Roland-Michel
Barrin, marquis de La Galissonnière
Né à Rochefort le 10 novembre 1693, il entra aux gardes-marine
en novembre 1710 et fit campagne au Canada l'année suivante sur le Héros.
Enseigne de vaisseau en novembre 1712, il servit sur des bâtiments affectés
à des missions de transport vers les Antilles ou le Canada. Lieutenant de vaisseau
en mars 1727, il commanda en 1734 le Dromadaire aux Antilles et en 1737
le Héros au Canada. Capitaine de vaisseau en avril 1738, il commanda
le Rubis à Louisbourg en 1739 puis l'année suivante l'Espérance
à Constantinople. Commandant le Tigre à Toulon en 1741, il passa en 1744 à Brest
sur la Gloire dans l'escadre de Roquefeuil qui devait appuyer le débarquement
en Angleterre du prétendant Charles-Édouard Stuart. Commissaire général d'artillerie
à Rochefort en 1745, il reçut en février 1746 le commandement du Juste
et du Sérieux chargés d'escorter dans l'Atlantique les vaisseaux de la
Compagnie des Indes, mission qui le mena jusqu'au Brésil et aux Antilles. Nommé
en mai 1747 gouverneur général du Canada, il rejoignit son poste en septembre
sur le Northumberland et développa dans ce pays une politique active
d'expansion territoriale et de lutte contre l'influence anglaise en particulier
dans la vallée de l'Ohio, en direction de la Louisiane, vers les grands lacs
et vers l'Acadie. Il se soucia également de développer le peuplement et la vie
économique (agriculture, forges, constructions navales), faisant preuve de réelles
qualités d'administrateur. Rentré en France en décembre 1749, il fut nommé commissaire
du roi pour le règlement des frontières entre les colonies françaises et anglaises
d'Amérique, ce qui lui donna l'occasion de rédiger des mémoires dans lesquels
il montra une remarquable lucidité sur la politique anglaise en Amérique du
Nord et sur les richesses potentielles du Canada. Théoricien de la colonisation,
il exposait des vues qui font de lui un lointain prédécesseur de Bugeaud et
de Lyautey. Chef d'escadre en février 1750, directeur du Dépôt des cartes et
plans de la marine, il donna libre cours à son goût pour les sciences et organisa
les missions astronomiques confiées à Chabert en Amérique du Nord, à Bory au
Portugal et à Madère, à l'abbé de La Caille au cap de Bonne-Espérance et dans
l'océan Indien. Membre de l'Académie de marine et de celle des sciences en 1752,
il conseilla le ministre Rouillé puis commanda en 1754 le Sage et une
escadre d'évolutions chargée d'entraîner officiers et équipages. Promu
lieutenant général en septembre 1755, La Galissonnière reçut au début de l'année
suivante le commandement de l'escadre en armement à Toulon qui devait conduire
à Minorque les 12000 hommes du maréchal de Richelieu. Parti le 10 avril, escortant
avec douze vaisseaux et cinq frégates un convoi de 176 bâtiments, il arriva
le 18 à Ciutadella où le débarquement eut lieu sans incident. L'escadre s'établit
en croisière devant Port-Mahon, laissa échapper cinq vaisseaux anglais qui s'y
trouvaient et livra, le 20 mai, à l'escadre anglaise de Byng un combat mollement
mené de part et d'autre. La Galissonnière n'osa pas exploiter le désordre qui
s'était mis dans la ligne ennemie et ne poursuivit pas son adversaire en retraite
vers Gibraltar. Minorque capitula le 29 juin et La Galissonnière rentra à Toulon
le 18 juillet. Malade, il partit pour Fontainebleau et mourut en chemin à Nemours
le 26 octobre 1756. Son cousin Athanase-Scipion, né à Saint-Bonnet-de-Rochefort
le 19 décembre 1739, entra aux gardes en septembre 1755, fit campagne aux Indes
avec d'Aché sur l'Illustre et fut blessé au combat du 10 septembre 1759. Enseigne
en janvier 1761, lieutenant de vaisseau en mars 1772, il effectua plusieurs
missions aux Antilles et aux Indes, commanda en 1779 la Blanche et fut
fait prisonnier. Capitaine de vaisseau en avril 1780, il fut nommé en septembre
1784 directeur des constructions navales à Versailles et mit en oeuvre la nouvelle
politique de rationalisation des types de navires décidée par Castries. Commandant
le Léopard à Saint-Domingue en 1789, il quitta le service au début de
la Révolution et mourut à Avessac (Loire-Atlantique) le 19 septembre 1805.
(Source
: Dictionnaire des marins français
- Etienne Taillemite, Ed. maritimes et d'outre-mer - photo Musée de la
Marine Paris)