28 mars 1942 l'opération Charriot sur Saint Nazaire

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ALAIN
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28 mars 1942 l'opération Charriot sur Saint Nazaire

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Il s'agit de rendre impraticable la forme Joubert à Saint Nazaire capable de recevoir les grands cuirassés allemands en cale sèche.

Le plan repose sur l'effet de surprise. Le port de Saint-Nazaire est en effet l'endroit de l'ouest de la France le mieux fortifié par les Allemands après Brest. Une flottille de vedettes à faible tirant d'eau doit franchir de nuit et à vive allure l’estuaire de la Loire pendant que les défenses allemandes seront distraites par un raid aérien mené par la RAF. Un bateau chargé d'explosif sera amené jusqu'à l'écluse-caisson de la forme Joubert et des équipes de commandos débarqueront de ce navire ainsi que des vedettes pour attaquer et détruire 24 cibles différentes. Les forces seront ensuite évacuées par la mer à partir du vieux môle à l'extrémité du port, et quelques heures plus tard, le vieux destroyer amené contre l'écluse explosera. Les forces initiales devaient comprendre un destroyer comme navire-explosif et 8 vedettes rapides. Finalement, la flotte comprit un destroyer, 16 vedettes. Cette flotte est escortée par deux destroyers le HMS Tynedale et le HMS Atherstone jusqu'au large de Saint-Nazaire, mais ces deux navires ne participent pas à l'attaque.

Le destroyer était le HMS Campbeltown, un navire obsolète, anciennement l’USS Buchanan de l'US Navy, donné aux Britanniques au début de la guerre dans le cadre de l'accord d'utilisation des bases britanniques par les Américains. On lui apporta quelques modifications pour qu'il ressemble à un destroyer allemand de la classe Möwe et on lui enleva ses principaux canons et d'autres équipements superflus pour minimiser son tirant d'eau. L'armement fut réduit à un simple canon de 76 mm et 8 canons Oerlikon de 20 mm. L'explosif était placé juste derrière la position du canon, se composant de 24 grenades sous-marines placées dans des réservoirs d'acier et de béton. Le bateau devait enfoncer le caisson et puis être sabordé afin d'empêcher son déplacement avant qu'il n'explose. Le Campbeltown était commandé par le Lieutenant-commander S. H. Beattie et son équipage, réduit à 75 hommes

La flotte quitte Falmouth le 26 mars 1942; le 28 mars elle arrive en vue de Saint Nazaire. Des documents volés à la Kriegsmarine permettent de se faire identifier comme bateaux allemands ; à 1 h 27 : la supercherie est découverte, le Campbeltown affale le pavillon allemand et hisse le pavillon britannique. Les batteries allemandes ouvrent le feu.
1 h 34 : le Campbeltown s'écrase sur la porte de la forme Joubert. Les groupes terrestres entrent en action. La station de pompage est détruite, ainsi que certains treuils d'ouverture de la porte.
10 h 30 : les explosifs du Campbeltown explosent. La porte du dock est projetée hors de son rail, et de nombreux soldats allemands venus observer le bateau sont tués.
Le 29 mars, les 2 torpilles britanniques lâchées la veille pendant l'opération, explosent avec un retard non prévu, semant la confusion dans les troupes allemandes qui ouvrent le feu entre elles et sur des civils français. Dans la panique, 16 civils sont tués et une trentaine blessés.


Image
Le destroyer HMS Campbeltown encastré dans la porte de la forme Joubert avant l'explosion.

La forme Joubert est inutilisable et le restera jusqu'à la fin de la guerre. Ce raid est considéré comme l'un des plus audacieux jamais réalisés par des commandos. Les jours qui ont suivi le raid, les soldats allemands sous tension et dans la confusion engendrée par le coup de force, recherchant des soldats britanniques qui auraient pu se cacher chez l'habitant, abattirent des civils, et même certains des leurs, par erreur.
169 Britanniques furent tués, la moitié d'entre eux lors de la destruction de leur vedettes dans l'estuaire de la Loire lors de l'évacuation des commandos. 215 Britanniques furent faits prisonniers, beaucoup après le ratissage de la ville par les Allemands, 5 y échappèrent et rentrèrent via Gibraltar. Au total, 227 hommes réussirent à revenir au Royaume-Uni.

Alain
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