L'histoire du patrouilleur La Moqueuse (1982-1997)


Le capitaine de corvette Sylvain Cholley
1982-86

En essais au large de Cherbourg (septembre 1986)

Le marché des patrouilleurs de 400 tonnes est notifié le 4 octobre 1982. La Moqueuse, 7ème bâtiment de la série, est mis sur cale, deux ans après jour pour jour, le 4 octobre 1984.

Construit aux chantiers des Constructions Mécaniques de Normandie (CMN) à Cherbourg, ce patrouilleur est mis à l'eau le 8 avril 1986.

Son premier équipage est réunit pour la première fois à Cherbourg le 1er septembre de la même année.

Le 19 septembre 1986 (prise d'armement pour essais), lelieutenant de vaisseau Sylvain Cholley en prend le commandement.


En mai 1987, sauvetage de boat-people en mer de Chine (354 personnes recueillies).

De nombreux marins ayant servi sur l'aviso-dragueur FNFL La Moqueuse, tiennent à manifester leur joie de voir à nouveau une "Moqueuse" sur les flots, en venant des quatre coins de la France pour assister à la cérémonie de prise de commandement à Cherbourg.

La Moqueuse arrive à Lorient, le 25 septembre 1986. La présentation aux essais officiel a eu lieu deux jours avant, et les essais à la mer se prolongent jusqu'au 13 octobre. Le lendemain, le bâtiment entre en armement définitif.

1987

La cloture d'armement intervient le 27 mars 1987. La Moqueuse quitte alors Lorient le lendemain pour rallier Toulon, où elle effectue un stage avec une équipe du Centre d'Entraînement de la Flotte (CEF - 3 au 10 avril). Le jour de son départ de Toulon, le 18 avril, le patrouilleur est admis au service actif.

Durant le transit vers la Nouvelle-Calédonie, La Moqueuse outre sa mission habituelle de présence et de représentation, participe à la surveillance des appproches de Djibouti, à l'élaboration d'un plan d'évacuation des ressortissants français du Sri Lanka, et, en mai effectue le sauvetage de boat-people en mer de Chine (354 personnes recueillies).

La Moqueuse arrive à Nouméa, son nouveau port base, le 28 juin 1987. Le patrouilleur va alors accomplir, au cours du commandement du CC Cholley, 18 missions de surveillance maritime (Surmar) autour de la Nouvelle-Calédonie. En outre, La Moqueuse secourt une embarcation à moteur, sauvant ainsi trois personnes, et porte assistance à un voilier en difficulté.

Le tir d'intimidation du Pouebo (ndrl : que s'est-il passé ?) fut commenté par la presse, entièrement déformé et exploité comme le fut la délivrance des otages d'Ouvéa, exploitation médiatique qui achève de scandaliser l'équipage.

En mai 1987, le patrouilleur effectue le sauvetage de boat-people en mer de Chine, en recueillant 354 personnes (Photo Didier Lévêque).

1988

Quittant la Nouvelle-Calédonie pour deux mois, La Moqueuse arrive à Papeete où elle commence sa première IPER (Indisponibilité Pour Entretien et Réparation) le 30 juin avec le soutien de DCN. L'essentiel des travaux concerne la propulsion, et en particulier la dépose des bielles à coupe oblique, et leur remplacement par des bielles à coupe droite sur les deux moteurs principaux. Cette IPER sera généralement difficilement vécu par les familles restées à Nouméa.

Le 9 août, lelieutenant de vaisseau Paul Bossard prend le commandement du bâtiment.

A l'issue de l'IPER, qui se termine le au 7 septembre, La Moqueuse repart vers la Nouvelle-Calédonie, via Suva (Fidji - 16 au 20 septembre). Le patrouilleur est de retour à Nouméa, son port base, le 22 septembre.

L'évolution de la situation en Nouvelle-Calédonie autorise une plus grande diversification des missions et la reprise des escales à l'étranger. Aux patrouilles répétitives de surveillance autour de la Grande Terre succèdent des missions plus variées de service public (assistance météorologique sur les récifs épars, soutien d'équipe de vétérinaires), des missions orientées vers les relations publiques ou le transport opérationnel au profit des autres armées.


Extraction d'un des moteurs de propulsion au cours de l'IPER à Papeete

Inspection générale par l'amiral Louzeau (décembre 1988)

Du 26 au 29 novembre, La Moqueuse est à Honiara, capitale des îles Salomon. C'est la 2ème fois qu'un bâtiment de la Marine se rend aux Salomon depuis l'indépendance de ses dernières en 1978. En décembre, le chef d'Etat-major de la Marine, en visite à Nouméa, effectue une inpection du patrouilleur à la mer.

1989


Le Korei 163, un palangrier coréen, est découvert à 140 miles au Sud-Ouest de Nouméa, en pleine action de pêche illicite (juin 1989).

En mars, La Moqueuse apporte son soutien à l'association Fortunes de Mer (association participant à la recherche d'épaves) en transportant du matériel et des plongeurs. Le but de la mission est de repérer l'épave d'un quatre mât barque, l'Emile Renouf, repéré près du récif Durand. Les conditions de mer difficiles ne permettront hélas pas de mener à bien l'intégralité des recherches. Pour cette mission, une équipe de télévision de RFO est embarquée, ainsi qu'un journaliste des Nouvelles-Calédoniennes. Cette sortie d'une semaine fait l'objet de nombreux articles par la presse régionale, de reportages radiodiffusés quotidiennement et d'un reportage télévisé diffusé à plusieurs reprises sur RFO puis sur la chaîne nationale FR3.

Une tournée autralienne avec escale à Norfolk Island (19 au 23 mai), Lord Howe Island (25 au 27 mai), Sydney (29 mai au 3 juin), comprend également l'accompagnement de la course Sydney-Brisbane-Nouméa. De Nouméa à Sydney, un journaliste des Nouvelles Calédoniennes embarque et relate presque quotidiennement le transit et les escales de La Moqueuse vers Sydney.

Sur le chemin du retour, l'arraisonnement d'un pêcheur coréen au mois de juin remotive de manière sensible l'équipage. Le Korei 163, un palangrier coréen, est découvert par La Moqueuse à 140 miles au Sud-Ouest de Nouméa, en pleine action de pêche illicite. Le Coréen ayant stoppé net, feux éteints pour se débarrasser de sa pêche en douce, le commandant Bossard décide de faire débacher le canon de 40mm à la lumière d'un gros projecteur. Action efficace qui fait stopper net le palangrier dans sa course. Une équipe de visite menée par l'EV Blin monte à bord, saisi le bâtiment et le ramène à Nouméa le lendemain.


La reprise des essais nucléaires va susciter l'hostilité de certains.

La fin d'année est marquée par des escales à Darwin (Australie - 18 au 21 septembre) et Port Moresby (Papouasie Nouvelle Guinée - 26 au 29 septembre).

Premier bâtiment français à toucher Port Moresby depuis 1985, La Moqueuse va susciter une manifestation du Melanesian Solidarity Group (MSG) contre " les essais nucléaires français dans le Pacifique et la politique coloniale de la France en Nouvelle-Calédonie ".

1990

Le 2 janvier 1990, La Moqueuse est en mission avec le RIMAP/NC. Il est 21h00, non loin du phare de Goro, à proximité de la presqu'île de Kuébéni, au sud de Yaté. Le patrouilleur vient juste de prendre l'alignement sur le phare, afin de débarquer par zodiac une section de parachutistes du RIMAP composée d'une vingtaine d'hommes. Le bâtiment est alors pris dans un fort courant à marée basse, et s'échoue sur le platier. La robustesse du petit patrouilleur lui permet d'être remis à flot sans voie d'eau importante et en ayant toujours gardé son autonomie électrique. Pendant 12h00, La Moqueuse va cependant durement travailler sous l'effet d'un ressac qui la drosse progressivement sur le corail. Le Jacques Cartier appareille dans la nuit pour lui porter secours. La Moqueuse est de retour à Nouméa. C'est le BTS Bougainville qui vient la chercher depuis Papeete. Le patrouilleur est enradié dans le Bougainville qui l'emmène jusqu'à Tahiti, où La Moqueuse est réparée du 2 janvier au 7 février.


Le capitaine de corvette Eric Pistor

Le 9 février, lecapitaine de corvette Eric Pistor prend le commandement du bâtiment. Cinq mois de réparation à Papeete (IPER du 7 février au 9 juillet), comprenant 3 passages sur le dock DCN, permettent la réfection des fonds du bâtiment. La coque est refaite sur une longueur de 40 mètres et sur une largeur de 2 mètres à partir de la quille. Les soudures principales sont radiographiées. Cette absence du port base de 6 mois, est douloureusement ressentie par les familles restées à Nouméa.

Quittant Tahiti, La Moqueuse reprend le chemin de Nouméa via Tahaa (îles-sous-le-Vent - 7 juillet), Niue (17 et 18 juillet), Wallis (24 et 25 août) et Futuna (26 août).


A la mer avec l'aviso Cdt Birot (septembre 1990)

De retour au port base, reprenant le cours de ses missions habituelles aux alentours du "Caillou", le patrouilleur effectue des escales à Hienghene (6 septembre), Chepenehe (île de Lifou - 16 septembre), un exercice interarmées Loyautés 90 pendant 3 jours en septembre, de nouvelles escales à Kuto (île des Pins - 10 et 11 octobre), Futuna (19 et 20 octobre) puis Wallis (22 et 23 octobre). L'absence de troubles en Nouvelle-Calédonie, et la volonté affichée par la France d'entretenir de bonnes relations avec ses voisins, permet à La Moqueuse d'effectuer également de nombreuses escales à l'étranger : à Cairns (Australie - 21 au 24 novembre), au sortir de laquelle elle effectue un exercice à la mer avec deux patrouilleurs australiens, et à Madang (Papouasie Nouvelle Guinée - 27 au 30 novembre), où elle fait une brève sortie à la mer, avec à son bord le ministre de la Défense papou.


Embarquement de soldats du RIMAP-NC (septembre 1990)

En fin d'année, et par des conditions de mer très fortes (mer 7), La Moqueuse perd ses deux radeaux de sauvetage à tribord. Le système d'arrimage des sangles est mis en cause. La Glorieuse connaîtra la même fortune de mer peu après.

1991

Le premier trimestre est marqué, là encore, par de nombreuses escales : Nuku Alofa (11 au 14 février), Niue (14 au 16 février), Apia (Samoa occidentales - 19 au 22 février). En escale à Apia, un car ferry au mouillage vient heurter la coque à l'aplomb du bloc passerelle, provoquant un léger enfoncement de la coque. Nouvelles escales à Suva (Fidji - 26 février au 1er mars), suivie d'une brève sortie à la mer avec le chef d'état-major des armées fidjien, Mare (Nouvelle Calédonie - 14 mars), Kuto (île des Pins - 15, 18 et 19 avril) et Tadine (île de Mare - 16 et 17 avril).


Le lieutenant de vaisseau Stéphane Grzegorzewski.

La mauvaise tenue en service des coussinets de ligne d'arbres, mis en place en juin 1990, à Papeete nécessite un passage sur slip à Nouméa du 24 mai au 24 juin. Le CC Pistor aura toutefois l'occasion de faire trois dernières escales, la première à Nuku Alofa (îles Tonga - 2 au 5 juillet) pour les cérémonies marquant le 73ème anniversaire du roi des Tonga. Le bâtiment participe à cette occasion à une petite revue navale.
La seconde a lieu à Vavau (îles Kiribati - 11 au 15 juillet) où La Moqueuse participe aux cérémonies de la fête nationale locale, une section composée de membres d'équipage défilant aux cotés des forces de police.


Hélitreuillage à l'intérieur du lagon de Nouméa (1991)

Une dernière halte a lieu à Port Villa (Vanuatu - 19 au 23 juillet) avant que le CC Pistor passe son commandement, le 14 août, aulieutenant de vaisseau Stéphane Grzegorzewski. En août la totalité des officiers-mariniers est relevé à l'espace de 15 jours, ce qui n'est pas sans poser de problème de transmission de connaissance.

A l'exception d'une escale à Kuto (île des Pins - 29 août), La Moqueuse navigue peu pendant les mois d'août et septembre. Des vibrations anormales de la structure du bâtiment, engendrés par les joints hydrolubs des lignes d'arbres imposent cependant une limitation d'heures de marche du bâtiment.

La fin de l'année est marquée par des mouillages en baie de Saint Vincent (6 septembre), baie du Prony (12 septembre), île Ouen (18 septembre), Chepenehe (Lifou - 26 septembre), une sortie dans le lagon polynésien au profit du gouverneur des Samoa occidentales le 29 septembre, une PEI à Nouméa de fin septembre à mi-décembre, au cours de laquelle les coussinets de lignes d'arbres sont remplacés lors d'un passage sur slip (21 octobre au 13 novembre). Le phénomène vibratoire disparait alors. Une dernière escale à Népoui (27 décembre).

1992

Une année 1992 qui commence sous le signe de La Pérouse.
La Moqueuse
et la Garonne arrivent en effet le 22 février en Australie, pour une escale commune à Botany Bay, là où 240 ans plus tôt, Jean-François de Galaup, comte de La Pérouse avait touché la terre australienne. Les conditions météos ne permettant pas de mouiller dans la baie, les deux bâtiments sont mis à quai à Wooloomooloo, au coeur de Sydney. Temps fort de l'escale, un défilé de mode associant cols bleus et demoiselles de la bonne société. Les deux bâtiments quittent Sydney le 28 février.


En témoigne, l'assistance incendie pour éteindre le feu sur la vedette privée Doghouse et la remorquer jusqu'à Nouméa (19 avril)

A partir de juillet, La Moqueuse accompli des missions très diverses : aux patrouilles répétitives de surveillance autour de la Grande Terre succèdent des missions plus variées de service public (assistance météorologique, soutien d'équipes de vétérinaires) et des missions de transport opérationnel d'autres armées. Par exemple les sorties à Matthew dont la durée est de 3 à 5 jours. Ces missions consistent à transporter par voie de mer un détachement du RIMAP qui est ensuite hélitreuillé sur l'îlot par les Puma de l'armée de l'air ou de l'Alat (aviation légère de l'armée de terre). Les missions de service public constitue une part importante de l'activité, que ce soient les missions de surveillance maritime depuis les îles Chesterfield à l'ouest jusqu'à Wallis à l'est, où le soutien apporté à diverses administrations territoriales.

En témoigne, l'assistance incendie pour éteindre le feu sur la vedette privée Doghouse et la remorquer jusqu'à Nouméa (19 avril), le ravitaillement en gazole d'un voilier canadien en difficulté à 200 nautiques dans le nord de la Nouvelle-Calédonie (29 juillet au 1er août), ou celui d'un voilier néo-zélandais en difficulté à 100 nautiques au large de Nouméa (2 septembre).

La fin de l'année est marquée par des mouillages au phare Amédée (14 juillet) et Uapan (île des Pins - 22 juillet), une sortie à la mer avec La Glorieuse (août), le transport de civils entre Lifou et Ouvéa les 3 et 4 septembre, des mouillages à la Baie du Prony (24, 27 août et 22 septembre), Ouvéa (3 septembre), île Ouen (9 septembre), des escales à Chepenehe (27 octobre), Hienghene (29 octobre) pour transporter des pélerins entre Lifou et Ouvéa (27 et 28 octobre), et un entraînement avec le Nivôse en décembre.


Le capitaine de corvette René-Jean Crignola

1993

Appareillant le 4 janvier, La Moqueuse dépose une équipe de scientifiques (météorologistes, vétérinaire, ingénieur et technicien, membres de l'ASNNC) sur l'îlot Surprise. La mission a pour but de reconstruire la station météo et d'étudier la faune, tout particulièrement les tortues vertes. Le patrouilleur est de retour à quai le 8 janvier.

Une escale à Newcastle (Australie - 29 janvier au 1er février) a lieu peu avant la prise de commandement ducapitaine de corvette René-Jean Crignola le 5 février. La Moqueuse repart peu après pour une nouvelle mission scientifique aux Chesterfields (9 au 13 février), suivie d'escale à Futuna le 19 mars, puis à Wallis (20 au 23 mars).

Portant le nom de l'aviso-dragueur des FNFL, La Moqueuse est choisie pour symboliser le point de départ en mer de la médaille de la résistance attribué au territoire de la Nouvelle-Calédonie par le Général de Gaulle et remise lors d'une cérémonie le 24 avril.

Point d'orgue de cette année 1993, une tournée aux Fidji commence à la capitale, Suva (Fidji - 28 mai au 1er juin), où l'équipage assiste à des spectacles de danses traditionnelles à l'occasion du Ratu Sukuna Day, la fête nationale. Une démonstration en mer a lieu au profit du CEMA fidjien, puis le patrouilleur relâche à . Levuka (Fidji, île d'Ovalau - 1er au 3 juin), Savu-Savu (Fidji - 3 au 4 juin), Futuna (5 au 7 juin), Rotuma (Fidji - 8 au 9 juin), Lautoka (Fidji - 10 et 11 juin). L'accueil y est à chaque fois chaleureux.


La Moqueuse à la mer (avril 1993).

Le deuxième semestre est consacré à un arrêt technique (IPER) de quatre mois à Papeete, où La Moqueuse arrive le 19 juillet. Cette IPER comprend la visite totale des moteurs de propulsion, l'installation de cheminées latérales d'échappement, et un passage au dock du 2 au 28 septembre. Après une série d'essais à la mer du 6 au 10 décembre, le patrouilleur quitte Tahiti le 11 décembre, fait escale à Pago-Pago (Samoa américaines - 16 au 17 décembre) avant d'être de retour à Nouméa pour les fêtes de fin d'année.

1994

Appareillant pour la Nouvelle-Zélande, La Moqueuse relâche à Chepenehe (Lifou - 11 et 12 janvier), avant de toucher Auckland (11 au 15 février). Cette escale dans la capitale néo-zélandaise est particulièrement importante, car elle est l'occasion d'un entraînement de groupe avec des bâtiments australiens et néo-zélandais, qui est en fait la première participation d'un bâtiment français à ce type d'exercice depuis l'affaire du Rainbow-Warrior.

Suit une mission désormais traditionnelle aux îles Chesterfield (8 et 9 mars), et à l'île de la Surprise (10 et 29 mars), pour installation et maintenance de la station météorologique, un mouillage à l'île Huon (30 et 31 mars), à Kuto (île des Pins - 20 et 21 avril), une nouvelle escale à Chepenehe (Lifou - 7 au 9 juin) qui permet de renouer avec la "coutume" et de développer des relations très amicales avec la population de cette île, puis à Beautemps-Beaupré (9 juin).


Le lieutenant de vaisseau
Emmanuel Gué

Une autre escale à Port-Vila (Vanuatu - 28 juin au 4 juillet) a lieu pour escorte de la course de voiliers Nouméa - Port Vila. C'est aussi la première fois, depuis l'accession à l'indépendance de ce petit pays, que le premier ministre du Vanuatu monte à bord d'un bâtiment français, à l'occasion d'un déjeuner officiel. Ce premier trimestre riche en escale est complété par deux dernières haltes à l'étranger : Honiara (Salomons - 7 au 11 juillet) et Townsville (Australie - 15 au 18 juillet).

Le 8 août, lelieutenant de vaisseau Emmanuel Gué prend le commandement du bâtiment. Peu après, La Moqueuse effectue son premier stage de remise en condition initiale, depuis l'admission au service actif du bâtiment.

Le 19 août, le patrouilleur quitte Nouméa avec à son bord des personnels et matériel de l'association Fortunes de Mer Calédoniennes, lors d'une mission visant à répertorier et inventer un maximum d'épaves gisant aux îles Chesterfield. Une équipe de télévision de RFO embarque pour la circonstance, ainsi que deux techniciens de Météo-France qui en profiteront pour réparer la station météo de l'îlot Loop. La Moqueuse rejoint le voilier de l'association, Elusive, au mouillage de la Caye Skeleton (23 au 25 août). En une semaine et demi, quatre épaves sont localisées, et une quantité d'objet sont remontés du fond.


Lors d'une partie de pêche, un requin tigre de 4 mètres sera remonté sur le pont !

La fin de l'année est marquée par la participation du P400 à l'exercice interarmées Nord 94, ainsi que des escales et mouillages à Luganville (Vanuatu - 4 au 7 octobre), l'île de la Surprise (9 octobre), Nuku Alofa (Tonga - 6 au 7 décembre), Alofi (Futuna - 9 au 10 décembre), Mata Utu (Wallis - 11 au 15 décembre) et Rotuma (îles Fidji - 16 décembre).

1995

Appareillant le 16 janvier, après un bref entraînement avec La Glorieuse, La Moqueuse mouille en baie du Prony puis au récif Petrié (18 janvier).


En escale à Napier (Nouvelle-Zélande - 21 au 24 avril) à l'occasion de l'
exercice multinational Tasmanex 95.

Deux hydrographes ont été embarqués pour l'occasion, de manière à fixer cette terre, dont le positionnement est encore mal connu, sur les cartes. Le travail sera néanmoins interrompu par l'accident d'un des membres d'équipage qu'il faudra évacuer par hélicoptère Puma.

La mission se poursuit par l'entretien annuel de la station météo de l'île de la Surprise (19 janvier). Lors d'une traditionnelle partie de pêche, un requin tigre de 4 mètres sera remonté sur le pont !

Après 3 semaines de PEI à Nouméa, La Moqueuse repart vers Nuku Alofa (Tonga - 16 au 17 février), effectue un exercice interarmées Alizé Santal 95, une escale à Pago-Pago (Samoa américaines - 6 au 7 mars) et un mouillage à l'île des Pins (28 mars).

Plus conséquent est la participation du patrouilleur à l'exercice multinational Tasmanex 95, regroupant les marines françaises, australiennes et néo-zélandaises, avec escale à Napier (Nouvelle-Zélande - 21 au 24 avril). De retour en Nouvelle Calédonie, La Moqueuse effectue un mouillage à l'île des Pins (16 mai).


En mai 1995, le navire scientifique Hakurei Maru est surveillé pendant 3 jours par La Moqueuse.

En mai 1995, le navire scientifique Hakurei Maru est surveillé pendant 3 jours par La Moqueuse. Il . En effet, ce navire, armée par la " Metal Mining Agency of Japan ", capable d'effectuer des carottages à grandes profondeurs, voire de mouiller des bouées acoustiques de fond, avait été déclaré indésirable à Nouméa en 1992. Il ne détient pas, cette fois non plus, d'autorisation de prélèvement lorsqu'il pénètre dans la ZEE de Nouméa.

A compter de début juin, la France décide de reprendre les essais nucléaire dans le Pacifique. Ceci n'est pas sans conséquence sur l'activité du patrouilleur, car l'attitude des pays riverains va alors totalement changée à notre égard. Pour preuve, un exercice multinational organisé par Fidji et rassemblant des patrouilleurs de toutes les marines de la région, voit le patrouilleur français "personna non grata".

Autre fait important, avec la restructuration du commandement outre-mer, La Moqueuse passe le 1er juillet sous commandement opérationnel du Commandant les Forces Armées en Nouvelle Calédonie, tout en restant, pour l'exécution de ses missions, sous contrôle opérationnel du Commandant de la Marine et de l'Aéronautique navale en Nouvelle-Calédonie.

Un mouillage à l'île des Pins (20 juillet), précède le 10 août, la prise de commandement dulieutenant de vaisseau Thomas Lockhart.

Après un stage de qualification opérationnelle (4 au 8 septembre), le bâtiment est déployé pour 3 mois en Polynésie en soutien de l'opération Nautile (13 septembre au 2 décembre).

L'opération Nautile désigne la protection des sites d'essais nucléaires du Pacifique au cours de la campagne de tirs. En juillet avait eu lieu l'arraisonnement du bâtiment amiral de Greenpeace, le Rainbow Warrior II.

1996

Walpole
Walpole est un long plateau de corail à l'est de la Grande Terre. Officiellement découverte le 17 novembre 1794 par l'anglais Butler, commandant le navire Walpole, l'île est possession de la France depuis 1876 (prise de possession effectuée par le capitaine de frégate Chambeyron, commandant le Curieux). Exploitée pour son phosphate au début du siècle, elle est maintenant inhabitée.
Orientée N/S, Walpole s'étend sur 3 km de long et 300 de large. L'île est bordée de falaises abruptes plongeant directement dans l'Océan. A l'est et au sud-ouest, deux petites plaines cotières viennent adoucir la silhouette de l'îlot. Les éboulis qui couvrent la falaise laissent par endroit bourgeonner quelques mimosas, pandanus et autres cocotiers de bord de mer. Sur le plateau, de nombreux trous de 2 à 3 m rendent la progression périlleuse. De ces trous, on a extrait le Guano (1910-1936).

De retour au port base, le patrouilleur effectue une mission de transport sur l'îlot Walpole au profit d'une section du RIMAP/NC (18/19 et 28/29 janvier). Les hommes, qui sont hélitreuillés par un Puma de l'ETOM 52 sur l'îlot, vivront en complète autonomie pendant 10 jours. Entre temps, La Moqueuse fait un crochet maritime aux îles Chesterfield avec La Glorieuse (22 au 26 janvier).

Le 30 janvier, le lendemain de l'annonce de l'arrêt des essais nucléaires à Mururoa, La Moqueuse est placée en indisponibilité accidentelle préventive. De multiples accidents mécaniques répétitifs ont en effet empoisonné la vie des équipages depuis le début de l'année dernière. Du 27 au 28 mars, le patrouilleur est embossé sur coffre pour prévenir l'arrivée du cyclone Beti.

La Moqueuse ne reprend la mer, que 5 mois plus tard, le 22 juin, pour effectuer une mission aux Chesterfield puis aux îles Loyauté, peu avant de rallier Papeete le 31 juillet, via Pago-Pago (Samoa américaines - 19 au 23 juillet).

A Tahiti, le bateau entre en petit carénage.


Prise de commandement du lieutenant de vaisseau Laurent Hemmer

Le 2 août 1996, alors que le bâtiment entre sur dock, lelieutenant de vaisseau Laurent Hemmer en prend le commandement. C'est sans doute le plus jeune commandant que la Marine ait jamais connu, puisque si l'on en croit le quotidien "La Dépêche de Tahiti" du 4 août, le LV Hemmer est né le 19 juin 1996. C'est donc agé de un mois et 13 jours, que ce brillant officier accède au commandement d'un navire hauturier !

La Moqueuse quitte Papeete le 21 août, et fait escale à à Suva (Fidji - 29 au 31 août) sur le chemin du retour vers la Nouvelle-Calédonie.

La fin d'année est marquée par une mission de surveillance maritime aux îles Chesterfield avec présence de biologistes de l'ORSTOM (9 au 13 septembre), une autre dans le lagon est avec mouillage à Ponerihouen (1er au 4 octobre), la participation à l'exercice Exia aux îles Loyautés, la surveillance maritime aux récif d'Entrecasteaux (Belep, Huon) et dans le lagon nord, avec présence de l'association Fortunes de mer (21 au 31 octobre), une mission aux îles Chesterfield du 5 au 8 novembre avec du personnel MOP, un exercice avec les patrouilleurs australiens Townsville et Whyalla le 2 décembre.

Matthew
L'îlot fut découvert le 27 mai 1788 par l'anglais Gilbert, naviguant à bord de la Charlotte. Matthew est le nom de son armateur. Sa nationalité resta longtemps indécise par suite de l'indifférence dans laquelle l'îlot laissait les Français et les Anglais. C'est en prenant l'habitude de placer Matthew sur les cartes de la Nouvelle-Calédonie et de ses dépendances que l'on décréta l'îlot français.
L'île Matthew est en fait formée par la juxtaposition de 2 petites îles coniques reliées par un isthme. L'île la plus à l'ouest et la plus haute est faite de lave et de scories. Celle de l'est est faite de basalte. Les phénomènes volcaniques y sont présents, et la configuration de l'île serait sujette à changement. A telle enseigne, que jusqu'en 1949, l'île était réputée n'avoir qu'un pic. Quelques pointes de vapeur sulfureuse jaune attestent d'une activité volcanique résiduelle.

Du 9 au 17 décembre, a lieu une mission classique aux îles Surprises, avec présence de techniciens Météo-France pour remise en état de la station météo, suivie par un mouillage à Pouebo (11 décembre) puis Koumac (14 et 15 décembre). Plus curieux est l'embarquement de radio-amateurs qui effectueront la première activité radio (civile) sur l'îlot Matthew. Environ 500 contacts de radio-amateurs de plus de 50 pays permetttront de donner un indicatif à l'îlot Matthew.

1997

L'année débute par une sortie à la mer inopinée en compagnie de La Glorieuse et du Laplace, pour parer au cyclone Drena (6 au 9 janvier). La météo est épouvantable. Les deux P400 se prépositionnent au sud des îles Chesterfield, alors que le Laplace contourne le cyclone avant de le suivre. De retour à Nouméa, La Moqueuse appareille le 17 janvier pour une mission dans la ZEE de Wallis et Futuna, ponctuée par des escales à Wé (Lifou - 18 au 20 janvier), Mata-Utu (Wallis - 23 au 27 janvier), le mouillage d'un dispositif de concentration de poisson en sortie des passes de Wallis (27 janvier).


L'équipage de La Moqueuse découvre deux pêcheurs qui dérivaient dans leur canot de 5 mètres depuis 26 jours !

Le 28 janvier, au nord de Wallis et à 240 nq de toute île, alerté par des cris en pleine nuit, le veilleur de quart (matelot Christophe Bessière) donne l'alerte. L'équipage de La Moqueuse découvre deux pêcheurs qui dérivaient dans leur canot de 5 mètres depuis 26 jours ! Les deux hommes, originaires de Tuvalu,ont pu survivrent en buvant de l'eau de pluie et en mangeant du poisson. Ce sauvetage est vécu comme un moment fort par tout l'équipage, et vaudra une lettre de félicitation du général commandant les forces armées en Nouvelle-Calédonie, ainsi que l'amabassadeur de Tuvalu aux Fidji. Les deux naufragés sont ramenés à Futuna (30 janvier). Après une dernière halte à Mata-Utu (Wallis - 1er au 4 février), La Moqueuse est de retour au port base le 7 février.

Moins palpitant du 15 au 28 mars, un stage de remise en condition opérationnelle est suivi par des escales à Hienghène et Ouvéa (1er au 4 avril).


Le lieutenant de vaisseau François Moreau

Le 16 avril, le patrouilleur quitte Nouméa pour une "surmar" de 10 jours dans le Pacifique Sud. Après deux jours de traversée, troublés par une météo catastrophique (vagues de 7 mètres et vents de 60 nds), il relâche à à Suva (Fidji - 18 au 22 avril) et effectue à l'issue un passex avec la marine fidjienne (22 avril).

En mai, une mission de secours maritime a pour but la recherche de la balise de détresse du voilier Walkyrie (4 au 6 mai).

Autre temps fort de cette année, une mission à l'étranger (2 au 20 juillet) emmène le patrouilleur en Australie avec escale à Newcastle (4 au 8 juillet) et Melbourne (10 au 15 juillet), où l'équipage participe avec la communauté française aux festivités en l'honneur du "Bastille Day".

Le 23 juillet, il entame un transit vers Tahiti, via Nuku Alofa (Tonga - 26 au 27 juillet), et arrive à Papeete le 30 juillet. La 3ème IPER (Indisponibilité Pour Entretien et Réparations) commence peu après. Elle sera précédée de la relève de plus de 80% de l'équipage.

Le 30 juillet, lelieutenant de vaisseau François Moreau prend le commandement du bâtiment. La Moqueuse passe au dock du 1er au 22 septembre. L'IPER se termine le 5 décembre. Un entraînement avec La Glorieuse a lieu du 15 au 19 décembre.

Suite de l'histoire de La Moqueuse


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