Le patrouilleur hauturier "L'ADROIT".

[ROUSSEL Denis]

Pour la première fois vraisemblablement dans l'histoire maritime de la France, la marine nationale va utiliser un navire de guerre dont elle n'est pas propriétaire. La DCNS a construit sur ses fonds propres un patrouilleur de haute mer "nouvelle génération" avec pour objectifs de le construire en série pour les besoins de la marine nationale et de le vendre à l'exportation. Ainsi, le constructeur a élaboré, en accord avec le ministère de la défense, un processus de mise à disposition pendant 3 années du navire "Hermes", au profit de la marine qui l'expérimentera au plan opérationnel et animera l'image du navire sur toutes les mers pour promouvoir sa vente auprès des pays susceptibles d'être intéressés par l'emploi de ce type de bâtiment. Il s'agit donc d'une opération publicitaire de grande envergure qui profite aux deux parties : la marine nationale et le DCNS. Bien entendu le principal souci d'une entreprise est de garantir un cahier des charges suffisamment garni pour assurer le plein emploi et enregistrer des bénéfices. Mais pardon si cet accord qui arrange tout le monde et qui fait l'objet d'une couverture exceptionnelle des médias , me semble contre nature. L'état a dans ses attributions régaliennes , la responsabilité de la défense nationale qui ne souffre aucun partage , on peut donc se montrer inquiet de constater qu'il n'a pas la possibilité financière de mettre tous les moyens à la disposition d'une marine de premier rang qui précisément , connait actuellement des difficultés pour remplacer ses patrouilleurs affectés en métropole et outre-mer. On vient de mettre en place deux unités "bricolées" en habit de patrouilleur : le Malin , et le Borda qui entament une nouvelle vie, maintenant la marine est en charge de la publicité d'une entreprise et se fait prêter un navire. Il n'en demeure pas moins que l'Hermes devenu le patrouilleur de haute mer l'Adroit après la prise en compte du navire le 24 octobre par son équipage, a belle allure et bénéficie de nombreuses innovations technologiques dont l'implantation très haute de la passerelle qui permet une vue exceptionnelle sur l'élément marin. Espérons la construction d'une longue série de ce type de navire pour les besoins de notre marine en évitant la formule du prêt, et pour suivre la tradition maritime, souhaitons "bon vent" ce beau bâtiment et à son équipage.[/b]

[papa_chat]

bonjour,

Pardonnez moi de répondre (un peu ) à côté : quelqu'un peut il décrire les mécanismes financiers et industriels utilisés par le plan Marshall :
* qui était propriétaires des équipements ?
* quel était leur prix ?
* qu'est ce qui était concerné (neuf ? occasion ?)
* quels navires et avions ont été acquis dans ce cadre ?

bonne journée et surtout bon week end :-)
papa chat

[ROUSSEL Denis]

Effectivement après la seconde guerre mondiale, les ETATS UNIS, ont aidé une dizaine de pays européens pour reconstruire leurs armées dans le cadre du plan dit "Marshall". Je ne connais pas les détails financiers de cette aide mais pour ce qui concerne, la marine nationale, les anciens se souviendront du prêt des portes-avions LaFayette et Boisbelleau (réserves sur l'orthographe), par les USA et Arromanche par l'Angleterre. Après la mise en service des PA clémenceau et Foch, ces navires ont été restitués aux deux pays. Je me souviens qu'en 1962, dans l'arsenal de Toulon, étaient amarrés les 4 porte-avions cités. Des dragueurs océaniques avaient fait l'objet également d'un prêt provisoire et puisque ce sujet est lancé , il est possible de recueillir des prévisions auprès d'internautes qui connaissent bien cette question. Pour ce qui est de L'Adroit, c'est la première fois qu'une entreprise Française, (dont l'état est actionnaire tout de même en majorité), remet au titre d'un prêt, un navire de guerre. Pour ma part je trouve la pratique discutable puisque c'est une entorse au principe de non partage des responsabilités de l'état sur la défense nationale. Maintenant, il reste à suivre l'évolution et les conséquences financières de cet accord. La constitution d'une grande marine repose sur la programmation de projets de constructions neuves étalées dans le temps. Les reports successifs du lancement de nouveaux programmes ou leur annulation provisoire pour souvent à cause de coupes sombres dans le budget de la défense, pénalisent toujours le format opérationnel voulu de la flotte de combat. Au JAPON, les bâtiments de la marine sont remplacés nombre pour nombre mais en prime, ceux qui sont lancés sont d'un tonnage bien supérieur , ainsi la flotte japonaise monte en puissance depuis quelques années. Nous ne suivons pas le même processus en France . Depuis des dizaines d'années, les gouvernements successifs ont pris l'habitude de sacrifier en premier l'enveloppe budgétaire des armées et les programmes n'ont jamais pu être respecté dans le temps ou dans leur intégralité. Le désarmement des patrouilleurs et l'adaptation de bâtiments non spécialisés comme le Malin ou le Borda, témoignent d'un esprit ingénieux des responsables de notre marine mais démontrent "une navigation à l'estime". Le problème du remplacement de la flotte de soutien se pose également dans les mêmes termes . Ainsi la durée d'activité des bâtiments se prolonge et génère un entretien plus coûteux. Il faut reconnaitre cependant, que les programmes de constructions neuves actuelles, FREMM et Barracuda, constituent de lourdes dépenses budgétaires mais la réalisation tant attendue de ce qui constitue l'épine dorsale de notre marine , '(plus important programme de construction neuve militaire d'Europe), ne peut que nous réjouir ; espérons que ces programmes ne seront pas amputés et seront conduits à leur terme. Pour terminer mon propos, je soulignerai simplement les témoignages élogieux signifiés à l'égard de notre marine par les responsables de la première marine du monde, Celle des USA. Le conflit de Libye a mis en exergue l'exceptionnelle faculté d'adaptation de la marine en opérations. Notre pays a besoin d'une marine forte , il faut lui donner les moyens, c'est une priorité si l'on veut qu'elle reste une marine de premier rang.

[Tourbillon]

L'ensemble de l'aide américaine à la Marine française a duré pendant vingt ans, de 1943 à 1963, sous forme d'aide directe, PAM (Pacte d'Assistance Mutuelle), crédits offshore. La période maximum a été cependant la période 1950-1956. La quasi totalité de l'aéronavale a pu ainsi être reconstituée, avec les porte-avions Bois Belleau et La Fayette, et 735 avions. Les navires venant des stocks de la seconde guerre mondiale ont été restitués aux Etats-Unis (remplacés par le Clemenceau et le Foch). Les appareils ont été livrés gratuitement, avec des pièces de rechange. Pour mémoire, les USA ont refondus à leur charge, en 1943, le cuirassé Richelieu et les croiseurs Montcalm et Georges Leygues. Ils ont financés 55 % de l'achévement du De Grasse. Ils ont financés à 100 % 2 escorteurs d'escadre, et à 40 % 17 autres, et ont pris en charge 46 % de la refonte des Chateaurenault et Guichen (ex italiens). Ils ont financés à 100 % 7 escorteurs rapides et à 25 % 7 autres. Ils ont également financés à 100 % les 115 dragueurs, construits en France ou à l'étranger. C'est un résumé un peu rapide de la situation, sachant que l'aide directe a permis à la France de financer les secteurs pour lesquels elle n'a pas reçu d'aide, tel les sous-marins.

[SALIOU]

Bonjour,

Fin 50, mon père et bien d'autres ont pris un Constellation (rare à l'époque) pour les USA afin de prendre en charge des patrouilleurs cotiers à Seattle. Ils ont ensuite directement rallié l'Indochine: Trident, Flamberge....
En fin 52, il embarquera sur le P731, ex-chasseur de soum américain qui n'est pas non plus passé par la case France.

Plus tard (54?), il fut également du voyage pour le transfert du dragueur cotier Lilas.
A+

Pierre