Les unités basées à Saint-Mandrier (1933-1940)



Le transport d'aviation Commandant Teste mouille à Djibouti en avril 1933. Il ralliera Toulon peu après, et ses escadrilles seront basées à Saint-Mandrier.

Il n'y avait alors que des escadrilles, pas de flottilles (cette dénomination n'existera qu'à la fin de la guerre). Elles portaient une lettre qui indiquait leur vocation principale : S=Surveillance, B=Bombardement, T=Torpillage, C=Chasse. Elles avaient des Hydravions (H) ou des avions (A). On fera plus tard un classement plus subtil, les numéros pairs pour l'Atlantique, les numéros impairs pour la Méditerranée. Les unités basés sur la BAN Saint-Mandrier de 1933 jusqu'à son désarmement en 1940 ont été de plusieurs types :


Escadrilles basés à terre

3S1/7S
Stationnée sur la BAN de Hyères-le Palyvestre, la 3S1 est à la déclaration de guerre, l'unité de surveillance d'active de la 3ème Région Maritime. Elle est équipée de Gourdou-Leseurre 812 et est commandée par le LV Tellier. Le 5 septembre, l'escadrille gagne Saint-Mandrier, qui est sa base de mobilisation, et entreprend des missions de surveillance des approches maritimes de Toulon. Au mois d'octobre, le LV Tellier est remplacé par le LV Normand. Au mois de février commencent à arriver les premiers Lioré et Olivier H43 qui doivent remplacer les Gourdou. Le rééquipement est terminé en mars, mais du fait de nombreux problèmes avec les LeO, les Gourdou sont conservés jusqu'à la fin avril. Le 1er août 1940, la 3S1 est renumérotée 7S, et est dissoute le 15 du même mois. Les appareils sont convoyés à Berre pour y être stockés.

3S5/11S
L'escadrille 3S5 est issue de la Section de servitudes de la BAN de Hyères-le Palyvestre. Elle est créée le 30 août 1939 et est placée sous le commandement du LV Hepp. Son armement est composé de Potez 25A2 et TOE (terrestres) précédemment utilisés comme remorqueurs de manches. A la fin du mois de février 1940, la 3S5 rend ses Potez à la Section de servitudes de Hyères et rejoint Saint-Mandrier qui va devenir sa nouvelle base. Dans les premiers jours de mars que commencent à arriver les Lioré et Olivier H43 qui vont dorénavant l'équiper. Le 1er août 1940, la 3S5 est renumérotée 11S et elle est dissoute le 15 du même mois. Les appareils sont convoyés à Berre pour y être stockés.


Escadrilles du transport d'aviation Commandant Teste

Les escadrilles (7B2/HB1, 7S2/HS1, HC1 et HB2) qui appartenaient à l'armement du bord n'étaient basées à Saint-Mandrier que lors des escales ou immobilisations pour travaux du bâtiment. L'ensemble était connu sous le nom de Groupe d'escadrilles du Commandant Teste. Le 1er octobre 1938, il prit l'appellation de F1H (1ère flottille d'hydravions embarqués).


Un Gourdou Lesseurre de l'escadrille 7S2.

7S2/HS1
L'escadrille de surveillance de la Flottille du Commandant Teste, la 7S2, prend officiellement armement en octobre 1931. Placée sous les ordres du LV Naugès, elle est stationnée temporairement sur la petite hydrobase de Marignane, en face de la BAN. de Berre. Bien qu'il soit prévu qu'à court terme l'escadrille sera équipée de Gourdou-Leseurre 811 à ailes repliables, les premières machines perçues sont des 810 à ailes fixes. Au mois de juillet 1933, la 7S2 quitte définitivement Marignane et emménage sur la BAN de Saint Mandrier. Au mois d'octobre 1933, deux changements interviennent, l'arrivée des premiers Gourdou-Leseurre 811, version à ailes repliables du 810 tout d'abord, et le remplacement du LV Naugès par le LV Feissolle. En 1935, la 7S2 participe à des essais de prise de tapis remorqué par le Commandant Teste. Ce tapis dévidé sur l'arrière du bâtiment, servait de piste enroulable.


Les hommes de l'escadrille HS1 réunis autour d'un Breguet-Bizerte à l'occasion de la remise de la croix de guerre (1940).

Le 23 octobre 1935, le LV Grange remplace le LV Feissolle à la tête de la 7S2, le mois suivant, le Commandant Teste entre en refonte aux chantiers de la Ciotat. On profite aussi de ce répit pour remplacer les Gourdou 811 en service par des types 813 issus du même constructeur. Le 2 novembre 1937, le LV Hamelet prend le commandement de l'escadrille et au début du mois d'avril 1938, la 7S2 commence à remplacer ses Gourdou par des Loire 130. Le 1er octobre 1938 et à l'instar de la quasi-totalité des unités de l'Aéronautique navale, l'escadrille change d'appellation et devient la HS1 (1re escadrille embarquée d'Hydravions de surveillance). La Flottille du Commandant Teste devenant elle, la F1H. Le 13 novembre 1939, le LV Hamelet est remplacé à la tête de l'escadrille par le LV Le Roux. A partir du mois de décembre, le Commandant Teste étant requis pour des transports d'avions, décision est prise de baser à terre la HS1. Le 13, les Loire rejoignent Arzew qui sera dorénavant leur base opérationnelle. Conséquence logique de son affectation à terre du mois précédent, le 1er février, de même que les autres escadrilles de la F1H, la HS1 est rattachée administrativement à la BPAN de Karouba et cesse le même jour d'appartenir à l'armement du Commandant Teste. En 1940, la HS1 attaque en représailles de Mers-el-Kébir un escorteur anglais (touché) et l'Ark Royal (indemne) avec le renfort d'un Breguet-Bizerte et d'un LeO 257 bis. Pour cette action, la HS1 reçoit la croix de guerre. Le 1er août 1940, la HS1 est rebaptisé 1HS, puis dissoute un mois plus tard.


Inspection de l'escadrille HB1 devant les Latécoère 298 (1939).

7B2/HB1
La seconde composante du groupe aérien du Commandant Teste, l'escadrille 7B2 prend officiellement armement à Marignane en janvier 1932. Armée de Levasseur PL.14, elle est placée sous les ordres du LV Lamy. Le 28 août et après seulement quelques mois de commandement, il est remplacé à la tête de l'escadrille par le LV Martin de Montaudry. Les PL.14 ne donnent pas satisfaction et sont très rapidement retirés du service. Au mois d'août 1933, l'escadrille sans appareils !... emménage enfin à Saint-Mandrier. Au mois de septembre, et en attendant là mise en service des Levasseur PL.15 qui doivent succéder au type 14, la 7B2 perçoit deux hydravions monomoteurs CAMS 37A et un hydravion bimoteur CAMS 55. Au mois de juillet 1934 les nouveaux appareils sont annoncés et partir du 10 les pilotes se rendent à Marignane pour y percevoir les PL 15. Le 6 septembre 1934, le LV de Montaudry est remplacé par le LV Kilian auquel succède le 14 septembre 1936, le LV Brachet. En septembre 1938, le CC Brachet est nommé au commandement de l'escadrille E8 à Tahiti et de la Marine en Océanie. Il est remplacé à la tête de la 7B2 par le LV Suquet. Le 1er octobre 1938, la 7B2 change d'appellation et devient la HB1 (1re escadrille embarquée d'Hydravions de bombardement). Au mois de mars 1939 les premiers Latécoère 298 sont perçus, et, le 1er avril, le commandement de l'escadrille revient au LV Georges Baron. Le 23 août, la HB1 embarque sur le Commandant Teste qui appareille le lendemain pour Oran. Au début de 1940, décision est prise d'affecter la HB1 à Karouba. Les Laté quittent Arzew le 31 janvier et le lendemain 1er février, l'escadrille de même que les autres unités composant la F1H (Flottille du Commandant Teste), est administrativement débarquée et affectée à la grande base tunisienne.

HC1
L'escadrille HC1 est armée le 1er juillet 1939 à Saint-Mandrier aux ordres du LV Ziegler. Cette nouvelle unité qui a la particularité d'être la seule escadrille d'hydravions de chasse de l'Aéronautique navale, a été formée à des fins d'entraînement uniquement. Il est en effet prévu qu'à l'issue d'une période dont la durée reste à définir, elle sera dissoute et que ses pilotes et appareils seront répartis et affectés à bord des croiseurs de la 1re Escadre (Escadre de la Méditerranée). A sa création, la HC1 est rattachée à la Flottille F1H et conservera cette dépendance organique pendant toute la durée de son existence éphémère.


Le Loire 210 qui équipe la HC1 est le vainqueur d'un programme/concours émis en 1933 par l'Etat-Major Général.

Le Loire 210 qui équipe la HC1 est le vainqueur d'un programme/concours émis en 1933 par l'Etat-Major Général. L'idée forte qui avait à l'époque prévalut, était de doter les bâtiments équipés de catapultes, d'une protection rapprochée et autonome contre toutes attaques aériennes. Il s'agissait dans une certaine mesure, de pallier le manque de porte-avions rapides de la Marine Nationale. Le développement et la mise au point des prototypes vont être longs et laborieux et la construction en série sera plusieurs fois retardée par la nécessité de procéder à des modifications sur la chaîne d'assemblage. Tout ceci fait que finalement lorsque les premières machines sont livrées en escadrille, le type est complètement dépassé, tant sur le plan de la conception que sur celui des performances. Peu de gens d'autre part, croient encore à la validité du concept d'une protection aérienne autonome des bâtiments disposant de catapultes. Aux médiocres résultats du Loire 210 en escadrille vient bientôt se greffer un autre problème. Le 17 octobre 1939, un appareil piloté par le commandant de la HC1 casse en vol au cours d'une séance de voltige, un peu brutale il est vrai. Sauvé par son parachute, le LV Ziegler est sauf, mais à la suite de cet accident et de l'enquête qu'il provoque, on découvre sur certaines autres machines de l'escadrille, des criques sur le longeron principal de la voilure. L'EMGM prend alors la décision qui s'impose et retire les Loire du service et prononce en même temps la dissolution de l'escadrille HC1, le tout à compter du 22 novembre 1939. L'affectation de l'escadrille HC1 à la Flottille F1H aura été de courte durée et il est même probable, qu'aucun de ses appareils n'ait un jour été catapulté ni même embarqué sur le Commandant Teste, ne serait-ce que pour une quelconque expérimentation.

HB2
L'escadrille HB2 prend armement à Berre au début du mois de septembre 1939. Elle est placée sous les ordres du LV Veyre de Soras. Deuxième escadrille de bombardement-torpillage de la F1H, elle est équipée comme son aînée la HB1 de Latécoère 298 non catapultables. Le 10 novembre, l'escadrille rallie Saint-Mandrier, puis, au début de 1940, elle est mise à la disposition de l'Amiral commandant la 4e Région Maritime. Le 26 janvier, sept Laté rejoignent Karouba en vol, les trois autres y sont transportés quelques jours plus tard par le Commandant Teste. Le 1er février, la HB2 est rattachée administrativement à la BPAN Karouba et termine ainsi sa courte appartenance à la Flottille du Commandant Teste.



Un Loire 130 embarqué sur le croiseur Foch.

Groupements d'hydravions embarqués

Ces unités, 7S3 tout d'abord, puis HS3 et HS5, n'étaient que groupements administratifs sans commandants ni chefs. Les hydravions embarqués sur les croiseurs appartenaient à l'armement du bord et n'utilisaient la BAN Saint-Mandrier que lorsque les bâtiments étaient à Toulon. L'officier pilote (un LV en général) responsable de l'aviation du bord avait la fonction de "chef du service aviation" et avait sous ses ordres un EV1 observateur et une quinzaine d'officiers mariniers, QM et matelots volants ou non de diverses spécialités aéronautiques inscrits sur le rôle du bateau. L'ensemble était aux seuls ordres du "pacha" du bâtiment. Ces officiers ne recevaient pas de lettres de commandement. Jusqu'en septembre 1938, il n'en a existé qu'un seul de ces groupements administratifs Méditerranée, le 7S3. Tous les hydravions embarqués sur les bâtiments (croiseurs) de l'escadre de la Méditerranée appartenaient à ce groupement. Le 1er octobre 1938, un nouveau découpage tenant compte du tonnage des bâtiments est mis en place. Les hydravions des croiseurs de 10.000 tonnes sont affectés au HS5 et ceux des croiseurs de 7500 tonnes, au HS3. Lorsque les bateaux étaient à Toulon, les hydravions étaient débarqués et basés à Saint-Mandrier.



Un CAMS 37 de la section d'entraînement du Commandant Teste.

Section d'entraînement du Commandant Teste, Section d'entraînement de l'hydraviation embarquée (SEHE), puis Section de servitudes de Saint-Mandrier

Bien que leur rattachement organique n'ait pas toujours été la BAN, elles ont toujours été basées à Saint-Mandrier. Elles avaient à leur tête un officier nommé par le préfet maritime et donc sans lettre de commandement. Cette section voit le jour en octobre 1932, son premier chef est le LV Jean Reynaud. Rattachée au Groupe d'escadrilles du bâtiment, son rôle est multiple : entraînement des pilotes et autres volants avant leur affectation en escadrilles, vols de servitudes et de liaison au profit de la BAN de Saint-Mandrier, entraînement régulier du personnel volant affecté à l'état-major de la BAN, etc. Elle est dotée d'un parc hétéroclite comportant en général deux machines de chacun des types utilisés en escadrilles, plus d'autres hydravions d'entraînement et de servitudes.


Le plus petit porte-avions du monde : le Toulonnais, avec sur sa catapulte, le Gourdou 812 n°5, surnommé le Zébre.

En plus de ses avions, la SE dispose du plus petit porte-avions du monde, le Toulonnais. En effet, pour ne pas utiliser à un service intensif, tel que celui d'une Section d'Entraînement, le matériel d'un bâtiment armé, l'Etat-Major Général décide (DM 985 EMG du 19 mai 1932), qu'une catapulte à poudre flottante sera mise à la disposition de la SE. La coque n'a pas la fière apparence des bateaux de guerre. C'est une charbonnière de 29 mètres de long et 7,72 mètres de large, construite à La Ciotat. Cette catapulte sert aussi à toutes sortes d'essais. Un hydravion est spécialisé pour cela, on lui donne le nom de Zébre, car son fuselage est barré de bandes blanches.

Le 1er mars 1935, la Section d'entraînement du Commandant Teste devient la Section d'entraînement de l'hydraviation embarquée et cesse de ce fait d'appartenir à l'armement du bâtiment pour être rattachée à la BAN. Les taches dévolues à cette nouvelle unité demeurent les mêmes que précédemment, mais on y a rajouté l'entraînement du personnel volant destiné à servir dans les services Aviation des cuirassés et croiseurs. Sur un plan organique, elle dépend dorénavant directement du commandement de la BAN de Saint Mandrier. Le 1er octobre 1938, la Section est dissoute et ses appareils sont versés à la Section de servitudes de Saint-Mandrier, elle-même désarmée en août 1940.

(Texte de Lucien Morareau lucien.morareau@wanadoo.fr, © Ardhan 2002, photo BAN St Mandrier)


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