Excepté les quelques éléments diffusés par l’EMM et le CIN Brest/École de Maistrance (dates de 1923 et 1942) et repris par ce présent site dans l’onglet
http://www.netmarine.net/tradi/engagez/ecole1.htm, je n’ai connaissance d’aucun texte statutaire relatif à l’École de Maistrance. Ma réponse ne peut donc s’appuyer que sur quelques plaquettes commémoratives éditées par les communes et les écrits des anciens, peu nombreux.
Le parcours de L’École des Maistranciers est étroitement imbriqués avec deux autres écoles mythiques de Brest :
- L’École des mousses fondée le 1er mars 1832 par une ordonnance du 28 mai 1829 est implantée à la Cayenne (caserne des marins) à Recouvrance, complétée en 1935 par les Capucins (transfert des mousses de Lorient et de Rochefort), puis amarré sur coffre à Brest à bord de la LYONNAISE, L'ABONDANCE (ex Moselle), la THÉTIS en 1850, l'INFLEXIBLE en 1861, AUSTERLITZ (ex Ajax) en 1876, BRETAGNE, BRETAGNE II, BRETAGNE III (ex "Fontenoy") en 1894, BRETAGNE IV (ex "Mithos") en 1910 ; qui deviendra le célèbre ARMORIQUE en 1912 jusqu’à l’évacuation du 15 juin 1940 ;
- L’École des Pupilles fondée par décret impérial du 15 novembre 1862 dans l’ancien séminaire des Jésuites de Brest (renommée caserne Guépin) jusqu’en 1882, à la Villeneuve jusqu’au 11 mai 1941, en zone libre à Saint Mandrier jusqu’au sabordage de la Flotte du 27 novembre 1942.
- Une École des apprentis-marins, créée en 1913, a pour objectif de former du personnel non officier de la Marine. En 1923 est créée une école dénommée École des sous-officiers de la marine. L’École des Maistranciers fondée en 1933. prend ses quartiers sur le croiseur cuirassé MONTCALM, renommé le 26 septembre 1934 TRÉMINTIN, embossé en rade-abri près des Quatre Pompes à Brest, sur bâbord de L'ARMORIQUE (école des mousses), lui-même sur bâbord du GUEYDON (école des apprentis-gabiers).
http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Armorique.jpg
Mis en alerte dès le mois de mai 1940, le groupe ARMORIQUE, constitué des mousses, des maistranciers et des gabiers, embarque le 15 juin à Brest sur les cuirassés COURBET et PARIS qui appareillent sur la patte de l'ancre le 18 juin, alors que la Wehrmacht entre dans Morlaix. À Plymouth, le groupe, qui apparait trop jeune et pas formé pour être intégré à bord des navires présents, est interné pendant 2 mois au camp d'Aintry, avant d’entamer un périple qui le conduit de Plymouth à Toulon via Liverpool, le Maroc (Casablanca puis Safi fin août) et l'Algérie (Oran). Au bout du compte, il se retrouve à Toulon le 1er novembre à bord de l'OCÉAN (ex cuirassé Jean Bart) amarré sur coffre à Saint Mandrier.
Le 26 novembre 1942, veille du sabordage de la flotte à Toulon, le groupe est dissout.
Dix officiers, trente-cinq officiers mariniers, quinze instituteurs (civils) et 550 pupilles et mousses se mettent en route pour rallier Cahors. Personne ne peut dire le niveau d’intervention du CF Loïc Antoine Marie PETIT de LA VILLÉON, Préfet du Lot, dans le choix de la caserne Bessières de l’ex 150e R.I (dissous le 28 novembre 1942) comme école de repli, caserne en partie occupée par une garnison allemande.
Dès 1943, une cinquantaine d’instructeurs et élèves rallient la résistance, dont une partie a formé le maquis Jean Bart.
Le 1er novembre 1943, un groupe constitué de maistranciers (Pont de Brest et Machine de Saint Mandrier) rallie Cahors.
En septembre 1944 le groupe est transféré dans la base sous-marine de Bordeaux d’où, un mois plus tard, les élèves sont affectés en école de spécialité au Cap Matifou près d'Alger. Les écoles sont fermées.
À la libération, l’ex groupe Armorique ne peut réintégrer ses anciens navires :
- l’ARMORIQUE, utilisé par la Kriegsmarine comme navire atelier et caserne pour les Kriegs Fishkutter (KFK) dans l'anse de Penform, a été incendié et sabordé dans l’Aulne (à une position que le public ne découvrira qu’en 2007) ;
- le TRÉMINTIN a été coulé le 27 août 1944 par bombardement aérien près de la digue sud de la rade abri (épave n° 84) ;
- et le GUEYDON, maquillé en faux PRINZ EUGEN par accolement des ex-avisos AISNE et OISE, a été coulé dans la rade abri.
En avril 1945, le maire du Dourdy-en-Loctudy, le général de PENFENTENYO de KERVEREGUEN, intervient auprès de Mme Jacqueline Moussion (petite fille de feu Gustave Moussion) pour qu’elle loue son domaine à la Marine Nationale. Le Capitaine de Frégate Le COZ (dont le père était ancien mousse) est chargé de reconstituer en ce lieu, en un mois, une nouvelle école capable de former 600 mousses auxquels s'ajouteront des promotions de 100 Maistranciers. En juin 1945, un premier contingent de 100 pupilles ouvre l’école des mousses, suivi en octobre 1945 d’un contingent de maistranciers.
Après leur séjour à Cahors, puis, sur décision de Marine-Paris du 21 octobre 1944, un transfert vers des baraques datant de la guerre 1914-18 à Berthaume en Plougonvelin au 1er novembre 1944, l’École des Pupilles est transférée au Dourdy en 1950. En application de la circulaire ministérielle du 28 juillet 1958 l’école est définitivement fermée le 1er octobre 1959. Les 13 Pupilles de la dernière promotion rejoignent l’École des Mousses ou l’École des Apprentis Mécaniciens de la Flotte.
A la fin de l'été 1960, les élèves s'installent à Brest dans la caserne Saint-Pierre constitués des bâtiments de l'ancienne École Navale en phase de reconstruction. La cérémonie d'installation est présidée, le 14 octobre, par le vice-amiral Deroo, directeur du personnel militaire de la marine.
En septembre 1961, l'école reprendra le nom de Groupe-Armorique.
Cordialement.
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