'utilisation