L'opération
Lilas visant à s'emparer de la Flotte de guerre
française est déclenchée quelques jours
après l'invasion militaire de la zone libre. C'est en
effet le 27 novembre 1942 que sur ordre d'Hitler
les Allemands ont pour mission de s'emparer de cette
flotte de plus de 230 000 tonnes.
Ceci
en parfaite contradiction avec les termes de l'armistices de
1940 où Toulon devait demeurer un camp retranché
tenu par des troupes françaises de l'armée de
l'armistice. Deux colonnes allemandes devaient pénétrer
dans Toulon, par l'Est et ainsi s'emparer du Fort Lamalgue (poste
de commandement du Préfet maritime) et de l'arsenal du
Mourillon et par l'Ouest pour occuper l'arsenal principal mais
aussi les batteries du Cap Cepet qui contrôlaient la sortie
du port militaire.
Vers
04h30 les Allemands entrent dans le Fort Lamalgue et arrêtent
l'amiral Marquis, Préfet maritime.
Pendant
ce temps son chef d'état major le contre-amiral Robin,
présent aussi à Lamalgue, parvient à transmettre
au major général de l'arsenal, le contre-amiral
Dornon, l'ordre de sabordage qu'il retransmet aussitôt
à l'amiral Laborde à bord du Strasbourg.
Le croiseur Algérie |
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Le Colbert |
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Carte des mouvements des forces allemandes.
(novembre 1942 - Iconographie © Jean Secardin). |
La
première intrusion des troupes allemandes dans l'arsenal
s'effectue à 4h50 à la porte Nord (Port-marchand). C'est
dans ce secteur que sont tirées les premières rafales de mitrailleuses
sur les sous-marins comme le mentionne le rapport de la Haute
Cour de Justice.
A
5h25 la porte de l'arsenal principal est à son tour enfoncée
par les blindés allemands. Le Strasbourg, bâtiment
amiral des Forces de Haute Mer, lance par radio l'ordre général
de sabordage répercuté également par signaux
optiques.
Le
branle-bas sonne alors brusquement sur tous les navires bientôt
suivi de l'ordre d'évacuation. Ne restent à bord
que les équipes de sabordage préalablement désignées
et constituées.
Pendant
ce temps, les chars allemands ne parviennent pas à se
repérer dans l'arsenal et vont perdre de nombreuses minutes
avant d'atteindre leurs objectifs ; permettant ainsi aux
équipes de sabotages de remplir leur mission.
Le Dupleix en flammes. |
En
quelques minutes de multiples explosions vont secouer les bâtiments
présents dans l'arsenal, au point que les toulonnais croiront
en un terrible bombardement et pour certains en un tremblement
de terre. Certains navires, comme les croiseurs Algérie,
Marseillaise ou Dupleix, brûleront pendant
plusieurs jours.
Du
coté du Mourillon, cinq sous-marins bravent les
ordres de sabordage et parviennent à franchir les passes
du port militaire au prix des pires difficultés
(champs de mines magnétiques, bombardements allemands).
Deux
rallieront Alger, le Casabianca et le Marsouin,
un ralliera Oran, Le Glorieux. L'Iris ira trouver
refuge à Barcelone tandis que la Vénus
préférera se saborder en grande rade. Un seul
bâtiment de surface, le Leonor Fresnel, du Service
des Phares et Balises, ralliera Alger, après s'être
échappé des Salins d'Hyères.
Sur
le Strasbourg, l'amiral de Laborde refuse de quitter son
navire, il ne comprend toujours pas pourquoi Hitler a renié
sa parole, celle de ne rien entreprendre contre la flotte française.
Il faudra un ordre personnel du maréchal Pétain
pour qu'il accepte d'abandonner le bord. En acceptant ce sacrifice,
la Marine a respecté son serment de 1940, ne jamais livrer
la Flotte a des mains étrangères.
Le Mameluk |
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Le Mars |
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La Marseillaise |
Le
bilan au soir du 27 novembre fait état de 90 %
de la flotte sabordée, dont la totalité des
Forces de haute mer. Tous les grands bâtiments de combat
sont coulés et irrécupérables. Certains
seront par la suite renfloués mais ne feront jamais que
de la ferraille.
Ce
sont au total 235 000 tonnes sabordées
dont 3 cuirassés, 7 croiseurs, 15 contre-torpilleurs,
13 torpilleurs, 6 avisos, 12 sous-marins, 9 patrouilleurs et
dragueurs, 19 bâtiments de servitude, 1 bâtiment-école,
28 remorqueurs et 4 docks de levage.
Seuls
39 bâtiments seront capturés, tous de petit tonnage
sans grande valeur militaire car sabotés, endommagés,
ou pour certains désarmés.
Pour
les Allemands, l'opération Lilas se solda donc par un
échec, dû au retard du second groupe allemand (celui
venant de l'Ouest), à la qualité des « liaisons
marines » et à la parfaite mise au point des
consignes de sabordage. Coté français, il serait
bien prétentieux de parler de « brillante
opération », dans ce désastre qui voit
la disparition d'une des plus belle flotte que la France ait
jamais comptée. Tout fut perdu, fors l'honneur...