Les insignes de l'aéronautique navale - Réglementation

1. Les origines

Les premiers insignes peints sur les fuselages apparaissent dans l'aéronautique militaire avant 1914. Il s'agit alors de différencier les appareils et durant la guerre l'usage de ces insignes se généralise sur recommandation du commandement. Au sein de l'aéronautique maritime ces insignes n'apparaissent que tardivement, vers 1917. Fruits d'initiatives personnelles, ils sont peu nombreux et ne survivent généralement pas à la fin du conflit.

C'est à partir du milieu des années 1920 qu'une véritable mode des insignes d'aéronefs se répand dans l'aéronautique maritime. En 1933 l'instruction sur l'emploi des forces de l'aéronautique maritime vient réglementer cette multiplication en disposant que « chaque escadrille est autorisée à choisir un emblème qui est peint sur la coque ou le fuselage de chaque appareil. » et que : « Le choix de cet emblème doit être approuvé par le ministre de la marine

Avant le déclenchement de la seconde guerre la quasi-totalité des escadrilles de l'aéronautique - devenue navale en 1937 - possèdent un emblème. A la même époque, ces emblèmes commencent à être confectionnés sous forme d'insignes métalliques que l'on peut acquérir auprès des coopératives des unités. Ces insignes ne sont cependant considérés que comme des articles de représentation et contrairement aux dispositions adoptées par les autres armées ils ne doivent pas normalement être portés sur l'uniforme.

L'hydravion Guilbaud porte sur le nez l'emblème de l'escadrille d'exploration E 4 à laquelle il appartient.
Cet emblème, qui est celui qu'arborait l'hydravion Latécoère 300 de J. Mermoz, a été fabriqué sous forme d'insigne métallique par la société Arthus Bertrand.


Quelques emblèmes de formations volantes avant 1946.

Escadrille 2 B


Escadrille 2 S 1

Escadrille 7 S 2

Escadrille 7 B 2

2. La normalisation

Après la seconde guerre mondiale il semble que les règles édictées en 1933 ne soient plus adaptées. La circulaire ministérielle n° 2789 EMG/M/AERO/0 du 31 octobre 1946 va donc normaliser les emblèmes des formations.

Partant du constat que pour la plupart, les emblèmes des formations ne rappellent en rien l'aéronautique navale, il est prescrit que désormais ces emblèmes seront conformes à un modèle unique constitué par :

« un écu (forme moderne) de proportion 13/16 (largeur 13, hauteur 16) comportant :

- un bandeau en chef (hauteur 3/16emes de la hauteur totale) portant le "pingouin" d'or d'aéronautique navale sur fond bleu marine,…
- le motif de l'emblème dans le reste de l'écu.
 »

Les emblèmes continueront d'être soumis à l'autorisation du ministre de la marine et pourront être peints sur les fuselages des aéronefs « à un emplacement ne portant pas préjudice aux marques d'identifications réglementaires, et de préférence au voisinage du poste de pilotage. »

Enfin les décorations résultant de citations officiellement attribuées à certaines unités seront reproduites en pendant sous l'écu sous forme d'une croix de guerre.

L'unité attributaire de citations au titre de chacun des conflits mondiaux fera figurer les deux croix de guerre correspondantes. Cette disposition ne paraît cependant pas avoir été appliquée.

Dès le 4 novembre 1946, une nouvelle circulaire vient préciser que les formations de l'aéronautique navale sont autorisées à faire confectionner des insignes souvenirs sous forme de broches métalliques. Ces insignes seront la réduction exacte des emblèmes adoptés, à l'exception des décorations, et devront obligatoirement respecter les dimensions suivantes : hauteur 32 millimètres, largeur 26 millimètres. Cette circulaire précise enfin que l'insigne ne peut être porté sur l'uniforme.


Escadrille 11 S

Les emblèmes des bases seront surmontés d'une couronne murale d'or.

L'emblème peint sur les aéronefs ne concernait que les formations volantes. A partir du moment où la confection d'insignes souvenirs était autorisée, les formations à terre - bases ou écoles - étaient en droit de posséder leur insigne.

Il ne pouvait être question de ne pas évoquer l'aéronautique navale sur ces nouveaux emblèmes. Une circulaire du 7 février 1947 introduit donc l'additif ci-après à la circulaire du 31 octobre 1946 :

« Les emblèmes des bases de l'aéronautique navale seront surmontés d'une couronne murale d'or symbolisation leur situation de "place". Le nom de la base figurera sur l'emblème. Les emblèmes des formations - à l'exclusion de ceux des bases - pourront être peints sur les fuselages des aéronefs. »


B.P.A.N. Hyères
(premier modèle)

B.A.N. Lann-Bihoué

B.A.N. Dakar-Ouakam (sur la couronne la présence d'une construction africaine renforce la symbolisation de "place")

3. De nos jours

A partir de cette date l'aspect général des emblèmes de l'aéronautique navale ne va plus évoluer. Une circulaire de 1951 prévoit seulement que les marques symboliques des unités de la marine feront l'objet d'une procédure d'homologation, homologation qui ressortira, selon les époques, de la compétence de l'échelon central (bureau de la symbolique) ou de celle de l'échelon local.

Des insignes produits « à l'économie » sous forme de rondaches non émaillées tel celui de l'escadrille 3S.
Les insignes recevront alors un numéro d'homologation précédé de la lettre « M » pour « Marine ».

La dernière circulaire en date - n° 808 EMM/CAB du 5 décembre 1985 - reprend, sans les modifier, les dispositions arrêtées presque quarante ans plus tôt et qui ont pratiquement toujours été observées.

Les différences constatées tenant à la forme, aux couleurs ou aux dimensions des insignes n'ont été que le fait des fabricants. Il en a été ainsi des insignes produits « à l'économie » sous forme de rondaches non émaillées tel celui de l'escadrille 3S figuré ci-contre.

Deux erreurs ont toutefois défrayé la chronique dans le microcosme des passionnés de symbolique. La base d'aéronautique navale de Fréjus Saint Raphaël a reçu et accepté un insigne sur lequel ne figurait pas la couronne murale. Et à l'inverse, un tirage de l'insigne de la flottille 31F a été fabriqué, surmonté de cette couronne. Dans ce dernier cas, l'insigne a été retourné au fournisseur, mais quelques exemplaires ont été préservés.


Insigne de la B.A.N. de Fréjus St Raphaël
sur lequel le fabricant a omis la couronne murale

Insigne de la flottille 31F
avec couronne murale

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