Les
forts de la rade de Cherbourg

Plan de la rade de Cherbourg. |
Cherbourg est
situé en bordure de mer, sans rade naturelle ni promontoire rocheux pouvant assurer
par des bastions sa protection.Une digue fut alors construite et, à ses extrémités,
des bastions armés en permanence assuraient la défense du port et de la rade ainsi
constituée. A l'ouest s'élevait le fort de Querqueville prolongé par celui de
Chavagnac, puis, sur la digue elle-même, le fort de l'ouest - la batterie Napoléon
dénommée par la suite fort central - le fort de l'Est et enfin la batterie de
l"ile Pelée. A l'époque de sa creation, il fallait protéger efficacement contre
les assauts répétés de la mer et surtout contre un éventuel agresseur les navires
qui venaient y mouiller. La digue se présente aujourd'hui, sur les 3700
mètres de sa longueur, sous la forme d'un ouvrage mixte : digue à
talus à pente très douce vers le large, d'une largeur de 100 mètres
à la base, couronnée par une muraille en maçonnerie, reposant
sur un soubassement en béton d'une largeur moyenne de 10 mètres.
Le parapet culmine côté mer à 3.75 mètres au-dessus
des plus hautes eaux.
Fort
du Homet |
A
partir de 1779 (sur l'emplacement d'une batterie du XVII siècle). |
Fonction
: Systéme défensif de la rade de Cherbourg et accès à la petite
rade. |
Nature : Ouvrage
présentant. initialement. la forme d'un polygone irrégulier à
7 faces. Il comprenait un réduit intérieur avec 2 niveaux de batteries casematées
et une plate-forme pour le tir a barbette autour d une cour centrale. Un fossé
séparait le réduit de l'enveloppe extérieure. garnie de casemates sur
ses faces tournèes vers le large Declassé dès l875, du
fait de sa position moins avantageuse que celle des nouveaux bastions de l'arsenal,
il n a pas été bétonné. Cependant son enveloppe.
ses fossés et une grande partie de son réduit ont été détruits à
l'occasion de travaux effectués dans l'arsenal. Ingénieur Pierre
Jean de Caux.
Situation: A l'intérieur de l'arsenal.

Fort de l'île Pelèe. |
Fort
de l'île Pelèe |
Construit
de 1779 à 1792. |
Fonction:
Systême défensif de la rade de Cherbourg - passe de l'est. |
Nature: Louis XVI
ordonna en 1779 la construction du fort de l'île Pelée. Activement menés à partir
de 1782, les travaux furent placés sous la responsabilité de Pierre-Jean de
Caux, directeur des fortifications de Basse Normandie De même que les autres
forts de la digue. cet ouvrage s'articule autour d'une cour centrale. Par contre
sa forme est proche de celle d'un hémicycle. Il comptait, à l'origine,
2 niveaux, le premier destiné aux magasins et le second abritant des batteries
casematées tandis que l'ensemble était surmonté d'une terrasse abritant une
batterie protégée par un parapet crénelé. Ce réduit était entouré d'un fossé
et. du côté le plus exposé vers le nord et l'ouest, d'une batterie sous casemates
en arc de cercle épousant la forme du donjon. Les progrès de l'artillerie au
XIX siècle. ont entraîné vers 1898 un remodelage complet du fort. Son sommet
a été écrêté et l'ensemble bétonné. Un petit port protégé par
deux épis en maçonnerie et pourvu d'un plan incliné en
granit a été créé devant le fort.
Le fort de l'île Pelée eut de nombreuses appélations : fort royal, par
la suite impérial , puis national pour revenir à son nom d'origine en 1848.
Prison politique sous pratiquement tous les régimes, le fort reçut sous la Terreur
le célèbre Vadier, président du Comité de sûreté générale et plus de 250 insurgés
lors des événements de 1848. Les progrès de l'artillerie au XIXe siècle, avec
l'apparition de l'obus torpille en 1885, entraîna vers 1898 un remodelage complet
: son sommet fut écrêté et l'ensemble bétonné. L'on ne conserve donc aujourd'hui
des fondations XVIIIe que la façade principale et les soubassements. L'état-major
dota en même temps l'île Pelée des dernières innovations de l'époque ascenseur
et, plus spectaculaire, une centrale électrique dont le fort partageait alors
le privilège avec la tour Eiffel. A l'aube de la première guerre mondiale, l'intérêt
stratégique de défendre la passe Est de la grande rade s'estompa et les 250
soldats quittèrent alors le site en 1920.
Situation : Ile Pelée. terrain militaire. A 3.7 kilomètres de l'avant port.

Fort Chavagnac |
Fort
Chavagnac |
A
partir de 1854. |
Fonction:
Système défensif de la rade de Cherbourg. passe de l'ouest. |
Nature: Fort établi
sur une roche en mer, repérée par le compte de Chavagnac lors de
ses travaux de sondage de la rade en 1787. Construit pour mieux surveiller et
défendre les abords de la passe ouest, l'ouvrage adopte une forme triangulaire
aux angles arrondis. Vers 1846, il avait été prévu une couronne de casemates en
granit entourant une cour centrale. En raison des perfectionnements de l'artillerie,
on a retenu. lors de sa construction, la création de coupoles tournantes cuirassées.
Le fort était protégé par un parapet en maçonnerie de 5 m d'épaisseur, précédé
d'un mur brise-lames de 3 m d'épaisseur. Il a été bétonné à la fin du XIX
siècle avec mise en place de pièces de rupture de casemates et pièces
de 32 cm tirant à barbette sur les dessus. Pour son électrification,
le materiel débarqué du cuirassé Le Tonnant est récupéré
en 1894. Le fort est auiourd'hui, à l'abandon.
Situation: îlot dans la grande rade.

Fort de l'Est |
Forts
des Musoirs Est et Ouest de la digue |
A
partir de 1851. |
Fonction:
Système défensif de la rade de Cherbourg, protection des passes. |
Nature: En 1829,
un projet de batterie est présenté pour le musoir ouest. Autour
d'une cour circulaire, le fort est construit avec deux étages de casemates,
surmontés d'une batterie à ciel ouvert, avec parapet en terre
enveloppé d'une chemise en brique. La disposition est similaire à
celle du fort central.
L'étage inférieur est affecté au logement de la garnison,
forte de 150 hommes. Il renferme également des magasins à poudre.

Fort de l'Ouest |
Le fort de l'ouest
est doté d'un phare et d'un port.Vers 1890, le fort est arasé
et betonné. Deux pièces de rupture de 32 cm sont placées
sous casemate pour couvrir la passe ouest. Les locaux sous béton du côté
rade sont affectés aux logements, mes autres au stockage des projectiles
et gargousses. Une batterie de gros calibre est aménagée sur le
dessus. Semblable au fort du musoir ouest, le fort du musoir est subit des dégradations
mortelles en 1940, lorsque la ville de Cherbourg fut investie par les troupes
allemandes, un officier du génie français fit sauter la batterie de marine qui
s'y trouvait installée, détruisant du même coup l'ouvrage tout entier. Aujourd'hui,
il ne reste plus rien du bastion. Si ce n'est d'immenses blocs de béton pesant
plusieurs tonnes et deux canons de marine montés sur crinoline perdus au milieu
des éboulis. Situation: Digue du large.

Fort Central |
Fort
Central de la digue |
A
partir de 1793. |
Fonction:
Système défensif de la rade de Cherbourg, vers le large. |
Nature: Fort
de forme elliptique, à cour intérieure, comportant à l'origine 3
niveaux de feux dont 2 casematés et une plate-forme à barbette. Une batterie
d'enveloppe. à ciel ouvert, couvrait le fort, vers le large. Deux ports
de service existent de part et d'autre du fort, à l'intérieur de la rade.
Ce fort a été arasé et bétonné a la fin du XIX siècle: deux casernes extérieures
ont été construites a cette occasion.
Depuis 1824, les assauts parfois violents des éléments marins n'ont pas entamé
le puissant ouvrage dont la masse imposante, surmontée d'un puissant poste de
direction de tir, s'élève au-dessus des flots. bravant de sa silhouette guerrière
quiconque voudrait s'en prendre à ses mystères cachés... Sous l'occupation, la
structure du fort central fut modifiée pour les besoins de la circonstance. Les
Allemands, ayant pris possession de la position, en firent un point stratégique
destiné à défendre les passes de l'ouest et de l'est au moyen de canons de 94
mm installés au sommet du fort. Quatre encuvements pour pièces antiaériennes de
37 mm flak 37 devaient interdire le survol de l'endroit. Un poste de direction
de tir à 3 niveaux, relié directement aux galeries souterraines de l'ouvrage,
dirigeait le feu des canons au moyen d'un télémètre de marine et d'une lunette
goniométrique. Dans les dessous, les locaux furent transformés et adaptés aux
besoins de la garnison (cuisine, logements, cambuse, transmissions, salle des
groupes, ateliers, soutes à munitions). Que reste-t-il aujourd'hui des installations,
après les années de guerre durant lesquelles l'ouvrage fut souvent bombardé et
la libération qui vit se dérouler des combats meurtriers à Cherbourg ? Au-dessus
de l'ouvrage subsiste un canon de 37 mm dans son encuvement. On peut également
voir l'imposant poste de direction de tir avec ses portes blindées et les accès
aux galeries inférieures. L'appareillage impressionnant de l'ensemble du monte-charge
est toujours en place ainsi que, dans les soutes à munitions, les treillis métalliques
porteurs du système de levage des obus. Dans la salle des groupes, un moteur de
marque Alsthom attend sur son socle, masse impressionnante dans le milieu environnant.
Sur le sol, un réseau de rails de type Décauville parcourt l'ensemble de la fortification.
Dans une maison avoisinante, une peinture murale d'environ 2 m sur 2 m et une
phrase en lettres gothiques témoignent des derniers occupants du fort. L'accès
de l'ouvrage est interdit au public seuls les goélands y font leurs nichées sans
être dérangés le moins du monde dans leurs ébats amoureux.
Situation: Digue du large.

Fort de Querqueville. |
Fort
de Querqueville |
A
partir de 1787. |
Fonction:
Système défensif de la rade de Cherbourg. |
Nature : Occupe la
pointe des rochers bornant la rade à l'ouest. Il comprend une batterie
semi-circulaire de cinquante trois casemates à la gorge par une caserne
imposante à deux ailes rentrantes. Côté terre, la batterie
est défendue par un ouvrage à cornes flanqué par une sorte
de bastion détaché. Un fossé en eau, avec escarpe et contrescarpe
revêtues, précède le front retranché long de 800 mètres.
Deux batteries de côte de gros calibres sont aménagées aux
extrémités de l'ouvrage vers 1879 et modifiées après
1901.
(D'après un article
de Cols Bleus. Septembre 1987)
|