Origine du mot Vinh-Long

Province de Vinh-Long

Superficie:1.474 km²
Population: 1.010.493 habitants (avril 1999)
Son territoire est celui de l'ancienne province du même nom sous l'administration française. Le chef-lieu Vinh-Long se trouve à 1.867 km de Hanoi et 137 km de Hô Chi Minh-Ville.
Située au milieu du delta du Mékong, la province possède un sol fertile dont 90 % réservés à la riziculture, avec une grande variété: y dông, móng chim, riz gluant odorant, riz gluant sap, riz gluant noir. Le haricot est cultivé ainsi que la patate douce. La fruiticulture fournit ananas, jaque, banane, orange, mandarine, citron, noix d'arec et l'anone. Les espèces principales de bois sont calophyllum à feuilles fibreuses, latanier, hopea. L'artisanat produit l'étoffe et la soie. Poisson, crabe et escargot sont abondants. Sites touristiques: îlots An Bình et Bình Hòa Phuoc sur la rivière Tiên.


Bataille de Vinh-Long

Mars 1862, l’Amiral Bonard, successeur des amiraux Rigault de Genouilly et Charner, est le commandant en chef en Cochinchine, où il a en outre le titre de gouverneur.

Devant une agitation qui menace l’autorité française, et qu’il attribue aux mandarins de la province de Vinh-Long, l’amiral décide de s’emparer de cette ville. Le 20 Mars 1862 il se présente devant la place avec les avisos Ondine (qui porte son pavillon) et Shamrock, les canonnières Dragonne et Fusée, et sept petites canonnières ; à bord de ces bâtiments sont embarqués un millier de soldats, dont 300 Espagnols, sous les ordres du lieutenant-colonel Reboul de l’infanterie de Marine.

Les troupes renforcées des compagnies de débarquement des navires sont mises à terre à une lieue au sud-est de la citadelle. Le 22 elles franchissent deux arroyos sous le feu et parviennent le soir en vue des batteries ennemies, qui ont engagé un vif combat d’artillerie avec les canonnières.

A la nuit, après sept heures de lutte, toutes les batteries sont occupées, et le lendemain, on entre dans la citadelle ou l’on trouve 68 canons et un matériel considérable.

Le 5 juin 1862, un traité est signé à bord du vaisseau Duperré amarré devant Saigon, par les plénipotentiaires de l’Empereur d’Annam Tuduc dont la capitale est Hué. Outre le versement d’une indemnité de guerre, la promesse d’ouverture au commerce franco-espagnol des ports de Tourane, Bac-Lac et Kuang-An, ce traité reconnaît la possession des trois provinces de Saigon, Mytho et Bien-Hoa à la France qui s’engage à rendre Vinh-Long, lorsque ces provinces seront rentrées dans le devoir. En fait, l’insurrection éclate partout à la fois le 16 décembre, et est contenue grâce aux actes de courages de nos marins, de nos soldats et des chefs de villages et de cantons fidèles à la France. Les effectifs de l’amiral Bonard restent insuffisants pour reprendre l’offensive.

Le débarquement dans les premiers jours de février 1863 de troupes de l’amiral Jaurès commandant la division navale de Chine permet à l’amiral Bonard de remporter une victoire éclatante à Go-Cong ; cette victoire qui impressionne la cour de Hué permet la ratification des traités le 14 avril, et la réponse de l’amiral Bonard par le souverain annamite Tuduc qui reçoit, à cette occasion, pour la première fois des étrangers.

Le 30 Avril 1863, l’amiral Bonard remet ses pouvoirs au contre-amiral de La Grandière qui, venu en Indochine pour un intérim de quelques mois, y restera cinq ans.

Le 25 Mai 1863, en application du traité, Vinh-Long est rendue aux Annamites.


Dépêche du Contre-Amiral Bonard, commandant en chef en Cochinchine :

EXPEDITION DE COCHINCHINE

PRISE DE VINH-LONG

    

Le ministre de la marine et des colonies a reçu du commandant en chef en Cochinchine, la dépêche suivante :

« Saigon, le 28 Mars 1862

                             « Monsieur le ministre,

              « J’ai eu l’honneur de rendre compte à Votre Excellence, par le courrier précédant, que j’étais allé faire une tournée dans les provinces du sud de la Cochinchine, afin de vérifier par moi-même l’état des choses et de remédier aux inconvénients de notre situation le plus promptement possible.

              « Il est résulté de mon inspection que la citadelle de Vinh-Long, située sur le Camboge, jouait dans le Sud le même rôle que celle de Bien-Hoa dans le Nord.

              « Quoique les communications avec le gouvernement de Hué soient beaucoup plus difficiles pour ces provinces que pour celle de Bien-Hoa, il n’en était pas moins vrai que Vinh-Long, devenue la résidence d’un vice-roi, était un centre d’opposition formidable portant le désordre jusqu’aux portes de la Citadelle de Mytho, ayant des approvisionnements d’armes et de munitions pour les répandre dans le pays, et ayant déjà réalisé un second centre fortifié à Miconi, en dedans des quatre postes détachés formant ce qu’on appelle le quadrilatère de Mytho.

              « J’ai donc dû me décider à anéantir d’un seul coup ces deux centres de rébellion, avant que la saison des pluies vînt paralyser nos mouvements.

              « Après avoir acquis la certitude que notre frontière Nord de Bien-Hoa était bien assurée, qu’il n’y avait à craindre ni une invasion, ni une insurrection de la population pacifiée de cette province ; après avoir réprimé quelques petites tentatives de rébellion qui auraient pu causer des embarras à Saigon, je suis parti pour les provinces du Sud.

              « Les approvisionnements en vivres, munitions et charbon, nécessaires à l’expédition, avaient été préparés à l’avance à Mytho ; la station navale avait été renforcée d’une grande canonnière, la Fusée, et de quatre petites.

              « Les difficultés que j’ai rencontrées pour faire franchir la barre du Camboge à La Fusée m’ayant empêché d’augmenter le nombre des bâtiments de cette forme, dont les chaudières sont d’ailleurs généralement en mauvais état, j’ai dû me borner à envoyer par l’arroyo de la poste quatre petites canonnières pour remplacer les grandes, qui m’auraient été beaucoup plus utiles et eussent été moins compromises dans l’attaque que je devais opérer.

              « La Citadelle de Vinh-Long est située devant un port profond, ouvert à l’Est et à l’Ouest sur la rivière du Camboge, fermé au Nord par une île marécageuse, impraticable pour une armée. Les goulets Est et Ouest du port étaient barrés par sept fortes estacades.

              « Les barrages étaient défendus par quatre forts dans l’Est et par quatre dans l’Ouest : l’un de ces dernier avait quatre fronts bastionnés de 200 mètres chacun avec fossés et réduits.

              « Deux routes pouvaient mener par terre à la citadelle : l’une, celle de l’Est, était battue par les forts de ce côté ; celle de l’Ouest était coupée par quatre arroyos larges et profonds, dont les ponts avaient été détruits. Les passages étaient défendus par des fortins.

              « Une artillerie de 80 pièces de canon était répartie dans ces divers ouvrages et dans la citadelle, qui étaient entourés de chevaux de frise et de trous de loup jusqu’à une grande distance. Les forces dont je disposais étaient les suivantes :

MARINE

                             « La Dragonne, canonnière de première classe, commandant Desvaux, capitaine de vaisseau.

                             « Le Shamrock, petit aviso de flottille, capitaine Boucher, enseigne de vaisseau.

                             « La Fusée, canonnière de première classe, capitaine De Mauduit, lieutenant de vaisseau.

                             « L’Ondine, petit aviso de flottille, portant mon pavillon, capitaine Roquebert.

                             « Les petites canonnières :

                             « N°27, capitaine Dol, lieutenant de vaisseau.

                             « N°22, capitaine Salmon, lieutenant de vaisseau.

                             « N°29, capitaine Coutelleng, lieutenant de vaisseau.

                             « N°20, capitaine Gougeard, lieutenant de vaisseau.

                             « N°18, capitaine O’Neil, lieutenant de vaisseau.

                             « N°30, capitaine Galache, lieutenant de vaisseau.

                             « N°24, capitaine Mandine, lieutenant de vaisseau.

ARMEE

                             « 2 compagnie d’infanterie espagnole, commandant Hermandez.

                             « 3 compagnie de tirailleurs algériens, sous les ordres de commandant Pietri.

                             « 1 compagnie d’infanterie de marine.

                               « 2 sections d’artillerie, dont une montée.

                             « 1 détachement du génie.

                             « 1 brigade de gendarmerie pour le service de la prévôté, sous les ordres du lieutenant Vuillermet.

                             « 1 détachement de cavalerie sous le commandement du sous-lieutenant De Néverlée, mon officier d’ordonnance, pour assurer la transmission des ordres.

                             « 1 compagnie de partisans annamites conduite par le lieutenant de vaisseau Rieunier, mon aide de camp.

                             « 1 section de coulies armés.

                             « La brigade topographique dirigées par le commandant De Foucaud.

 

              « Le 20, dans la soirée, le corps de débarquement, commandé par le lieutenant-colonel d’infanterie de marine Reboul, a débarqué sous la protection de deux canonnières et d’une section de tirailleurs, au point dit des Tuileries, situé à une étape de la citadelle, mais hors de portée de ses canons.

              « Le débarquement et l’établissement de la colonne expéditionnaire se sont faite sans résistance.

              « Des reconnaissances, monsieur le ministre, ont été immédiatement poussées du côté de la route de la citadelle et de cette dernière elle-même, afin de vérifier les obstacles à vaincre et les moyens de prendre à revers les ouvrages qui devraient être attaqués par la marine.

              « L’expérience m’ayant prouvé que les attaques simultanées, et surtout celles qui menacent la retraite des Annamites, avaient un résultat certain, dès que les reconnaissances ont été suffisantes j’ai adopté les dispositions suivantes :

              « Les troupes de débarquement qui venaient d’enlever, dans la matinée du 22 Mars, le passage du premier arroyo, en établissant un pont sous le feu de l’ennemi, se sont mises en mesure de franchir le second, qui offrait les même difficultés, mais dont le passage pouvait seul permettre de prendre à revers le grand fort, que les petites canonnières canonnaient depuis dix heures du matin sans pouvoir éteindre son feu, sous le commandement du lieutenant de vaisseau Dol.

              « Vers cinq heures du soir, le feu des forts de l’Ouest s ‘étant ralenti, j’ai fait cesser l’attaque des canonnières afin de ne pas gêner le mouvement tournant des troupes.

              « Cette attaque successive a eu un plein succès : tous les forts de l’Ouest ont été enlevés tour à tour, et le principal occupé.

              « En même temps les canonnières de première classe La Dragonne et La Fusée, et quatre chaloupes canonnières, sous les ordres du commandant Desvaux, attaquaient les forts de l’Est et les réduisaient après deux heures d’une résistance énergique, durant laquelle les Annamites ont remplacé à diverses reprises, sous une grêle de projectiles, les pièces démontées sur leur front.

              « Enfin, à la nuit, monsieur le ministre, après un combat de plus de sept heures, toutes les batteries étaient éteintes ; la citadelle seule tenait encore, et lançait, en désespoir de cause, quelques boulets sur les troupes et sur les bâtiments ; mais la lueur qu’on apercevait dans la citadelle m’était un sûr garant que la défense était à son terme et que tout se préparait pour la fuite des mandarins et pour l’incendie.

              « Un faible détachement, le seul dont je pusse disposer en ce moment, renforcé de quelques marins, s’élança à terre dans les batteries abandonnées, pour prévenir, autant que possible, la ruine par le feu des magasins et des logements de la citadelle occupées par des mandarins dont la mission était de tout détruire.

              « Le 23, au point du jour, la marine et l’armée entraient en même temps par deux portes opposées dans la citadelle livrée à l’incendie.

              « Grâce à la promptitude de ces mouvements, les dégâts causés par le feu ont été peu considérables, et, plus heureux qu’à Bien-Hoa et à Baria, nous avons pu, monsieur le ministre, délivrer les chrétiens enchaînés.

              « Sur les 80 pièces de canons qui armaient la citadelle et les forts de Vinh-Long, 68 sont tombées entre nos mains, ainsi que des approvisionnements considérables de riz (7000 mètre cube environ), contenus dans les magasins magnifiques ayant plus de 150 mètres de développement chacun.

              « Nous avons également trouvé une fonderie de canons, des obus que, pour la première fois, nous recentrons au pouvoir des Annamites, et qu’ils avaient fabriqués d’après le modèle des nôtres ; enfin des approvisionnements de salpêtre et de poudre.

              « J’ai fait réserver, pour être offertes à S.M. l’Empereur, trois pièces de canon dont la confection est remarquable : l’une que les indigènes appelaient le Général en chef, fondue sous Gialong (14ème année de son règne), à la belle époque du royaume d’Annam ; les deux autres artistement niellées en argent.

              « Je me suis immédiatement appliqué à faire poursuivre les fuyards par les canonnières disponibles dans les arroyos, à faire enlever des forts détachés les pièces de quelque valeur, à faire éclater les autres : et à mettre les retranchements hors d’état d’être réoccupés.

              « Je pense, monsieur le ministre, que cette opération sera terminée dans huit jours et que je pourrais enfin donner quelque repos aux troupes et à la marine, qui depuis trois mois n’ont cessé d’être en campagne active et soumises aux plus grandes privations.

              « Je crois, à cette occasion, devoir résumer les opérations militaires majeures qui, pendant cette courte période de temps, ont été entreprises et menées à bien par le corps expéditionnaire de Cochinchine, afin que votre Excellence soit convaincue du zèle, de l’activité et du courage que les soldats et les marins ont déployés :

              « 1° Conquête, pacification et organisation de la province de Bien-Hoa ;

              « 2° Destruction de l’armée régulière annamite du Nord ;

              « 3° Dispersion de l’armée annamite du Sud ;

              « 4° Prise de deux citadelles et de plus de trente forts ;

              « 5° Prise de 120 pièces de canon sur l’ennemi ;

              « N’ayant pas le temps de signaler à Votre Excellence les militaires et marins qui se sont particulièrement distingués, je dois, monsieur le ministre, me borner à vous dire que tout le monde a fait son devoir avec un courage, un dévouement et un entrain dignes des plus grands éloges.

              « Je ne saurais non plus passer sous silence la bonne et franche coopération qui nous a été donnée par les forces espagnoles.

              « Nos pertes sont heureusement minimes en comparaison des résultats obtenus.

              « Nous avons eu deux matelots tués, six soldats et quinze matelots blessés.

              « Le lieutenant colonel Reboul a été atteint d’un biscaïen au pied, mais heureusement il n’a été que contusionné.

              « Les canonnières ont toutes été touchées sans essuyer d’avaries graves.

              « J’espère, monsieur le ministre, que la prise de Vinh-Long sera la dernière action sérieuse que nous aurons à livrer dans la basse Cochinchine. Il ne faut cependant pas se dissimuler qu’il existe encore des bandes nombreuses qui inquiètent les populations paisibles et qu’il est urgent de poursuivre pour rétablir complètement la tranquillité et la sûreté du commerce

              « Le contre-amiral commandant en chef en Cochinchine.

« Bonard »


La deuxième bataille de Vinh-Long, 29 Octobre 1945 : 

I – La reprise du delta du Mékong

                            a/ Géographie et hydrographie

                                  b/ Commandement et stratégie

II – Marins en Indochine
III – Vinh-Long et Commandos

                            a/ Premier assaut

                                  b/ Riposte


I – La reprise du delta du Mékong

En octobre 45 nous ne tenons Saigon que d’une façon précaire. Le reste de la Cochinchine est aux mains du Viet Minh, particulièrement le delta du Mékong, clef d’accès à l’intérieur du pays.

a/ Géographie et hydrographie

Le delta du Mékong est un véritable complexe de rivières et de canaux situés à l’Ouest du cap Saint Jacques. Il peut se schématiser sommairement ainsi :

-          A l’Est, la rivière de Saigon et du donnai affecte la forme d’un X irrégulier. Une des branches est constituée par la rivière de Sa¨gon, seule voie accessible aux navires de fort tirant d’eau.

-          A l’Ouest de ce premier système se trouve le delta du Mékong proprement dit. Plaine alluvionnaire composée de deux bras : le fleuve Antérieur à l’Est, le Bassac ou fleuve Antérieur à l’Ouest.

-          En aval de Pnom Penh ces deux troncs se séparent avant de se jeter dans la mer à travers une côte basse et plate, couverte de palétuviers, à l’hydrographie imprécise et changeante.

L’entrée de ces fleuves est obstruée par une barre très difficile à franchir sur laquelle on ne trouve que un à deux mètres d’eau, alors qu’en amont la profondeur augmente.

Vinh-Long est situé sur le fleuve Antérieur qui se divise au niveau de la ville en un certain nombre de bras. Seule l’embouchure septentrionale qui conduit à Mytho avait été reconnue et balisée en 45. Le reste était inaccessible.

C’est dans cet environnement que le nettoyage du delta du Mékong sera effectué sur les ordres du Général Leclerc.

b/ Commandement et stratégie

Le 5 octobre 1945 le Général Leclerc arrive à Saigon.

Objectifs : 1/ Le nettoyage des bouches du Mékong par la prise de Mytho pour dégager la voie d’accès à Pnom Penh.

               2/ Dégager la région Saigon – Mytho – Vinh Long.

               3/ Pousser sur Cantho le long du Bassac pour contrôler le pays.

Stratégie : - L’objectif n°1 devait être atteint en confinant :

·         une opération exécutée par vois de terre sur la route Saigon Mytho

·         un débarquement situé au nord du delta

·         une pénétration directe par le bras le plus sud du fleuve Antérieur

Moyens :   - 1000 hommes du 5e DIC amenés le 5 octobre par transport britannique

-      la moitié de la 2e DB commandé par le Colonel Massu amenée le 21 octobre par le Suffren, la Ville de Strasbourg et Le Béarn

-      Les troupes de Saigon 1500 hommes, 500 marins, 100 gendarmes. En tout 4500 hommes récemment arrivés et fatigués.

On attend encore les renforts de France : la 9e DIC n’a quitté Toulon que le 20 octobre.

II – Marins en Indochine

Le 20 octobre les troupes de métropole prévues pour l’opération ne sont pas au complet.

En revanche les effectifs de la Marine ne sont pas négligeables. Outre les bâtiments précédemment mentionnés qui ont amenés les renforts et qui disposent de leur équipage, il faut compter :

-       la Brigade Marine d’Extrême Orient (B.M.O.E) aux ordres du C.F Jaubert. Formée de fusiliers parachutistes, elle compte dans ses rangs des nom prestigieux : Ponchardier, Penpetenyo, Ichon.

-       Le Richelieu et le Triomphant envoyés en avant garde au cap Saint Jacques.

-       Le Suffren, la Gloire, le contre-torpilleur le Fantasque, les destroyers Somali et Sénégalais, le transport Quercy et les avisos-dragueurs de 600T Annamite et Gazelle sont arrivés au cap Saint Jacques entre le 15 et le 27 octobre.

Les corps de Débarquement des gros bâtiments, qui, handicapés par leur tirant d’eau ne pourront prendre une part directe aux opérations, viendront renforcer les équipages des petits bâtiments.

III – Vinh-Long et Commandos

a/ Premier assaut

La bataille de Vinh-Long s’inscrit dans le plan général qui prévoyait une pénétration directe dans le pays par le bras le plus sud du Fleuve Antérieur, le Ham Luong.

Le 27 septembre une première tentative de pénétration s’était soldée par un échec. La seconde action, lancée le 24 octobre fut décisive, grâce aux avisos dragueurs Annamite et Gazelle qui escortèrent et appuyèrent des péniches et chalands armés par les fusiliers marins du Richelieu et par les parachutistes de la B.M.O.E.. Ces troupes arrivèrent bien avant la colonne motorisée du Lt-Colonel Massu.

Le 24 octobre l’Annamite se présenta devant l’embouchure du fleuve et chercha pendant deux jours un passage à travers la barre alluvionnaire. Ce fut une chaloupe du Béarn qui lui ouvrit une route en eaux profondes au plomb de sonde. L’Annamite mouilla le 25 devant Bentre puis le 26 à 0507 devant Mytho, après avoir coulé au passage des chalands mouilleurs de mines ennemis. Mytho fut enlevée par surprise le 26 et le même jour, le Corps de Débarquement du Richelieu ayant remonté le canal sur des L.C.T., appuyé par le 90 de la Gazelle, établit une tête de pont à Go Cong. Cette ville fut enlevée le 28 au prix de lourdes pertes.

Mytho et Go Cong investies, l’Annamite vint prendre à son bord les fusiliers de la compagnie Merlet et escorta les commandos de Ponchardier embarqués sur des L.C.T. . Le convoi rallia Vinh-Long, y trouva une résistance assez faible, ce qui permis d’emporter la ville dès le 29. Une petite garnison fut laissée sur place et les troupes poussèrent sur Cantho et Cai Rang.

b/ Riposte

Le Viet Minh revint à l’assaut. La ténacité d’un adversaire qui n’hésitait pas à s’enterrer dans la vase des rizières, respirant par un bambou pour tirailler la nuit, faillit, le 7 novembre avoir raison de la garnison de Vinh-Long privée de l’appui de feu de l’Annamite. La Gazelle arriva à temps pour jeter à terre deux groupes de combat. Ce n’est que le 16 novembre que la pression ennemie se relâcha après que les avisos aient réussi à couler au 90 les chalands ennemies.

 

Ces premiers combats d’Indochine ont apporté la preuve que dans ce pays d’eau rien ne pouvait être fait sans l’appui de moyens flottants.

L’Annamite et la Gazelle ont fait les premiers essais d’appui d’engins d’assaut et de chalands par des bâtiments relativement importants. C’est le premier pas vers la constitution des Divisions Navales d’Assaut autour desquelles graviteront la plupart des opérations navales d’Indochine.

(Dossier réalisé par Michel Guignard : )


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