Les sous-marins de chasse du type Aréthuse


Le sous-marin Argonaute (1973)
Venant dans le programme naval, après les sous-marins océaniques de la classe Narval, les sous-marins du type Aréthuse sont principalement conçus pour la lutte anti-sous-marine, mais sont également aptes aux missions dévolues aux sous-marins de moyen tonnage, notamment à l'attaque des bâtiments de surface.

Le sous-marin, pire ennemi du sous-marin ?

En 1955, l'amiral Barjot, alors chef d'état-major de la marine, s'exprimait ainsi : " Le sous-marin à schnorchel à grande vitesse en plongée, est le type de navire le plus redoutable des forces navales modernes, surtout contre les navires de surface. La lutte anti-sous-marine est donc aujourd'hui la mission numéro un des forces navales. Son succès conditionne la maîtrise des mers ".

La méthode de lutte anti-sous-marine, qui fut expérimentée au cours de la bataille de l'Atlantique, était la technique du groupe aéronaval " Hunter-Killer ", constitué d'un porte-avions ou croiseur lourd, accompagné de quelques escorteurs anti-sous-marins, et effectuant un genre de battue pour isoler le sous-marin ennemi. L'idée d'y adjoindre en complément un sous-marin dont le rôle serait de participer à la lutte naquit aux USA peu après la fin de la guerre. L'US Navy y inscrivit à son budget 1949-50 trois sous-marins chasseurs de sous-marins dont le premier fut l'USS Barracuda.


Le sous-marin Amazone en construction à Cherbourg (mai 1956).

En France, ce concept est énoncé dès le 5 mai 1948 par l'amiral Auboyneau lors d'un réunion du Conseil supérieur de la marine. Mais à l'opposé des sous-marins type Narval, " c'est un modèle entièrement nouveau, demandant des études prolongées ". L'avant projet, désigné " I-52 ", est présenté au comité technique le 15 mai 1952. L'argument le plus fort avancé était les économies réalisables, grâce à l'emploi de ce type de petits et discrets sous-marins, qui rechercheraient directement au sortir de leur bases ou dans les zones de passage, les sous-marins ennemis. La mobilisation d'une flotte importante ne serait alors plus nécessaire.

La construction des sous-marins de chasse est décidée en 1952. Les caractéristiques du projet, sur plan de l'Ingénieur du Génie Maritime (IGGM) Girousse, sont les suivantes : déplacement en plongée 666 tonnes ; une seule ligne d'arbres entraînée par deux moteurs électriques, un de faible puissance dit de "croisière", et l'autre de 1300 CV dit "principal" ; deux groupes électrogènes ; 4 tubes lance-torpilles d'étrave, susceptibles de lancer des torpilles courtes avec 4 torpilles de réserve ; coque épaisse fusiforme, d'échantillonage suffisant pour permettre la navigation à des immersions supérieures à 100 mètres.

Les quatre sous-marins de cette série, dont les noms sont empruntés à la mythologie grecque, sont construits à Cherbourg : Aréthuse et Argonaute, sur le budget 1953, puis Amazone et Ariane, sur le budget 1954. Ils sont appelés communément les "400 tonnes"


Le central opérations du sous-marin Argonaute.
Des études particulièrements poussées

Pour remplir leur mission, les sous-marins chasseurs de sous-marins ont été particulièrement étudiés en ce qui concerne la maniabilité en plongée, la détection sous-marine et la discrétion acoustique. Les moteurs notamment sont montés sur une suspension élastique souple et la détermination du nombre de tours d'hélice ainsi que le tracé de cette hélice sont le résultat de longues recherches, afin de supprimer ce que l'on appelle communément le " chant de l'hélice ".

L'aménagement fit également l'objet d'études détaillées, d'abord parce qu'il fallait rentrer dans un volume limité, un grand nombre de matériel, enquite parce que l'on voulait compte-tenu des effectifs peu nombreux simplifier la conduite et faciliter l'entretien du matériel, en offrant le maximum de possibilités d'échange standard. Ces sous-marins ont la même ligne sobre et puissante, que la série des Argonaute, même ailerons qui évoquent quelques squale géant, même peinture couleur océan.

Les premiers éléments de coque épaisse, préfabiquée par tronçons sur des berceaux, moules d'assemblage sur lesquels sont positionné les couples puis soudé le bordé, furent livrés fin 1954.
Le terre-plein de fabrication étant occupé par les Narval, il fut nécessaire d'utiliser une ancienne cale de construction pour constituer l'aire de préfabrication. Le lancement du dragueur Capricorne ayant libéré l'une des lignes de tins de la cale de lancement n°4, les deux tranches avant de l'Argonaute y furent assemblées entre elles. La construction de l'Aréthuse, bâtiment tête de série commence en mars 1955.


Chargement d'une torpille à bord du sous-marin Ariane (mars 1965).

En septembre 1959, le 25e salon nautique met en vedette les sous-marins de chasse, avec la reconstitution en grandeur réelle, réalisée par la DCAN Cherbourg, de la partie centrale (PC/CO) du sous-marin Aréthuse, admis au service actif le 1er février dernier à Toulon.

De Mers el-Kébir à Toulon

Au début de leur carrière, les quatres sous-marins seront basés à Mers el-Kébir (Algérie), puis à partir de 1962-63, ils rejoignent Toulon et la 1ère escadrille de sous-marins, qui devient l'escadrille des sous-marins de la Méditerranée le 1er novembre 1969. Ils resteront désormais basés à Toulon toute leur carrière.

Ces sous-marins eurent la destinée commune à beaucoup d'autres bâtiments. Ils furent utilisés comme cible de tir, puis coulés, entre 1982 et 1989. Seul l'Argonaute sera conservé comme musée naval et exposé au palais des sciences de La Villette, où il trône encore aujourd'hui.

Les sous-marins de la classe Aréthuse constituèrent une étape majeure de la reconstitution des forces sous-marines françaises, mais leur spécialisation devait limiter leur nombre au profit de sous-marins plus polyvalents, que furent les type Daphné. Mais les sous-marins chasseurs de sous-marins se révélèrent également bien adaptés à la formation des personnels, apportant un concours non négligeable à la constitution de la force sous-marine stratégique.

(Net-Marine © 2007. Copie et usage : cf. droits d'utilisation. Sources : SHD/M 3BB8/CSM ; RHA 04/1991 dont (*) Al Chatelle ; La Revue Maritime 10/1961 Genèse et construction d'un sous-marin par l'ICGM2 J. Touffait; Marine n°102 04/2006)


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