Les insignes portés sur les combinaisons de vol


Premier modèle de l'insigne de la flottille 12 F. Porté sur une combinaison de vol, il a malheureusement été lavé avec celle-ci, ce qui explique son état général
1. Les origines

Entre 1942 et 1962, de nombreux marins de l’aéronautique navale sont formés aux Etats-Unis dans les écoles de l’US Navy. C’est au contact de leurs camarades américains, friands de marques distinctives en tissu, que ces personnels prennent l’habitude de rapporter des insignes américains en tissu dans leur cantine.

Au début des années 1950, toujours à l'imitation de leurs homologues américains, les personnels volants de l'aéronautique navale commencent à porter l’écusson en tissu de leur unité sur les vêtements de vol. Les pilotes de chasse et plus particulièrement ceux de la flottille 12F passent pour être les premiers à avoir porté ainsi l'insigne de leur formation dès 1952.

Deux exemples d'insignes représentant des aéronefs : Marcel Dassault Etendard (1958-1973) et Chance Vought F 8 E FN Crusader. Ce dernier modèle a été produit à l'occasion de la mission Saphir pour l'indépendance du territoire français des Afars et des Issas en 1977.

Au fil des ans la mode s'étend aux autres unités et, partant, aux différentes spécialités volantes. Ces premiers insignes reprennent généralement le motif symbolique officiel de l'unité tel qu'il est réglementairement défini depuis 1946.

Dans certaines occasions le motif symbolique de l’unité peut subir quelques modifications et présenter un caractère un peu moins réglementaire et un peu plus humoristique. Les missions effectuées sont aussi l'occasion d'arborer des insignes spécifiques.

Enfin les aéronefs font également l'objet d'écussons particuliers que l'on trouve parfois cousus sur les combinaisons et blousons de vol.

Déjà, certains équipages de la patrouille maritime se singularisent en faisant réaliser un insigne en tissu qui leur est propre. Ces différents insignes disponibles en coopérative sont également achetés par le personnel non volant à titre de souvenir, de cadeau destiné à être offert à un proche, ou sont tout simplement cousus sur le sac du marin ou le survêtement de sport.

2. La normalisation

Le 22 juin 1988 une décision de l'état-major de la marine (division aéronautique navale) prescrit la normalisation des tenues de vol. Prenant acte du fait que « les pilotes et les équipages de l'aéronautique navale ont de nombreuses occasions de se présenter en tenue de vol devant les autorités civiles ou militaires, françaises ou étrangères » cette tenue doit être « militaire, donc réglementaire et soignée ».

Il est donc décidé de « réglementer, pour toutes les formations aériennes de la marine le port sur les tenues de vol des insignes de grade, de nom, d'unité et d'appartenance à l'aéronautique navale. » Si le blouson de vol ne doit normalement porter que le seul insigne de grade, la combinaison comporte plusieurs éléments dont la position, les dimensions et la réalisation sont définies par les annexes jointes à la décision.

- L'insigne de grade est un rectangle de tissu bleu marine (7 x 5,5 cm) sur la face duquel sont cousus les galons.
- Le nom est imprimé en lettres dorées sur une bande de cuir (12 x 2,5 cm) de couleur vert empire.
- L'insigne de l'aéronautique navale est une cocarde 6 centimètres de diamètre en tissu brodé.
- Enfin l'insigne d'unité est un disque de 10 centimètres de diamètre ou un écu de même dimension en tissu et représentant l'insigne homologué de l'unité

Une circulaire du 15 mars 1989 (94 DEF/CMa3) prévoit que les insignes de grade sont confectionnés par les ateliers des tailleurs de bases d'aéronautique navale. Les autres insignes (cocarde, insigne d'unité, bande nominative) sont approvisionnés dans le commerce par les bases. Les dépenses correspondantes sont supportées par le service de l'habillement, la délivrance de ces insignes au personnel volant devant se faire à titre gratuit.


Insigne des personnels au sol de la flottille 11F

3. Une production plétorique

A partir de la fin des années 90, la production des insignes en tissu (les initiés disent « patch ») va augmenter dans des proportions inconnues jusqu'alors.

Désormais les unités - voire un de leur personnel à titre privé - ne se contentent plus de faire appel à des fabricants différents pour confectionner leurs insignes réglementaires. Tout est prétexte à de nouvelles productions.

Les différentes missions, les manifestations aéronautiques et certains évènements particuliers tels les anniversaires ou les dissolutions d'unité font l'objet de tirages commémoratifs. Au sein de la patrouille maritime, même les équipages en formation - bien qu'appartenant à des unités possédant une symbolique particulière - tiennent désormais à avoir leur propre insigne. Et cette mode touche aussi les personnels au sol de certaines formations qui arborent aujourd’hui des insignes en tissu sur leurs différents vêtements de travail.

Une telle prolifération ne pouvait manquer d'avoir des conséquences sur la qualité des insignes produits. Les motifs symboliques traditionnels de l'aéronautique navale sont souvent dédaignés au profit de compositions d'un goût discutable même si elles se veulent humoristiques.

On peut également déplorer un manque certain d'originalité dans la mesure où bon nombre de ces insignes ne sont que la copie de modèles déjà existants dans d'autres armées, françaises ou étrangères, ainsi qu'un usage excessif de la langue anglaise sur bon nombre d'insignes.

Les deux modèles ci-dessous illustrent bien ces nouvelles tendances. Celui de droite en provenance de l'équipage d'un avion de la patrouille maritime ne peut que choquer par l'utilisation qui est faite de l'emblème national. Celui de gauche n'est que la version à peine francisée du modèle utilisé dans les unités américaines et celles d'autres pays de l'alliance Atlantique mettant en oeuvre des chasseurs F 16.

De tels insignes sont ils portés ? L'hebdomadaire de la marine et des arsenaux publie fréquemment des photographies sur lesquelles il est possible de voir ces insignes sur des combinaisons de vol. Leur port est sans doute limité dans le temps, mais grâce aux nouvelles techniques de l'information, ces insignes sont rapidement connus parmi des collectionneurs dont l'engouement n'a jamais été aussi prononcé.

Or la diffusion de ces articles en dehors de la formation présente alors un intérêt particulier pour les caisses des associations ou des comptoirs de vente des unités. Elle constitue une excellente source de revenus pour ces caisses, et c'est peut-être là qu'il faut rechercher la raison pour laquelle la multiplication de ces insignes apparaît si bien acceptée par le commandement.

Pour en savoir plus :

CRC1 (R) S. Le Coustour pour Net-Marine © 2009. Pour copie et usage : cf. droits d'utilisation. Remerciements au CF (R) Kerisit.