Pierre-Henri-François
Bouvet
Pierre-Henri-François
Bouvet est né le 28 novembre 1775 à Saint Benoît, une
bourgade de l'île Bourbon (La Réunion).
Fils
de Pierre-René Bouvet, officier de marine d'une vieille famille bretonne
des environs de Saint Malo, et d'une créole de l'île, le jeune
garçon embarque, dès 11 ans, sur les navires commandés
par son père - la flute Nécessaire puis sur le Goéland
- avec lesquels il navigue jusqu'en 1791 dans les mers des Indes.
En
1791, il rentre en France, embarquant sur le Tourville, puis l'année
suivante sur la frégate Aréthuse, commandée
par son père dans l'escadre de Truguet. C'est à bord de ce dernier
bâtiment qu'il participe, en août 1792, à l'affaire de
Cagliari. Sorti avec son père, de Toulon assiégé, il
est emprisonné, à son arrivée à Brest, jusqu'en
en janvier 1795.
Enseigne
de vaisseau, il fait ensuite campagne en Manche sur la Rassurante,
la Foudroyante et la Bravoure (1795-96), puis s'essaye à
des armements en course qui se révèleront malheureux puisqu'il
perd ses deux bâtiments, le Triton et le Furet. Il
est fait deux fois prisonnier, et tente vainement de s'évader d'Angleterre,
mais il n'est libéré finalement qu'à la paix d'Amiens.
Lieutenant
de vaisseau en 1801, il embarque sur le Redoutable, dans une division
commandée par un de ses parents, Bouvet de Précourt,
chargée d'aller porter des renforts en Guadeloupe, pour y rétablir
l'ordre, suite au soulèvement lié au rétablissement de
l'esclavage.
En
1803, il part pour la mer des des Indes, à bord de la frégate
de 44 canons Atalante, dans la division du contre-amiral Linois,
pour y conduire des troupes et le général Decaen, qui deviendra capitaine
général des établissements français de l'océan Indien. Pierre Bouvet participe
ainsi brillamment à la " guerre des frégates "
en mer des Indes.
En
novembre 1805, lors d'une relâche au Cap, l'Atalante est jetée
à la côte par un raz de marée. Envoyé sur sur le
brick américain Charles, pour aller prévenir l'amiral
à l'île Bourbon, Bouvet est capturé par la croisière
anglaise. Il est libéré quelques mois plus tard.
Il
fait alors construire un "patmar" (sorte de felouque indienne),
L'Entreprenant, avec lequel il fait la guerre de course à
partir de décembre 1807. Avec ce bateau qui n'avait qu'une pièce
de 8, il s'empare, sur la côte de Malabar, d'un navire anglais de 270
tonneaux et 10 bouches à feu, la Marguerite. Il abandonne
alors son patmar, et passe sur sa prise.
A
partir d'octobre 1808, avec un nouvel Entreprenant, un brick cette
fois, il sème la terreur dans la mer des Indes. En
1809, il est envoyé aux Philippines, et capture en mer de Chine un
gros vaisseau portugais qu'il ramène à l'Ile de France.
En
1810, il obtint le commandement de la frégate Minerve, dans
la division du capitaine de vaisseau Duperré.
Le 2 juillet de cette année, au large de l'île Mayotte (Comores),
la division rencontre trois vaisseaux anglais de 30 canons dont deux, le Ceylon
et le Windham, sont amarinés et, après remise en état,
viennent renforcer la division.
Pendant
cette brillante croisière, la situation se dégrade dans les
îles françaises, où les Anglais se préparent à
débarquer. Le 9 juillet 1810, après avoir pris l'île Bourbon,
ils se tournent vers l'Ile de France (Ile Maurice). Mais entre-temps, la division
Duperré est rentrée des
Comores. Elle va livrer, en août 1810, le combat dit du "Grand
Port" contre cinq frégates anglaises. Duperré
est gravement blessé. Pierre Bouvet, qui doit le remplacer au commandement
de la division, fait des prouesses. A l'issue du combat, qui dure plusieurs
jours, quatre des cinq frégates anglaises sont prises ou détruites
par le feu. Les Français reste les maîtres du champ de bataille.
Pierre
Bouvet, dont la tête a été mise à prix par les
Anglais, passe sur la frégate de 44 canons Iphigénie,
et le général Decaen lui confie une division : Astrée,
Entreprenant, Victor. Le 12 septembre 1810 au large de l'île
de France, il rencontre une division anglaise de quatre bâtiments, dont
la frégate de 44 canons Africaine (ex française), commandée
par le commandant Corbett, qui s'était vanté de ramener Bouvet,
vivant ou mort. A
la suite d'un combat acharné, Bouvet capture l'Africaine,
qu'il abandonne en mer, dématée et en piteux état.
Cette
victoire ne peut hélas empêcher la reddition de l'Ile de France
(3 décembre 1810). Pierre Bouvet rentre alors en France, où
il est promu capitaine de vaisseau. En 1812, il commande les frégates
Aréthuse (44 canons) et le Rubis (40 canons), avec
lesquelles il croise le long des côtes d'Afrique occidentale, et fait
une douzaine de prises. Le
7 février 1813, au large des îles de Los (face à la Sierra
Leone), avec l'Aréthuse, il force la frégate anglaise
Amélia (48 canons) à prendre la fuite, après
trois heures d'un combat de nuit particulièrement sanglant.
En
1822, Bouvet quitte le service et il est nommé contre-amiral honoraire.
Après une longue retraite, pendant laquelle il est conseiller général
et député d'Ille-et-Vilaine (octobre 1830), il meurt, en 1860,
à Saint Servan, où il s'était retiré. Il était
grand officier de la Légion d'honneur.
Bouvet
fut un des plus remarquables officiers de la marine impériale. Doué
de réelles qualités de marin, c'était avant tout un combattant
de premier ordre.
Net-Marine © 2009. Sources : Des
noms sur la mer - CA Raymond Frémy et CV Georges Basili ; Dictionnaire
des marins français - Etienne Taillemite. Copie
et usage : cf. droits d'utilisation.