Ecole de pilotage de Royan 1939-1940

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basic
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Ecole de pilotage de Royan 1939-1940

Message par basic »

La chasse aux documents anciens lors de vides greniers ou sur internet engendre souvent des surprises ou des découvertes.
Ma sœur, férue de généalogie, a fait l’acquisition de la brochure de fin de cours de « L’École des Mécaniciens de Lorient » de 1938, acquise par un élève de la 4éme compagnie d'apprentis.
Cette acquisition nous permit de découvrir deux photos de notre père, l’une à l’atelier et l’autre lors du rassemblement de fin de cours. Mais la surprise vint d’une photo, insérée entre deux pages, intitulée « École Pilotage de Royan – Promotion 1939 1940 » et au verso « Souvenir du Cours de pilotage 15 Octobre 1939-juin 40. Royan, le 23 avril 1940 ».

En 1934, en accord avec le constructeur d’avions René CAUDRON, le chef de l’aéroclub de Royan-Médis (créé en 1930) réussit à convaincre le maire de Royan de la création de deux écoles civiles, l’une de mécaniciens aéronautiques et l’autre de pilotes d’aéronefs. Appuyé par un financement de l’état, le terrain de Royan-Médis put être porté à une superficie suffisante pour passer en 1935 d’un statut de communal à celui d’aérodrome public.
Un premier accord entre le Maire et René CAUDRON permit l’ouverture d’une école de mécaniciens, suivi quelques semaines plus tard d’une école de pilotage civile.
Devant la menace du réarmement allemand décidé par Hitler, l'état-major français, lança des programmes de construction d’avions plus modernes et de formation de nouveaux mécaniciens et de pilotes militaires. Les deux écoles de pilotage de l’armée de l’air, Istres et Avord, ne suffisant pas, il fut décidé de recourir au concours de quatre écoles civiles implantées à Angers, Aulnat, Ambérieu et la toute nouvelle de Royan-Médis, écoles maintenues sous statut civil.

La première promotion, composée d’une cinquantaine de recrutés au niveau du baccalauréat par l’Armée de l’air, rallia l’école le 2 septembre 1935 pour suivre une formation drastique sous les ordres du Capitaine Alfred QUINTARD :
Lever à 5h 00 ;
Cours techniques de 6h 00 à 8h 00 dispensés par un pilote d'Air France ;
Puis de 8h 00 à 9h 30 exercices militaires avec maniement du fusil Lebel ;
Sortie des avions des hangars ;
A partir de 10h 00, apprentissage du vol à bord de biplans CAUDRON C.272 « Luciole » de 100 CV en double commandes avec moniteur ou en solo;
Vols l’après–midi jusqu’à 17h 30 ;
Reprise des cours jusqu’à 20h 00...

Une deuxième promotion, composée également d’une cinquantaine de recrutés par l’Armée de l’air lui succéda en 1936-1937.
A l’issue de cette formation, une suppression des crédits engendrée par une mauvaise gestion économique et financière par le Front Populaire provoqua la fermeture et la dissolution de l’école en juillet 1937.

Cependant, la guerre paraissant inévitable, l’école fut ré-ouverte pour accueillir une troisième promotion 1939-1940 (le nombre de recrutés par l’armée de l’air et la présence importante de matelots certifiée par la photo ne furent jamais évoqués).
Suite à la déclaration de guerre du 3 septembre 1939, l’école de pilotage René CAUDRON passa sous statut militaire et reçu en novembre 1939 l’appellation « École Auxiliaire de Pilotage de Royan rattachée au Bataillon de l’Air 113 de la base aérienne de Rochefort », jusqu’à sa dissolution le 16 juin 1940 ordonnée au Commandant Alfred QUINTARD.
Le 17 juin 1940, suite à l’allocution du Maréchal Pétain, les capitaines Soufflet (ministre des Armées du gouvernement Chirac 1974-1975), Gaillet (fait prisonnier par les forces de Vichy à Dakar et rapatrié en métropole) et les Lt Préziosi (décédé le 28 juillet 1943 en combat aérien), Ezanno (commandant de la Défense aérienne et des Forces "Air" de Défense aérienne à Taverny).et Moizan (porté disparu au cours d’une attaque d’un convoi ennemi par temps de brume le 22 août 1942), repliés de leur école de Saint-Cir-L’École, s’enfuirent à bord de trois Caudrons Simoun de l’école pour rallier Yeovil, en Angleterre, malgré les supplications du Commandant Alfred QUINTARD.
Le lendemain, trois mécaniciens, Pierre Bideau (aux commandes qui se terminera par un crash prés de Laxford), Marcel Bausardo (Mort pour la France Fort-Lamy - Tchad le 18 janvier 1943) et Michel Roche (décédé à Casteltown, Ecosse le 28 janvier 1942) les imitèrent, malgré leur absence totale de la pratique du pilotage.
Le 23 juin, les premiers soldats allemands occupaient le terrain de Royan-Médis, l’École Auxiliaire de Pilotage et la caserne Champlain des élèves mécaniciens.
Le recours par la marine d’une délégation de formation d’élèves pilotes à une école sous statut civil avait déjà été pratiquée lors de la première guerre. André Costa, né le 15 avril 1904, commença à piloter comme boursier de la Marine à l’école Caudron (principe repris par le décret n°2017-1663 du 6 décembre 2017 sous AFSF), puis, qualifié pilote, fut affecté à Rochefort, à la CEPA de Saint-Raphaël et finit sa carrière militaire sur le porte-avion Béarn.

La vue de cette photo fait naitre de nombreuses interrogations :
- Quelle était l’appellation de cette structure ?;
- Quel était le nom de son chef marine?;
- Quel était le statut de cette « section marine » vis-à-vis du commandant de l’école ?;
- Quelle était l’origine et la spécialité des matelots élèves pilotes ; École des Mécaniciens de Lorient de 1938?;
- Quelle fut la structure de recueil du personnel après la dissolution de l’école (Rochefort, Hourtin ?);
- Quel fut le reclassement des élèves pilotes ?,
- Et, pour le fun, le nom de l’élève de la 4éme compagnie d'apprentis à l’origine de ce sujet.
Cordialement
Basic
Vous ne pouvez pas consulter les pièces jointes insérées à ce message.
rubans29
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Re: Ecole de pilotage de Royan 1939-1940

Message par rubans29 »

Bonsoir
Je ne saurais répondre aux questions mais j'apprécie cette belle photo et découvre une école qui m'était inconnue.
Merci
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