Historique du sous-marin Requin


Le sous-marin Requin la veille de son lancement à Cherbourg (2 décembre 1955).
1952-57 : Construction et essais

Inscrit au budget de 1950 , la construction du sous-marin Requin débute en juin 1952 (n° Q234). Mis à flot le 3 décembre 1955, il prend armement pour essais le 1er mars 1957, et effectue sa première plongée statique à Cherbourg le 11 juin 1957, puis la première plongée en rade le lendemain.

Du 2 et 3 mai 1958, les essais de recette de l'appareil moteur sont concluant, puis il rallie Brest pour démagnétisation.

A l'instar de ses sisterships, il fait une croisière d'endurance (29 mai au 31 juillet 1958) peu satisfaisante, entachée par de nombreuses avaries de diesel. Le moteur tribord a deux fonds de pistons félé. Les chemises des moteurs présentent une usure anormale.

1958 : Record de plongée

Mais l'année 1958 ne sera pas seulement marquée par ces avaries de diesel. Avec un de ses sisterships, le Dauphin, il va battre un record de durée en plongée.


Disparition du Requin (janvier 1963)

Le 29 mai 1958, le Requin quitte Lorient, puis plonge aussitôt et ne refait surface que le 9 juillet au large des Açores, après 42 jours passé sous l'eau. Quant au Dauphin, parti de Cherbourg le 7 juin, il remonte ce même 9 juillet à la surface non loin de la zone où se trouvait le Requin, après 32 jours de plongée ininterrompue. A bord du Requin et du Dauphin se trouve un équipage de 60 hommes dont 7 officiers et un médecin, exceptionnellement embarqué pour suivre le comportement de l'équipage et fournir les soins éventuel. Les précédents records avaient été établis par deux sous-marins américains à propulsion nucléaire, les USS Skate et Sea Wolf après 30 jours de plongée.

Le sous-marin est admis au service actif le 1er août 1958, il sera affecté à Lorient-Kéroman la quasi totalité de sa carrière (août 1959 à août 1980). Début 1961, il effectue son premier grand carénage à Lorient.

Le 26 septembre 1962, le Requin est abordé par le chalutier Tamiz (quelqu'un en sait plus sur cette fortune de mer ?).

Le 28 janvier 1963, il est en manoeuvre au large de l'Irlande avec un sous-marin britannique, quand un problème de communication le contraint à rester silencieux plusieurs heures. Les messages réglementaires SUBMISS (sous-marin manquant) puis SUBSUNK (sous-marin coulé) sont alors envoyés, mettant l'état-major puis les familles en émois. Heureusement, le Requin fera surface quelques heures plus tard sans dommage.

Le 1er avril 1963, un accident avec le chalutier de Lesconil La Berceuse sera relaté le lendemain dans « Le Télégramme de Brest » et « La Liberté du Morbihan ». Le chalutier La Berceuse se trouve alors à 12 milles dans le sud-sud-ouest de Groix. Il vient de filer le chalut et 200 mètres de funes, lorsque le patron, Mr Louis Primot donne l’ordre de stopper, les panneaux semblant s’être pris dans la vase. Soudain, le chalutier effectue un sec quart de tour sur lui-même, tandis que l’eau l’envahit jusqu’à la passerelle. Le patron donne alors l’ordre de laisser filer la fune arrière, jusqu’à sa sortie du treuil. A peine en effet cet ordre est exécuté que le navire est entraîné à quelques 10 à 12 noeuds. Nouvel ordre du capitaine : « Lâcher tout et une fois le treuil à vide, mettre une bouée à l’eau en vue de sauver tout ce qui pouvait l’être ». Si La Berceuse, peu fidèle à son nom, vient ainsi de danser la gigue pendant de folles minutes, c’est qu’elle vient de faire une prise sensationnelle : Ni plus ni moins que le sous-marin Requin, qui venu de Lorient, effectue des exercices dans les parages. La Berceuse parvient toutefois à regagner son port d’attache.

Le 30 juin 1964, le Requin quitte Toulon, puis arrive à Lorient le 14 juillet pour entrer en grand carénage. Il y reste jusqu'en décembre 1964.

1965-67 : Refonte à Lorient

Le Requin est le premier des sous-marins de type Narval à entrer en refonte à Lorient le 16 février 1965. A cette occasion, les diesels Schneider sont débarqués et remplacés par trois diesel SEMT Pielstick 12PA4-185 pour la propulsion diesel-électrique en surface. Les tubes lance-torpilles arrière sont supprimés, et un sas est créé. Un nouveau kiosque caréné est mis en place, ainsi que de nouveaux sonars. Les ailerons et barres sont modifiés. L'équipement électronique de détection est rénové. Au total 900 000 heures de travail seront nécessaires pour effectuer ces travaux. Le Requin servira en fait de prototype pour la refonte de la série.

Il sort de refonte en juin 1967, mais les essais se prolongent jusqu'en décembre 1967.

1968 : A la recherche du sous-marin USS Scorpion

Le 12 avril 1968, il quitte Lorient pour une croisière d'endurance dans l'Atlantique Nord, au cours de laquelle il effectue différents exercices nationaux et interalliés. Le Requin fait escale à Halifax, New London et Ponta Delgada.

Au cours de cette croisière, le 22 mai 1968, le Requin est alors en escale à New London, lorsqu'une tragique nouvelle va modifier profondément son programme d'activité. La marine américaine vient de perdre la trace d'un deuxième sous-marin nucléaire d'attaque, l'USS Scorpion, à 300 nq au sud-ouest de l'archipel des Açores et dans une zone où la profondeur maximum est de 3 000 mètres. Le Requin quitte New London le lendemain pour rallier Ponta Delgada et participer aux recherches du bâtiment disparu. Lors de cette campagne de recherches, il est rejoint par le bâtiment expérimental USS Compass Island. Le Requin ne rallie son port d'attache de Lorient que le 13 juin, après que l'USS Scorpion ait été déclaré définitivement perdu. C'est le deuxième sous-marin que la marine US perd en mer après la disparition de l'USS Tresher en avril 1963.

Un exercice de lutte anti-sous-marine a lieu du 13 au 16 avril 1970.


Arrivée à Dunkerque ( 11 novembre 1977 - Photo Patrick Du Cheyron).
De juin 1970 à juin 1971, le Requin est en grand carénage à Lorient. Il quitte le bassin fin avril 1971.

Je n'ai retrouvé que peu d'informations sur sa carrière entre 1971 et 1979.
- exercice de lutte anti-sous-marine «
Noctambule » du 28 février au 6 mars 1971 (incohérence avec la date de sortie de bassin ?) ;
-
exercice « Noctambule II » du 14 au 19 décembre 1971, et « Noctambule III » du 10 au 13 janvier 1972 ;
- Mission en mer de Norvège du 27 au 30 mai 1972 ;
- exercice Toucan 6 du 11 au 15 décembre 1972 ;
- exercice « Noctambule IV » du 6 au 11 octobre 1972 ;
- CASEX C4 du 12 au 13 mars 1973, avec les Casabianca, Du Chayla, Suffren, et Narval ;
- exercice Antinea du 22 au 26 mars 1973, avec les Narval
, Junon, Vénus, Aréthuse ;
- CASEX C3 du 12 octobre 1973, avec les Jeanne d’Arc, Le Lorrain, Le Champenois, Le Picard, Le Bourguignon ;
- CASEX C4 ALFLOLANT du 22 au 24 octobre 1973


Appareillage de Kéroman (septembre 1980 - MN).

On le voit en escale à Dunkerque avec le Vauquelin du 12 au 16 mai 1977, ainsi que le 11 novembre de la même année (Dunkerque : ville marraine ?).

1979 : Pris dans les filets d'un chalutier !

Au premier semestre 1979 (date exacte inconnue), l'Apollo, un chalutier du Guilvinec en bois de 15 mètres, avec à son bord 4 hommes, connait une belle frayeur en crochant accidentellement dans ses filets le Requin. vers 11 heures du matin à 80 mètres d'immersion en exercice en mer d'Iroise. Heureusement le bateau ne chavirera pas. L'Apollo joue de malchance puisque 5 ans après, le même type d'accident se produira avec un des sister-ship du Requin : le Morse.

Mais à partir de 1980 et jusqu’à son retrait du service actif, il va servir de sous-marin d’expérimentation du système d’armes tactiques (SAT). Sa transformation de sous-marin d’attaque en sous-marin d’expérimentation nécessite une grande refonte qui a lieu à Lorient de juillet 1979 à septembre 1980. Il a alors, une physionomie et une activité bien différentes de celles qu’on lui connaissait depuis sa mise en service. Une campagne d'essais à Toulon au GERDSM (Groupe d'Etudes et de Réalisation de Détection Sous-Marine) a lieu pour tester le sonar multifonction des SNLE refondus M4, notamment celui de L'Inflexible.

1996 : Coulé comme cible de tir

Désarmé à Toulon le 1er novembre 1985, il est un temps stationné dans la darse des sous-marins, puis peu après sa condamnation le 26 juillet 1988 (décision 24545/DEF/C 22), il est ensuite mis au mouillage de Brégaillon.

Sa coque, qui a pris le numéro Q656, est coulée comme cible de tir le 31 mai 1996 (par qui et comment, mystère... Quelqu'un sait ?)

Net-Marine © 2008. Copie et usage : cf. droits d'utilisation. Remerciements Patrick Du Cheyron, Franck Dubey, Serge Pelois, Michel Gandois. Si vous souhaitez compléter cet historique (activité, escales, anecdotes, etc...) : Ecrivez nous.


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