Immortalité du PréMar inconnu

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TLN 23
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Immortalité du PréMar inconnu

Message par TLN 23 »

Bonjour.

Qui connaît ce marin oublié, mais dont l'action est commentée, étudiée, disséquée depuis près d'un siècle, comme fondement d'un principe ?

Les éléments de sa biographie sont pris dans l'ESPACE TRADITION de l'École navale animé par notre camarade landelle.
Il naît à Paris, comme tant d'autres, le 26 décembre 1857.
Il entre à l'École navale en 1874, comme quarante-deux autres.
Enseigne de vaisseau en 1879, il prend part aux opérations du Tonkin et de Madagascar.
Lieutenant de vaisseau en 1884, breveté torpilleur en 1888, il commande des torpilleurs;
Capitaine de frégate en 1897, il est second sur des grands bâtiments, puis professeur à l'École Supérieure de la Marine
Capitaine de vaisseau en 1905, il commande un croiseur de station, puis en 1907, le Borda École navale en rade de Brest puis un croiseur cuirassé, sans mériter de mention particulière.
Contre-amiral fin 1911, en août 1914, il commande depuis un an la 2me escadre légère constituée de 6 vieux croiseurs, 3 escadrilles de petits torpilleurs, 3 escadrilles de sous-marins.
Les accords franco-anglais de 1913 ont concentré nos forces en Méditerranée face à celles de l'Autriche-Hongrie et de l'Italie, et dégarni la Manche, dévolue à la Home Fleet. Mais la Grande-Bretagne tergiverse pour déclarer la guerre à l'Allemagne, laissant Boulogne, le Havre et Cherbourg à la merci de la HochseeFlotte.
Le 3 août 1914, la 2me Escadre quitte Cherbourg pour la mission-suicide de lui barrer la Manche.
Mais la Grande-Bretagne entre en guerre pour ne pas laisser Anvers au Kaiser. Le chef de la 2me Escadre n'aura pas la gloire de mourir au combat.
Vice-amiral le 10 mars 1916, il est nommé Préfet maritime à Toulon en avril, et de Cherbourg en 1918.
Il quitte le service actif en décembre 1919, grand Officier de la Légion d'Honneur, et meurt à Toulon, comme bien d'autres, le 22 mars 1930.
Au terme d'une carrière complète et honorable, mais sans rien de remarquable, ce torpilleur n'a jamais tiré une torpille ni un coup de canon sur l'ennemi, tout au plus des coups de fusil contre les Tonkinois et les Malgaches.
Il n'a aucune voie à son nom, ni à Paris, ni à Toulon, qui célèbrent pourtant bien d'autres inconnus, je ne connais pas de dictionnaire le citant, et son héroïque appareillage de Cherbourg n'est guère mentionné.
Il s'agit d'Albert Rouyer, ici dessiné par Foucqueray.
Rouyer.jpg
Pourquoi alors s'intéresser à lui? Qu'a-t-il fait qui mérite de passer à la postérité ?
Voici : prenant la Préfecture maritime de Toulon en avril 1916, commandant du camp retranché en temps de guerre, il doit y trouver une drôle de situation, car il prend aussitôt des arrêtés en date des 9 avril, 13 mai et 24 juin 1916,interdisant :
- à tous propriétaires de cafés, bars et débits de boissons, de servir à boire à des filles, tant isolées qu'accompagnées et de les recevoir dans leurs établissements ;
- à toute fille isolée de racoler en dehors du quartier réservé et à toute femme ou fille de tenir un débit de boissons ou d'y être employée à un titre quelconque ;
et décidant le dépôt au "violon" des filles par voie disciplinaire ainsi que leur expulsion du camp retranché de Toulon en cas de récidive et la fermeture au public des établissements où seraient constatées des infractions aux dits arrêtés.
Deux prostituées, gênées dans leur commerce, et singulièrement motivées, attaquent ces arrêtés le 31 juillet suivant devant le Conseil d'État pour excès de de pouvoir, comme portant atteinte à la liberté du commerce et à la liberté individuelle.
Cette suprême instance administrative statue sur l'atteinte à ce principe fondamental le 31 juillet 1919 (elle a prudemment attendu la fin de la guerre), et fonde la jurisprudence : les libertés publiques peuvent être suspendues ou entravées par l'autorité en cas de circonstances exceptionnelles.
Et depuis, l'arrêt "Dol et Laurent CE 31 juillet 1919" est étudié, décortiqué par les étudiants en droit public et gravement commenté par les professeurs, car les attendus en sont croquignolets, même si le nom de Rouyer n'apparaît pas.
Le texte est consultable sur http://www.legifrance.gouv.fr/affichJur ... dateTexte=
Le vice-amiral grand'croix se doutait-il qu'il resterait uniquement et anonymement par cet obscur arrêté de police de garnison réglementant la prostitution?

Cordialement
Vous ne pouvez pas consulter les pièces jointes insérées à ce message.
DELAMBILY
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Re: Immortalité du PréMar inconnu

Message par DELAMBILY »

Salut à tous,

Erreur votre honneur, la biographie d'Albert ROUYER (1857-1930) figure bien dans la première édition du "Dictionnaire des Marins Francais" d'Etienne TAILLEMITE, Editions Maritimes et d'Outre-mer, 1982, pages 300-301 et dans la deuxième édition, Tallandier, 2002, page 471.
Y figure aussi son fils, Pierre Michel Albert ROUYER (1889-1973) commandant de la Jeanne en 1939, mon père embarqué sur l'Emile Bertin l' a croisé en 40, aux Antilles.

Qu'a fait Albert ROUYER pour la Patrie ou pour la commune, pour mériter l'attribution de son nom à une voie toulonnaise ? (Je suis moi aussi toulonnais).
André DELAMBILY, ancien du Gustave Zédé (1963-1966)
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TLN 23
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Re: Immortalité du PréMar inconnu

Message par TLN 23 »

Bonjour, delambily;

Qu'a fait pour la Patrie, et pour la ville de Toulon l'amiral Théophile Aube 1826 - 1890, sinon y naître, et y mourir après avoir engagé pour vingt ans la Marine dans l'impasse des torpilleurs, en y engloutissant les crédits indispensables aux bâtiments de haute mer ?
Franchement, est-ce que ça méritait la rue (qui est d'ailleurs une impasse) menant au PPSD et à l'escale Castigneau ?

Selon les termes mêmes du Conseil d'État, Rouyer, lui, a rempli son "devoir de se préoccuper au point de vue tout à la fois du maintien de l'ordre, de l'hygiène et de la salubrité et aussi de la nécessité de prévenir le danger que présentaient pour la défense nationale la fréquentation d'un personnel suspect et les divulgations qui pouvaient en résulter ;
qu'il est apparu que les mesures faisant l'objet du présent pourvoi s'imposaient pour sauvegarder d'une manière efficace tout à la fois la troupe et l'intérêt national
"
SAUVEGARDER EFFICACEMENT L'INTÉRÉT NATIONAL en interdisant d'exercer le plus vieux métier du monde aux filles des rues :oops: , ça ne mérite pas une rue, si possible qui glisse ?

Faire réagir au sujet du Prémar inconnu sur le forum, le but est atteint!
Cordialement
DELAMBILY
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Re: Immortalité du PréMar inconnu

Message par DELAMBILY »

Salut à tous,
Salut TLN 23

Le but de ma réponse n'était pas de polémiquer, mais de vous informer de la présence le la biographie de l'amiral ROUYER, dans un dictionnaire.

Pour ma formule "qu'a fait Albert ROUYER pour la patrie ou pour la commune. . . ." il s'agit là des critères pour les personnes non natives de Toulon.

Pour étudier l'histoire du conseil municipal de Toulon (1), je vous informe que les noms des places et voies étaient attribués, après un vote du conseil municipal sur proposition de la commission municipale de l'Instruction Publique, les délibérations du jour figurent au procès-verbal.
Pour Hyacinthe Laurent Théophile AUBE, le fait d'être né à Toulon et d'être ministre, ne vous en déplaise, lui donne le droit à la "postérité des rues". Lors de l'attribution du nom amiral AUBE, le conseil municipal a souhaité rendre également hommage à son fils "TUE A L'ENNEMI", au Mali : http://ecole.nav.traditions.free.fr/off ... _andre.htm
Il est aisé de critiquer une politique stratégique de la fin de XIXe siècle avec des lunettes du XXIe ; personnellement, je retiens surtout son approbation en 1886, des plans de Gustave ZEDE, pour permettre la construction du premier sous-marin, nommé Gymnote par son successeur, le 30 janvier 1888.
Je suis dans l'attente d'une réponse des A.D. de la Martinique, pour établir l'identité exacte de son épouse, née Laurence FAIDHERBE, soeur ou nièce du général, suivant les sources, décédée de la fièvre jaune, pendant le gouvernorat AUBE, avant d'adresser un complément biographique pour le site Espace Tradition de l'E.N..

Un autre critère, la commune donne parfois le nom d'un particulier (ou la prénom de son épouse), qui fait don à la commune d'un passage privé ou une parcelle de terrain, pour y créer une nouvelle voie.

N'étant pas sur un site d'anciens de sciences po, je m'abstiendrais de tout commentaire sur des décisions du Conseil d'Etat.

Une précision : J'ai contribué à la rédaction de la liste des Préfets maritimes de la 5e Région (devenue la 3e Région maritime en 1927), en poste à Toulon, au bénéfice du site Espace Tradition. J'ai également fourni la biographie de certains d'entre eux : Joseph Grégoire comte CASY, Claude Jean Philippe Corentin LACAPELLE, René Etenne SAP, Pierre Charles BAUDOUIN . . . . .

Note 1)- "Le Conseil Municipal de Toulon, législation, chronologie et notices biographiques -1800-1940- " .

Cordialement
André DELAMBILY, ancien du Gustave Zédé (1963-1966)
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DahliaBleue
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Re: Immortalité du PréMar inconnu

Message par DahliaBleue »

TLN 23 a écrit :[…]SAUVEGARDER EFFICACEMENT L'INTÉRÉT NATIONAL en interdisant d'exercer le plus vieux métier du monde aux filles des rues : oops: , ça ne mérite pas une rue, si possible qui glisse ?[…]
Oui, ça le mérite incontestablement ! Et même pourquoi pas une avenue ?
Cordialement, V*DB
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DELAMBILY
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Re: Immortalité du PréMar inconnu

Message par DELAMBILY »

Salut à Tous,

Je viens de trouver dans mes notes cette petite anecdote sur le vice-amiral de Marolles, prédécesseur de l'amiral Rouyer. Commandant en chef et préfet maritime de l'arrondissement maritime de Toulon depuis le 10 juin 1914, il avait sous ses ordres un contre-amiral, Commandant la Marine (COMAR) à Marseille. Celui-ci avait une tendance à s'absenter de Marseille à destination de Paris sans en avertir son chef hiérarchique. Après avoir été averti, notre contre-amiral ne cessa pas pour autant ses escapades parisiennes, toujours sans prévenir son chef. Courroucé notre amiral de Marolles, infligeât à son subalterne une sanction de huit jours d'arrêt, pour "abandon de poste sans autorisation, en temps de guerre". Dans sa réponse, le personnage informa notre infortuné préfet maritime que le subordonné était devenu son supérieur, comme ministre de la Marine. A sa sortie du ministère, il recevra sa troisième étoile et la fonction de préfet maritime de Toulon en remplacement de l'amiral Rouyer.
Personnage réputé autoritaire et indiscipliné (d'après l'amiral Boué de Lapeyrère), sans avoir écrit le moindre livre, excepté quelques articles de revue, il entra de façon officielle dans l' IMMORTALITE en entrant en 1936 à l'Académie Française. Il n'en décéda pas moins en 1955 à Paris.

J'invite les experts maritimes de laisser ce message vierge de toute réponse, pour permettre à nos visiteurs de s'évaluer dans la recherche. L'énoncé de ce message comprend les éléments pour trouver la réponse dans les forums de Net-Marine, en cas d'échec le nom de ce personnage est cité dans les propositions des réponses 18, 19 et 20 du QCM (questions à choix multiples), dans "Jeux et Tests" présentés en page d'accueil, tests intitulés "Les Grands Hommes".


Infos destinées à TLN 23 et V*DB : L'amiral Rouyer n'a pas de voie toulonnaise à son nom ; Miquette a droit Elle, à sa plaque apposée au bas de la rue Anatole France, à environ cent mètres du SHD-M de Toulon.

Cordialement,
André DELAMBILY, ancien du Gustave Zédé (1963-1966)
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