Les insignes des frégates météorologiques


Lancement de la frégate USS Lorain au chantier de l'American Ship Building Company, Lorain, Ohio (3 août 1944)

Historique des frégates météorologiques

En 1945 l'organisation de l'aviation civile internationale (O.A.C.I.) décide de reprendre à son compte le réseau de navires stationnaires mis en place dans l'Atlantique nord pendant la guerre à des fins de protection aéronautique.

En France, la météorologie nationale est l'organisme qui doit assurer notre participation à l'exploitation de ce réseau en tenant deux des treize stations grâce à un navire météorologique. La difficulté réside dans le fait que cette toute nouvelle météorologie nationale ne possède aucun bâtiment et encore moins d'équipages.

Le ministère des travaux publics et des transports, chargé de ce dossier, décide donc de faire l'acquisition de bâtiments auprès de la marine américaine. Ces bâtiments seront la propriété de ce ministère et l'entretien se fera sur ses crédits. Mais ils auront le statut de bâtiment de guerre et ils seront armés par des personnels de la marine nationale.

Le choix de l'acheteur se porte sur des frégates de type PF (Patrol Frigate) du type Tacoma. Il s'agit de bâtiments légers - déplacement 1400 tonnes Washington - issus d'une série de 77 construits durant la guerre. Ils mesurent 92,45 mètres de long pour 11,43 mètres de large et 4,50 mètres de tirant d'eau. Une machine alternative à graissage forcé développant 5500 chevaux leur procure une vitesse maximum de 19 nœuds et un rayon d'action de 8 000 nautiques à 10 nœuds.

L'équipage se compose de 8 officiers et 80 officiers mariniers, quartiers-maîtres et marins.
A l'origine leur armement comprenait trois pièces simples de 76 mm, plusieurs canons de 40 mm et 20 mm Oerlikon, des mortiers et des grenadeurs. Dans le cadre de leur nouvelle mission, ils sont cédés sans armement.

Le 31 mai 1947, quatre de ces frégates passent sous pavillon français à La Nouvelle Orléans. Elles reçoivent immédiatement les noms qui leur ont été attribués par décision ministérielle du 13 mai précédent :

Nom US Chantier Mis sur cale Lancement Sous pav. français Nom français N° de coque
1
Superior,
Wisconsin
26/08/1943 30/11/1943 31 mai 1947
Le Brix
F 15 puis F 715,
2
USS Emporia (PF-28)
Emporia,
Kansas
  30/08/1943
Le Verrier
F 16 puis F 716
3
USS Muskegon (PF-24)
Muskegon, Michigan 11/05/1943 25/07/1743
Mermoz
F 14 puis F 714
4
USS Lorain (PF-93)
Lorain,
Ohio
25/10/1943 18/03/1944
Laplace
F 13

La frégate météorologique Le Verrier à Brest.

Les bâtiments appareillent des Etats-Unis le 4 juin 1947 pour la France avec escale à Fort de France du 11 au 23 juin 1947. La frégate Le Brix rallie le port de Lorient qui est chargé de réaliser des travaux d'aménagement. Les trois autres frégates sont aménagées par le port de Brest où elles arrivent le 14 juillet 1947.

La fin des travaux s'échelonne entre le mois de décembre 1947 et le mois de mars 1948. Trois de ces frégates (Laplace, Le Brix et Mermoz) sont alors basées à Casablanca et assurent en permanence et par roulement le rôle de stationnaire météorologique au point "L" (39° nord/17° ouest) ou "K" (47° nord/17° ouest).
La quatrième (Le Verrier) est basée à Dakar et stationne dans la zone "X" (entre 21° et 30° ouest).

L'activité se répartit à raison de trois semaines à la mer et quatre à cinq semaines au port base. Cette activité peut parfois comporter des tâches autres que météorologiques. Ainsi la frégate Le Verrier participe, du 12 au 25 octobre 1948, aux expériences du bathyscaphe du professeur Picard dans le golfe de Guinée.

C'est une de ces activités "annexes" qui sera la cause de la perte d'une de ces frégates. Dans la nuit du vendredi 15 au samedi 16 septembre 1950, le Laplace qui devait participer le lendemain à l'inauguration de la nouvelle grande écluse de Saint-Malo, saute sur une mine en baie de La Fresnaye et coule en douze minutes entraînant dans la mort 51 marins sur les 92 présents à bord.

La frégate Le Verrier va alors remplacer le Laplace dans le groupe des frégates météorologiques de l'Atlantique nord. Mais les choses ont sensiblement changé depuis la fin de la guerre et les trois frégates sont rendues au ministère des travaux publics et confiées à un armement privé (société navale Delmas-Vieljeux) en 1952.


La frégate Mermoz à la mer.

Les insignes

1. Insigne général des frégates météorologiques

 

Bien que chaque frégate ait fait réaliser son propre insigne, cet insigne général date également de l'époque où les bâtiments étaient armés par la marine nationale.

Fabrication : Courtois

2. Frégate Mermoz

Le bâtiment est baptisé du nom du célèbre aviateur disparu en 1936 lors d'une liaison régulière dans l'Atlantique sud à bord de l'hydravion "Croix du Sud".

Les deux insignes présentent un portrait de Mermoz. Le premier y ajoute la constellation de la Croix du Sud, rappel du nom de l'appareil sur lequel il a disparu.

Fabrication :
                   1. Augis
                   2. Courtois


1

2

3. Frégate Le Verrier

L'astronome Urbain Le Verrier est né à Saint Lô (Manche) en 1811. Ses observations relatives à la planète Uranus lui étant apparues en désaccord avec les premières tables consacrées à cette planète, il fut amené à supposer l'existence d'une masse inconnue perturbant son mouvement. Il détermina ainsi les éléments de l'orbite de la planète Neptune qu'il découvrit le 31 août 1846. Nommé directeur de l'observatoire de Paris en 1854, c'est dans cette ville qu'il meurt en 1877.

A l'exception de l'inscription "LE VERRIER" aucun des éléments symboliques retenus n'évoque l'astronome qui donne son nom au bâtiment. Il semble que le choix du concepteur ait plutôt été de rappeler la zone où opérait la frégate, à proximité du tropique du Capricorne.

Fabrication Courtois

4. Frégate Laplace

Pierre-Simon, marquis de Laplace naquit à Beaumont en Auge (Calvados) en 1749. Dès 1796, il publie son "Exposition du système du monde" dans lequel il émet l'hypothèse que notre système solaire proviendrait d'une nébuleuse primitive entourant un noyau fortement condensé et à température très élevée tournant d'une seule pièce autour d'un axe passant par son centre. Le refroidissement des couches extérieures et la rotation aurait engendré dans le plan équatorial des anneaux successifs d'où proviendrait les planètes. Le noyau central aurait formé le soleil.
On lui doit également la découverte de la cause des grandes inégalités des mouvements des planètes Saturne et Jupiter, de l'invariabilité des moyennes distances des planètes, de la stabilité du système planétaire ainsi que des travaux sur la capillarité.

 

Dans le premier modèle d'insigne de la frégate un écu, placé sous un arc en ciel et des étoiles, rappelle les principaux travaux de Laplace en matière d'astronomie.

Fabrication Courtois

 

Le deuxième modèle se contente de reprendre le seul écu dans lequel on a fait figurer les symboles rappelant les travaux du savant.

Fabrication Courtois

5. Frégate Le Brix

Né à Baden (Morbihan) en 1899 Joseph Le Brix opte pour servir dans l'aéronautique navale à l'issue de sa scolarité à l'école navale.
Il se montre rapidement intéressé par les liaisons aériennes sur de longues distances.
Le 14 avril 1928, il se pose au Bourget après un périple aérien de 75 000 kilomètres (Paris - Rio de Janeiro - San Francisco - Tokyo - Paris).
Le 10 juin 1931, il bat le record du monde de la distance et de la durée en circuit fermé (10 372 km en 70 heures 31 minutes. Il a alors acquis la conviction qu'il lui est désormais possible de réaliser la liaison Paris-Tokio sans escale.
Après une
tentative infructueuse, il s'envole vers le Japon le 11 septembre 1931. Il est accompagné d'un pilote (Doret) et un mécanicien (Mesmin). Le 13 septembre son avion s'écrase prés d'Oufa en Bachkirie (Russie). Mesmin et Le Brix sont tués dans la chute.

L'insigne représente le cadran zodiacal au milieu duquel figure le soleil surchargé d'un avion blanc et rappelle la circumnavigation aérienne accomplie par le lieutenant de vaisseau Le Brix avant sa disparition.


Fabrication Courtois

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