Une histoire de l'aviso-escorteur Commandant Bory (1985-1996)


L'aviso-escorteur Commandant Bory à Nouméa, en soutien du sous-marin nucléaire d'attaque Rubis, 13 mai 1985. (photo © Marine nationale)

(Source : Marines n°45,46 et 47 - article de Bernard Dumortier)

Le 11 octobre 1985 du même mois, le capitaine de frégate Alain Paquier "prend" le Bory qui restera immobilisé sept mois durant. Le 19 mai 1986 une cérémonie présidée par le vice-amiral Bonavita, Comar de Lorient, réunit l'équipage, les familles et les membres de l'association des anciens de l'aviso dragueur Commandant Bory. L'aviso-escorteur doit rejoindre l'océan Indien. Auparavant il rallie Toulon le 1er juin pour y suivre un stage CEF de deux semaines. Il fera escale à Calvi les 14 et 15 juin. Le 25, il appareille pour Djibouti où il est attendu le 9 juillet. Sur le transit, il fera escale à Port-Saïd du 28 juin au 3 juillet.
Le lendemain de son arrivée, les plongeurs du bord constatent l'absence du cône de l'hélice tribord. Deux semaines plus tard, le Bory appareille pour Karachi pour un passage au bassin du 4 au 8 août. Le cône d'hélice est remplacé et la peinture sous-marine, mal appliquée lors de l'IPER, est partiellement refaite.

Missions Ariane
Le Bory est de retour à Djibouti le 20 août et appareille le 6 septembre pour le golfe d'Oman accomplir sa première patrouille dans le cadre de la mission Ariane, en pleine guerre Iran-Irak. Le 14 septembre il pénètre dans le golfe Arabo-Persique pour porter assistance au pétrolier Brissac touché par deux roquettes tirées d'un hélicoptère iranien. Fort heureusement celles-ci n'ont pas explosé. Une équipe de spécialistes venue de France, les neutralisera avant de les immerger. La mission de patrouille durera jusqu'au 26 octobre entrecoupée de deux escales : Karachi et Mascate. Rentré à Djibouti le 2 novembre, le Commandant Bory en repart six jours plus tard pour une mission de présence dans la zone sud de l'océan Indien. Il fait escale à Dar-es-Salam et Zanzibar avant d'accomplir une surveillance maritime des îles françaises du canal de Mozambique (Europa, juan de Nova et Bassas de India). Il fait ensuite escale à Mayotte où il accueille le 15 décembre l'amiral Leenhardt, chef d'état-major de la Marine. Le bâtiment appareille le 17, pour La Réunion et passe le lendemain aux îles Glorieuses (îlots français au nord-ouest de Madagascar). Du 22 décembre au 28 janvier, le Bory restera au Port des Galets pour subir une IE. Il repart le 29 pour Djibouti qu'il rallie le 20 février après avoir fait escale à nouveau, à Mayotte et à Mombasa. À son retour, le bâtiment change de pacha : le CF Amaury Porcher de Ruelle du Chêne prend le commandement et fait appareiller son bateau six jours plus tard pour sa deuxième mission Ariane. Le Bory patrouillera la zone nord de l'océan Indien jusqu'au 12 avril et renouvellera ses escales à Mascate et Karachi. Il repart le 31 mai pour une troisième mission Ariane avec escale à Bombay, Abu Dhabi et Mina Sulman avant de passer au bassin de Karachi du 12 au 20 juillet. II rentre à son port-base six jours plus tard.
Jusqu'à 1a fin du mois de septembre l'aviso-escorteur alternera des périodes d'intense activités (missions SURMAR en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, stage du centre d'entraînement de la Flotte) avec quelques semaines de repos à quai. Le 29 août, il procède à un tir de MM 38 de combat sur une coque-cible de remorqueur. Le 30 septembre il repart pour une nouvelle mission en sous-zone 52. Il relâche à Mayotte puis fait escale à Moheli et Anjouan (République fédérale et islamique des Comores) avant de passer une semaine à La Réunion du 23 au 30 octobre. Il "remonte" à Mayotte (où il reste deux jours), fait escale à Mombasa et rallie Djibouti le 20 novembre. Il y subit une nouvelle IPER jusqu'au 20 janvier 1988.
À sa sortie de carénage, le Bory, effectue une SURMAR dans le golfe d'Aden avec escale à Massawa et regagne "Djibout" le 14 février.

Guerre des villes entre l'Iran et l'Irak
Le capitaine de frégate Alain Dumontet "prend" le Bory, le 17 février et le conduit le 1er mars dans le golfe pour une nouvelle mission Ariane. Lors de cette mission, alors que la guerre Irak-Iran s'étend aux villes des deux belligérants, les contacts des bâtiments français avec les navires de guerre iraniens se révèlent souvent délicats. Seule une escale à Sharjah sera au programme de cette mission qui s'achève le 9 avril. Le Bory repart le 23 pour une quatrième mission Ariane dans le golfe Persique, où la tension a monté d'un cran. Il mène ses opérations de surveillance des navires marchands et conduit également des missions de protection du groupe antimines composé des bâtiments Andromède, Cantho et Loire. C'est dans ce contexte que le Bory assiste à l'attaque du Karama Maersk menée par des Pasdarans iraniens. Les rappels aux postes de combat sont nombreux et l'aviso-escorteur a déclenché à plusieurs reprises, la mesure ZIPPO4 (alerte maximum contre missiles). Le Bory observe une passe d'attaque de plusieurs Mirage F1 irakiens armés de missiles AM39 sur un navire iranien.

Rendez-vous avec l'Émeraude
Après une escale à Abu Dhabi, le bâtiment rentre à Djibouti le 2 juin et repart deux semaines plus tard pour une zone plus pacifique de l'océan Indien. II passe aux îles Glorieuses après une escale à :Mombasa et arrive le 10 juillet à Mayotte (l'Ile aux Parfums), où il attend le sous-marin nucléaire d'attaque Émeraude qui fera escale du 12 au 17 lors de sa TLD avant l'admission au service actif. Le Bory arrive à l'Ile Bourbon le 21 juillet d'où il repartira le 9 août à l'issue d'une IE au Port des Galets. En ralliant Djibouti le 16 août, l'aviso-escorteur intègre le Task Group 624 commandé par le croiseur lance-missiles Colbert.

Bicentenaire de l'Australie
Le 22 septembre, le Task Group 624, auquel s'est joint l'aviso-escorteur Amiral Charner, met le cap vers l'Australie : destination Sydney où sera organisée le ler octobre, une revue navale en commémoration du bicentenaire. Le Colbert, le Bory et le Charner défilent, parmi les cinquante huit autres bâtiments de guerre de seize pays, devant le duc d'York. Le Bory fera escale à Melbourne, Adélaïde et Fremantle. Deux plaques commémoratives sont inaugurées par l'équipage, l'une à Penneshaw, l'autre à Victor Harbor en hommage au navigateur français Nicolas Baudin qui mis pied à terre en 1800 sur cette côte australe de l'Australie. Le bâtiment retrouve l'océan Indien le 3 novembre. L'escale prévue à Colombo est annulée en raison des troubles qui secouent le Sri Lanka. Avant de rallier Djibouti le 20 novembre, une urgence médicale contraint le Bory à toucher la base aéronavale américaine de Diego Garcia pour l'évacuation sanitaire d'un officier-marinier. Aucun bâtiment français n'avait pu faire escale depuis près de dix ans, dans cette île stratégique.

Missions Néréides
Le 19 décembre le Bory repart pour une patrouille dans le cadre de la mission Néréides qui s'effectue dans un contexte moins tendu que les deux précédentes, depuis que le cessez-le-feu a été conclu entre l'Iran et l'Irak. L'aviso-escorteur fera escale à Sharjah du 3 au 6 janvier 1989, puis à Abu Dhabi du 12 au 16. À Mombasa qu'il rallie le 23, il passe au bassin jusqu'au 2 février puis rejoint Djibouti six jours plus tard pour entrer en PEI plus de deux semaines. Cette année 1988, l'équipage aura déployé une exceptionnelle activité en faisant accomplir au Bory pas moins de 57 779 nautiques ! Le 23 février 1989, c'est le capitaine de frégate Pierre-Yves Beau qui prend le commandement du bateau. Le 3 mars le bâtiment part pour une nouvelle mission Néréides au cours de laquelle il prend le commandement du Task Group. Il fait escale successivement à Abu Dhabi et Dubaï et quitte la zone du golfe le 7 mars, relevé par son "sistership", Doudart de Lagrée. À Djibouti, le Bory entre dans une période d'inspections techniques et générales, puis en PEI jusqu'au 24 mai. Le 28, il "largue" ses aussières pour la zone sud, fait une escale d'une semaine à Mombasa avec le Doudart qui rentre d'une mission en sous-zone 52. Pour économiser le potentiel de ses moteurs, le Bory relâchera deux fois à Mayotte (dix jours d'escale à Dzaôudzi). Entre les deux, il subira une révision à la mer avec le pétrolier ravitailleur Marne, bâtiment de commandement d'ALINDIEN. La mission le conduit à Port-Louis (Maurice), à La Réunion et à Tamatave (Madagascar) avant de regagner "Djibout" le 23 juillet. II reste en PEI jusqu'au 18 août avant de reprendre l'entraînement de groupe au sein d'un CEF.

La mascotte quitte le bord
Le 19 août est un jour de tristesse pour l'équipage du Bory qui perd jeannette, sa mascotte depuis toujours... Promue major, récipiendaire de la médaille d'outre-mer avec l'agrafe Ormuz et décorée de la médaille de la Défense nationale, jeannette à "quitté le bord" peu de temps après avoir revu sa terre natale, l'île Maurice. Elle comptabilisait plus de 735 000 nautiques! Cols Bleus, la revue officielle de la Marine, lui a consacré un article qui se termine ainsi "Le 19 août 1989, s'éteint avec elle, une des plus lointaines traditions de la Marine. Elle était l'une des dernières mascottes officielles embarquées de la Marine nationale." Une mission Ariane attend le bâtiment à partir du 4 septembre. Des impondérables font évoluer la mission supprimant du coup, les escales de Calcutta, Cochin et Colombo. Le Bory fait un long passage au bassin de Karachi et reprend la mer le 4 octobre. Le 5, il remplace l'aviso-escorteur Protet comme CTG (Commanding du 623 Task Group), s'entraîne avec les bâtiments français et deux unités de l'US Navy de la classe destroyer lance-missiles Charles F. Adams, avant d'être relevé par l'aviso Ducuing. Le Bory est alors en escale à Sharjah. Du 24 au 28 octobre, le Bory et le Doudart font escale aux Maldives avant de regagner de conserve, leur port-base le 3 novembre. Une IPER de plus de deux mois, soutenue par le Jules Verne, attend l'aviso-escorteur.

Tir d'Exocet
Le 7 février 1990, il repart pour une nouvelle mission Ariane de dix semaines. À l'issue de sa première escale à Salalah, le Commandant Bory reprend les fonctions de CTG 623 détenues par le Ducuing. Il fait en outre escale à Dubaï, durant laquelle le capitaine de frégate Christian Ract-Madoux prend son commandement (27 février 1990), à Al Jubail, Bombay, Sharjah et Abu Dhabi. Un exercice franco-omanais a été mené au large de Wudan le 18 février. Un entraînement à la mer, après l'escale de Bombay est programmé avec le groupe école Jeanne d'Arc en campagne d'application. De retour à Djibouti le 27 avril, le Bory subit sa PEI (soutenu par le BSM Rhin) avant d'appareiller le 17 mai 1990 pour l'hémisphère sud. La mission est agrémentée de nombreuses escales : Seychelles, Madagascar, Maurice, La Réunion, les îles Glorieuses et Mayotte. Entre les Glorieuses et l'Ile aux Parfums, le Bory a procédé à des tirs de 100 mm et le tir d'un Exocet sur le Bénara, un petit navire-cible. Avant de toucher son port-base le 14 juillet 1990 pour entrer en PEI (avec le Jules Verne), l'aviso-escorteur fait une halte de 4 jours à Mombasa.

Mission Artimon et opération Daguet
L'invasion du Koweit le 2 août par l'Irak écourte cette PEI. L'aviso-escorteur appareille dix jours plus tard pour le golfe Persique en compagnie de la frégate ASM Dupleix. Le groupe relève l'AE Protet et l'A69 Ducuing au large de Dubaï. C'est le début de la mission Artimon. Le Bory ne fera qu'une courte escale à Dubaï les 5 et 6 septembre 1990 avant de rejoindre Djibouti. Le 20, il part pour le nord de la mer Rouge participer à l'opération Daguet avec mission d'escorter les navires civils affrétés pour le transport des troupes et des matériels à destination de l'Arabie Saoudite. Après une brève escale à Yanbu, le Bory regagne Djibouti le 3 octobre pour une PEI d'un mois. Nouvel appareillage le 5 novembre pour Djeddah avant de rejoindre la zone sud de la mer Rouge, le détroit de Bab-el-Mandeb et le golfe d'Aden où il participe à l'opération de contrôle de l'embargo contre l'Irak.

Desert Storm
Il n'effectuera qu'une escale à ISalâlah au sultanat d'Oman, du 24 au 26 novembre et deux brèves haltes à Djibouti le mois suivant avant d'entrer en PEI (toujours soutenue par le Jules Verne) le 28 décembre 1990. Les bâtiments français stationnés à Djibouti appareillent dès le déclenchement de l'opération Desert Storm (Tempête du Désert) dans la nuit du 16 janvier 1991, pour parer à la défense du port base. Les bâtiments seront de retour trois jours plus tard et le Bory reprendra la mer le 24 janvier pour le golfe Persique avant de relever sur zone le Doudart de Lagrée. Au cours de la mission Artimon Est, il fera une escale à Djebel Ali et deux escales à Dubaï. Lors de cette halte dans le port des Émirats Arabes Unis, le capitaine de frégate Pierre Maillard prend le commandement de l'aviso-escorteur le 28 février. Le bateau relâche ensuite à Abu Dhabi et à Sharjah, dernière escale durant laquelle le Doudart relève le Bory. Il est de retour à Djibouti le 21 mars pour entrer en PEI et repart avec le Protet en sous-zone 52 avec une escale à Mombasa et aux Seychelles. Le 3 mai le Bory rentre seul à Djibouti après avoir fait un Passex avec le destroyer lance-missiles australien HMAS Perth.

Débarquement de l'ASM
Il repart en zone nord du 7 au 19 mai, relâche trois jours à Djibouti et appareille pour Lorient où il doit entrer en IPER le 17. Sur le transit de retour il s'arrête à Port Safaga puis à Palerme. Au cours de son IPER (qui se terminera le 15 novembre), le Bory va changer de silhouette : on a procédé au débarquement des armes et des installations ASM (lutte anti-sous-marine). C'est ainsi que sont démontés le mortier de 305, les deux affûts lance-torpilles et le sonar de coque. Le PC-ASM qui jouxte le central-opérations est transformé en salle de briefing. Les essais à la mer s'achèvent le 29 novembre et le bateau remet le cap sur Djibouti le 5 décembre où il arrive deux semaines plus tard. Il appareille le 8 janvier 1992 pour une mission Artimon Ouest qui le conduit en mer Rouge dans les parages de Tiran, jusqu'au 23 janvier. Durant trois jours le Bory participe aux recherches d'une embarcation, le Bac du Goubet perdu au large des côtes de Somalie. Le 7 février il repart pour une mission Artimon qui consiste à contrôler les navires de commerce à destination de l'Irak soumis à l'embargo total. Six jours d'escale à Port Safaga et cinq à Djeddah ont ponctué cette mission de plus d'un mois. Depuis le 11 janvier le Bory aura contrôlé quelque 79 navires. Une PEI immobilise à nouveau le bateau jusqu'au 6 avril, date à laquelle le vice-amiral Gazzano (ALINDIEN depuis un an) mène à bord une inspection générale, suivie d'une inspection à la mer (le 13 avril) alors que le Bory est en OTC (Officer in Tactical Command) d'une "task force" de six bâtiments.

La Croix de Guerre des Théâtres d'Opérations Extérieures
Le 24 avril l'aviso-escorteur se voit confié une mission d'escorte des BSM Garonne et Rhin. Plusieurs escales sont prévues pour le Bory qui poursuit seul sa route dans le Sud-Est asiatique : Port-Blair aux îles Andaman, Lunut en Malaisie et Singapour. Début juin, l'aviso-escorteur retrouve la Garonne aux îles Cocos. Ils navigueront de conserve jusqu'à La Réunion. Le 10 mai le Bory apprend que la Croix de Guerre des théâtres d'opérations extérieures lui est attribuée. Fierté légitime pour l'équipage dont le bâtiment arborait sur sa poupe le guidon illustrant la fourragère aux couleurs de la Croix de Guerre reçue par le torpilleur Commandant Bory en 1919 ! L'aviso-dragueur (deuxième du nom) reçut aussi la Croix de Guerre le 18 juin 1940. Le 19 juin, le CF Louis Dubeyssey de Cotenson prend le commandement du fier vaisseau et le fait appareiller pour l'Indonésie (Java). Le transit se fera en compagnie du Rhin.


1993 : Le BSM Garonne est à quai à Djibouti, à couple l'aviso-escorteur Commandant Bory et l'aviso Commandant Ducuing. (photo © Marine nationale)

Mission Artimon
A près l'escale de Cilacap à Java du ler au 6 juillet, le bâtiment regagne Djibouti où il entre en PEI pour un mois. Le 27 août le Bory est en mission Artimon. Il fera escale du 7 au 12 septembre à Djeddah puis du 21 au 28 septembre à Port Safaga sur l'autre rive de la mer Rouge avant de rentrer à Djibouti le 10 octobre. Il effectuera quelques exercices lors de sa PEI qu'il subit du 24 octobre au 5 décembre. Le 10, il appareille pour une mission de surveillance au large des côtes somaliennes. De retour à son port-base six jours plus tard, il reste à quai jusqu'au 7 janvier 1993 date à laquelle il part pour l'océan Indien oriental en mission de présence. Après des escales à Karachi, à Mahé, à Padang et à Colombo, le Bory retrouve Djibouti le 11 mars où l'équipage se met en repos trois semaines. Le 5 avril, le Commandant Bory appareille pour le golfe Arabo-Persique. Il accomplit quelques exercices avec les forces armées omanaises du 11 au 19 avril puis effectue une escale à Wudam jusqu'au 22.
Entre le 25 avril et le 30 mai 1993, l'aviso-escorteur fait successivement escale à Damman, Dubaï et Doha et rentre à son port d'attache. Le 28 juin l'équipage change de commandant en accueillant le CF Franck Somon. Le bâtiment prend la mer le 5 juillet pour assurer une nouvelle mission Artimon. En mer Rouge, aux côtés d'autres bâtiments alliés, le Bory enverra son équipe de visite à la rencontre de trente neuf navires pour contrôler leur cargaison. Il n'effectuera qu'une escale en Egypte à Port Safaga entre le 21 et le 26 juillet avant de rentrer le 2 août à Djibouti.


L'aviso-escorteur Commandant Bory en océan Indien (1994). (photo © Luc Beneteau)

Mission ONUSOM 1
Trois jours plus tard, il appareille pour Abu Dhabi où il doit y subir une PEI jusqu'au le, septembre. Le lendemain, l'aviso-escorteur part en mission avec le bâtiment de commandement et ravitaillement Var dans l'Est de l'océan Indien. Les deux unités d'ALINDIEN font escale à Colombo à Ceylan (du 9 au 13 septembre), à Surabaya dans l'île indonésienne de java (18 au 25 septembre), à Fremantle en Australie occidentale (du 1er au 8 octobre) et mouillent dans l'île d'Amsterdam (district des terres australes et antarctiques françaises) du 14 au 15 octobre. Les deux bâtiments relâcheront à La Réunion du 22 octobre au 2 novembre et à Maputo au Mozambique du 6 au 10 novembre avant de visiter les îlots français d'Europa et de Bassas de India. Puis le groupe fait une escale à Mayotte du 15 au 20 avant d'appareiller pour Mogadiscio en soutien aux forces de l'ONU (opération ONUSOM 1) qui interviennent en Somalie. Le Commandant Bory est relevé le 5 décembre par la frégate La Motte-Picquet et regagne Djibouti où une PEI de 45 jours l'attend. Le 25 janvier 1994, le bâtiment reprend la mer pour Colombo où il doit passer au bassin du 3 au 14 février. Il traverse le golfe du Bengale pour se rendre le 23 au Bengladesh. Il fait escale quatre jours à Chittagong puis retraverse le golfe pour Madras sur la côte orientale de l'Inde où il relâche du 3 au 8 mars. Le bâtiment-atelier polyvalent Jules Verne va assurer l'IPER du Bory à Djibouti du 17 mars au 20 mai avant que ce dernier ne reparte pour une mission d'un mois dans le Golfe Persique. Il fera escale à Koweit City du 27 mai au 1er juin puis à Mascate du 7 au 14 avant de franchir à nouveau le détroit d'Ormuz, poursuivre sa patrouille dans le golfe. L'aviso-escorteur retrouve le Jules Verne à Abu Dhabi du 20 au 25 juin avant de participer durant trois jours à l'exercice Big Fox, avec des bâtiments de la marine de l'émirat. Le Bory reprend la route de l'Orient et touche Karachi le 2 juillet puis fait escale à Sharjah, Dubaï et Mascate. Le 10 août, lors de cette escale omanaise, le CF Jacques Marion est reconnu nouveau commandant. Le 15, l'aviso-escorteur met le cap sur Djibouti après avoir fat escale à Cochin (du 22 au 26 août) et à Port Victoria aux Seychelles (du ler au 5 septembre). Le Bory est en PEI du 10 septembre au 10 octobre. Des mouvements de troupes irakiennes en direction du Koweit déclenchent une nouvelle tension dans la région. Le 17 octobre, le bâtiment se trouve au large de Koweit City avec à son bord, une escouade du commando Trepel. La patrouille au large de l'émirat koweiti durera dix jours et l'alerte prendra fin le 27 octobre. Deux jours plus tard l'aviso-escorteur français fait escale à Mascate jusqu'au 2 novembre puis va mouiller 24 heures au large de Soûr, pour participer aux cérémonies du centenaire des relations franco-omanaises.


L'aviso-escorteur Commandant Bory en océan Indien (1996). (photo © Marine nationale)

ONUSOM 2
Entre le 7 et le 15 novembre, le Bory est remis en condition opérationnelle par la division "entraînement" d'ALFAN. Douze jours plus tard, il appareille pour Wudam où il effectuera une escale du ler au 3 décembre avant de participer à l'exercice Kunjar Hadd 94 avec des unités des marines omanaise, anglaise et américaine. Le bâtiment regagne Djibouti le 21, après une patrouille de deux semaines dans le golfe. II entre en PEI jusqu'au 14 janvier 1995 date à laquelle il accueille une inspection générale de 24 heures. Le lendemain il prend la mer pour Mogadiscio où les troupes onusiennes préparent leur retrait de Somalie. L'aviso-escorteur français restera sur zone jusqu'au 3 mars dans le cadre de cette mission ONUSOM 2 menée conjointement avec des bâtiments de six autres marines. Deux escales - l'une à Mombasa, l'autre à Port Victoria - ponctueront cette longue mission.
De retour à Djibouti le 6 mars, le Bory en repart le 18 pour escorter l'EDIC 9052 jusqu'à Djeddah. L'aviso-escorteur y retrouve le Batral Champlain qu'il escortera vers le Qatar. Entre le ler et le 8 avril, le Bory participe à l'exercice Pearl Gatewering au large du Qatar. Quelques jours plus tard il est à nouveau engagé dans deux exercices navals : Pearl of the Gulf avec des bâtiments de la marine koweïtienne (du 10 au 13) et Kunjar Hadd 95 avec des unités omanaises (du 15 au 19). Il fait escale à Al Jubail (du 22 au 27) puis à Karachi (du 30 avril au 4 mai) avant de rejoindre Djibouti six jours plus tard, pour une PEI. Le 8 juin, l'aviso-escorteur reprend la route du golfe. Lors de sa mission de présence, il fait escale à Sharjah (du 15 au 25 juin), à Koweit (du 1er au 6 juillet) puis à Mascate (du 12 au 17 juillet) avant d'effectuer un transit vers Karachi où il retrouve le bâtiment amiral, la Somme. Après un PASSEX avec la marine pakistanaise, l'aviso-escorteur et le BCR transitent ensemble vers le golfe Arabo-Persique où l'aviso Commandant Birot les rejoint le 26 juillet pour un entraînement de groupe.


L'aviso-escorteur Commandant Bory , réduit à l'état de coque, et utilisé comme brise-lames à Brest (janvier 2002). (photo © Yannick Le Bris)

Le dernier pacha
Le Bory fera une escale à Dubaï du 29 juillet au 6 août, puis appareillera pour Goa qu'il atteint après quatre jours de transit. C'est dans ce port de la côte de Malabar que l'équipage reconnaît le CF Philippe Logier comme son nouveau commandant. Il est le trentième et dernier pacha du Commandant Bory. Le 14 août, l'aviso-escorteur reprend la mer et retrouve quatre jours plus tard, le groupe Somme, Birot et Jules Verne pour une semaine d'intenses exercices de tirs, manoeuvres, visites (VISITEX), etc... Du 23 août au 23 septembre, il se met à couple du Jules Verne pour sa PEI, puis reprend ses exercices de tirs contre terre sur le nouveau champ de tir de Godoria avec l'armée de terre et l'armée de l'air françaises ainsi qu'avec la frégate belge Wisingen. Entre le 25 et le 30 septembre, le Bory et le Jules Verne sont en escale à Massawa. Le ler octobre ils effectuent un entraînement de groupe avant que le Bory ne prenne seul, la route du sud-est asiatique. En un mois, il fera escale à Singapour, Lumut, Phuket et Port-Blair et rejoindra le golfe le 11 novembre pour une mission de présence. Il est en escale à Damman du 13 au 18 et à Dubaï du 25 au 29. Des entraînements avec l'aviso Quartier-maître Anquetil et un PASSEX avec des unités de la marine qatarienne précèdent une escale à Doha du 9 au 13 décembre. Une PEI l'immobilise jusqu'à fin janvier 1996. Les 27 et 28, il participe à un entraînement avec la Somme et le Jules Verne puis le 5 février effectue une campagne de tirs sur le champ de Godoria avec le concours du 5ème RIAOM.


L'aviso-escorteur Commandant Bory , réduit à l'état de coque, et utilisé comme brise-lames à Brest (janvier 2002). (photo © Yannick Le Bris)

La dernière mission
Deux jours plus tard le Commandant Bory coupe la Ligne pour une ultime mission de présence dans l'hémisphère austral et relâche aux Seychelles où il fait un PASSEX avec les garde-côtes. Sur le transit de Madagascar, l'aviso-escorteur croise la frégate de surveillance Floréal avec laquelle il passe une journée d'entraînement. Le lendemain, 17 février, il touche Antsiranana à Madagascar, où il restera une semaine. Avant de regagner la sous-zone 51, le Bory s'arrête à Mombasa du 26 février au 4 mars. Au lendemain de l'appareillage le bâtiment se dirige vers le golfe Arabo-Persique pour une mission de présence de trois mois. Le 13 mai, la mission de patrouille est interrompue et après une courte escale technique à Dubaï, le Commandant Bory rallie Djibouti le 20 où il est placé en alerte à 12 heures. Le différent territorial déclaré entre l'Erythrée et le Yémen au sujet de la souveraineté des îles Hanish en mer Rouge est arbitré par la France. La mission Condor est confiée au Bory le 9 juin. Dans la nuit du 18 juin, lors d'un exercice avec les hommes du commando de Montfort, un des zodiacs heurte l'étrave de l'aviso-escorteur. Un commando de marine est malheureusement porté disparu. L'équipage, solidaire des commandos est attristé par cet accident. Le bâtiment regagne Djibouti dix jours plus tard pour sa dernière PEI. C'est le samedi 13 juillet que l'aviso-escorteur F726 fait ses adieux à l'océan Indien. I1 croise à la mer le bâtiment-amiral et lui rend les honneurs au canon de salut. Il franchit le canal de Suez le 17, fait une escale de deux jours au Caire et arrive à Toulon le lundi 22. Il appareille le vendredi 26 au soir pour Brest où il frappe ses amarres le jeudi 1er août à 9 heures. Le Bory connaîtra son dernier appareillage à l'occasion de la traditionnelle sortie des anciens commandants, le samedi 3 août.

L'aviso-escorteur F 726 est officiellement retiré du service actif le 1er septembre 1996. I1 a amené son pavillon lors de (ultime cérémonie aux couleurs, le 11 octobre dernier. En 32 années de service, le Commandant Bory aura parcouru 975 948 milles nautiques ! Trente commandants et plus de cinq mille marins ont servi à bord! À quelques mois près; le dernier aviso-escorteur français aurait franchi le millionième nautique !


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