Histoire du Bougainville

Mis sur cale le 28 janvier 1986, lancé le 3 octobre de la même année, le Bougainville a été admis au service actif le 25 juin 1988. Ce fut le dernier navire lancé par les chantiers Dubigeon avant leur fermeture, c'est pourquoi il garde une place privilégiée dans le coeur des Nantais. La construction fut achevé par les chantiers de l'Atlantique à Saint Nazaire.

Financé par la DIRCEN (Direction du centre d’expérimentation nucléaire), et désigné dans un premier temps comme BTS (Bâtiment de Transport et de Soutien) , il fut basé en Polynésie et remplit des missions de transport maritime interinsulaire (Tahiti-Hao-Mururoa-Fangataufa), et de soutien des expérimentations nucléaires avec une capacité d’évacuation et de support médical, une capacité d’enradiage de la batellerie des sites et de soutien hôtelier. Les emménagements étaient conçus pour assurer, en plus de l’équipage, le logement de 50 ingénieurs et techniciens en chambres doubles et leur restauration . Il pouvait également servir au soutien logistique de petites unités.


Le départ du fenua. Aquarelle de Franck Joyau (1998)

Outre ses missions au profit du Centre d’Essais du Pacifique, le Bougainville a souvent porté son concours à des activités de service public : participation à l'opération île propre à Bora-Bora en 1994, aide dans les Iles sous le Vent aux victimes du cyclone Osea en 1997, récupération d'un trimaran, le Temerai, immobilisé sur le lagon de Tikeau en 1997, aide aux victimes du raz de marée en Papouasie Nouvelle-Guinée.

Le CEP ayant été démantelé en 1997, le Bougainville quitte la Polynésie en septembre 1998 et rejoint Lorient (via Wallis, Nouméa, Port Moresby, Bali, Singapour, Galle, Djibouti) le 30 novembre. Il est alors transformé en bâtiment collecteur de renseignement, prenant en cela la suite du Berry, désarmé en mai 1999.

L'opération qui porte le nom d'OCEN (Opération de Continuité des Ecoutes Marine) a lieu à l'arsenal de Lorient entre décembre 1998 et juillet 1999, où le Bougainville voit tout son aménagement intérieur radicalement modifié afin de recevoir sa « charge utile » qui lui permet de pratiquer ses "recherches" électromagnétiques et électroniques, autrement dit, l'écoute des transmissions de toutes natures, dans le monde. Un intercepteur-goniomètre des émissions radioélectriques dans la gamme H/V/UHF, est monté en tête de mât. Sa rampe d'embarquement latérale est enlevée. Des systèmes de transmissions par satellite Inmarsat et Syracuse II sont installés.


Lutte contre la Chikunguya à La Réunion (2006).
Basé à Toulon, avec à son bord, un équipage de la Marine nationale et des techniciens spécialisés, ce bâtiment travaille au profit de l'état-major des armées. A l'issue des attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, et dans le cadre du soutien apporté aux forces anglo-américaines dans le conflit Afghan, le Bougainville a été déployé dès octobre 2001 en Océan Indien pour procéder au recueil de renseignement. Le Bougainville est parrainé par l'île de Bora-Bora depuis le 28 novembre 1992.

2006

Début 2006, le Bougainville redevient un bâtiment de transport et de soutien (BTS). Il est remplacé, dans sa fonction de collecteur de renseignement, par le Dupuy de Lôme, un nouveau bâtiment plus performant.

Le 20 février 2006, 50 marins du BTS Bougainville, du matelot au commandant, quitte Toulon en avion, vers l’île de la Réunion, touchée par une violente épidémie de Chikunguya, une maladie grave transmise à l'homme par les moustiques.

Après une courte période de formation par la DRASS (Direction régionale des affaires sanitaires et sociales) et d’acclimatation en cette saison des pluies et des cyclones, les équipes de démoustication et de prévention sanitaire débutent leur travail sur le terrain, aux côtés des marins de la base navale de Port des Galets et des autres militaires affectés ou en renfort.


Pendant l'exercice Brillant Midas (Novembre 2006).

A la mer mi février, le Bougainville reste désormais au port de Toulon avec une équipe de gardiennage réduite. C’est la première fois qu’une unité navigante et disponible de la marine est ainsi immobilisée pour répondre à un besoin de service public. La durée de cette mission exceptionnelle est d’environ quatre mois.

Le Bougainville reprend la mer le 22 juin 2006. Il suit, fin juin début juillet, un stage de mise en condition opérationnelle.

Le 14 juillet, il est en escale à Cavalière, près de Menton. Du 28 septembre au 14 octobre, le Bougainville assure une mission de surveillance maritime en Méditerranée. Il fait escale en rade de Villefranche-sur-mer du 23 au 24 octobre 2006.

Du 29 septembre au 13 octobre, le bâtiment participe à l'exercice Brillant Midas en Méditerranée occidentale. Cet exercice maritime et amphibie majeur rassemble pas moins de 30 bâtiments de surface, 6 sous-marins, 35 aéronefs et plus de 5000 militaires venus de 10 pays différents. Il permet de certifier la marine espagnole qui prendra, en janvier, le commandement de la composante maritime de la force de réaction rapide maritime de l’OTAN (Nato Response Force – NRF), dont la France fournira la composante amphibie. Les bâtiments français engagés sont le BPC Mistral, les frégates Jean Bart et Guépratte, le BCR Marne, le BTS Bougainville, les chasseurs de mines Lyre et Capricorne, ainsi que le BSP Malin.

2007

Le Bougainville fait escale dans le port de Nice du 8 février au 12 février 2007. Il participe à la manifestation « Port ouvert » organisée le 10 février dernier par le Conseil général des Alpes-Maritimes. Le 11 février, le bateau est ouvert aux visiteurs.

Du 2 au 24 mai 2007, l’exercice franco-marocain Chebec a pour but l'entraînement à proximité de Marseille, puis entre Al Hoceima et Casablanca, à l'assistance aux victimes d’un tremblement de terre et l’interception de trafic illicite. Il met en oeuvre d'important moyens, tant coté français (Bougainville, Siroco, Surcouf, Sabre, Lynx, Panther, des équipes du bataillon de marins-pompiers de Marseille et du CODIS 13), que coté marocain (frégate Mohammed V et Panther, La frégate LC. Arrahmani, patrouilleur Rais Charkaoui, personnel médical et moyens de la protection civile marocaine).

Le 2 juin 2007, le Bougainville sauve cinq pêcheurs de nationalité mauritanienne, à 50 nautiques des côtes sénégalaises. Les pêcheurs dérivaient sur une pirogue depuis plus de 20 jours, sans eau ni nourriture. Ils sont pris en charge, le lendemain, par les autorités diplomatiques de leur pays lors de l’escale du Bougainville à Dakar. Leur pirogue n’a pu être ramenée au port de Dakar compte tenu des conditions météorologiques défavorables.

Dans le cadre de la mission « Corymbe 91 », le Bougainville effectue une escale de routine à Conakry du 22 au 26 novembre 2007. Le 23, l'équipage du Bougainville réalise au lycée de Kaloum de nouveaux travaux de remise en état de certains locaux qui s'ajoute à ceux mis en oeuvre fin octobre par l'équipage de l'aviso Lavallée. Le Bougainville embarque à son bord, du 26 novembre au 13 décembre, un contingent de 40 militaires des forces armées guinéennes qui participe à un exercice régional « DEGGO XXVII » au Sénégal du 3 au 9 décembre.

2008

En 2008, le Bougainville fait une nouvelle mission Corymbe de deux mois en Afrique occidentale. Après avoir finalement passé le témoin au Tonnerre, le Bougainville amorce sa remontée vers la métropole. En chemin, le BTS s'arrête deux jours à Nouakchott, la capitale mauritanienne. Il est de retour à Toulon le 7 février.

Le Bougainville fait une dernière mission en océan Indien avant son désarmement. Il quitte Toulon le 22 mars avec, à son bord, le pousseur Morse et la vedette Odet, de la gendarmerie maritime. Après une escale à Djibouti le 6 avril, où il déchargera du fret, le Bougainville livrera les deux bateaux à Mayotte le 20 avril. Une autre vedette de la Gendarmerie, le Verdon, prendra alors la place de l'Odet dans le radier du BTS. Ce dernier chargera, également, une citerne à gasoil nécessitant une remise en état.

L'ensemble sera convoyé à la Réunion, où l'accostage du Bougainville est prévu le 27 avril. De là, un autre mouvement de vedette est prévu. Cette fois, c'est la Jonquille, longue de 32 mètres, qui sera « enradiée ». Cette vedette de la gendarmerie maritime, qui sera ramené à Toulon, aura le Verdon comme remplaçant à la Réunion. Avant de revenir en métropole, le Bougainville apportera une cargaison de fret jusqu'au port malgache de Tamatave (15 mai), avant de repasser par Mayotte cinq jours plus tard pour y déposer une nouvelle citerne à gasoil. Le bâtiment, avec la Jonquille à son bord, remontera ensuite vers Djibouti (2 juin) puis remontera la mer Rouge pour rejoindre la Méditerranée et enfin Toulon, où il arrive le 18 juin.

À Toulon, le patrouilleur Jonquille épaulera les patrouilleurs de la force d’action navale Arago et Grèbe dans leurs missions essentiellement orientées vers l’Action de l’Etat en Mer. La raison de ce mouvement ? Remplacer à Toulon la vedette côtière de surveillance maritime (VSCM) Odet par un bâtiment permettant d’assurer des patrouilles en haute mer au-delà des vingt nautiques. Les vedettes Odet et Verdon, quant à elles, auront désormais respectivement pour port base Mayotte et la Réunion.

A l'issue de cette dernière mission, le Bougainville sera désarmé puis mis en vente.

Net-Marine © 2006. Pour copie et usage : cf. droits d'utilisation. L'histoire du BTS Bougainville pendant sa période tahitienne (1988-1998) est peu développée. Si quelqu'un est intéressé pour en écrire une, contactez moi :

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