Marques de coque et anneaux de cheminée

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capu.rossu
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Marques de coque et anneaux de cheminée

Message par capu.rossu »

Bonsoir,

Voici un post pour éclairer les membres du forum sur un aspect souvent peu évoqué de la symbolique "Marine". Seul mon ami, le colonel Guiglini, aujourd'hui décédé, avait rédigé un ouvrage sur ce sujet sous le titre "Les Marques Particulières des Navires de Guerre Français - 1900 -1950" en 2002 et édité par le SHM.

Marques de coque et anneaux de cheminée

De nos jours, même sans être des « spécialistes » marine confirmés, tout un chacun est plus ou moins familiarisé avec les marques de coque type « OTAN » en vigueur en Europe Occidentale depuis le 3 mars 1951. Chaque marque est composée d’une lettre qui définit la catégorie de bâtiment, « R » pour les porte-avions, « C » pour les croiseurs, « D » pour les destroyers et les frégates de 1er rang, « F » pour les frégates de 2ème rang, avisos et corvettes, « S » pour les sous-marins, « P » pour les patrouilleurs, « A » pour le train d’escadre, les bâtiments auxiliaires et une partie des bâtiments de servitude, « Y » pour les petits bâtiments auxiliaires ou de servitude et « L » pour les bâtiments de débarquement de tous types. Les marques de coque sont permanentes et ne dépendent pas de la force ou de la région où est déployé le bâtiment. Ce dernier reçoit sa marque de coque dès sa mise en service et la conserve jusqu’à sa radiation de la Liste de la Flotte.
Une des rares exception à cette règle concernait l’escorteur d’escadre type T 47 Duperré (1957 – 1992). Mis en service avec la marque « D 633 », il est reclassé bâtiment d’expérimentation pour sonar remorqué entre 1967 et 1971 avec la marque « A 633 » avant de devenir bâtiment anti-sous-marin et de commandement pour la fin de sa carrière en ayant retrouvé sa marque d’origine « D 633 ».
Si le système actuel est simple, il n’en a pas toujours été de même et suivant les époques, cette distinction était plus ou moins compliquée.

I - Avant 1939
La mise en place des marques de coque et des anneaux de cheminée remonte aux vingt dernières années du XIXe Siècle avec l’accroissement tant des flottilles de torpilleurs de haute mer et de torpilleurs d’escadre (ces derniers ayant eu un temps l’appellation de contre-torpilleurs) et des divisions de grands bâtiments, cuirassés et croiseurs-cuirassés.
Jusqu’à la veille de la Deuxième Guerre Mondiale, le système a connu deux périodes :
- 1) marques de coque composées d’une ou deux lettres prises dans le nom des torpilleurs et pour les grands bâtiments des anneaux de cheminées, un à trois, peints sur une des cheminées en fonction du rang du bâtiment dans la division pour tous les bâtiments construits avant la 1ère Guerre Mondiale, durant cette dernière ou livrés par les ex-Empires Centraux à son issue. Sur plusieurs sous-marins, la marque de coque, quand elle est présente, est peinte sur le gouvernail supérieur.

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Le cuirassé de 15.000 tonnes Vérité en 1912-1913 appartenant à la 1ère Division de Cuirassés de la 2ème Escadre.

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Le torpilleur de 300 tonnes Baliste.

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En avril-mai 1915, le sous-marin Arago est accosté à couple du cuirassé Jauréguiberry. Sur son bâbord, on voit le sous-marin Topaze ou son sister-ship la Turquoise. En arrière-plan, le cuirassé Saint Louis et plus loin un monitor britannique.

- 2) avec la mise en service des bâtiments du programme naval, on passe, pour les torpilleurs et contre-torpilleurs, à un système composé d’un nombre à un, deux ou trois chiffres. Ce système relève des amiraux commandant les escadre et, du fait de la personnalité des amiraux va connaître deux variantes. Dans la première les contre-torpilleurs seront numérotés à courir en partant du chiffre « 1 ». De ce fait en 1935, le Gerfaut appartenant à la 7ème Division de Contre-Torpilleurs dans l’Escadre de la Méditerranée porte la marque de coque « 4 » tandis que le Bison, appartenant lui à la 6ème Division dans l’Escadre de l’Atlantique porte aussi la marque « 4 ». Pour permettre, lors de la concentration des escadres de différencier les contre-torpilleurs de Méditerranée de ceux de l’Atlantique, le vice-amiral Darlan, commandant l’Escadre de l’Atlantique, ordonne le 4 octobre 1934 de faire peindre un « - » en arrière du chiffre pour les contre-torpilleurs sous ses ordres. Une combinaison d’un ou deux anneaux blancs ou noir permet suivant la cheminée sur laquelle ils sont peints de connaître le rang du bâtiment dans sa division.

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Le contre-torpilleur de 2400 tonnes Gerfaut (7ème DCT) entrant dans le Vieux-Port de Marseille en 1935.

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Le torpilleur de 1500 tonnes Bourrasque (2ème DT) et le contre-torpilleur Bison de 2400 tonnes (6ème DCT) au mouillage en rade de Brest en 1935.

La deuxième variante apparait le 15 août 1936 dans l’Escadre de la Méditerranée. Sur ordre du vice-amiral Abrial, la marque de coque comprend désormais deux chiffres, le premier étant le numéro de la division et le second celui du rang du bâtiment dans celle-ci.

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Le contre-torpilleur de 2100 tonnes Panthère (1ère DCT) en 1934.

Pour les torpilleurs, le principe de l’association numéro de la division – rang du bâtiment est acquis dès 1926, y compris pour les torpilleurs issus de la 1ère Guerre Mondiale, mais peut, à partir du 1er octobre 1930, comporter trois chiffres avec la création des 11ème, 12ème et 13ème Division de Torpilleurs, la 10ème Division de Torpilleurs n’étant pas constituée, et pour ces trois divisions, les deux premiers chiffres désignent le numéro de la division. Comme les contre-torpilleurs, les torpilleurs ont des années de cheminée mais ceux-ci servent à désigner la division et pour ce faire sont de sept couleurs différentes et portés à raison d’un à chaque cheminée car ils ne désignent pas le rang du bâtiment dans la division. Ce principe de marques de coque est rationnel si on excepte le fait qu’entre le 1er novembre 1930 et le 1er octobre 1934, les 9ème et 11ème Divisions de Torpilleurs ne verront pas leurs bâtiments numérotés à partir du « 91 » et du « 111 » mais à partir du « 96 » et du « 112 ».

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Le torpilleur de 1500 tonnes Fougueux (11ème DT) en 1931.

Au 1er octobre 1936, la majorité des torpilleurs de 1500 tonnes se trouvant dans l’Atlantique, la 1ère Flottille de Torpilleurs ne comprend que sept bâtiments de ce type, un détaché à Marine Maroc et les six autres regroupés en deux divisions, les 1ère et 3ème. Les torpilleurs de la 1ère Division prennent les marques « 1 » à « 3 » tandis que ceux de la 3ème Division portent les marques « 4 » à « 6 ». Mais le 1er octobre 1938, les bâtiments des deux divisions ont les marques « 1 » à « 3 » ! La division d’appartenance n’est alors plus désignée que par la couleur des anneaux de cheminée : blancs pour la 1ère et rouges pour la 3ème.

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Le torpilleur de 1500 tonnes La Palme (1ère DT) à Port Vendres le 17 mars 1938. On voit en sus le pavillon peint sur le masque de la pièce II durant la Guerre d’Espagne, marque de neutralité portées par les bâtiments non-espagnols entre le 1er avril 1937 et le 1er avril 1939.

Que ce soit pour les contre-torpilleurs ou les torpilleurs, la numérotation n’est pas permanente comme elle l’est actuellement depuis 1951 mais tactique et dépend de l’endivisionnement des bâtiments. Un bâtiment qui change de division voit sa marque de coque et ses anneaux de cheminée changer. Un bâtiment qui passe en réserve, entre en réparations ou est placé hors-rang car il devient chef de flottille ou d’escadrille perd marque de coque et anneaux de cheminée.
Pour les sous-marins, il n’y a aucune idée directrice. Les sous-marins survivants de la guerre ou livrés par l’Allemagne ont des marques de coque formées de lettres tirées de leur nom.

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Le sous-marin Curie a été entièrement refondu dans un arsenal autrichien après sa capture à Pula et il est vu ici revenu sous pavillon français après 1919.

Les sous-marins issus du programme naval portent la lettre « S » suivies d’un chiffre pour les 1100 tonnes mais avec la mise en service des premiers 1500 tonnes, ceux-ci reprennent les marques « S 1 » à « S 9 » ce qui fait que si une division de 1100 tonnes prend les marques « S 10 » à « S 12 », une seconde revient au principe des lettres tandis que le troisième prend les marques « Z 1 » à « Z 3 » avec en complément le Saphir qui troque son « SH » contre le « Z 4 » puis rejoint les autres mouilleurs de mines dans la série des « H 1 » à « H 5 » avec l’exception de la Perle qui entre en service quand tous les mouilleurs de mines ne portent plus des marques de coque. Les sous-marins de 1500 tonnes entrés en service à partir de 1931 ne portent d’abord aucune marque de coque avant de prendre une marque composée d’un chiffre et d’un tiret à compter du 1er octobre 1934 avec une exception, Le Glorieux qui aura une marque en « S » en 1934 – 1935.

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Le sous-marin de 1500 tonnes Actéon (8ème ESM) à Toulon en 1933.

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Le sous-marin de 1100 tonnes Requin (5ème ESM) en 19399 dans la calanque d’En Vau entre Marseille et Cassis.

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Le sous-marin mouilleur de mines Turquoise (5ème ESM) en 1934 avec sa marque « H 2 ».

Pour les sous-marins de 600 et 630 tonnes, c’est le principe des lettres qui est adopté mais certains d’entre eux vont avoir une marque commençant par la lettre « N » de février à octobre 1932 avant d’adopter comme les 1100 tonnes une marque commençant par la lettre « Z ». Mais après octobre 1934, les marques disparaissent pour les 600 tonnes ainsi que pour les mouilleurs de mines, et sont remplacées par une numérotation à courir commençant par le numéro « 1 » pour les 630 tonnes.

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Les sous-marins de 600 tonnes Galatée avec la marque « GL » (6ème ESM) et Calypso sans marque car en complément en 1932 à Oran. Pour les sous-marins de 600 et 630 tonnes, la Marine définissait les caractéristiques générales et laissait chaque chantier libre pour dessiner les plans, d’où les silhouettes différentes. Il faudra attendre la tranche complémentaire de 1930 pour qu’elle impose son propre plan d’où le surnom de type « Amirauté » pour les six « Minerve ».

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Le sous-marin de 630 tonnes Argonaute (5ème ESM) en 1932.

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Le sous-marin de 600 tonnes Thétis (5ème ESM) entre le 1er octobre1932 et le 1er juin 1933.

Par opposition aux bâtiments de surface, les marques de coque des sous-marins sont rationalisées dès le 1er octobre 1937 par adoption d’une marque à deux ou trois chiffres, le premier ou les deux premiers pour désigner la division et le dernier pour le rang du bâtiment dans la division.

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Le sous-marin de 1100 tonnes Marsouin (9ème DSM) peu avant la guerre.

Enfin, les avisos ont soit une marque de coque avec des lettres soit n’en ont pas.

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L’aviso de 2ème classe Aisne en cale sèche.

II – En 1939
Devant cette situation des plus chaotique, le nouveau Chef d’Etat-major Général de la Marine, l’amiral Darlan fait promulguer le 2 février 1939 la Circulaire Ministérielle 244 EMG 3 qui attribue l’attribution des marques de coque au Ministre, en fait à l’EMG, et les rationalise :
- 1) pour les bâtiments de ligne, ils porteront à la cheminée arrière ou à l’unique cheminée : un ou deux anneaux blancs pour ceux appartenant à la 1ère Division de Ligne (Dunkerque - Strasbourg), un, deux ou trois anneaux noirs pour ceux appartenant à la 2ème Division de Ligne (Lorraine - Bretagne - Provence), et un ou deux anneaux jaunes pour ceux appartenant à la 3ème Division de Ligne (Paris - Courbet).

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Le cuirassé Bretagne (2ème DL) à Toulon en 1939.

- 2) pour les croiseurs, ils porteront à la cheminée avant ou à l’unique cheminée : un, deux, trois ou quatre anneaux blancs pour ceux appartenant à la 1ère Division de Croiseurs (Algérie Dupleix Foch Colbert), un, deux ou trois anneaux noirs pour ceux appartenant à la 2ème Division de Croiseurs (Duquesne Tourville – le Suffren ne portera pas ses trois anneaux noirs car il est en réparations puis est affecté à la 5ème Division), un, deux ou trois anneaux jaunes pour ceux appartenant à la 3ème Division de Croiseurs (Marseillaise Jean de VienneLa Galissonnière), un deux ou trois anneaux verts pour ceux appartenant à la 4ème Division de Croiseurs (Georges LeyguesMontcalm Gloire) et un, deux ou trois anneaux rouges pour ceux appartenant à la 5ème Division de Croiseurs (Lamotte PicquetPrimauguet – Suffren).

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Le croiseur de 10.000 tonnes Suffren portant les trois bandes rouges de la 5ème DC peu avant son départ pour l’Indochine le 26 juin 1939.

- 3) pour les torpilleurs et les contre torpilleurs, la marque de coque est composée d’un nombre à deux ou trois chiffres, le premier ou les deux premiers identifient la division et le dernier le rang du bâtiment dans le division. Ce nombre est précédé de la lettre « T » pour les torpilleurs et de la lettre « X » pour les contre-torpilleurs. Cette marque de coque est peinte en blanc de chaque bord dans la partie avant de la coque et sur toute la hauteur de la teugue. Tous ont un anneau ou deux de couleur peints à la deuxième cheminée pour les contre-torpilleurs ou à la première pour les torpilleurs suivant les dispositions suivantes : un anneau blanc pour la 1ère Division, 1 anneau noir pour la 2ème Division, un anneau jaune pour la 3ème Division, un anneau vert pour la 4ème Division, un anneau rouge pour la 5ème Division, un anneau bleu pour la 6ème Division, deux anneaux blancs pour la 7ème Division, deux anneaux noirs pour la 8ème Division, deux anneaux jaunes pour la 9ème Division, deux anneaux verts pour la 10ème Division, deux anneaux bleus pour la 11ème Division, deux anneaux rouges pour la 12ème Division, trois anneaux blancs pour la 13ème Division, etc…

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Le contre-torpilleur Mogador (6ème DCT) sur coffre en rade de Brest en 1939.

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Le torpilleur de 600 tonnes Branlebas (11ème DT).

- 4) pour les sous-marins, le principe est le même que pour les torpilleurs ou contre-torpilleurs mais il n’y a pas de lettre avec le nombre et la marque de coque est peinte en rouge sur le kiosque. Dans les faits, les seuls changements pour ces bâtiments vont concerner des changements éventuels de division afin qu’à l’intérieur d’une division on ait des sous-marins ayant les mêmes moteurs diesels et électriques pour harmoniser les périodes de grands carénages.
- 5) pour les bâtiments de surface dont le nom est dans un cartouche, le fond du cartouche est de la couleur des anneaux. Pour les sous-marins, la peinture du cartouche est la même que celle de la coque.
- 6) les croiseurs Emile Bertin (hors rang dans l’Escadre de l’Atlantique), Duguay Trouin et Pluton (affectés à l’Escadre d’Instruction) ne portent pas d’anneaux de cheminée.
- 7) les contre-torpilleurs Vauban et Lion affectés à l’Escadre d’Instruction et l’Aigle qui porte le pavillon du contre-amiral commandant la 1ère Flottille de Sous-Marins prennent les marques de la 1ère Division de Contre-Torpilleurs (respectivement X 11, X 12 et X 13) qui sera reformé à la Mobilisation. De la même manière, les Bison (en grandes réparations après son abordage par le Georges Leygues le 7 février 1939), Epervier et Milan détachés à la Division Navale du Levant constitueront la 11ème Division de Contre-Torpilleurs avec, respectivement, les marques de coques X 111, X 112 et X 113.
- 8) les avisos anciens qui possédaient une marque de coque en lettre la conservent. Les avisos de campagne lointaine ou avisos coloniaux de 2000 tonnes (classe Bougainville) et les avisos-dragueurs qui entreront en service durant l’hiver 39-40 n’en auront pas à l’exception du Bougainville qui arborera d’octobre 1939 à janvier 1940 la marque « BL » peinte en noir, une initiative de son commandant, le capitaine de frégate Fabre de la Ripelle.

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L’aviso de 2000 tonnes Bougainville à Toulon le 14 décembre 1939.


III – En 1940
Lors des missions d’escorte entre les ports de la façade atlantique et Casablanca ou inverse, les personnels de veille, officiers de quart et commandants ont remarqué que, même par visibilité médiocre, les marques blanches sont trop visibles. Aussi, en réaction aux rapports d’opération, l’Amirauté prescrit, le 6 janvier 1940, avec la Circulaire Ministérielle 22683 CN de repeindre les marques de coque en rouge brique. Cette circulaire est reprise le 19 mai par l’Ordre 1165 FMF 3 qui prescrit en sus la suppression des anneaux de cheminée de couleur blanche dans le même souci de discrétion.

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Le torpilleur de 1500 tonnes Le Mars avec sa marque peinte en rouge brique et sans l’anneau blanc à la première cheminée.

Nous avons vu que les avisos étaient les grands absents lors de l’adoption des marques de coque « normalisées » en février 1939. Cette lacune est en partie comblée le 2 février 1940 par l’Instruction Générale 266 FMF 3 qui généralise à ce type de bâtiments les prescriptions de la Circulaire Ministérielle 244 EMG 3 du 2 février 1939. Pour ce type de bâtiments, les chiffres sont précédés de la lettre « A ».

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L’aviso-dragueur colonial de 647 tonnes La Surprise avec sa marque de coque A 56 en 1940.

Cette instruction concerne les avisos anciens des 1ère Escadrille d’Avisos (Forces Maritimes du Nord), 3ème et 4ème Escadrilles (Forces Maritimes du Sud) et les avisos-dragueurs des 2ème et 5ème Escadrilles (Forces Maritimes de l’Ouest). A ces avisos vient s’ajouter le bâtiment hydrographe Amiral Mouchez qui avait été étudié de manière à recevoir II x 100 Mle 32, II x 37 Mle 25 et deux grenadeurs de sillage à la mobilisation. La marque qui lui est attribué est le « A 15 » mais aucune photo avec cette marque n’est connue.

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L’aviso Epinal (1ère EA) est vu ici le 6 septembre 1945 alors qu’un remorqueur britannique va le ramener en France. Sa marque « A 11 » est défraichi car la peinture n’a pas été refaite depuis son désarmement fin 1940.

Les avisos anciens qui composaient les 2ème et 5ème Escadrilles à la mobilisation, ayant été relevés durant le dernier trimestre de 1939 par les nouveaux avisos-dragueurs et reversés aux forces de région, sont non endivisionnés et ne portent pas de marques de coque.
Les avisos de campagne lointaine ne sont toujours pas concernés, car non endivisionnés, ils sont éparpillés aux quatre coins de l’Empire tout comme l’aviso ancien Ville d’Ys qui depuis Fort de France assure la sécurité des morutiers sur les Grands Bancs de Terre Neuve.
Ce changement de couleur des marques de coque sera étalé dans le temps car contre-torpilleurs, torpilleurs et avisos sont engagés principalement dans les missions d’escorte des convois et que les phases d’entretien avec passage au bassin sont moins courantes qu’en temps de paix. Aussi, lors de l’attaque allemande à compter du 10 mai et même au moment de Mers El Kebir, certains ont encore leur marque de conque peintes en blanc ! Par contre la suppression des anneaux de couleurs blanches est rapidement actée car c’est une opération rapide et qu’on trouve dans les magasins du bosco de nombreux pots de peinture grises.

IV - De l’armistice au sabordage
Lors de la période juillet 1940 – octobre 1940, la composition de la flotte va faire l’objet de nombreux marchandages avec les commissions d’armistice. Si les Italiens sont arcboutés sur la diminution drastique de la flotte maintenue armée, les Allemands sont moins rigides et les nombreux incidents avec la Royal Navy avec le drame de Mers El Kebir et les combats de Dakar et Madagascar permettent à l’Amirauté de négocier pied à pied une composante navale de l’Armée d’Armistice supérieure aux effectifs initialement prévus.
Pour les contre-torpilleurs et torpilleurs, tous porteront leurs marques de coque rouges-brique et éventuellement leurs anneaux de cheminée qu’ils soient maintenus armés ou placés en gardiennage d’armistice.
La seule modification au principe ne concerne que trois contre-torpilleurs, les Albatros, Le Malin et L’Indomptable, qui, en changeant de division conservent leurs marques de coque initiale, X 73, X 82 et X 81. Le seul signe tangible de ce changement est l’adoption des anneaux de cheminée concernant leur nouvel endivisionnement.

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12 novembre 1942 : les épaves des contre-torpilleurs Albatros (X 73) et Epervier (X 111) devant celle du croiseur de 8000 tonnes Primauguet.

Pour les avisos-dragueurs, la période sera marquée par de nombreuses modifications dans la composition des Escadrilles qui seront finalement réduites à trois : la 3ème à Toulon, la 6ème à Casablanca et la 7ème à Dakar. De nombreux changement d’affectation en résulteront. Il faudra plusieurs mois avant que marques de coque et anneaux de cheminée soient conformes à l’endivisionnement de tous ces bâtiments.
Pour les avisos de campagne lointaine, il ne reste en service sous les ordres de l’Amirauté que les Amiral Charner, D’Iberville, D’Entrecasteaux, Dumont d’Urville et La Grandière, le Rigault de Genouilly ayant été coulé devant Alger le 4 juillet 1940 et le Bougainville devant Libreville le 9 novembre 1940 tandis que le Savorgnan de Brazza est passé sous pavillon FNFL. Si on excepte l’Amiral Charner qui reste à Saigon, les quatre autres vont se répartir entre Beyrouth, Casablanca, Dakar et Diego Saurez. Le Dumont D’Urville, qui est dans un premier temps à Saigon, porte une marque « D » rouge en Indochine puis un « D » blanc à l’issue de son carénage à Diego Suarez avant d’être en conformité avec la nouvelle Instruction Générale 2028 FMF 3 du 20 juin 1941, en arborant à l’issue de son grand carénage à La Ciotat la marque « A 72 ». Pour se conformer à cette Instruction Générale, le La Grandière qui a quitté la Division Navale du Levant pour rallier la 6ème Escadrille d’Avisos à Casablanca porte désormais la marque « A 61 » dans une position peu réglementaire : très à l’avant de la teugue. Anomalie réparée en mai 1942 quand sa marque est repeinte à l’aplomb des deux pièces de 138,6 avant. Reste les D’Iberville et D’Entrecasteaux qui, entre carénage en France vont alterner affectation à la 7ème Escadrille de Dakar et détachement à Madagascar. Ni l’un ni l’autre ne porteront la marque « A 71 » ou aucune autre correspondant à la 7ème Escadrille.

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L’aviso de 2000 tonnes Dumont d’Urville accoste à Dakar le 20 septembre 1941. Sa marque « D » rouge en Indochine a été repeinte en blanc lors de son séjour à Madagascar. Il prend ensuite sa marque règlementaire lors de son carénage à La Ciotat, carénage qui s’achève le 12 février 1942

La même Instruction Générale 2028 FMF 3 du 20 juin 1941 va concerner une nouvelle catégorie de bâtiments : les patrouilleurs. Pour eux, c’est la lettre « W » qui précèdera le nombre. Dans cette catégorie, un peu fourre-tout, on va répartir entre cinq escadrilles basées à Toulon, Alger, Oran, Casablanca et Dakar, soit les 3ème, 4ème, 5ème, 6ème et 7ème Escadrilles, l’Amiral Mouchez (W 61), deux avisos classe « Amiens » (Les Eparges - W 31 et Calais – W 71), les avisos de seconde classe Engageante (W 41) et Tapageuse (W 42), un garde-pêche (L’Estafette – W 43), les quatre chasseurs de sous-marin de la tranche 1930 (CH 1 – W 34, CH 2 – W 65, CH 3 – W 35 puis W 44 et CH 4 – W 36) et les chalutiers ASM acquis en 1939 (La Havraise – W 32, La Bônoise – W 33, L’Ajaccienne – W 51, La Sétoise – W 53, L’Algéroise – W 66, La Toulonnaise – W 52 et La Servannaise – W 67). A ces bâtiments d’origine Marine Nationale viennent s’ajouter trois chalutiers de grande pêche conservés sous réquisition (Victoria – W 62, Sergent Gouarne – W 63 et Aspirant Brun – W 64) ainsi que les trois avisos-postaux Air France I (W 72), Air France III (W 73) et Air France IV (W 74).

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Le chalutier ASM La Havraise avec sa marque d’appartenance à la 3ème Escadrille de Patrouilleurs en 1942.

IV - De 1943 à 1948
Après les débarquements alliés en Afrique du Nord (opération Torch) et le sabordage de Toulon, l’Empire français reprend le combat contre les forces de l’Axe avec au premier semestre 1943 la réunification au sein de la Marine Nationale des Forces Maritimes d’Afrique et des Forces Navales Françaises Libres. Pour le sujet des marques de coque, la Marine va s’adapter aux normes alliées.
Une première instruction, Instruction 10/FMA 3 du 3 janvier 1943, prescrit la conservation des marques de coque rouges mais elle est annulée par la Circulaire 288/EMG 3 du 17 novembre 1943 abroge cette disposition et remplace les anciennes marques de coque par des nouvelles inspirées de celles de l’US Navy : caractères de 64 cm de hauteur seulement à cheval sur la séparation de la nouvelle peinture de coque deux tons, à savoir gris bleu foncé et gris clair.

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Les torpilleurs de 1500 tonnes Tempête (T 61) et Basque (T 33) photographiés à Ajaccio le 17 septembre 1943 avec les marques rouges brique version « 1940 ».

Ces nouvelles normes vont être mis en œuvre sur tous les bâtiments français opérant sur les divers théâtres à l’exception des eaux britanniques ou de la Méditerranée Orientale. Dans ces théâtres d’opérations, les bâtiments qui y sont engagés proviennent des FNFL et vont soit conserver les « pennants numbers » propres à la Royal Navy soit ne pas en porter car ils portent un camouflage.
Après cette réunification, la Marine Nationale ne compte plus que six contre-torpilleurs : Le Fantasque et Le Terrible à Dakar qui sont aptes à naviguer mais ne sont pas aux normes de 1943 des bâtiments alliés tant sur les plans de la DCA que de la détection, Le Malin et l’Albatros à Casablanca tous deux avariés après les combats de novembre 1942, Le Triomphant et le Léopard au sein des FNFL. Il faut dissocier le cas de l’Albatros dont l’importance des avaries reçues est telle que sa réparation définitive est reportée après la fin de la guerre et celui du Léopard perdu par fortune de mer sur les côtes libyennes le 27 mai 1943.
Les deux contre-torpilleurs de Dakar puis Le Malin, après réparations à Casablanca, sont envoyés aux USA où les chantiers américains vont les doter d’une DCA moderne et les équiper de radars. A l’issue de leur refonte, ils vont arborer la livrée américaine deux tons. Dans un premier temps, la marque de coque, conforme à la Circulaire de novembre 1943, est peinte au-dessus de la ligne de séparation des deux tons de gris puis rapidement centrée sur cette ligne de séparation. C’est aussi à l’issue de cette refonte que les quatre contre-torpilleurs de cette série sont reclassés « croiseurs légers », néanmoins ils vont conserver une marque de coque en « X » mais les anneaux de cheminée ont été supprimés.

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Le croiseur léger ex contre-torpilleur Le Malin avec sa marque de coque « X 102 » en position haute puis centrée.

Après réparations des avaries subies lors du typhon du 2 décembre 1943, Le Triomphant est refondu de la même manière que ces sister-ships par l’arsenal de San Diego. Arborant la même livrée, il porte la marque « X 104 ». Durant son séjour au sein de l’Eastern Fleet, il sera camouflé suivant le schéma de cette escadre. Il ne reprendra la tenue bi-ton avec la marque « X 104 » qu'après son retour en Métropole. Fin 1945 – début 1946, Le Triomphant, toujours camouflé suivant le schéma Royal Navy, est rejoint en Indochine par Le Fantasque avec sa peinture deux tons et la marque « X 103 ». Pour différencier les deux bâtiments ( ?), l’amiral-commandant des Forces Navales en Extrême Orient fera peindre un anneau vert foncé de 50 cm de large à la première cheminée sur Le Triomphant et un identique à la deuxième cheminée sur Le Fantasque ! Ceux seront les dernières bandes de cheminée de couleur en usage dans la Marine Nationale.

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Le croiseur léger ex contre-torpilleur Le Triomphant lors d’un ravitaillement à la mer en mai 1948.

Les survivants des torpilleurs des classes « Bourrasque » et « L’Adroit » forment les 3ème Division de Torpilleurs (Le FortunéForbinBasque) et 6ème Division (Tempête SimounL’Alcyon Trombe) et présentent la même livrée deux tons et les mêmes marques blanches de petites dimensions. Les deux survivants présents en Grande Bretagne, Ouragan et Mistral, sont en réserve et ne sont pas concernés par ces nouvelles dispositions. Le Mistral, qui a été pendant un temps le HMS Mistral, a conservé de son passage dans la Royal Navy le pennant number « H 03 ».

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Le torpilleur de 1500 tonnes Mistral sous pavillon de la Royal Navy avec son arment britannique : quatre pièces de 5.1 inchs.

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Le torpilleur de 1500 tonnes Le Fortuné sortant de Toulon en 1945.

Les torpilleurs de 600 tonnes des 11ème Division de Torpilleurs et 14ème Division qui avaient été saisis par la Grande Bretagne en juillet 1940 ont navigué sous pavillon de la Royal Navy, des FNFL et des marines alliées avec un pennant number britannique mais sont à présent désarmés et ne sont pas concernés par la nouvelle disposition des marques de coque.

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Le torpilleur de 600 tonnes La Flore sous pavillon de la Royal Navy

Les avisos-dragueurs ex-FMA ont eu aussi la même livrée deux tons et des marques identiques que les torpilleurs et les croiseurs légers. Du fait de leur différence de silhouette due à la présence ou nom de la teugue, les avisos-dragueurs vont porter leur marque dans la partie foncée de la coque tandis que les avisos-dragueurs coloniaux la porteront règlementairement à cheval sur la séparation des deux tons qu’ils soient entrés en service au début de la guerre ou après celle-ci. Les avisos-dragueurs ex-FNFL opérant en Méditerranée Orientales sont camouflés et ne portent pas les pennants numbers que leur a attribué la Royal Navy à l’exception du Commandant Dominé « U 70 ». La Capricieuse est à part car elle navigue sous pavillon de la Royal Navy avec le pennant number « U 92 ».

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L’aviso-dragueur colonial de 647 tonnes Commandant Amyot d’Inville le 28 octobre 1947 avec la marque « A 53 ».

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L’aviso-dragueur de 630 tonnes La Boudeuse avec la marque « A 62 ».

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L’aviso-dragueur de 600 tonnes La Capricieuse avec la White Ensign et le pennant number « U 92 » au mouillage dans le Holy Loch le 13 décembre 1942.

La flotte sous-marine française est, elle aussi, sorti très éprouvée des évènements de novembre 1942. Les trois sous-marins ex-FNFL, Minerve, Junon et Rubis, vont continuer à naviguer avec leur pennant number britannique, soit « 26 P », « P 19 » et « P 15 » respectivement.

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Le sous-marin de 630 tonnes type « Amirauté » Junon le 28 septembre 1941 avec son pennant number « P 19 ».

Pour les sous-marins ex-FMA, les anciennes marques de coque, grands chiffres de part et d’autre du kiosque sont effacées. Opérant en Méditerranée sous commandement opérationnel de la Royal Navy, Le Glorieux, la Cérès et la Pallas, vont respectivement porter les pennant number « 17 P », « P 33 » et « P41 ». Si Le Glorieux, évadé de Toulon en compagnie des Casabianca et Marsouin, est opérationnel, c’est très étonnant pour les Cérès et Pallas qui, sabordés à Oran, sont désarmés après leur renflouement au premier trimestre 1943 et seront condamnés après la guerre sans avoir été remis en état.

A ce stade, il faut prendre en compte les bâtiments cédés à la France, le plus souvent à titre provisoire pour la durée de la guerre, par l’US Navy et la Royal Navy.
Les plus importante de ces unités sont les destroyers d’escorte américains et les frégates classe « River » britanniques qui viennent compenser les pertes de nos bâtiments d’escorte en novembre 1942.
Les frégates comme les corvettes ex FNFL vont conserver le pennant number attribué par l’Amirauté britannique lors de leur mise en service sous leur nom britannique.

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La frégate classe « River » Croix de Lorraine.

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La corvette classe « Flower » Aconit qui coula les U-444 et U-432 le 11 mars 1943, seul bâtiment allié engagé dans la Bataille de l’Atlantique à totaliser deux victoires en 24 heures

Les destroyers d’escorte ex-américains sont regroupés en deux divisions et reçoivent une marque de coque spécifiquement française, lettre « T » et deux chiffres représentant dans l’ordre le numéro de la division et le rang du bâtiment dans celle-ci.

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Le Sénégalais appartenant à la 2ème Division de Destroyer d’Escorte.

L’US Navy va rétrocéder à la Marine Française des escorteurs de plus petites tailles, des PC et des SC ainsi que des dragueurs type YMS. Seuls les PC recevront un nom de baptême (les YMS n’en recevront un qu’après la guerre) mais tous vont recevoir une marque de coque suivant les critères français. Il en est de même pour les dragueurs de mines de type MMS d’origine britannique.

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Le patrouilleur côtier Cavalier avec sa marque indiquant son appartenance à la 12ème Division de Patrouilleurs.

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Photo mystère de ce chasseur portant la marque « CH 8 » et battant pavillon français car aucun des cinquante bâtiments de ce type n’a été rebaptisé « CH 8 ». Ma seule hypothèse est qu’il pourrait s’agir d’un des chasseurs rebaptisés « CH 81 » à « CH 85 » dont la marque de coque, en cours de peinture, n’est pas achevée.

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Le dragueur YMS « D 315 » qui sera rebaptisé ultérieurement Aubépine.

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Un marquage particulier, le « D 211 » photographié lors d’un exercice le 14 avril 1944 avec marques française et américaine l’une au-dessus de l’autre « D 211 » et « YMS 26 ».

Les trois avisos de 2000 tonnes survivants vont, comme en temps de paix, se retrouver dispersés sur différents théâtres. Ils vont donc recevoir une marque de coque respectant les nouvelles dimensions mais pour eux, il va s’agir de revenir à la numérotation à courir : « A 1 » pour le La Grandière, « A 2 » pour le Dumont d’Urville et « A 3 » pour le Sarvognan de Brazza. Bien qu’ils aient reçu un peinture de camouflage tous les trois, seuls les deux premiers ont porté leur marque.

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L’aviso de 2000 tonnes La Grandière le 24 avril 1944.

Outre les bâtiments de combat, l’US Navy a transféré à la Marine trois mouilleurs de filets et plusieurs remorqueurs. Les mouilleurs de filets, classifiés gabarres dans la Marine, ont conservé durant un temps leurs pennant number américain, à savoir les lettres « AN » pour « Auxiliary Net Layers » suivies d’un nombre, les remorqueurs, type YTB ou YT, avaient à l’avant leurs pennant number en lettres et chiffres de bronze soudés. La Marine ne les fera pas enlever. Mais la DP de Toulon va mettre en place un système de marques de coque qui lui est propre : deux lettres « RM » suivies d’un numéro d’ordre

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Le remorqueur type YT de 210 CV Rossignol avec sa marque « RM 18 » assistant le croiseur de 7600 tonnes Montcalm.

V – L’Instruction 863 EMG.FA/M3 du 1948

Avec cette instruction, on va assister à une véritable « révolution » dans le système des marques de coque. Celles-ci n’auront plus une caractéristique tactique dépendant de l’endivisionnement ou de la position hors-rang des bâtiments mais un caractère permanent. Les nouvelles marques sont composées d’une lettre définissant la catégorie à laquelle appartient le bâtiment suivies de deux chiffres dans une numérotation à courir. Pour les bâtiments à teugue, le nouveau symbole sera peint à cheval sur la séparation entre peinture foncée et claire et mesurera 64 centimètres de haut. Il sera peint dans la partie foncée de la coque pour les bâtiments sans teugue (cas des avisos-dragueurs). Les grands bâtiments, navires de ligne, porte-avions, croiseurs lourds et légers n’auront pas de marque de coque.
Les lettres attribuées sont les suivantes : « X » pour les croiseurs légers ex contre-torpilleurs, « T » pour les contre-torpilleurs et torpilleurs, « F » pour les destroyers d’escorte et les frégates, « A » pour les avisos, « W » pour les escorteurs, patrouilleurs, et annexes hydrographiques, « D » pour les dragueurs de mines, « S » pour les sous-marins, « K » pour les transports et les LST, « P » pour les pétroliers, « R » pour les remorqueurs de haute-mer, et « E » pour les citernes à eau de mer.
En voici quelques exemples :

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Le torpilleur Lorrain ex allemand T 28 avec la marque « T 08 ».

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1946 : la frégate classe « River » La Surprise amarrée à la jetée de Mers El Kebir avec sur son avant le destroyer d’escorte Hova (F 04) et deux autres bâtiments du même type.

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L’aviso de 2000 tonnes Savorgnan de Brazza avec la marque « A 03 ».

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Le dragueur Hortensia ex YMS 27 à Porquerolles avec la marque « D 19 ».

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Avec sa marque « S 02 », ce sous-marin de 1500 tonnes n’est pas le Casabianca qui avait reçu la marque "S 03" mais son sister-ship Le Glorieux mis à la disposition de Georges Peclet pour les scènes du film « Casabianca » tourné en 1949.

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La citerne à vin Hanap ex citerne à eau de la Kriegsmarine Stordelsfjord avec la marque « K 12 » en 1949.

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Le pétrolier Garonne ex italien Tarvisio au Grand Rang avec sur son bâbord les torpilleurs ex italiens Duperré, Duchaffault et D’Estaing tous quatre désarmés. La photographie est postérieure à 1951 car le chasseur de sous-marins CH 144 porte sa marque « OTAN » « P 715 ».

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Le remorqueur de 1600 CV Implacable ex allemand Fonh II avec sa marque « R 05 ».

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La citerne à eau de 600 tonnes de port en lourd Giboulée ex allemande Eïdwag avec la marque « E 01 »

VI - Conclusion

Je termine ici ce tour d’horizon des différents système des marques de coque et anneaux de cheminée qui ont précédé le marquage type « OTAN » toujours en vigueur de nos jours depuis 1951.
Les photographies peuvent nous livrer des énigmes comme celle qui suit et montre un torpilleur de 1500 tonnes classe « Bourrasque », à savoir la Tornade ou la Tramontane avec une marque « 38 » ou « 78 » mais le hic, c’est qu’aucun document écrit ou photographique fait mention de ces deux marques !

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Alain
Dernière modification par capu.rossu le 10 janv. 2022, 16:34, modifié 2 fois.
rubans29
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Re: Marques de coque et anneaux de cheminée

Message par rubans29 »

Bonsoir
Je vais lire tranquillement cet article qui s'annonce passionnant mais je tiens à vous remercier de nous faire partager autant de connaissances depuis des années.
Cordialement
douzef
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Re: Marques de coque et anneaux de cheminée

Message par douzef »

Bonjour,
Même opinion que mon camarade Christophe, un grand merci pour ce généreux partage de connaissances.
Cordialement
Douzef
antietam
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Re: Marques de coque et anneaux de cheminée

Message par antietam »

Bonsoir,

Effectivement, à côté de belles photos, peu ou pas connues, cette photo du 1500 tonnes constitue une énigme.

Une certitude : Les "lacunes " de J. Guiglini sont infimes et j'écarte catégoriquement l'hypothèse qu'il ait pu oublier un numéro d'endivisionnement de l'un des 1500 tonnes.

Compte tenu de la forme de la passerelle et de l' aileron comportant un creux dans la partie centrale, il ne peut s'agir que l'un des quatre construits à Bordeaux : Tramontane, Trombe, Typhon, Tornade. Or, de ces quatre bâtiments, deux seulement ont porté le chiffre "8" à un moment de leur existence : la " Trombe" avec le numéro 82 de fin 1936 jusqu'au sabordage du 27 novembre 1942, et la "Tramontane" avec le numéro "83" de fin 1936 à septembre 1938. On peut donc penser qu'il s'agit de l'un d'eux.

Deux hypothèses :
- la photo a été prise à partir d'avril 39 et la marque de coque serait en train d'être peinte avec le "T" partiellement caché par le dos d'un marin et le "2" masqué par le dos de l'autre matelot.
- la photo est inversée et il s'agit alors de la "Tramontane" entre 1936 et 1938 avec son numéro 83, le "3" étant caché par le matelot du milieu.
Cette seconde hypothèse serait à vérifier au moyen de l'arrière plan des montagnes du Coudon et du Faron.

Ne connaissant malheureusement pas suffisamment le paysage montagneux de l'arrière pays toulonnais, je suis incapable de me prononcer à ce stade de l'analyse. Désolé.
Bonne soirée.
Antietam
ALAIN
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Re: Marques de coque et anneaux de cheminée

Message par ALAIN »

Un grand merci à Antietam pour ce travail remarquable et pour ses photos dont certaines sont rares ou originales.
En outre il nous soumet deux photos énigmes comme marques de coques, une à propos d'un chasseur de sous marins marque CH8 et l'autre à propos d'un torpilleur de 1500 t avec une marque se terminant par 8 .
En tout cas cela titille notre intérêt, il ne reste plus qu'a chercher à résoudre ces énigmes.
A vos marques... :lol:

Alain
antietam
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Re: Marques de coque et anneaux de cheminée

Message par antietam »

Bonjour Alain,
Un grand merci pour ces louanges qui ne s'adressent malheureusement pas à moi. Il faut rendre à César ce qui appartient à César et le seul qui mérite d'être félicité est capu-rossu. Je n'ai fait d'essayer d'apporter une petite contribution à une œuvre toujours en progression.
Je continue dans cette voie avec la photo du "Chasseur 8", qui constitue une énigme beaucoup plus facile à résoudre que celle du torpilleur de 1500 T.
La photo produite par Capu rossu est en fait un document maquillé du Chasseur 126 pris en rade des Vignettes, origine ECPA Ref Marine 7764.
J'ignore qu'elle est la raison de ce maquillage mais il est certain qu'avec l'avénement du digital et de photo-shop, ce genre de plaisanterie risque de se reproduire fréquemment, et je ne désespère (?) pas un jour de voir paraître une photo du "Charles de Gaulle" accosté à côté du "Strasbourg".
Bonne journée
Antietam
Vous ne pouvez pas consulter les pièces jointes insérées à ce message.
ALAIN
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Re: Marques de coque et anneaux de cheminée

Message par ALAIN »

Aucun doute il s'agit de la meme photo, il faut être vicieux pour faire des choses pareilles, il ne reste donc plus qu'a chercher pour le torpilleur.
Et merci pour cet article passionnant à Capu rossu ,on ne le remerciera jamais assez pour ses participations aux divers sites maritimes ou il officie avec toujours autant de précision et de justesse.

Cordialement

Alain
antietam
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Re: Marques de coque et anneaux de cheminée

Message par antietam »

Pour en revenir à la question des marques "Otan" portés par les navires français après 1951, il faut reconnaitre qu'elles ont bien simplifié la vie des shiplovers. Et sans doute également celle des commandants et des timoniers ....
2 observations :
- Depuis un peu plus de 20 ans, les anglais ont ajouté la lettre "H" pour leurs bâtiments hydrographiques. Voir H88 "Enterprise", H131 "Scott", etc ..
- La liste des navires français dont la marque à changé en cours d'existence ne se limite pas au "Duperré". J'ai noté ci-après quelques noms mais la liste est loin d'être exhaustive :
Aconit : F703 - D609
Le Vendéen : F778 - A778
L'Agenais : F774 - A784
Hussard : P624 - A624
Cdt Rivière : F733 - A733
Issole : L9007 - A734
Sylphe : A784 - Y710
Bételgeuse : M747 - A747
Origny : M621 - A640
D'Entrecasteaux : A674 - P674
Arago : A795 - P795
sans compter les nombreux dragueurs côtiers et d'estuaires dont la fonction de dragueur est devenue celle de patrouilleur et dont la lette est passée de "M" à "P"
En fait, la règle semble être de changer la marque dès lors que l'usage du navire est modifié, en particulier lorsqu'il devient un navire d'expérimentation. Mais alors, pourquoi le "Hussard" est-il passé de "P" à "A" alors que "l'Intrépide", pour un usage identique est resté "P" ?

Quoi qu'il en soit, on ne peut dire que la Marine Française ait abusé des changements de marques de coques depuis son entrée dans l'OTAN, ce qui n'est pas le cas de la Marine Fédérale Allemande, qui constitue un véritable casse-tête avec ses modifications continues.
yvo35
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Re: Marques de coque et anneaux de cheminée

Message par yvo35 »

Bonjour,
antietam a écrit : 08 janv. 2022, 23:15 - la photo est inversée et il s'agit alors de la "Tramontane" entre 1936 et 1938 avec son numéro 83, le "3" étant caché par le matelot du milieu.
Cette seconde hypothèse serait à vérifier au moyen de l'arrière plan des montagnes du Coudon et du Faron.
La photo n'est pas inversée.
Toulon.jpg
- L'arrière-plan est dans le bon sens
- Un "3" inversé n'aurait pas cette forme
antietam a écrit : 08 janv. 2022, 23:15 le "2" masqué par le dos de l'autre matelot.
Je pense que s'il y avait un "2" derrière le matelot debout on en verrait une partie en bas.
Vous ne pouvez pas consulter les pièces jointes insérées à ce message.
Cordialement.
Yvonnick
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capu.rossu
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Re: Marques de coque et anneaux de cheminée

Message par capu.rossu »

Bonjour Antietam,

Merci pour l'indentification du CH 126 maquillé en CH 8. Je ne sais pas qui s'est livré à cette manip car j'ai trouvé la photo sur le site de l' " Association Aux Marins" en cherchant avec mon moteur de recherche des vues de chasseurs de sous-marins.
Je leur ai adressé ce week-end un mail pour les prévenir que la photo ne correspondait pas au Chasseur 8 - Rennes des FNFL.
Je vais doubler avec la photo "vraie".
On va voir comment ils vont réagir.

Puisque tu parles des logiciels de retouche d'images, l'idéal pour le 1500 tonnes, serait d'utiliser un logiciel qui permette de voir à travers le trois gugusses sur le tangon :lol:

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Alain
Paloupalou
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Re: Marques de coque et anneaux de cheminée

Message par Paloupalou »

Bonjour,

Pour la photo du 1500t non identifiable, j'en ai un exemplaire "physique" et je vous informe qu'elle est prise depuis l'Albatros. J'avais noté dans mon fichier Tramontane ou Tornade avec marque de coque inversée ce qui est illogique d'après le tableau du colonel Guiglini. J'aurais dû écrire Tramontane ou Trombe mais la forme du rouf avant ne colle pas pour la Trombe. Pour le Typhon les tuyaux de cheminée ne collent pas.
Par comparaison avec ce qui se faisait sur les autres 1500t, le premier chiffre ne peut être qu'un 3, on en voit la barre horizontale haute et le petit angle presque droit de la boucle basse.

Pour moi c'est donc la Tramontane avec marque de coque inversée. Sur les CT quand il y avait des marques avec des tiraits, il me semble que selon le côté de la coque le tirait était soit devant soit derrière non? Ce pourrait être la même chose, ou alors un gars était dyslexique... :lol:

Pour ma culture, disposez vous d'un exemplaire de cette photo également ou l'avez vous prise sur Internet? C'est pour savoir si le cliché dont je dispose est "unique" ou non (jusqu'à preuve du contraire).
antietam
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Re: Marques de coque et anneaux de cheminée

Message par antietam »

Bonsoir,
J'ai également envisagé l'hypothèse d'un contre-torpilleur, mais après examen, j'ai du l'écarter. Les CT ayant porté un n° "8" au cours de leur existence sont :
- le "Guépard" entre 1929 et 1931,
- la "Panthère" entre 1932 et 1933
- le "Vauquelin" entre 1934 et 1936.
- les CT de 2800 t du type "Fantasque"

On peut immédiatement écarter les 2800 tonnes dont la cheminée avant n'a rien à voir avec celle de la photo.
On peut écarter également les 3 autres CT pour les raisons suivantes :
- le "Guépard" en raison de ses ailerons et de sa mature différents,
- la "Panthère" en raison de l'emplacement des feux de position sur sa mature et de la disposition du "8" par rapport aux hublots,
- le "Vauquelin" en raison de l'existence d'un projecteur sur la mature, de la différence d'ailerons et des supports d'ailerons.

Il ne reste donc que l'hypothèse d'un torpilleur de 1500 tonnes. Nous en sommes arrivés tous les deux à la solution de la "Tramontane", avec photo inversée mais cette solution ne parait pas tenir car Yvo35 indique que l'arrière plan toulonnais est bien à sa place.
Donc, a priori, le mystère demeure.
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capu.rossu
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Re: Marques de coque et anneaux de cheminée

Message par capu.rossu »

Bonsoir,

@ Paloupalou,
La photo m'a été transmise en PJ d'un mail par un ami cannois pour phosphorer dessus, en vain jusqu'à présent avec une préférence commune pour la Tramontane mais sans plus.
Lors de notre prochain appel téléphonique, j'y poserai la question au sujet de sa provenance : internet ou achat sur un site de vente.

@+
Alain
yvo35
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Re: Marques de coque et anneaux de cheminée

Message par yvo35 »

Re,
Paloupalou a écrit : 09 janv. 2022, 16:05 Par comparaison avec ce qui se faisait sur les autres 1500t, le premier chiffre ne peut être qu'un 3, on en voit la barre horizontale haute et le petit angle presque droit de la boucle basse.
C'est ce que je vois également. Et c'est une autre preuve que la photo n'est pas inversée.
Paloupalou a écrit : 09 janv. 2022, 16:05 Pour moi c'est donc la Tramontane avec marque de coque inversée.
C'est à dire les deux chiffres intervertis?
Cordialement.
Yvonnick
antietam
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Re: Marques de coque et anneaux de cheminée

Message par antietam »

Bonsoir Capu-rossu,

Content d'avoir pu t'aider à résoudre le problème du "Cha 5". Cela ne compense toujours pas le nombre de fois où tu as pu répondre à une de mes interrogations. En règle générale, je suis bien meilleur pour poser les questions que pour y répondre.
En ce qui concerne le CHA 126, j'ai acheté cette photo il y a une cinquantaine d'années à l'ECPA, à une époque où l'Etablissement tirait des photos argentiques à un prix défiant toute concurrence. Depuis, ils se sont alignés sur les tarifs du secteur privé, avec une qualité médiocre et en numérique.

Dommage que Jean Guiglini n'ait pas pu, pour des raisons de temps ou par manque de documentation, se pencher sur les symboles de coque des navires d'avant 1914. A titre d'exemple, les torpilleurs de 300 et 450 tonnes qui ont, soit aucune marque de coque, soit une ou deux lettres représentatives de leur nom, soit des chiffres romains. ex : le "Coutelas" avec "II", le "Carquois" avec "III", la "Fanfare" avec ".II", la "Hache" avec ".VI", le "Voltigeur" avec "VII" et "III.", le "Mameluck" avec "V", le "Chasseur" avec "V", etc .... Il semble que ce type de numérotation ait été limité à la Méditerranée car toutes les photos ont été prises par Marius Bar à Toulon.
Questions : A quelle période ces marques de coque ont-elles été utilisées ? Pourquoi un point blanc précédait-il parfois les 2 chiffres ? Ces symboles étaient-ils représentatifs de divisions ?
Bonne soirée et merci de ton aide.
Antietam
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