Exercice Sarment 2009


Le TCD Siroco (mai 2009)
Du 9 au 16 mai 2009 se déroulait au large des côtes provençales un des plus importants exercices anti-sous-marins de ces dernières années : Sarment 09. Un scénario de « temps de crise » voyait aux prises six frégates, un aviso et deux sous-marins nucléaire d'attaque autour du TCD Siroco, jouant à la fois le rôle de navire de commandement (flag ship), de navire de débarquement, et de navire précieux (high value unit).

Les bâtiments étaient soutenus par le pétrolier-ravitailleur Meuse et le BCR Somme, au sein d'une imposante Task Force (TF 473).

Il a fallu un mois et demi pour préparer cet exercice des plus réalistes, qui voyait se dérouler, sous le commandement du contre-amiral Kérignard, un scénario appelé à devenir classique : celui du débarquement d'une force sous mandat de l'ONU chargée d'assurer la sécurité de ressortissants à la frontière de deux pays non encore belligérants, mais en voie de déstabilisation. S'il y a bien une force bleue au départ de l'action, « ceux d'en face » n'ont pas encore viré au rouge ... et la moindre action mal interprétée, dans un environnement multi-menaces, pourrait précipiter les évènements.

Le volet maritime de l'affaire engage, autour du navire précieux déjà cité, une partie substantielle de la force d’action navale : les frégates anti-sous-marines Dupleix, Montcalm et Primauguet, la première étant « commandant de lutte » pour le domaine ASM. Ce dispositif bénéficie de la protection de la frégate anti-aérienne Cassard. Les frégates La Fayette et Surcouf, ainsi que l'aviso Commandant Birot participaient également à l'exercice.


La frégate Primauguet (mai 2009).

Le pétrolier-ravitailleur Meuse (mai 2009).


Le Lynx 806, de la 34F, apponte à bord du TCD Siroco.
La mission de la force bleue consiste donc à débarquer un contingent, du côté des Saintes Maries de la Mer, en territoire « gris », en traversant les eaux nationales de cette contrée appelée, pour l'occasion, Occitanie, pas coopérative mais pas encore en conflit avec les bleus. Les autorités occitanes ont activé leurs forces aériennes, dont les intentions ne sont pas claires et qui tentent de survoler la Task Force. Et surtout, ce pays instable dispose de deux sous-marins, joués par deux sous-marins nucléaires d'attaque, dont le Rubis, qui tentent de pister le Siroco et la Meuse, en attendant de dévoiler leurs intentions.

L'intérêt de l'exercice axé sur la guerre sous-marine consiste à déployer l'ensemble des moyens de lutte ASM, notamment les hélicoptères Lynx de la 34F qui arment les frégates anti-sous-marines, aussi bien en pleine mer qu'à proximité du plateau continental, et notamment près du talus, lieu de tous les dangers.

En effet, certains moyens de détection très efficaces comme les sonars remorqués à immersion variable ne peuvent être utilisés en eaux peu profondes. Le transit de la Task Force du large vers les eaux côtières représente certainement la principale difficulté de l'exercice.

Le déroulement réaliste de l'exercice ne nous a évidemment pas permis de voir les sous-marins, mais lors de la phase tactique du 14 mai, nous avons pu observer les manoeuvres du dispositif pour s'opposer au survol des navires précieux par les avions d'attaque de l'Occitanie (en l'occurrence des Mirage 2000 de l'Armée de l'Air). Le Cassard et les trois frégates ASM, équipées de batteries de Crotale, ont empêché les avions de pénétrer dans la bulle de protection.


Au poste de combat.

Armement d'une mitrailleuse de 12,7 mm.

Un des enjeux majeurs de l'exercice consistait au savant dosage des actions et des réactions des deux parties : les PC des deux forces étaient d'ailleurs à bord du Siroco, chacun muni d’un « jeu de cartes » en partie ignoré par l’autre partie. Dans de telles conditions de temps de crise, pas vu pas pris, mais le premier à faire un faux pas peut se retrouver au banc des accusés devant la communauté internationale. Nous n'étions pas à bord pour être témoins de la phase ultime de la confrontation entre les bleus et les « presque rouges », mais nous ne doutons pas que les sous-marins ont fini par causer bien du tracas à la force bleue...


Un Puma du 5e régiment d'hélicoptère de combat (ALAT) à bord du TCD Siroco, face à un Lynx de la 34F sur la plate-forme du Primauguet.

Equipe de RAM (ravitaillement à la mer), plage avant à bord de l'aviso Commandant Birot (mai 2009).

Les enseignements de Sarment 09 seront très utiles pour l’avenir, dans un environnement mondial caractérisé par une multitude d’instabilités locales.

Alexandre Gannier pour Net-Marine © 2009. Copie et usage : cf. droits d'utilisation. Remerciements  pour leur accueil et leurs explications : CA Kérignard, CV Lorge, LV Marassé, CRE Tétu, ASP Thouaille, équipage du Siroco et celui du Lynx 34F/806 embarqué sur le Primauguet.


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