Historique du croiseur Jeanne d'Arc


Escale à Venise au cours de la première campagne (avril 1932).
1928-1939 : Construction et premières années

Mis sur cale le 31 août 1928 aux ateliers et chantiers de Penhoët à Saint Nazaire, ce croiseur-école est construit dans un temps record. Il est lancé le 14 février 1930, après avoir été baptisé en grande pompe, le même jour, par la marraine du bâtiment, épouse du ministre de la Marine Georges Leygues.

Conçu par l'ingénieur du génie maritime Antoine, ce croiseur est une véritable réussite sur le plan technique. La valeur du bâtiment est reconnue, autant comme bâtiment de guerre, que comme école flottante. Car le bâtiment, alors très moderne pour l'époque, n'a pas été uniquement conçu comme un « navire-école » aux aménagements très étudiés, mais aussi comme un bâtiment de guerre aux qualités reconnues.

Après avoir ralié Brest, son port base, et effectué divers essais, le croiseur Jeanne d’Arc est admis au service actif le 6 octobre 1931.

A peine quatre jours plus tard, il appareille pour sa première croisière autour du monde, avec à son bord une promotion de 156 élèves-officiers, en plus de son équipage de 500 hommes. Ce premier périple vise en premier lieu l'Amérique latine. Avant de revenir à Toulon, le croiseur-école visitera les grands ports de la Méditerranée, non sans avoir fait escale aux Antilles, à Dakar et à Casablanca... Au bilan 25 000 milles parcouru en 267 jours, et quarante escales !


Le croiseur Jeanne d'Arc arrive à Toulon (11 mars 1945).
Jusqu'en 1939, la Jeanne d’Arc va effectuer huit campagnes de l'école d'application des aspirants, et donnera toute satisfaction. Le but principal de cette « ambassade flottante » est de montrer le pavillon français dans tous les pays où la France peut faire rayonner son influence. Les « midships » n'en négligent pas pour autant les études, s'initiant à la navigation, aux armes et à toutes les activités qu'ils seront appelés à exercer au cours de leur carrière d'officier.

1940-1945 : Activité pendant la seconde guerre mondiale

Caréné à Brest en mai 1940, le bâtiment est envoyé à Halifax (Canada) après l'armistice du 17 juin 1940 avec le croiseur Emile Bertin et le porte-avions Béarn afin de convoyer une partie des réserves d’or de la Banque de France.


1946 : Le capitaine de vaisseau Robert Fatou, commandant le croiseur Jeanne d'Arc.
De retour d’Halifax, l’escadre reçoit l’ordre de gagner les Antilles. C'est ainsi que le croiseur Jeanne d’Arc est désarmé, et reste immobilisé à Fort de France du 25 juin 1940 jusqu’au mois de juin 1943. En effet, le 3 juin 1943, il rejoint les forces Alliées, et reprend la mer le mois suivant. Le croiseur se rend de Fort-de-France puis Porto Rico.

Après une escale à Casablanca, elle vient s'amarrer à Alger le 17 septembre 1943. Quand elle appareille le 19 pour Ajaccio, les marins du navire-atelier USS Vulcan ont remplacé la DCA d'origine par 6 Bofors de 40 mm et 20 Oerlikons de 20 mm qui dotent, enfin, ce croiseur d'une artillerie anti-aérienne moderne.

En août 1944, il reçoit une ceinture d'immunisation et demeure à Malte comme renfort éventuel d'artillerie. En fait le contre-amiral Lemonnier l'a désigné pour assurer le transport vers la Normandie d'une partie du Gouvernement Provisoire qui doit rallier Paris. La Jeanne d’Arc appareille dans ce but le 28 août d'Alger pour Cherbourg.

Revenue en AFN le 24 septembre, elle demeure indisponible jusqu'à son incorporation à la Task Force 86, ultérieurement rebaptisée Flank Force, du 25 octobre 1944 jusqu'au mois de mars 1945, effectuant plusieurs tirs d'artillerie sur divers objectifs en Italie.

1946-1964 : les campagnes de l'Ecole d'Application

A partir de juillet 1946, le croiseur Jeanne d’Arc reprend son rôle d'école application des élèves-officiers de Marine. Jusqu'en 1964, il fera pas moins de dix-neuf campagnes. C'est ainsi qu'il quitte Toulon le 29 septembre 1946, pour une première campagne qui le conduit en Méditerranée, Afrique de l'Ouest, Antilles et Amérique centrale.


Arrivée au Cap (10 décembre 1963).

À partir de la croisière d'instruction 1952-1953, le Département envisage de faire participer davantage d'élèves-officiers des corps de la Marine, si bien que les capacités du croiseur-école s'avèrent insuffisantes. L'adjonction d'une unité spécifique offrant des capacités d'embarquement suffisantes fut la réponse à ce problème. L'aviso-colonial La Grandière, escorteur de 2e classe qui avait porté le pavillon français au début (1950) de la toute première opération de l'O.N.U. en Corée, fut désigné pour accompagner la « Jeanne ». Par DM 253-EMG/ORG 66 - 1952 et 952 EMG/3 du 11 juin 1952, le La Grandière est affecté à la IIème Région Maritime, en tant que conserve du navire École d'Application le croiseur Jeanne d’Arc.

C'est le début d'une série de croisières d'instruction dont la première (septembre 1952 - avril 1953) emmène les deux bâtiments en Méditerranée, Afrique Occidentale et sur la côte Ouest des Amériques. Le croiseur et sa conserve sont de retour à Brest le 2 avril 1953 après avoir parcouru 28 500 nautiques en 120 jours de mer.

A partir de 1956, les deux bâtiments constituèrent un groupe organique, sous les ordres du capitaine de vaisseau commandant la Jeanne d’Arc (1314-EMG3 du 27 juillet 1956). En plus de donner aux élèves, outre une formation maritime générale, le La Grandière fut chargé de les former dans deux disciplines spécifiques : la lutte anti-sous-marine (car il disposait d'un PC ASM assez semblable à celui d'un destroyer d'escorte) et l'aéronautique (mais à un titre vraiment très théorique...).

La croisière d'instruction 1958-59 sera la dernière pour l'aviso-colonial La Grandière, définitivement fatigué. Par la suite, les avisos-escorteurs Commandant Rivière (campagne 1960-61) et Victor Schoelcher (campagnes 1961-62, 1962-63, 1963-64) accompagneront successivement le croiseur.


L'aviso-escorteur
Commandant Rivière.

L'aviso-escorteur Victor Schoelcher.

La dernière campagne (1963-64) conduit le Victor Schoelcher et la Jeanne d’Arc aux USA, aux Antilles, sur la côte Ouest de l'Amérique du Sud puis de l'Afrique via le cap Horn, avant de rentrer à Brest le 8 juin 1964. Cette campagne fut aussi l'occasion de croiser à la mer, un futur porte-hélicoptères et bâtiment-école, alors en essais, et qui reprendra le nom de la Pucelle d'Orléans, après avait été baptisé provisoirement La Résolue. Ce dernier voyage fut une apothéose, mêlée de nostalgie, en raison de la condamnation imminente du croiseur-école dont tant de générations d'officiers gardent un souvenir ému.


Le croiseur Jeanne d'Arc devant Québec, lors de sa dernière campagne
(9 mai 1964 - Photo Marc Piché).
Parmi ses commandants appelés à des fonctions éminentes, citons :

Le 16 juillet 1964, le croiseur Jeanne d’Arc est débaptisé, pour prendre le numéro de condamnation Q 381. Condamné à Brest le 25 mars 1965, il sera démoli à Toulon, ou plus probablement à la La Seyne-sur-Mer.

Net-Marine © 2008. Copie et usage : cf. droits d'utilisation. Sources : La « Jeanne d'Arc » de Michel Bertrand editions Ouest France 1985 ; Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre de Colbert à nos jours.


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