Les insignes de béret des fusiliers marins (1946-2005)
1. Le 1er bataillon de fusiliers marins commando (1er B.F.M.C.), seule unité française ayant participé au débarquement du 6 juin 1944 est dissous le 1er avril 1946. Avant sa démobilisation son commandant,le capitaine de corvette KIEFFER, avait toutefois réussi à intéresser le secrétaire d'état à la marine et le chef d'état-major de la marine à la création d'une école de fusiliers marins commandos. Le 6 avril 1946 un arrêté réorganise la spécialité de fusilier qui comprendra désormais des gradés et marins fusiliers ayant suivi un stage de formation commando. Le rapport qui accompagne cet arrêté précise que ces commandos doivent constituer une force de débarquement embarquée. Effectivement dans les mois qui suivent trois commandos sont constitués et embarqués en supplément de l'effectif sur le bâtiment de ligne Richelieu et les croiseurs Duguay-Trouin et Montcalm. Très rapidement il apparaît que cette solution n'est pas viable et dès le mois de mai 1947 les commandos retrouvent leur autonomie. 2.
Le 19 décembre 1946 une lettre de l'Intendance maritime (n° 2404 INT/3) fixe
la composition du sac spécial à délivrer au personnel des commandos. Dans
ce sac la coiffure retenue est le béret en drap vert, que les hommes du 1er
BFMC avaient reçu l'autorisation de porter en 1942, à l'imitation de leurs
camarades britanniques.
Une
nouvelle demande présentée en 1949 n'est guère mieux accueillie Faute d'accord officiel c'est à l'initiative personnelle d'un commandant de commando qu'est adopté un insigne de béret. Cet insigne reprend l'insigne de béret du 1er B.F.M.C. L'inscription "1er BLLON F.M. COMMANDO" qui y figurait est remplacée par "COMMANDOS MARINE" (figure 2). La
description héraldique de l'insigne est la suivante : La fabrication de l'insigne est d'abord confiée à la société ARTHUS BERTRAND. Au verso de l'insigne figurent le nom de fabricant et la mention "M. CHAUVET 1943" rappel de la date de conception et du nom du dessinateur de l'insigne qui a inspiré ce nouveau modèle. Évadé de France par l'Espagne, Maurice Chauvet a passé deux ans dans les prisons et les camps d'internement espagnols avant de rejoindre la Troop 8 du capitaine Trepel, un an avant le débarquement. Au début de l'année 1944, ce jeune volontaire a participé à un raid sur la côte belge. Les premiers tirages sont numérotés en plusieurs séries le nombre total d'insignes numérotés dépassant les trois mille. Les maisons DRAGO et BALME confectionneront également des insignes mais ceux-ci ne comporteront plus ni mention, ni numéro.
3.
Trente ans se sont écoulés lorsqu'une circulaire du 26 octobre 1981 (n° 130
DEF/DPMM/EG) entreprend de décrire les insignes de béret du personnel affecté
au groupement des fusiliers marins commandos. Le
personnel titulaire du certificat de commando peut porter l'insigne déjà en
usage (figure 2) dont la description devient : Le
personnel non titulaire du certificat de commando porte un insigne dont la
description est la suivante :
Sans autres indications le fabricant retenu, (DRAGO), confectionne une broche conforme au descriptif mais de petites dimensions (figure 3). Le personnel non titulaire du certificat de commando va très rapidement manifester sa désapprobation à l'égard de ce nouvel insigne qui accentue encore la discrimination dont il estime être l'objet. Ce premier modèle n'est donc fabriqué qu'en toute petite série et il est immédiatement remplacé par un modèle de dimensions analogues à celui des personnels certifiés commandos (figure 4). 3.
En 1988, la Marine Nationale opte définitivement pour le port permanent d'une
coiffe blanche sur toutes les coiffures (casquettes et bonnets de marin).
La tenue de combat des fusiliers marins prévoyant le port d'une coiffure avec
coiffe bleue exclusivement, la circulaire de 1981 est remplacée par un texte
qui prescrit le port :
Sur
le béret vert les insignes restent ceux définis antérieurement (cf. figures
2 et 4). L'insigne de béret du personnel des compagnies de fusiliers marins
et de l'école des fusiliers marins est) : La fabrication de cet insigne est confiée à la maison BALME qui en confectionne 7000, dont cinq en argent massif, jusqu'en juillet 1989. Le dos de l'insigne comporte le nom du fabricant et un cartouche pour recevoir un numéro. Seul un nombre réduit de ces insignes a été numéroté (environ 150). 4. L'insigne qui a été adopté est en fait la reprise de l'insigne du 1er régiment de fusiliers marins de la 2ème guerre mondiale dans lequel le sabre d'abordage et le pistolet de mousquetaire remplacent la croix de Lorraine. Dans la marine où les filiations et les héritages de traditions sont quasi-inexistants, ce choix offrait l'avantage de lier les fusiliers marins d'aujourd'hui à leurs glorieux anciens. Malheureusement il semble que cette façon de voir les choses n'ait pas été partagée par tous. La circulaire de 1988 fait l'objet d'une première modification le 21 septembre 1990.
L'insigne
y est décrit comme un Le choix du motif de l'écu est lié à la symbolique des origines de la spécialité de fusilier "mousquetaires des vaisseaux du Roy". Le motif circulaire à la chaîne et au cordage est le motif extérieur de la médaille de commandement des fusiliers marins, chaîne symbole de protection et cordage symbole d'action. Dans sa représentation du bulletin officiel l'insigne est particulièrement inesthétique. Il ne sera jamais réalisé sous cette forme. Le fabricant retenu - DRAGO - sans remettre en cause la symbolique, préférera en effet repenser la disposition générale des éléments entrant dans la composition de l'insigne : ancre de trois-quarts, jas replié, écu décalé vers la droite, cordage finissant sur la patte de l'ancre.
Le modèle ainsi fabriqué est adopté par la direction du personnel militaire
dès le 27 décembre 1990 dans un deuxième modificatif à la circulaire de 1988
: Cette fabrication est la seule réglementaire dont le port soit autorisé (figure 7). Il faut cependant noter que l'école des fusiliers marins a fait confectionner un modèle, plus petit et ajouré, par la maison BALME (figure 8).
5. La circulaire du 30 septembre 1993 met un terme aux errements antérieurs en fixant les conditions de port de béret en tenue de combat. Désormais
le béret vert est uniquement porté par le personnel certifié commandos et
affecté : Sur ce béret l'insigne est alors celui des commandos marine. Le béret bleu foncé est porté par le personnel affecté dans les unités de fusiliers marins ou à l'école des fusiliers marins. L'insigne de béret est celui des fusiliers marins. Les dessins de ces insignes, qui sont toujours portés de nos jours figurent sur l'annexe à la circulaire du 30 septembre 1993 jointe ci-après. CRC1
(R) S. LE COUSTOUR ANNEXE à la circulaire n° 187 DEF/DPMM/EG du 30 septembre 1993 relative aux port et insignes de béret des fusiliers marins. |