Né le 23 janvier 1962 à Paris.
Peintre agréé de la Marine en 1997 Peintre titulaire de la Marine en 2008 Elève de Philippe Lejeune, il a travaillé depuis son plus jeune âge avec sa mère, le peintre Nicole Lacombe. Respectueux de la tradition picturale dans ce qu'elle a de grand, il travaille d'une manière inventive et originale. Toujours sur le motif, il travaille vite. Pas de dessin préliminaire mais de larges bandes de couleurs. Son oeil traduit en des formes amples ce qu'il perçoit. Les objets prennent un singulier relief ... Son oeuvre est silencieuse, comme si le temps était suspendu. La peinture actuelle cherche sa voie : il y a ceux qui en annoncent la fin, ceux qui prônent le retour à l'ordre, ceux qui lui cherchent une nouvelle définition. Séducteur, le critère esthétique ne suffit plus à cette époque avide de concepts, plus ou moins fondés.
Christoff Debusschere n'appartient à aucun de ces courants. Non assujetti, il s'arc-boute au mur droit d'une conception exigeante de son rôle et sa peinture possède décidément une présence exceptionnelle. Elle s'épanouit, très personnelle, depuis quinze ans au large des modes et des courants. Thématiquement, la peinture de Christoff Debusschere s'oriente vers des sujets qui n'ont rien de commun avec ce qu'a légué la tradition. Les hangars délaissés, les garages huileux, les mécaniques oubliées qu'elle illustre témoignent d'une fascination pour les rebuts du monde moderne que partagent certains mouvements d'avant garde. Christoff Debusschere en pressent le pouvoir suggestif; il révèle le rôle d'intercesseurs qu'ils jouent dans notre imaginaire. Voyant, il s'acharne ainsi à élucider le mystère de l'existence. Il décèle dans les lieux qu'ils ont fréquenté la présence d'êtres disparus. N'est-il pas vrai que chacun laisse une trace qui, comme tout ce qui est humain, redevient poussière ? L'intervention de l'homme, toute modeste qu'elle soit, modifie l'apparence du désordre de l'univers. Le peintre la capte avant qu'elle ne disparaisse. Une chaise bancale qu'on restaure prend une signification qui dépasse son statut de siège lorsqu'elle trône sur l'établi de l'ébéniste. Le portrait qu'en fait un artiste lui ôte sa banalité pour que d'objet, elle devienne le miroir d'un destin fatal. Elle illustre alors les vanités et les illusions. Qu'est donc devenue la gloire de cet avion qui s'élançait vers le ciel sous les regards admiratifs ? Par ingratitude ou injustice, le voici désormais remisé pour toujours, demain peut-être désossé. Un peu de nous-mêmes le compose. Figé, le monde de Christoff Debusschere est plongé dans le silence. Hanté de fantômes, il tire sa suggestivité de l'inconciliable réunion du quotidien et de la tragédie. Les cimetières d'aujourd'hui ont trouvé leur interprète et la mélodie qui s'élève n'a pas de notes : c'est pourquoi au cours des expositions certains chuchotent de crainte de troubler ces instants émouvants, parenthèses étranges, sans bruit.
Son oeuvre, déjà puissante, est encore jeune. Son souci d'épargner à son art une orientation décorative est un atout complémentaire à son excellent métier. Le respect de l'être humain qu'il traduit, ne serait-ce que par son désir de communiquer ce que l'on pourrait appeler l'émotion, l'affranchit des caractères morbides de l'art d'aujourd'hui. Ses autoportraits témoignent de l'inquiétude vitale d'un homme investi par son talent, soucieux de poursuivre son propre chemin. Qui sait ? Il pourrait ouvrir les portes d'un avenir où l'art rimerait sans tricherie avec la vie. (Emmanuelle Tenailleau - La Galonnière, le 29 août)
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