Histoire du patrouilleur La Railleuse (1984-90)


Le capitaine de corvette François Léon, premier commandant de La Railleuse.
1984-1986

Commandé le 4 janvier 1984, le marché des nouveaux patrouilleurs de 400 tonnes est notifié le 6 mars de la même année. Mis sur cale le 27 décembre 1984 aux chantiers des Construction Navales de Normandie de Cherbourg, le 8ème P400 est lancé le 2 septembre 1986.

La période d'armement se déroule du 1er octobre 1986 au 16 mai 1987. Son premier commandant, lecapitaine de corvette François Léon prend le commandement du bâtiment le 24 octobre 1986 (prise d'armement pour essais). Bénéficiant de l'expérience de ses prédécesseurs, La Railleuse ne connait pas de difficultés majeures au cours de son armement. La Railleuse arrive à Lorient, son port d'armement, le 21 novembre 1986.


Le patrouilleur La Railleuse suivi de La Gracieuse, lors d'une revue navale (1987).

1987

La présentation aux essais officiels a lieu le 26 janvier et les essais officiels à la mer du 1er au 9 février. La Railleuse passe sous le commandement de Marine Papeete le 20 mars, date de l'entrée en armement définitif. L'examen des installations et la recette du bâtiment ont lieu le 24 avril, la veille de la cloture d'armement. Un stage au centre d'entraînement de la Flotte est mené à Lorient du 6 au 9 mai. Le bâtiment est admis au service actif le 20 mai.

Le 25 mai, le patrouilleur quitte Lorient pour Tahiti. Ce déploiement commence par un transit jusqu'à Djibouti via Alméria (Espagne). Peu après, un mauvais fonctionnement de l'appareil à gouverner nécessite une escale technique à Augusta (Sicile). La barre réparée, le bâtiment poursuit sa route et fait halte à Port Saïd (Egypte), peu avant la traversée du canal de Suez, puis arrive à Djibouti. Là, il est mis à la disposition de l'amiral commandant des forces françaises en océan Indien, et effectue des missions de surveillance maritime dans le détroit de Bab-el-Mandeb et les approches de Djibouti. La Railleuse est rejoint par son sistership, le P400 La Gracieuse, qui lui aussi va rallier Papeete pour devenir bâtiment de zone.
Les deux patrouilleurs vont, de conserve, naviguer jusqu'à Madras (Inde - 17 au 21 août), Penang (Malaisie - 25 au 28 août) puis Lumut (Malaisie). Tandis que La Gracieuse est à Kota Kinabalu (Malaisie - 3 au 7 septembre), La Railleuse relâche à Bandar Seri Begawan (Brunei), puis les bâtiments se rejoignent à Manille (Philippines - 9 au 15 septembre), se séparent à nouveau, La Railleuse à Biak (Indonésie), et La Gracieuse à Sorido Lagoon (Indonésie - 21 au 24 septembre), puis se rejoignent à Suva (Fidji - 5 octobre). Cette dernière escale, aussitôt après le coup d'Etat du colonel Rabuka, est l'occasion de marquer les bonnes relations entre la France et les Fidji.


Arrivée à Tahiti de La Railleuse et de La Gracieuse, le 13 octobre 1987 (La Dépêche)
La Railleuse et La Gracieuse arrivent à Papeete, nouveau port base le 13 octobre 1987, et vont alors connaître l'activité traditionnelle des patrouilleurs en Polynésie.

La Railleuse visite jusqu'en juillet 1988, la presque totalité des archipels polynésiens à l'exception des Gambier.
Deux essais de ravitaillement à la mer à couple du pétrolier Papenoo sont effectués avec succès au cours de cette période. Une mission de dépôt de documents électoraux est également menée aux îles Australes.

1988


Arrivée à Tahiti de La Railleuse et de La Gracieuse, le 13 octobre 1987 (La Dépêche)

En janvier, le bâtiment patrouille dans les eaux marquisiennes à raison d'un arrêt de deux jours par île visitée. Il quitte Nuku-Hiva le 24 pour Atuona via Ua Huka. Sa mission est multiple. A son bord, le CPT Lebaszyck, le nouveau capitaine de la compagnie des archipels, prend contact avec les différents chefs de poste de chaque île. Le capitaine Godeau, commandant le CSN de Polynésie se charge lui des épreuves d'incorporation du service national des jeunes gens agés de 18 ans. La troisième mission de toponymie, habituellement confiée à l'Estafette, consiste à relever le nom et la configuration des baies des îles visitées dans un but de cartographie.


Le capitaine de corvette Roland Guern, commandant La Railleuse (1988).

Le 4 juillet, le capitaine de vaisseau Albert, commandant la Marine à Papeete, fait reconnaître lecapitaine de corvette Roland Guern comme nouveau commandement du bâtiment.

La première IPER (Indisponibilité Pour Entretien et Réparation) a lieu du 1er août au 30 septembre. Un changement des bielles des moteurs intervient au cours de cette IPER.

Le 12 novembre, un kau, vide de tout occupant, est retrouvé au large de Kaukura (Tuamotu). Son propriétaire, qui était parti pêcher et n'avait pas donné de nouvelles depuis plusieurs jours, est introuvable. Le kau sera hissé à bord du P400.


Parrainage du patrouilleur par l'île d'Ua Pou. (La Dépêche)

1989

Le bâtiment a désormais une ville marraine : l'île d'Ua Pou (Marquises). Les liens sont scellés le 7 et 8 juillet, lors d'une escale de La Railleuse.
En présence de M. René Kohomoetini, maire de Ua Pou, du capitaine de vaisseau Albert, commandant la Marine à Papeete, du capitaine de frégate Chancerelle, commandant la 12S, et de M. Richard, Administrateur des îles, les liens entre le bâtiment et l'île d'Ua Pou sont scellés. Un grand kakai servi sur la plage donne l'occasion à tous les participants d'échanger leurs impressions au son du ukulele.


Débarquement à Moorea (juillet 1989 - La Dépêche).

En juillet a également lieu une visite à Moorea qui donne lieu à un accueil par le maire, une visite de l'île et et un tamaaraa (repas tahitien) en soirée, offert par la commune.

En août, le patrouilleur accueille à son bord Sir Geoffrey Henry, le premier ministre des îles Cook. Les patrouilleurs de Tahiti reçoivent en août également le soutien de La Tapageuse, dernier patrouilleur de la série des P400, qui est affecté à Papeete. Un stage avec le concours du centre d'entraînement de la Flotte a lieu du 19 septembre au 2 octobre.

En novembre, lors d'une escale à Pitcairn, La Railleuse procède au rapatriement d'un ressortissant des Gambiers dont le voilier avait fait naufrage le 13 novembre. Une escale à Cook (date inconnue) et 6 sorties d'entraînement de groupe, dont une avec le GEAOM (Jeanne d'Arc), auront également lieu sous le commandement du CC Guern.

Parti de Papeete le 9 novembre à bord d'un Gardian, le Haut-Commissaire de la République, embarque sur La Railleuse le même jour pour rallier Tahuata (îles Marquises). Il y inaugure une stèle rappelant le débarquement, il y a 150 ans, de l'amiral Dupetit-Thouars aux îles Marquises, et sa rencontre avec le roi Iotete.


Le capitaine de corvette René Melzani, commandant La Railleuse (1989).

Le 18 décembre a lieu la prise de commandement du capitaine de corvetteRené Melzani.

1990

L'année 1990 est marqué par un concours du centre d'entraînement de la Flotte, un exercice interarmée Marara, des missions de surveillance maritime, une mission d'instruction au profit du GEAOM (Groupe Ecole d'Application des Elèves Officiers de Marine), et de nombreuses missions dans les archipels qui sont mises à profit pour effectuer des transports de passagers et de matériel au profit d'organismes de la Défense : Gendarmerie, RIMAP (Régiment d'Infanterie de Marine du Pacifique), DIRCEN (Direction du Centre d'Essais Nucléaires). Au cours du commandement du CC Melzani une seule escale à l'étranger a été réalisé à l'île Christmas (République du Kiribati).

Traditionnellement, chaque escale dans les îles de la Polynésie donne lieu à une visite du commandant auprès de l'administrateur de l'archipel, du conseiller territorial et du maire. Elle est suivie d'un coquetèle ou d'un déjeuner officiel auquel est aussi invité le chef de brigade de gendarmerie et des responsables (médecin, directeur d'école, prêtre, pasteur,...). Des relations particulièrement chaleureuses sont entretenues avec l'île marraine d'Ua Pou, qui est visitée quatre fois pendant le commandement du CC Melzani.


La Railleuse en marquage serré du Rainbow-Warrior II pendant l'opération Nautile (novembre 1990).

Le 22 juin, le patrouilleur quitte Papeete pour une mission de ravitaillement à Rapa, après le passage du cyclone Peni. Mais sitôt arrivé, il repart le 24, vers Tubuai, pour y évacuer une femme malade qui sera pris en charge par le médecin-chef des Australes et convoyée par un vol régulier d'Air Tahiti jusqu'à Papeete.

Le 27 août, La Railleuse est à la mer entre Tahiti et Moorea, avec une grande partie de la Flotte (Balny, Commandant Birot, LV Lavallée, La Tapageuse, deux Gardian et une Alouette III de la 12S) à l'occasion du départ de l'Amiral Bergot.

En octobre, le bâtiment, en mission aux Marquises, transporte entre Atuona et l'île de Hiva Oa une dizaine de jeunes volontaire du SMA (Service National Adapté).

Mais la grande affaire de l'année est l'opération Nautile liée à la présence du Rainbow Warrior, navire de l'organisation Greenpeace, à proximité des sites de Mururoa et Fangatufa. Les incidents donnent lieu à une mini bataille navale. Le 11 décembre, le Rainbow-Warrior II, alors sous escorte du LV Lavallée, de La Railleuse, du Revi et de la Taape, met trois embarcations à l'eau. Ces embarcations pénètrent dans les eaux territoriales française de Mururoa pour y effectuer des prélèvements d'eau. Après les avertissements d'usage, cinq zodiacs des commandos Marine et du 5ème R.E. arraisonnent les trois embarcations, sous les caméras de RFO.


Arrestation de militants de Greenpeace au large de Mururoa. (La Dépêche - décembre 1990)

Leurs occupants sont conduits sur le Revi. Après avoir été entendu par des officiers de police judiciaire pendant 3 heures, les écologistes sont libérés et reconduits sur le Rainbow-Warrior II. Les zodiacs de la Marine contenait 5 à 6 commandos sans armes, Greenpeace déclarera avoir vu plus de 40 hommes armés jusqu'au dents par zodiac... les images télévisés ne leur donneront pas raison.

Le lendemain, Greenpeace repasse à l'action en remettant une embarcation à l'eau qui file vers les passes de l'atoll. Les cinq militants, dont le président de Greenpeace France Alain Connan, sont interceptés et conduits à Mururoa. Après 24h00 de garde à vue, il sont relachés mais le Rainbow-Warrior II refuse de les reprendre à son bord ! Une Caravelle les emmenera de Mururoa à l'aéroport de Tahiti-Faa'a, d'où ils seront expulsés vers la Nouvelle-Zélande.

Suite de l'histoire...

Texte Jean-Michel Roche - Photo © DR/La Railleuse/MN - Netmarine 2003.


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