Besoin d'aide pour relire un cahier de souvenir d'un fusilier marin de Dunkerque

Répondre
hangar
Messages : 22
Inscription : 30 déc. 2017, 22:19
Localisation : Ecausseville (50)
Contact :

Besoin d'aide pour relire un cahier de souvenir d'un fusilier marin de Dunkerque

Message par hangar »

Bonjour à tous,

Besoin d'aide pour relire un cahier de souvenir d'un fusilier marin de Dunkerque. Par notre travail de préservation du hangar à Ecausseville (50) nous avons récupérer un cahier par la fille adoptive de ce monsieur.

Nous avons besoin de 3 lecteurs corrigeurs pour relire et corriger la refrappe de ce cahier.

Car la dame qui a refrappé, n'est pas dans le milieu de la marine. elle a fait avec de bonnes intentions.
Il faut vérifier les sigles, les appellations..... mais aussi le fil conducteur, pour vérifier si tout se suit.

Pouvez-vous nous aider ?

Ce cahier sera remis sur ce site pour tous les historiens et passionnés d'histoire, car les combats de Dunkerque et ailleurs (1941 Afrique du Nord) font partis de notre histoire de France.

Merci de me contacter par mail personnel.

Cdt

ERIC
En attendant voici un extrait de la page de garde :
CapturePPP.PNG
Vous ne pouvez pas consulter les pièces jointes insérées à ce message.
hangar
Messages : 22
Inscription : 30 déc. 2017, 22:19
Localisation : Ecausseville (50)
Contact :

Re: Besoin d'aide pour relire un cahier de souvenir d'un fusilier marin de Dunkerque

Message par hangar »

J'ai trouvé de l'aide.

Ces mémoires vont arriver.

Cdt

ERIC
hangar
Messages : 22
Inscription : 30 déc. 2017, 22:19
Localisation : Ecausseville (50)
Contact :

Re: Besoin d'aide pour relire un cahier de souvenir d'un fusilier marin de Dunkerque

Message par hangar »


Comme promis, voici le cahier du second maître CREPS a Dunkerque


FRONT DE MER DE CALAIS

Bastion I – Section des 13 m/m 2

ANNEE 1940

Appartenant au Second Maître Fusilier :
CREPS René matricule 959 26 1


Evènements survenus depuis le Jeudi 9 Mai 1940
Effectifs BI – section 13.2
RAMOS : Ingénieur du génie maritime ROSSIGNOL Louis Quartier-maître armurier
CREPS : Second-Maître fusilier DELPORTE Matelot Fusilier
DOUBERT Louis : Quartier-maître Fusilier SCHMITT Boby Matelot
KERVELLIN Yves : Quartier-maître Fusilier LAMERE Julien Matelot
LALONDE James : Quartier-maître Fusilier HOLNOY René Matelot sans spécialité
VANDENBERGUE Matelot sans spécialité




Jeudi 9 Mai 1940
18h05 - Reçu message n° X origine Compagnie AFM CALAIS destinataires : tous services :
« De renseignements sûrs et autorisés, un grand raid aérien ennemi se prépare sur la France – Stop. Redoublez de vigilance ».

Vendredi 10 Mai 1940
3h45 - Alerte D.C.A. Armé les pièces, manque tireur sur la pièce II (service jetée Est,) SM Fusilier CREPS fonction de tireur.
4h10 - Nombreux avions ennemis au-dessus de CALAIS. Ouverture du feu par ordre de l’Ingénieur du maritime RAMOS Chef de Batterie. Tube gauche pièce II enrayée, effectué tir avec le tube droit, remise en état du tube gauche.
4h40 - Tube droit : enrayage de nouveau. Impossible de continuer le tir avec les deux tubes, seul le tube gauche fonctionne.
5h15 - Avions ennemis bombardent la ville, le port et objectifs militaires. Cinq bombes tombent sur le bastion I, une sixième sur la ligne de chemin de fer de la gare maritime, deux autres dans le port. Les avions ennemis sortent de toute part, ouverture du feu sur les plus rapprochés, à la volonté du chef de pièce ou du tireur.
7h20 - Ouverture du feu sur un avion ennemi volant à basse altitude. Un chasseur français le poursuit, mais se tient à distance, la DCA ayant ouvert le feu, cessant le feu lorsqu’une fumée s’échappe de l’avion ennemi, il descend toujours pour se poser sur le bord de la plage Les Hemmes de Marck. Un avion abattu à notre effectif, aidé par la chasse.
8h15 - Fin d’alerte DCA, Ordre de redoubler de vigilance, nettoyage et remise en état de fonctionnement du tube droit.
9h00 - Constatation des dégâts. Pavillon des officiers, deux bombes sont tombées à côté enlevant le mur d’entrée. Deux près de la porte condamnée du Bastion I. Une près de la voûte (il n’y a plus une vitre à mon bureau, sous la voûte). A l’intérieur, je ramasse trois éclats de bombe dont deux dans mon hamac qui est resté accroché.
Samedi 18 Mai 1940
15h00 – Je débarque du Baston I, destiné au Bastion II pour l’armement du canon de 37m/m jumelé et anti aérien, et comme capitaine d’armes.
Lundi 20 Mai 1940
18h00 – Alerte DCA jusque 3h00 du matin, de nombreuses bombes incendiaires et explosives sont lancées sur la ville.
Mardi 21 Mai 2940
23h00 - Installation de projecteurs anglais. Alerte DCA. Les bombardiers ennemis opèrent en piqué. Les projecteurs anglais se braquent dessus, les servants du 37m/m. surpris de les voir si près n’ont pu ouvrir le feu, à partir de ce moment l’ennemi effectue ses bombardements à haute altitude.
Mercredi 22 Mai 1940
Dans l’après midi les troupes anglaises brûlent leur matériel (tanks légers, autos blindées, etc, etc.)
17h00 - Alerte DCA trois avions se présentent venant du nord. Le SM armurier Guillemin me passe les jumelles pour les identifier. Au moment où je les braques dessus, je distingue nettement trois bombes qui s’en détachent, j’ordonne l’ouverture du feu. L’alerte dure jusqu’à trois heures du matin.
Jeudi 23 Mai 1940
8h30 – Combat aérien entre chasseurs anglais et chasseurs allemands ; trois allemands abattus pour un anglais.
9h00 – Ordre du Commandant de Batterie, le lieutenant de vaisseau Lanier « parer à faire sauter les pièces de la batterie »
13h00 – Ordre de déboucher les pièces, prêt à ouvrir le feu.
15h00 – Ordre de reboucher les pièces pour les détruire.
17h00 – Ordre de déboucher à nouveau.
18h00 – alerte DCA. Bombardement intense de l’artillerie et de l’aviation ennemie
Vendredi 24 Mai 1940
7h00 – Le Ct de batterie demande au Ct du FM de Calais, l’autorisation d’ouvrir le feu sur une colonne motorisée ennemie aperçue à 25 km environ. Réponse du Ct du FM de Calais « non la colonne que vous apercevez peut être des Anglais, des Belges ou des Français. Préparez vous à faire sauter les pièces ».
8h00 – Le Capitaine Lanier renouvelle sa demande pour ouvrir le feu, disant distinguer nettement des colonnes ennemies. Même réponse du Ct du F de Calais
8h45 – Ordre de se préparer à faire sauter les pièces (3ème fois)
10h45 – Déboucher les pièces, prêt à ouvrir le feu dans la direction où nous avons aperçu les colonnes le matin.
11h15 – Feu à volonté à la Hausse indiquée. Transmission d’ordres par porte voix, les appareils de transmission ayant été détruits.
11h30 – Coup de téléphone du Ct du FM de Calais « Tirs très efficace, allongez de 500 m ».
17h15 – Cessez le feu, faite sauter les pièces le plus rapidement possible, rassemblez les hommes en vue de l’évacuation du Bastion II. Destruction du télémètre du Blockhaus et des 37m/m jumelées.
17h25 – Les pièces III et II sont détruite, il a fallu s’y reprendre en trois fois pour la pièce I, la mèche étant humide par suite des premières dispositions.
17h45 – La pièce I est détruite
17h50 – Rassemblement du personnel en vue de l’évacuation du Bastion, prendre le moins de bagages possible et embarqué dans un camion. Ordre du Ct de Batterie « prendre les dispositions pour faire sauter la soute à poudre »
18h00 - Parer à faire sauter la soute à poudre.
18h15 – Départ du camion avec quelques hommes, distance parcourue 500 m. Impossible d’aller plus loin. Le pont est sauté. Nous trouvons des militaires Français et Anglais. Nous attendons le Ct de Batterie. Plusieurs matelots reviennent avec des motos anglaises, je pars pour en chercher une. Un fonctionnaire anglais m’en empêche. Je reviens au camion. Je le retrouve dans la douve. Retour du capitaine Lanier, rassemblement des hommes. Voici ses dernières paroles
« Je viens d’aller voir le Ct du FM Calais, nous sommes encerclés de toute part, le seul chemin qui nous restait c’est la mer, mais aucune embarcation ne peut nous prendre, liberté de manœuvre pour chacun de vous. Par n’importe quels moyens, franchissez les lignes ennemies, on se retrouvera de l’autre côté pour continuer la lutte, courage, à bientôt et VIVE LA FRANCE »
Montant derrière une moto, il est parti. Où ??
Quelques matelots me consultent et me demandent ce que je comptais faire. Ma réponse fût celle-ci « continuer à me battre à Calais plutôt que de risquer de me faire tuer bêtement sur des routes que je ne connais pas » Quelques uns m’approuvent et manifestent leur désir de me suivre. Un Quartier Maître et deux Matelots viennent avec moi en direction de la ville. En route, nous ramassons un fusil mitrailleur 24-29 et deux havres sacs de chargeurs abandonnés. Je propose aux trois hommes quiI m’accompagnent d’aller faire le coup de feu avec les Anglais, ils acceptent. En approchant du premier pont, où l’on distinguait quelques groupes de soldats Anglais, nous allions nous mettre en batterie, les voilà qui ouvrent le feu en notre direction, sans doute, nous ont-ils pris pour la 5ème colonne.
Toujours est-il que nous sommes obligés d’abandonner, armes et bagages et de décamper rapidement si nous ne voulons pas y laisser notre peau. Dans un endroit abrité, nous nous concertons sur la conduite à tenir. Ayant appris que la Citadelle n’avait pas évacuée, nous décidons de nous y rendre, les hommes m’approuvent. En route, nous sommes prévenus de faire attention en y approchant. Fait et dit, arrivés à 50 mètres de la porte, une mitrailleuse ouvre le feu sur nous, nous nous réfugions dans la cave la plus proche. Là, j’apprends que l’ennemi occupe Calais Sud et l’Hôtel de ville. Je vais rejoindre des amis qui occupent une cave à quelques maisons de là. Après m’être restauré, je m’endors d’un profond sommeil, sommeil troublé de temps à autre, par les éclatements d’obus dans les environs.
Samedi 25 mai 1940
5h00 – Bombardement intense par l’artillerie ennemie. Nous profitons d’une accalmie pour aller aux provisions, ils nous font raser les mûrs, les balles sifflent à nos oreilles. Pour traverser les rues, c’est en rampant qu’il faut avancer.
Dimanche 26 Mai 1940
4h30 – Bombardement intense de Calais Nord par l’artillerie et l’aviation ennemie (200 avions au dessus de la ville)
A tout instant, il vient du monde dans notre cave, fuyant les autres par suite de l’effondrement ou de l’incendie ; nous sommes 50 à 60 blottis les uns contre les autres croyant notre dernière heure venue. Pendant ce temps, nous entendons les avions piquer et le sifflement sinistre de leurs bombes, puis l’éclatement, on croirait que la foudre tombe près de nous ; Cela dure toute la journée, il y a de quoi devenir fou. Nous entendons les étages descendre les uns après les autres. Dehors le sifflement d’avions, de bombes et d’obus continue. La cave tremble à chaque coup. Cela se rapproche, est ce pour nous ? L’angoisse se lit sur le visage des hommes et la terreur sur celui des enfants et des femmes. Nous nous efforçons de remonter un peu le moral, en envoyant quelques plaisanteries dans ce genre « Ce n’est rien, c’est le coup qui part » « pourquoi justement cela tomberait sur nous, il y a assez de place à côté » mais le moral commence à baisser.
16h20 Celle-ci a été pour nous. Une formidable explosion se produit dans la cave, une lueur aveuglante puis l’obscurité complète. Personne n’a soufflé mot, aussitôt ces paroles me sont sorties : « du silence la dedans » pas un souffle, rien. Je m’empare de ma lampe électrique, je n’y vois pas plus loin que le bout de mon bras avec la poussière et la fumée et appelle les hommes présents. Les premiers pas que je fais, quelque chose d’anormal sous mes pieds, je regarde, horreur c’est la cervelle d’une jeune femme, plus loin une autre, le ventre complètement ouvert. Je cache cet horrible spectacle à la vue des autres personnes et jetant une couverture dessus. J’avance, je sens un corps, je demande de bouger pour me laisser passer, cette personne me répond « passez sur moi, Monsieur, je ne peux bouger » j’évite autant que possible de lui faire mal et donne des ordres pour dégager les entrées. Avec plusieurs personnes, je me dirige vers celle de la cave, j’évite de piétiner les blessés. Une jeune fille, le visage en sang se cramponne au cou d’un militaire en criant « ne m’abandonnez pas » je lui demande si elle était blessée, non, alors qu’elle nous laisse tranquille pour les travaux de déblayage. Je n’ai peut-être pas répondu poliment mais il fallait agir vite.
La sortie de la rue est dégagée, la première « Allez ! les enfants et les femmes, dehors, cherchez un autre abri, sinon cette cave sera votre tombe » Je vois un militaire avec le fusil entre les jambes, je le secours en disant « allez toto, donne un coup de main pour dégager les blessés » voilà que le fusil tombe et lui par-dessus, il avait été foudroyé net. A deux, nous dégageons une femme prise entre deux autres victimes, elle n’avait aucune blessure mais voilà qu’elle réclame à grands cris sa pantoufle restée sous un corps et de lui répondre « c’est bien le moment, vous avez la vie c’est le principal, filez où vous allez vous faire écrasez »
Nous restons à trois militaires, après quelques appels, n’obtenant pas de réponse, nous décidons de chercher un autre abri à notre tour.
En sortant, nous entendons les balles siffler à nos oreilles, ce sont les avions qui mitraillent la foule qui se trouve dans les rues. Je ne reconnais plus la rue de la Citadelle, ce n’est que trous remplis d’eau, des montagnes de pierres, de briques, du feu, de la fumée partout, les fils électriques et téléphoniques pendent comme des chevelures le longs des murs en ruines, il faut parfois faire un détour pour avancer. Enfin, nous gagnons un autre abri, la maison est détruite, mais la cave intacte, c’est l’essentiel. Nous mourons de soif, je vois un robinet, tout heureux, je le tourne, hélas toutes les conduites d’eau sont crevées. Il y a deux draps de lit qui sèchent, étant encore humide, je m’essuie le visage avec, quel soulagement ! Dehors le bombardement continue. Une explosion plus près que les autres. L’obscurité complète. Ca y est nous voici emmurés de nouveau. Nous nous regardons tous les trois. Non, la poussière se dissipe, un petit jour apparaît à l’entrée, nous l’agrandissons. Dehors la pluie commence à tomber. Il y a le feu partout. Des pans de mur s’écroulent on ne reconnaît plus ce qui était maison de ce qui était rue et toujours des bombes et des obus.
Enfin, voici une accalmie, nous ne voulons pas rester là, il faut se rendre compte de la situation. Dehors la pluie tombe plus forte. Les deux militaires qui m’accompagnent Raymond et Pierrot sont en bras de chemise, je prête mon veston à Raymond ayant dessous un blouson de cuir et nous voilà partis à travers les ruines. Je retrouve mes amis dans une cave parmi plus de deux cents autres personnes et plusieurs blessés légers. Des parents s’y retrouvent. Un enfant de sept ans cherche sa mère et sa sœur, des personnes charitables le consolent en lui disant qu’elles vont bientôt revenir, hélas le pauvre gosse ne les reverra plus, elles ont été tuées dans la première cave où nous étions.
Un militaire anglais vient nous prévenir que les allemands rentrent dans Calais Nord, il ne faut pas rester là car le bombardement va reprendre, la Citadelle ne voulant pas se rendre, il nous faut partir vers la mer en direction de Gravelines. Aussitôt, tous les gens évacuent la cave avec leur maigre bagage. Le militaire anglais nous conduits à travers les décombres fumants, il nous faut toujours escalader des tas de briques et de pierres, éviter de s’emmêler les pieds dans les fils qui pendent en travers des rues. Nous entendons un bruit de moteurs et le tac tac des mitrailleuses, c‘est un avion qui tire sur la foule. Nous nous abritons de notre mieux contre les ruines, il passe, un autre le suit, enfin, le calme revient, nous continuons notre route, des cadavres de soldats, de chevaux, des voitures en flammes. La terreur se lisait sur le visage des femmes et des enfants.
Arrivés près de la place du phare, un obus éclate derrière une femme qui traversait portant un enfant de huit ans par le dos comme un paquet, un éclat long de plus de trente centimètres et large de cinq bondit de pierres en pierres avec un sinistre bruit de ferraille, je palis pour elle, la malheureuse si elle s’arrête ou fait demi tour, elle a les jambes coupées, heureusement elle a continué son chemin, on aurait dit une automate.
A mon tour, je traverse traînant par la main une dame assez âgée qui n’en pouvait plus. Nous nous arrêtons derrière un train de marchandise pour souffler un peu, le bombardement reprend nous repartons. Arrivés à l’extrémité du train, nous apercevons un groupe d’allemands, la panique s’empare de la foule, nous ne savons plus où aller, nous montons dans un wagon à bestiaux pour attendre quoi ? Je me le demande. La situation paraît critique, il nous faut passer le canal à tout prix et le seul endroit possible est le pont d’une écluse, mais voilà c’est mitraillé par les anglais, la lumière des balles traceuses se distinguent nettement alors que faire, attendre ? Combien de temps cela dure, je l’ignore, les minutes qui s’écoulent sont angoissantes. Je jette un coup d’œil à l’extérieur, je vois un groupe de réfugiés qui passe, donc la voie est libre, nous aussi nous pouvons passer.
Raymond portant un enfant de cinq ans dans les bras part avec la mère. A ce moment, une rafale de mitrailleuse se fait entendre, non ce n’est pas sur eux que l’on tire. Au moment de franchir le pont le voici appelé par le groupe d’allemands. Où a-t-il été envoyé, je n’en sais rien, je ne devais plus le revoir. Je me demande s’il ne va pas en être de même pour moi, aussi, c’est avec une certaine appréhension que j’avance, traînant toujours ma vieille femme. Non, je passe. Enfin, nous sommes à moitié libérés de cet enfer.
Nous continuons notre route. Où allez ? Voilà le problème. Vers Gravelines ?
La route est remplie de cadavres de soldats anglais qu’il nous faut enjamber, des voitures renversées à moitié détruites. Le spectacle est horrible. A un tournant de la rue, nous tombons sur la gueule d’un canon anti char, armé par les allemands, je leur désigne la route de la main en faisant comprendre que nous allions dans cette direction et si nous pouvions passer. Sur leur réponse, nous ne demandons pas notre reste et c’est avec hâte que nous avons pris le chemin pour nous rendre dans la banlieue de Calais.
Arrivés au Petit Courguain, quelle différence avec Calais Nord ! Ici tout est calme, à part quelques maisons endommagées, on ne croirait pas qu’il vient de s’y dérouler des combats à mort. Nous croisons quelques patrouilles motorisées. Nous entrons dans une épicerie pour faire l’achat de provisions ne sachant combien de temps nous allons marcher. Mais voilà le bombardement qui reprend ; on entend les obus siffler au dessus de nos têtes, nous gagnons l’abri de l’épicerie.
Là je retrouve trois matelots du Bastion II ; La femme de mon ami ayant été blessée à la jambe demande s’il n’y avait pas un peu d’eau pour laver sa plaie, l’épicière la lui refuse disant qu’il n’y en avait presque plus, donc il fallait la ménager et pourtant, il y avait une fontaine en face (l’ayant appris par la suite) Ne pouvant laisser cette blessure dans un état pareil, j’achète une bouteille d’eau de Vittel.
On se concerte pour savoir où nous allons passer la nuit, nous sommes neuf, quatre femmes dont une vieille, deux enfants en bas âge et trois hommes dont un vieux. Dehors, le bombardement continue. Impossible de rester là, il n’y pas de place. Deux caves de 16m2 chacune abritant huit personnes ne pourraient en contenir 17, nous étions bien une cinquantaine dans une qui ne faisait pas 40 m2 enfin rien à dire nous n’étions pas chez nous.
Un voisin, père de cinq enfants, nous a offert l’hospitalité (il y a toujours des bons cœurs). Après un court mais suffisant repas, nous prenons nos dispositions pour la nuit. Notre matelas de briques est assez doux ; la couverture (une pour nous tous) servira pour les deux enfants, on se serrera comme cela nous n’aurons pas froid, il y en a qui sont plus mal que nous.
Lundi 27 Mai 1940
Après une assez bonne nuit, nous tenons conseil ; qu’allons nous faire ? partir ou rester encore quelques jours. Nous sommes indécis
13 h – Nous entendons de fortes explosions puis des flammes de plus de cinquante mètres, une colonne de fumée noire. Que se passe-t-il ? Je vais à la fenêtre du 1er étage, le feu vient d’éclater dans une usine de câbles sous marins à deux cents mètres de nous. Ce sont les avions anglais qui viennent de la détruire. Nous décidons de partir en direction de Gravelines toujours. Nous plions bagages (notre seule couverture et quelques vivres) et en route, après avoir remercié notre bienfaiteur.
Après quelques détours et difficultés pour trouver un pont reconstruit à la hâte par les allemands, nous voici sur la route nationale.
Des avions volent à altitude moyenne, nous mitraillent, les balles sifflent à nos oreilles, mais aucun n’est touché. Au loin, plusieurs groupes de bombardiers et chasseurs laissent tomber des bombes sur Gravelines et la lutte continue.
Après plusieurs heures de marche, le soir arrive, il faut songer de trouver un gîte pour la nuit, dans une ferme quelconque.
Dans une première où nous nous adressons, il n’y a rien. Dans la deuxième, les propriétaires craignent que nous soyons armés et que cela leur attirent des ennuis avec l’envahisseur, une troisième veut bien loger les enfants et les vieux. Il se fait tard et ne perdons pas courage. Une maison, personne ne répond, seul un chien aboie à notre approche, allons plus loin. Voici encore une ferme. J’y rencontre cinq matelots du Bastion II, il n’y a plus de place, c’est plein de réfugiés belges. La propriétaire nous envoie trouver sa voisine. Là, on nous accepte et nous avons une ferme entière à notre disposition, de la paille à volonté. Enfin nous voici logés pour la nuit. A la ferme Drieux, notre nouveau propriétaire, nous trouvons tout ce que nous avons besoin pour notre nourriture, beurre, œufs, lait, porc, pain, légume et même des ustensiles et un feu pour faire la cuisine. Tout est pour le mieux.
Mardi 28 Mai 1940
Les cinq matelots logés dans la ferme voisine viennent nous rendre visite et me demande ce que nous allions faire « vivre quelques jours ici et ensuite à la grâce de Dieu ». En attendant, nous améliorons notre situation, en faisant l’achat de trois couverts complets, il y aura trois services pour les repas.
Jeudi 30 Mai 1940
J’apprends que des affiches sont posées dans la ville, disant que tous militaires isolés doivent se rendre à la Kommandantur, dans un délais de 48 heures sous peine d’être arrêtés comme espions et fusillés sur place. Que toutes personnes donnant asile ou des vêtements civils à des militaires sont passibles de punitions sévères allant jusqu’à la peine de mort
Vendredi 31 Mai 1940
Les cinq matelots logeant dans la ferme voisine viennent me faire leurs adieux, allant se rendre aux autorités allemandes de Calais, j’essaie de les en dissuader leur disant que mes intentions étaient de continuer à vivre et par tous les moyens franchir les lignes et regagner l’armée française.
Mercredi 5 Juin 1940
Des patrouilles perquisitionnent dans toutes les maisons et les fermes pour retrouver les militaires qui ne se seraient pas rendus. J’attends leur visite prêt à me cacher en cas d’alerte, je n’ai rien vu venir (il y a toujours de ces bruits qui courent...)
Lundi 10 Juin 1940
Ce matin, j’ai pali, des officiers allemands parlent dans la cour, je n’ose pas me montrer. Est-ce une patrouille ? Je suis appelé par un fils de la ferme, je me présente en tirant la jambe droite. L’un d’eux, en très bon français, me demande pour visiter la ferme, afin de voir ce qu’il pourrait loger comme troupe. Ayant fait le tour, toujours en boitant, il demande des renseignements sur notre situation. Froidement, je lui fais savoir qu’avec ma famille, nous tenions un café à Calais Nord et qu’ici nous étions réfugiés. Pourquoi, nous ne retournons pas à Calais, parce que notre maison est complètement détruite par les bombardements de leur aviation et que n’ayant plus rien, nous restons ici en attendant. Cela a-t-il pris ? je n’en sais rien !
Le soir, une section cycliste venait s’installer dans la ferme
Mercredi 12 Juin 1940
Regardant un militaire nettoyer sa mitrailleuse, un caporal parlant assez bien le français s’approche me demandant si je voulais m’initier à leurs armes automatiques.
« A part le pistolet automatique et le fusil de chasse, je n’ai jamais vu d’autres armes »
« Vous n’avez jamais fait de service militaire »
« Non »
« Pourquoi »
« J’ai une maladie de foie » (encore un mensonge)
Samedi 15 Juin 1940
Départ pour destination inconnue, de la section cycliste.
Mercredi 19 Juin 1940
Visite de la ferme par nouveaux officiers pour loger de la troupe. Ceux-ci me posent les mêmes questions que les premiers. Je leur fais les mêmes réponses. Voilà aussi, il me faudra dès à présent me présenter à la Kommandantur tous les dimanches étant considéré comme otage civil, avec plusieurs autres hommes, jeunes et vieux du village voisin et des fermes. En cas de sabotages des lignes téléphoniques ou d’attaques sur fonctionnaires ou militaires allemands dans la région, nous serions envoyés dans un camp de concentration et peut-être fusillés. C’est gai !
Jeudi 20 Juin 1940
Dès le matin, une section d’infanterie prend possession de la ferme, ce n’est plus le même genre d’hommes que les précédents, ceux-ci commencent par démonter les portes des granges pour faire du feu.
Ayant eu l’autorisation d’un garde chasse, pour occuper un pavillon inhabité au milieu des bois d’une chasse particulière, nous décidons de changer de domicile.
22h00
Les fermiers nous ayant prêtés une voiture pour le transport du mobilier (car nous nous sommes montés en ces quelques jours) nous voici installés dans notre nouvelle demeure au fort vert !!
Vendredi 21 Juin 1940
Dès le matin, nous nous mettons au travail, installation d’un poêle de fortune à l’intérieur, d’un foyer à l’extérieur ; chercher du bois, il n’en manque pas, heureusement car c’est la crise pour le charbon.
Un groupe de militaires nous apportent des meubles, tables, chaises, lits, sommiers même de la vaisselle, plus rien ne nous manque. Avec les enfants, je vais chercher du bois, les femmes font les provisions dans le village. Le midi, nous prenons notre repas dans de vraies assiettes et sur une vraie table, assis sur de vraies chaises. Que cela paraît bon, après plus d’un mois de privations.
Le soir, je vais installer des collets pour avoir du lapin, car il y en a, à profusion.
Samedi 22 Juin 1940
Dès le point du jour, j’effectue une tournée dans les dunes et les bois, je ramasse ma première victime, un tout petit lapin que j’apporte pour montrer aux enfants et relâche par la suite, car il en aurait fallu au moins dix comme celui-là pour pouvoir en faire un plat.
Dimanche 23 Juin 1940
Première présence à la Kommandantur de Marck. Un peu d’émotion, mais cela s’est bien passé. La chasse a été bonne, le matin deux belles pièces, je sais à présent comment et où, il faut opérer. J’espère que nous mangerons souvent du lapin.
Lundi 24 Juin 1940
Les économies sont presque épuisées aussi, il nous faut de l’argent pour continuer à vivre. Les femmes s’occupent de louer du linge et faire quelques achats pour la troupe et moi de leur vendre du gibier, ayant tous les matins, mes quatre ou cinq pièces, nous en avons trop pour nous.
Jeudi 1er Août 1940
Depuis plusieurs nuits, les anglais survolent la côte entre Calais et Dunkerque à la recherche des travaux militaires effectués par les allemands. Quelques bombes ont été lâchées dans les environs de la ville. De jour, nous voyons passer des quantités d’avions allemands allant bombarder l’Angleterre, d’où nous sommes, la terre tremble à chaque explosion sur les côtes des environs de Douvres.
Vendredi 6 Septembre 1940
Bombardement de nuit par l’aviation anglaise. Les femmes décident de retourner à Calais
Dimanche 8 Septembre 1940
Invitation de Madame Paillion et projet de départ pour Pozières où son mari est retenu prisonnier dans une ferme.
Mardi 10 Septembre 1940
Départ de Mesdames Paillion et Triquet pour Pozière dans la Somme
Mercredi 11 septembre 1940
Préparatif de déménagement pour Calais. Départ des femmes et des enfants à Calais
Jeudi 12 septembre 1940
Ayant prévenu la Kommandantur de Marck de mon changement de domicile, je dois me présenter à celle de Calais. Déménagement et installation à Calais 32 Rue du Moulin brûlé.
Dimanche 15 Septembre 1940
Toute la nuit, bombardement par l’aviation anglaise. Une bombe tombe à toucher la boulangerie Triquet, gros dégâts et quelques victimes.
Lundi 16 Septembre 1940
Nuit calme
Mardi 17 Septembre 1940
13h00 – Retour de Pozières de Mesdames Triquet et Paillion
Préparatif des bagages en vu du départ vers Paris.
18h00 – Départ de Calais avec Mesdames Triquet, Paillion et Jacky, direction Pont d’Ardres, but de notre première étape.
18h30 – Un camion allemand nous emmène jusque Guines
19h00 – Nous sommes aller trop loin, retour sur nos pas jusqu’à l’Ecluse Carré en voiture à âne. Continuer la route à pieds (8km) jusqu’à Pont d’Ardres
Ayant fait ce détour pour éviter le pont du canal, limite de la zone interdite et zone occupée, nous retombons sur le factionnaire. A tout prix, il nous faut traverser, nous retournons sur nos pas, près de 500 mètres et propose de traverser le canal à la nage, c’est accepté. Je fais trois voyages, deux pour les bagages et une pour le gosse.
21h30 – Nous voici de l’autre côté, cela va mieux. Nous allons passer la nuit chez une sœur à Madame Paillion qui tient une boucherie à Pont d’Ardres.
Mercredi 18 septembre 1940
6h45 – Toute la nuit, il y a eu des bombardements sur Calais. Départ de Pont d’Ardres avec le camion d’un brasseur
En route, nous avons vu des avions allemands, ce sont des faux avions camouflés. Ils sont en toile et bois. A ce qu’il paraît les anglais y sont venus jeter des bombes en bois.
9h30 – Arrivés à Armentières, déjeuner.
11h00 – Nous partons à pied, en direction de Lille.
11h10 – Nous trouvons un camion pour nous conduire jusqu’aux porte de la ville.
14h15 – Arrivés à Lille où nous passons le reste de la journée pour se reposer.
Jeudi 19 septembre 1940
8h00 – Préparatifs de départ et petit déjeuner.
11 h 00 – Déjeuner
13 h 00 – Départ à pied. En route nous prenons le tramway jusqu’à la porte d’Arras, après quelques kilomètres à pied, nous trouvons un autocar qui nous conduit jusqu’à Arras.
16h00 – Arrivés à Arras, Place de la gare.
17h00 – Après quelques renseignements, nous apprenons que le train en direction d’Amiens n’est pas encore passé. Pour Albert, on nous délivre des billets sans difficulté.
17h45 - Arrivés à Albert. Dîner
19h30 – Départ à pied d’Albert pour Pozières (8 km)
22h15 – Arrivés à Pozières, nous retrouvons Monsieur PAILLION
Mercredi 25 Septembre 1940
12h00 – Départ de Pozières avec Madame Triquet et Jacki. Madame Paillion restant encore quelques jours avec son mari. Faisons route à pied jusqu’à Albert. Après renseignements pris à la gare, nous avons un train d’Amiens pour Paris à 17 heures, mais il nous faudrait arriver à Amiens avant 17 heures. Le train pour Amiens part d’Albert à 17 heures aussi.
14h00 - Nous décidons de partir sur la route d’Amiens dans l’espoir d’avoir une occasion pour y arriver avant 17 heures.
15h20 – Après plusieurs tentatives d’auto stop, nous retournons sur Albert en vue de prendre le train de 17 heures.
17h45 - Départ d’Albert
19h00 – Arrivés à Amiens. Ville très éprouvée par la guerre, plus de la moitié n’est que ruines.
Impossible de trouver une chambre dans un hôtel et un restaurant pour le repas. Nous trouvons une salle de café pour nous loger, il y a pas mal de personnes déjà.
Jeudi 26 Septembre 1940
5h00 – Départ pour la gare en vue de prendre le train de 6h42 pour Paris. Il y a foule aux guichets. Impossible d’avoir son billet avant le départ du premier train, obligés de prendre celui de 11h20
11h20 – Enfin nous voici installés et en route pour Paris
15h20 – Arrivés à Paris, Madame Triquet y retrouve son mari, mon ami et sa sœur. Je vais loger chez ma marraine.
Samedi 28 septembre 1940
Démarche pour obtenir une carte d’alimentation
Vendredi 4 Octobre 1940
Présentation en vue du départ pour Marseille. Accord.
Lundi 7 Octobre 1940
Préparatif de départ.
13h – Rendez-vous.
15h - Départ en autobus, direction Gare d’Orsay
17h – Tout s’étant bien passé pour l’embarquement, me voici en route avec mes nouveaux compagnons direction Marseille.
Mardi 8 Octobre 1940
4h00 – Nous arrivons au contrôle de Moulins, je ne suis pas très fier. Comment cela va-t-il se passer ? Le plus simplement du monde, les autorités n’ont pas même monté dans le train et nous voici repartis.
6h30 – Nous passons au contrôle de Paray le Monial, c’est le dernier. Nous passons dans les mêmes conditions qu’à Moulins. Le train repart. Ouf ! quel soupir de soulagement, enfin me voici en zone libre et c’est la garde mobile qui escorte le train.
10h45 – Nous passons à Le Breuil et à Chessy.
10h55 – heure locale, nous passons à Lozane.
11h40 Arrivés à Lyon Brotteaux
14h 45 – Un petit incident se produit dans la gare, par suite d’une mauvaise interprétation du haut parleur.
15h00 – Départ de Lyon Brotteaux
17h30 – Nous passons à Saint Vallier sur Rhône.
Mercredi 9 Octobre 1940
3h30 – Arrivons à Marseille, gare des marchandises. Là, il me faut fausser compagnie à l’escorte. Voyons tout d’abord, la situation, j’apprends qu’il y a un autocar pour les femmes et les enfants et deux camionnettes pour les bagages. M’approchant d’une voiture, je demande au chauffeur, s’il n’y aurait pas une place pour moi, disant que j’escortais le convoi, il me répond oui assez difficilement, enfin l’affaire est conclue. Je prends ma lampe électrique et m’occupe de l’arrimage des bagages, tout comme si j’étais de la maison ; une fois, le chargement terminé, je prends place aux côtés du chauffeur et en route, nous sortons de la gare. Déjà une colonne se mettait en marche escortée de gardes mobiles, d’agents de police et de gendarmes.
En route, je demande au chauffeur de stopper pour que je puisse descendre et chercher une chambre dans un hôtel pour me reposer. Enfin me voici libre. Je me dirige vers la gare Saint Charles me renseigner pour les trains de Toulon, j’en ai un à 5h28. Pas la peine d’aller me coucher. J’obtiens sans difficulté un billet au tarif militaire.
5h28 – Départ de Marseille
7h50 – Arrivé à Toulon
Jeudi 10 Octobre 1940
9h00 – Je me suis présenté au 5ème dépôt des Equipages où, après présentation de mes papiers, j’ai repris le service.
Samedi 25 Janvier 1941
Désignation pour Compagnie de garde de SIDI ABDALLAH
Lundi 27 Janvier 1941
15h00 - remise de citation à la Préfecture Maritime de Toulon par le Lieutenant de Vaisseau BORNAL. A Sainte Anne, passé la radio pour Campagne : apte.
Mardi 28 Janvier 1941
Je débarque du Condorcet, destination pour V° Dépôt.
Vendredi 7 Février 1941
Appris mon départ prochain pour la Tunisie.
Lundi 10 Février 1941
11h20 – Départ de Toulon pour Marseille.
Mardi 11 février 1941
11h45 – Départ de Marseille pour Tunis par le paquebot « EL BIAR »
Jeudi 13 Février 1941
9h45 – Après une traversée très calme nous arrivons à Tunis.
18h20 – Départ de Tunis pour Tindju et Ferryville. Coucher au cercle des Officiers Mariniers
Vendredi 14 Février 1941
9h00 – Présenté au CFI destiné pour SIDI YAHIA.
9H50 – Présenté à la Compagnie de Garde de SIDI YAHIA.
Lundi 23 Juin 1941
16h00 – Remise de la Médaille Militaire au CFI.

????????????????????????????????????
Mercredi 11 février 1942
11h50 – Rencontre à Bizerte le lieutenant WIART ancien chef de la section de 13.2 accompagné sa femme.
Appris par lui la mort du Second Maître canonnier COLOBERT, du Quartier Maître fusilier KERDELLINE, Matelot fusilier DELPORTE et matelot spécialisé VANDERBERGUE à Cherbourg, dans les Corps Francs, en plus l’engagement dans les rangs adverses du Quartier Maître fusilier DAUBERT Louis.
Samedi 6 Juin 1942
Je passe les visites en vue de mon prochain départ en permission pour la Zone Occupée.
Dimanche 7 Juin 1942
Rassemblement à la DL de la Pêcherie des permissionnaires pour la France.
Lundi 8 Juin 1942
Départ de la Pêcherie pour Tunis par le train de 5h20. Embarqué sur le paquebot « Gouverneur Général Lépine » et quittons Tunis à 15 h.
Mardi 9 Juin 1942
7h00 – nous faisons escale à Bône.
Jeudi 11 Juin 1942
Après une traversée calme, nous arrivons à Marseille à 8h du matin. Là, nous passons la visite médicale et le contrôle de la commission d’armistice avant de débarquer. Ensuite, ce sont les visites de bagages à la douane. Enfin, nous voici à nouveau sur le sol de France ! Après quelques formalités à la Caserne des Incurables, nous quittons Marseille pour rejoindre Toulon, où nous arrivons à 20h45 et prenons la direction du 5è dépôt, là où doit se former le détachement de permissionnaires pour la Z O.
Vendredi 12 Juin 1942
Nous prenons subsistance sur la « Galissonnière » et tout en prenant nos repas au 5è dépôt où je rencontre le Second Maître canonnier LE POTIER qui me donne des nouvelles de mes camarades de l’Estrant, je retrouve aussi le Maître mécanicien DUBOC qui doit partir avec notre détachement. J’apprends que le Quartier Maître armurier ROSSIGNOL de la section de 13/2 se trouve aussi à Toulon, je m’informe de son adresse.
Samedi 13 Juin 1942
Rencontre du Quartier Maître armurier ROSSIGNOL et sa femme.
Dimanche 14 Juin 1942
A 20h, nous prenons possession de nos places dans le train en partance pour la Z O.

Lundi 15 Juin 1942
0h30 – nous quittons Toulon et à 12h17 arrivons au contrôle de Chalon s/Saône. Tout se passe très bien. A la 1ère station, je remets deux télégrammes à un permissionnaire qui était arrivé chez lui, et à 20h10 précises, nous rentrions en gare de Lyon à Paris. Dans notre train, il y avait près de mille permissionnaires, pour la Seine, le Nord et la Normandie. Non, il aurait fallu voir cette arrivée, sur les quais il n’y avait personne, mais à la sortie, quelle foule attendant leurs maris, leurs frères, leurs fils, leurs parents c’est tout juste si j’ai pu y retrouver ma tante qui était venue m’attendre.
Mardi 16 Juin 1942
J’ai rempli toutes mes corvées de permissionnaire, tant qu’avec les troupes occupantes que les services de gendarmerie, je suis tranquille pour plusieurs jours.
Vendredi 26 Juin 1942
Je me suis décidé à faire un tour à Paris dans la soirée. Hélas ! c’est mort ! A peine sortie du métro sur les boulevards à 8h je ne trouve plus rien dans les rues, pas un café ouvert ; aussi vivement, je rentre dans mon quartier.
Mardi 30 Juin 1942
J’ai obtenu la permission de me déplacer pour aller rendre visite à ma mère et comme les moyens de transport sont réduits, j’emporte ma bicyclette. J’arrive chez mes parents vers 20h30. Ceux-ci sont très heureux de me revoir.
Vendredi 3 Juillet 1942
Aujourd’hui, je quitte ma mère pour retourner à Paris, où j’arrive le soir à 20h55.
Mardi 7 Juillet 1942
Aujourd’hui c’est le départ. Avec mes parents, je me rends à la gare de Lyon, où nous avons rassemblement. Que de monde, que de monde, tous les parents sont là et nous avons des difficultés pour retrouver son groupe
Un coup de sifflet, c’est l’appel général. Je ne sais si tout le monde est présent, mais toujours est-il que mon groupe est complet.
Nous nous sommes dirigés vers le train spécial qui doit nous ramener à nos services, mais aucune personne civile n’a le droit d’entrer sur les quais. Une fois que l’appel général est terminé, que tout le monde est à peu près casé, à ce moment seulement, c'est-à-dire deux minutes avant le départ du train, les amis et familles sont autorisés à pénétrer sur le quai. C’est une véritable ruée, grands-mères, mères, femmes, sœurs, fiancées, amies, enfants, tous se précipitent cherchant par les portières l’être cher qui bientôt va les quitter ? L’anxiété se lit sur leur visage, la crainte d’arriver trop tard pour leur donner un dernier baiser. C’est un spectacle inoubliable.
Un coup de sifflet, suivi d’un autre, de celui de la machine, le train part.
Des femmes, des enfants sont encore suspendus aux portières, sur le quai des mouchoirs s’agitent qui de temps en temps, s’interrompt pour essuyer les larmes.
Allons, nous voici repartis et pour combien de temps ? L’avenir nous l’apprendra.
Dans notre compartiment se trouve un matelot qui est venu en permission pour se marier, il repart seul, mais au cœur, il a l’espoir de se faire bientôt rejoindre par sa femme.
Mercredi 8 Juillet 1942
Après un assez bon voyage et passer la ligne de démarcation, toujours Chalon, nous arrivons à Marseille le matin à 4h, pour embarquer sur le « Gouverneur Général Lépine » à 16h en direction de Philippeville.
Vendredi 10 Juillet 1942
Escale à Philippeville où nous sommes à la chine de cigarettes.
Samedi 11 Juillet 1942
Vers 9h, nous voici de retour à Bizerte. Visite de la douane, non cela fait rire, que pouvons-nous rapporter de France où tout est avec la carte, dans un pays où nous trouvons tout ce que nous voulons.
Mercredi 29 Juillet 1942
Départ en permission de 5 jours à Tunis.
Samedi 7 Novembre 1942
Etat d’alerte (entrée des troupes allemandes en Tunisie)
Dimanche 8 Novembre 1942
3h25 – Alerte
3h45 – Départ groupe cycliste pour l’Oued Coceïne sur la route de Ferryville Tunis.
20h00 – Départ de l’Oued Coceïne pour prendre position, route Tabarka, près de la briqueterie.
Lundi 9 Novembre 1942
18h 00 – Départ du groupe cycliste en position avancée.
Mardi 10 Novembre 1942
10h30 – retour du groupe cycliste de la section RAS.
Mercredi 11 Novembre 1942
10h00 – Continuer à tenir positions prévues (St René PM)
20h00 – Départ de la position route de Tabarka pour l’Oued Coceïne, quitter groupe cycliste, passer 1/2 groupe mitrailleuse.
Lundi 16 Novembre 1942
16h30 – 1er bombardement sur Bizerte, La Pêcherie et Sidi Ahmed par l’aviation Anglo Américaine
Mardi 17 Novembre 1942
9h00 – Se tenir prêt à changer de position.
13h40 – Bombardement Sidi Ahmed et Bizerte.
Mercredi 18 Novembre 1942
Bombardement Sidi Ahmed, Bizerte, la Pêcherie, Karoulou et Zarzouna.
Jeudi 19 Novembre 1942
Changement de position, départ pour Bir Eachoun
14h00 – Départ pour porte de Ferryville, mise en batterie du ½ groupe de mitrailleuse route de Tunis près de l’abattoir municipal.
Vendredi 20 Novembre 1942
Bombardement de nuit de Bizerte, La Pêcherie et Sidi Ahmed.
Samedi 21 Novembre 1942
Bombardement de nuit de Bizerte, La Pêcherie et Sidi Ahmed.
Dimanche 22 Novembre 1942
Bombardement toute la nuit de Bizerte, Sidi Ahmed et Zarzouna (trois bombes de tombées à l’Oued Coceïne, ancienne position du ½ groupe de mitrailleuse et de la section)
Lundi 23 Novembre 1942
De jour : RAS
4H45 - Tir de barrage DCA.A
Mardi 24 Novembre 1942
Bombardement sur Bizerte et La Pêcherie.
Jeudi 26 Novembre 1942
12h00 – Départ service de guet côte 102.
Bombardement direction Moteur par aviation de l’Axe.
16h45 – combat aérien entre chasseurs, trois avions abattus (nationalité inconnue).
Samedi 28 Novembre 1942
7h00 – Service de guet côte 102 (RAS)
12H15 – Retour service de guet côte 102, alerte et bombardement de Sidi Ahmed.
Dimanche 29 Novembre 14942
Bombardement de jour et de nuit de Bizerte, La Pêcherie et Sidi Ahmed.
Mardi 1er Décembre 1942
Bombardement de jour et de nuit de Bizerte.
Mercredi 2 décembre 1942
Bombardement de Bizerte et La Pêcherie et Sidi Ahmed (86 bombes).
Jeudi 3 Décembre 1942
Bombardement de nuit de Bizerte
Départ 10 hommes de la Cie direction ??
Vendredi 4 Décembre 1942
11h30 – Bombardement de Bizerte, combats aériens au-dessus de Ferryville
Mort du sous-lieutenant Lawrance (USA) à 11h30 remis à l’infirmier, carte d’identité, portefeuille contenant environ 150 dollars et divers papiers, ainsi que son révolver.
Mardi 8 Décembre 1942
11h00 – Ferryville survolé par les bombardiers de l’axe. Ultimatum à l’Amiral commandant en chef de faire désarmer ses hommes. Prise de l’arsenal par les autorités allemandes.
12h00 Rassemblement et désarmement au CFI.
18h00 – Après un après-midi sous la pluie dans la cour du CFI, nous allons prendre nos affaires à Sidi Yahia, à la sortie ma bicyclette est enlevée par les troupes occupantes.
19h30 - Retour au CFI où nous avons passé la nuit.
Jeudi 10 Décembre 1942
Bombardement de Bizerte par les Anglais et Américains.
Dimanche 13 décembre 1942
Bombardement de Bizerte par Anglais et Américains.
Lundi 14, Mardi 15, Mercredi 16 décembre 1942
Bombardement de Bizerte par les Anglais et les Américains.
Jeudi 17 décembre 1942
Reçu au CFI, certificat de travail.
Vendredi 18 Décembre 1942
Congé de trois mois pour Ferryville.
Lundi 21 Décembre 1942
Rentré Corps des Pompiers Auxiliaires.
Mardi 29 Décembre 1942
Départ pour la Brigade des Marins Pompiers de la Pêcherie.

Récapitulatif des heures de Présence au feu du S/M FUSILIER CREPS
MARINE NATIONALE
MARINE EN TUNISIE
D.P. DE SIDI ABDALLAH
CORPS DES MARINS POMPIERS

HEURES DE PRESENCE AU FEU DU S/M FUSILIER CREPS, René,
POMPIER AXILIAIRE
DATES HEURES TOTAL LIEUX DES SINISTRES
10 Janvier 1943 5h00 à 18h00 13h00 Pétrolier « Sud Est »à la pointe de SRIBA.
Surveillance Pétrolier « SUD EST »
17 Janvier 1943 5h00 à 13h00 8h00 1°– Dépôt CRISTIN
2° - Dépôt de bois Quai de la Gare
3° - Standard-Oil – Quai de la Gare
4° – Atelier de Couture Marie Loue, Rue de Barcelone.
5° – Vestiaire à proximité de la Municipalité
22 Janvier 1943 12h00 à 13h00 2h30 Dépôt de charbon de bois Quai de la Gare à Bizerte
31 Janvier 1943 13h00 à 19h00 6h00 Garage Citroën à Bizerte
3 Février 1943 22h30 à 24h00 1h30 Caserne JAPPY à Bizerte
16 Février 1943 22h30 à 2h00 3h30 1° – Rue de la Régence chez un Droguiste
2° – Quai de la Gare (dépôt de madriers)
1ER Mars 1943 5H45 à 11h45











TOTAL DES HEURES 6h00









_____________

46H30 1° – 54, rue de Russie, angle de la Rue d’Alger, chez M. MERCIER, dépôt d’alimentation générale.
2° - 5, Rue d’Alger
3° - 58, Rue de Russie
4° - 60, Rue de Russie, angle de la Rue de Philippeville chez Mrs AURELLIAC et ROQUES, Transitaires, Garde meubles etc…



Vendredi 8 Janvier 1943
Bombardement de l’Arsenal de SA, Karoun, La Pêcherie
Dimanche 10 Janvier 1943
5h00 – Baptême du feu sur le pétrolier « SUD EST » à la pointe de Srira jusque 18h00
18h00 – surveillance jusque 24h00
Dimanche 17 Janvier 1943
5h00 – Feux à Bizerte, 1° dépôt CRISTIN, 2° dépôt de bois, quai de la gare, 3° Standard Oil, Quai de la Gare, 4° Rue de Barcelone Atelier de couture chez Marie-Loue, 5° vestiaire à proximité de la Municipalité.
13h00 – fin d’incendie
Vendredi 22 Janvier 1943
12h00 – Feu à Bizerte jusqu’à 14h30, dépôt de charbon de bois sur les quais de la gare.
Dimanche 31 Janvier 1943
13h00 – Feu à Bizerte, garage Citroën jusqu’à 19h00.
Mercredi 3 Février 1943
22h30 – Feu caserne Jappy à Bizerte jusqu’à 2h00.
Mardi 16 Février 1943
22h30 – Feu à Bizerte Rue de la Régence chez un droguiste, Quai de la gare jusqu’à 2h00.
Lundi 1er mars 1943
5h45 – Feu à Bizerte 1° 54 Rue de Russie, angle de la Rue d’Alger chez M. Mercier, dépôt général d’alimentations, 2° 5 Rue d’Alger, 3° Rue de Russie N° 58, 4° Rue de Russie N° 60 angle de la rue de Philippeville chez Mrs AURELIAC et ROQUES Transitaires garde meubles etc…jusqu’à 11h00.
11h 00 - Alerte DCA prendre direction Koudia.
11h30 - Retour ramasser matériel, retour caserne 11h45.
Mardi 2 Mars 1943
13h00 – Départ 48 heures Tunis. (Bombardement de Tunis à 11h00)
Vendredi 5 Mars 1943
11h00 – Retour 48 heures Tunis.
Samedi 6 Mars 1943
11h00 – 1ier Vaccination Typhus à la Baie Pouty.
Lundi 8 Mars 1943
8h00 – Visite Baie Pouty (sinusite frontale gauche)
Mardi 9 Mars 1943
Consultation Hôpital Sidi Abdallah – 4 jrs de repos.
Vendredi 7 Mai 1943
13h00 - Entrée Triomphale des Anglo-américains et des troupes Françaises à Ferryville.
Vendredi 30 Mai 1943
Quitte Service Incendie destiné front de mer.
Mardi 3 juin 1943
Arrivé Batterie 5
Mardi 6 Juillet 1943
3h45 – Alerte DCA baptême du feu (3 avions abattus).
5h00 – Fin d’alerte (60 avions Allemands au large de Bizerte (Veiller aux parachutistes)
Vendredi 6 Août 1943
22h30 – Alerte DCA de nombreux avions au-dessus du lac lâchent des mines magnétiques et de nombreuses bombes. La DCA en action, c’est un véritable enfer, de tous côtés on ne voit que du feu qui monte. Plusieurs bombes tombent aux environs de la batterie dont 2 torpilles parachutées ; les avions piquent et mitraillent. Chacun est fidèle à son poste, personne de blessé, c’est le principal. Enfin, vers 1h00 du matin cela ce se calme et voici la fin d’alerte. Sur une cinquantaine d’avions ennemis, 5 ont été abattus par la DCA et 3 par la chasse alliée.
10 Novembre 1943
Etant de service avec le quartier-maître électricien Delon lorsqu’arrive un coup de téléphone demandant le Commandant de la Batterie. Le quartier-maître Delon demandant de la part de qui ? Il lui à été répondu : que cela ne le regardait pas. (Cela me paraît plutôt drôle, car c’est l’habitude de toujours demander qui téléphone). Enfin, il prévient le Commandant qui justement était de service. Restant à proximité du téléphone, j’entends prononcer le nom du Quartier Maître Delon pour sanction et ensuite le mien, que diable cela veut-il dire ? Le Commandant de la Batterie se tourne vers moi, me demande si j’étais volontaire pour l’A.O.F., et moi de répondre : « J’ai toujours été volontaire pour embarquer ». « Préparez vos affaires, il vous faut-être demain à 10h00 précise aux C.F.I. ».
11 Novembre 1943
7h00 – Je quitte la Batterie 5 pour mettre de l’ordre dans mes affaires en ville et faire mes adieux.
10h00 – Me présentant aux C.F.I. comme prévu, il m’est dit : d’être prêt à partir en camion à 13h00 en direction de Tunis.
13h00 – 2 détachements : 1 pour Dakar, l’autre pour Oran, en tout 12 quartier-maitres, Marins et 4 second-maîtres quittent les C.F.I. pour Tunis où nous arrivons vers 16h30. Après avoir remplis les formalités de rigueur et fait quelques adieux aux amis, nous sommes prêts à partir.
12 Novembre 1943
17h30 – Enfin, le départ qui devait avoir lieu à 13h vient de sonner ; nous avons un wagon de voyageurs parmi le train de marchandise en route pour Alger.
15 Novembre 1943
Après quatre jours de voyage nous arrivons à Alger. Nous nous rendons à la Marine où nous sommes très bien reçus. Ayant pris des renseignements au sujet des promotions, je sais à quoi m’en tenir. En ville ce n’est plus la même mentalité ; il parait exister une certaine barrière entre la France Combattante et nous, Nord Tunisien. Enfin bref !
16 Novembre 1943
14h00 – Départ d’Alger en direction d’Oran. Wagon à bestiaux (cette fois nous ne sommes plus dans notre sleeping de Tunis). Nous sommes près de 30 dans ce compartiment métallique, croyant nous tenir chaud mais rien à faire, nos 2 malheureuses demi-couvertures ne suffisent pas.
17 Novembre 1943
14h00 – Enfin nous arrivons en gare d’Oran où nous trouvons des vivres pour continuer notre route. (Pain, singe, sardines, thon et vraiment nous sommes gâtés, car il y a du dessert, des oranges)
Après avoir pris un bon repas chaud en ville, nous remontons vers la gare. A ce moment, les sirènes d’alerte entrent en action, plus personne dans les rues. Ce qui ne nous empêche pas de continuer notre route.
21h30 – Nous prenons un train pour la direction de la frontière Algéro-Marocaine, Oujda.

18 Novembre 1943
15h00 – Après une nuit plus ou moins confortable dans notre wagon à bestiaux, nous arrivons à Oujda sous la pluie. Là, impossible de savoir l’heure du départ en direction de Casablanca, d’après certains renseignements, entre minuit et deux heures du matin. Ayant du temps devant nous, nous allons prendre notre repas au restaurant de la ville et effectuer quelques achats. De là, nous revenons battre la semelle sur les quais et toujours sous la pluie. Enfin, vers trois heures, un employé de la Compagnie CFM nous signale que le train pour Casablanca doit se former sur le quai N° 4. Après avoir contourné pas mal de trains qui étaient en gare, nous arrivons sur le fameux quai N° 4. Nous y voyons un simple fourgon, sans machine, dans lequel étaient quelques indigènes. Ceux-ci nous disent qu’en effet, ici, devait se former le train pour Casablanca et que nous pourrions y prendre place.
A l’intérieur, tout est mouillé, la pluie pénètre par le plafond et sur les côtés, le vent par-dessous car il y manque quelques lattes. Allons le voyage va de plus en plus mal ! Après nous être installés tant bien que mal, bouchant les trous des cloisons et du parquet, avec nos sacs et nos valises. Nous nous installons à la bonne franquette.
3h30 – Enfin, nous quittons la gare d’Oujda mais impossible de fermer d’œil avec le froid.
19 Novembre 1943
Au cours d’une halte sur une voie de garage, nous pouvons nous procurer de la paille et ayant bien bouché les trous, la pluie ayant cessée, nous faisons un bon matelas, ce qui rend notre intérieur habitable. Dans la nuit, au cours d’un arrêt ou plutôt d’une manœuvre, perdant l’équilibre j’ai donné un coup de pied dans je ne sais quoi et je me suis blessé à la plante du pied gauche juste à la base du petit doigt.
Samedi 21 Novembre 1943
13h00 – Enfin, après tous ces évènements, nous arrivons à Casablanca, où, après avoir laissé, nos bagages en consigne, nous allons nous remplir l’estomac (c’est drôle le marin qui voyage a toujours faim et soif) il est vrai que sur dix jours de voyage, nous en avons eu huit, rien qu’en casernes. Ensuite, nous nous rendons à la marine
Lundi 23 Novembre 1943
Ce matin, mon pied va très mal, aussi je vais à la visite, il m’est presque impossible de marcher
Vendredi 26 Novembre 1943
Aujourd’hui, nous préparons nos affaires car je crois que nous devons embarquer
15h00 - Appel du détachement de Dakar 49 Quartier Maîtres et marins, 7 Seconds Maîtres, 1 premier Maître, en route pour le SS « Hoggar » qui doit nous conduire tout droit à Dakar. Après toutes les formalités de douane, (on la verra toujours et partout) nous voici installés à bord.
Samedi 27 Novembre 1943
17h30 – Voici vingt-quatre heures que nous sommes à bord lorsqu’enfin, l’hélice se mets à tourner, nous quittons port, rade et voici la haute mer. Oh, pas trop vite (huit nœuds)
Dimanche 28 Novembre 1943
16h30 - Nous rallions un convoi au large, à présent, nous sommes à dix-neuf bateaux escortés par plusieurs torpilleurs et nous prenons une route qui n’est pas du tout vers Dakar et pourtant nous y arriverons.
Dimanche 5 Décembre 1943
13h00 – Enfin, après quelques détours, nous arrivons en vue de la côte de l’AOF et à 14 h nous sommes sur les quais de Dakar. Là, par des camarades, j’apprends ma promotion au grade supérieur et ma destination pour la Compagnie de garde de l’unité marine
Mardi 14 Décembre 1943
Perdu la croix la croix de Marie Louise (PM)
Lundi 20 Décembre 1943
12h00 – J’apprends par un camarade, ma désignation pour la Marine en AEF - Pointe Noire, dont le départ est très proche (vers la Noël) je suis versé la Compagnie de passagers.
Vendredi 24 Décembre 1943
Dans la matinée, je suis prévenu de tenir mes bagages prêts. Devant embarquer sur le SS « Canada » dans l’après-midi.
16h00 – Nous embarquons sur le SS « Canada » un détachement de 30 Quartier Maîtres et marins et 10 Officiers mariniers. Le soir, nous allons passer le réveillon de Noël à l’unité marine
Dimanche 26 Décembre 1943
13h30 – Nous sortons sur rade et vers 18h nous prenons le large
Mercredi 29 Décembre 1943
Nous faisons escale à Freetown, port anglais
Dimanche 2 Janvier 1944
9h00 – Départ de Freetown
Jeudi 6 Janvier 1944
13h00 – Escale à Port Boué jusqu’à 17h, (port français)
Vendredi 7 Janvier 1944
Escale à Takoradi, port anglais
Samedi 8 Janvier 1944
9h30 – Départ de Takoradi
Dimanche 9 Janvier 1944
11h30 – Escale à Lagos (port anglais)
Mardi 11 Janvier 1944
18h00 – Départ de Lagos
Jeudi 13 Janvier 1944
Passage de l’Equateur, Baptême de la ligne.
Samedi 15 Janvier 1944
7h15 – Arrivée à Pointe Noire, rentré à l’infirmerie en observation.
Jeudi 20 Janvier 1944
18h00 – Départ du SS « Canada » de Pointe Noire.
10 Février 1944
Entrée à hôpital Pointe Noire.
5 avril 1944
Sortie de l’hôpital Pointe Noire, rejoint infirmerie marine.
Jeudi 20 Avril 1944
14h20 – Embarquement sur le SS « Hoggar »
Vendredi 21 Avril 1944
6h30 - Départ de la Pointe Noire, (rapatrié sanitaire)
Samedi 22 avril 1944
11h00 - Escale à Port Gentil (France)
Mercredi 26 Avril 1944
7h30 - Départ de Port Gentil
Jeudi 27 Avril 1944
Escale à Manoka (près de Douala) au Cameroun
Embarquement du 3ème Bataillon de Marche.
Nous déménageons des cabines, pour les familles de sous-officiers.
Vendredi 28 Avril 1944
16h30 – Départ de Manoka
Dimanche 30 Avril 1944
14h30 – Escale à Lagos (Angleterre)
Lundi 1er Mai 1944
14h30 - Départ de Lagos
Jeudi 4 Mai 1944
10h00 - Alerte sous-marine
10h30 – fin d’alerte
Lundi 8 Mai 1944
11h 00 - Escale à Freetown (Angleterre)
Jeudi 11 Mai 1944
8h30 – Départ de Freetown
Samedi 13 Mai 1944
6h30 – Alerte sous-marine
9h15 – Alerte sous-marine
11h15 – Alerte sous-marine (désordre dans la salle à manger des 2ème classes par les sous-officiers du 3ème Bataillon de Marche)
Mardi 23 Mai 1944
Arrivés à Casablanca, mouillage en rade.
Mercredi 24 Mai 1944
Débarqué du SS « Hoggar », destination dépôt marine
Samedi 27 Mai 1944
Entré hôpital maritime de Casablanca.
Samedi 29 Juillet 1944
Sorti de l’hôpital maritime
Mardi 1er Août 1944
Départ pour le centre de repos d’Ifrane (AOUT 1944 libération de Paris)
Mercredi 23 Août 1944
Départ du centre de repos d’Ifrane
Mardi 29 Août 1944
23h45 – Départ pour B.A.N. d’Agadir
Mercredi 30 Août 1944
Embarquement à la B.A.N. d’Agadir
10 Octobre 1944
Départ en permission de 20 jours pour Tunis
20 Mars 1945
Départ en permission de 20 jours pour la France (par avion)
7 Mai 1945
Capitulation de l’Allemagne
11 Août 1945
Débarqué de la B.A.N. Départ en permission de 30 jours + disponibilité 1ère catégorie.
15 Août 1945
Capitulation du Japon
8 Mars 1946
Embarquement …….. l’E.A.M.F.
1er Juin 1949
Embarquement B.A.N. Les Mureaux.
22 Décembre 1952
Débarquement B.A.N. Les Mureaux avec 13 jours de permission + dispo.
7 Janvier 1953
Désignation pour F.M.E.O. rallié dépôt de Toulon. Départ sur le Pasteur. Arrivé Saigon affecté FAIS Compagnie de garde.
Débarquement FAIS. Affecté UM Saigon.






Annexe
Partie de l’effectif du Bastion II
LAVIER : Lieutenant de Vaisseau
ROULET : Enseigne de Vaisseau 1ère classe
GUILLEMIN : Second Maître armurier
RIVIERE : Second Maître canonnier sédentaire
Au 5ème dépôt, retrouvé le Second Maître mécanicien sédentaire DUBOC Christian de la Citadelle et qui, comme moi, se trouvait prisonnier à Calais.
Observation :
L’Ingénieur du Génie Maritime RAMOS a réussi à embarquer à destination de l’Angleterre. Refoulé sur Cherbourg, a trouvé la mort dans un Corps Franc.
Le Lieutenant de Vaisseau LANIER a été tué dans les environs de Calais (par les troupes anglaises).
Partie de l’effectif Estran :
NIVET : Enseigne de Vaisseau 1ère classe
LE POTIER : Second Maître canonnier sédentaire (Capitaine d’armes) active
COLLOBERT : Second Maître canonnier sédentaire - active
VANSTENE : Second Maître canonnier - réserviste
DEBETUNE : Second Maître canonnier – réserviste
CHAMPION : Second Maître canonnier – réserviste
RICHARD : Second Maître mécanicien – réserviste
LE COQ : second maître électricien – réserviste
BATHEREL : Second Maître charpentier active
DEMOY : Second Maître canonnier - réserviste
hangar
Messages : 22
Inscription : 30 déc. 2017, 22:19
Localisation : Ecausseville (50)
Contact :

Re: Besoin d'aide pour relire un cahier de souvenir d'un fusilier marin de Dunkerque

Message par hangar »

Merci à Philippe de son aide pour la relecture et la coorection.

ERIC
hangar
Messages : 22
Inscription : 30 déc. 2017, 22:19
Localisation : Ecausseville (50)
Contact :

Re: Besoin d'aide pour relire un cahier de souvenir d'un fusilier marin de Dunkerque

Message par hangar »

lire "correction"
Répondre