D'où viennent les patrouilleurs type « P400 » ?


Atelier de fabrication des patrouilleurs type P400 à Cherbourg.

Pour répondre au besoin résultant de la création de la Zone Economique Exclusive (Z.E.E.) de 200 nautiques, qui a changé profondément la physionomie de la géographie maritime en augmentant considérablement le domaine océanique placé sous souveraineté nationale, la Marine nationale a développé un programme de patrouilleurs de 400 tonnes, comprenant initialement, en 1981, douze bâtiments.

Cette série, qui fut réduite à dix patrouilleurs, était destinée à remplacer les dragueurs-patrouilleurs de nos départements et territoires d'outre-mer.

Les P400 ont été construits par les CMR, Constructions Mécaniques de Normandie, un chantier de construction à l'est de Cherbourg où ont été construits pour la Marine nationale les chasseurs de mines type Circé, le patrouilleur La Combattante, deux patrouilleurs rapides (Patra) et pour certaines marines étrangères de nombreuses vedettes rapides des types Combattante I et III.

Des bâtiments identiques sont en service au Gabon.

Les CMN avaient présenté 2 versions : l'une de combat équipée de missiles Exocet MM38, et l'autre de service public avec un équipage réduit à 16 hommes. Ni l'une ni l'autre de ces versions ne virent le jour.


La version combat des patrouilleurs P400, équipée de missiles anti-navires Exocet MM38 ne verra jamais le jour.
La Marine choisit une version intermédiaire. La vitesse maximale initialement prévue à 26 noeuds fut réduite à 24 noeuds. Les volumes prévus pour les missiles restant disponibles en tant que capacité de transport supplémentaire.

La plupart des patrouilleurs sont prépositionnés outre-mer où ils assurent la surveillance maritime des DOM-TOM et celle de leurs zones économiques. Ils ont également des activités liées à nos accords de coopération avec des nations amies ou alliées. Ils remplissent aussi des missions de soutien au profit des autres armées.

Un de leurs rôles les mieux connus est lié aux missions humanitaires. Neuf des dix patrouilleurs ont été, dans un premier temps, basés outre-mer, un seul, L'Audacieuse, a été affecté à Cherbourg en remplacement du Glaive et de La Pertuisane.


Les moteurs des P400 ont donné bien du fil à retordre aux ingénieurs et techniciens qui se sont penchés sur leurs problèmes.

Les problèmes des P400 : « Après l'Audacieuse, la Boudeuse, la Capricieuse,… la Dépanneuse ? »

Les moteurs des P400 ont donné bien du fil à retordre aux ingénieurs et techniciens qui se sont penchés sur leurs problèmes. Tout à commencé lors de la traversée de L'Audacieuse, bâtiment tête de série, en direction de Dakar, c'est au cours de ce voyage que les moteurs de propulsion ont flanché, obligeant le bord a effectuer une réparation de fortune.

Un premier pépin arrive avec le carter de réducteur construit par Citroen-Messian. En mai 1985, c'est l'arbre manivelle qui casse, puis un piston qui lâche…C'est ce dernier élément qui inquiétait le plus les techniciens d'Alsthom-Atlantique. Il y avait vraisemblablement un problème de conception.

Ce fut à l'époque une catastrophe pour Alsthom qui, depuis une dizaine d'années souhaitait percer dans le créneaux des vedettes rapides occupé presque exclusivement par les moteurs allemands MTU.

L'humoriste Coluche avait cru bon d'ajouter : " Après l'Audacieuse, la Boudeuse, la Capricieuse,… voici venu le temps de la Dépanneuse ! ".

Les problèmes de moteurs n'étaient pas terminés pour autant car les bâtiments n'avaient pas à l'origine de cheminées, l'échappement des diesels de propulsion se faisant sous l'eau pour des raisons de discrétion infrarouge. Il s'avéra cependant que des entrées d'eau se faisaient par ces orifices. C'est à l'issue d'une modification que naîtront les deux cheminées.

Les patrouilleurs du type P400 français :
. Nom
Mise sur cale
Lancement
En service
P682 - L'Audacieuse
11/04/1983
21/03/1984
10/09/1986
P683 - La Boudeuse
15/06/1983
21/05/1984
25/07/1986
P684 - La Capricieuse
12/09/1983
31/10/1984
26/09/1986
P685 - La Fougueuse
25/11/1983
17/12/1984
19/02/1987
P686 - La Glorieuse
21/02/1984
25/01/1985
25/03/1987
P687 - La Gracieuse
26/04/1984
26/03/1985
17/07/1987
P688 - La Moqueuse
04/10/1984
08/04/1986
16/05/1987
P689 - La Railleuse
27/12/1984
08/04/1986
25/03/1987
P690 - La Rieuse
14/03/1985
17/10/1986
13/06/1987
P691 - La Tapageuse
13/08/1985
16/02/1987
24/02/1988
Les patrouilleurs du type P400 gabonais :
. Nom
Mise sur cale
Lancement
En service
P07 - Général Ba Oumar
02/074/1986
18/12/1987
06/08/1988
P08 - Colonel Djoué Dabany
05/1989
29/03/1990
14/09/1990
Le saviez vous ? Le P400 version lutte anti-sous-marine...

Au début de sa carrière, du 20 au 26 mars 1985, un des patrouilleurs de la série, La Glorieuse, a été l'objet d'une étrange expérimentation.
En effet, dans le cadre de ses activités de recherches acoustiques, la société Thomson Sintra, filiale de Thomson-CSF branche équipements et systèmes, a testé un sytème de mini VDS (Variable depth Sonar = Sonar à Immersion Variable) sur ce patrouilleur.
Ce sonar moyenne fréquence type SS12 donnait une capacité de lutte anti-sous-marine (ASM) au bâtiment.
Le programme a toutefois été abandonné, et le "P400 ASM" est resté au stade de l'expérimentation.
(photo © Thomson Sintra)

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