Les bâtiments ayant porté le nom de Sirène


Urne grecque sculptée, représentant les sirènes, créatures mythologiques, qui vivaient dans une île au large de la Sicile (Photo Talaria).

Pas moins de dix-neuf bâtiments de la marine de guerre française ont porté le nom de Sirène :

Un vaisseau de 44 canons (1666 - 1684) construit à Toulon en 1664-66, d'abord sous le nom de Monarque (1664) puis de Sirène en 1665. Armé à Toulon "pour faire la guerre aux Anglais cet hiver", il sera utilisé en 1667 par le CV Dufresne qui conduit à Alger le commissaire Trubert pour négocier la libération de captifs français. Radoubé à Toulon en 1669 suite à l'avarie de son grand mât cassé accidentellement, il participe ensuite à l'expédition de Candie (cdt Cogolin). De 1670-72 il prend part au blocus de Tunis et Porto Farina, dans la guerre contre les pirates barbaresques. Le 19 avril 1676, il repousse seul une attaque du port d'Agosta par l'escadre hollandaise de Ruyter. En 1683, il fait partie de l'escadre venue bombarder d'Alger. Sa vie se termine plus tristement le 16 janvier 1684, lorsqu'il fait naufrage dans la petite passe de Formentera aux Baléares. (Caractéristiques : Plans Pomet ; 250 h).

Une galère (1674 - 1686) mise à flot à Marseille en 1674. En 1675-76, elle fait la campagne de Sicile, puis passe l'hiver 1677-78 à Messine (capitaine de Forville). Elle est reconstruite (ou remplacée ?) en 1679. En mai 1684, elle participe au bombardement de Gênes (escadre de Duquesne). Elle est condamnée en 1686. (Caractéristiques : 200 t ; Chabert aîné ; 26 bancs ; 130 h + 260 rameurs ; 5 canons).

Une galère (1687 - 1701) construite à Marseille en 1687 par Hubac. En 1699, commandée par le marquis de Forville, elle fait partie des galères du Levant. Elle est condamnée en 1701.

Un vaisseau de 64 canons (1691 - 1702) mis à flot à Bayonne en 1691. Son nom est quelquefois écrit Sirenne. En 1691, il fait partie de l'arrière garde à la campagne du Large (cdt La Galissonnière). En mai 1692, il participe à la bataille de La Hougue, puis en juin 1693 au combat de Lagos dans l'escadre de Tourville. Sa vie se termine le 22 octobre 1702, à la bataille de Vigo, quand il se jette à la côte pour éviter d'être capturé. (Caractéristiques : 800 à 1100 t ; 44,5 x 12,1 m ; Masson ; 350 h ; 56 à 64 canons).

Une flûte (1696 - 1704), ex navire anglais, pris par les Français en 1696.

Une felouque (1704 - 1720) commencé à Marseille en juillet 1703, et mis à flot en janvier 1704. Sa carrière est sans histoire. Elle est rayée en 1720 à Toulon. (Caractéristiques : 25 t ; 20,8 x 3,1 x 1,3 m ; 1 canon).

Une frégate de 60 canons (1706 - 1710), navire hollandais, pris par les Français en 1706. Armé en corsaire ? (à confirmer). Le 29 décembre 1709, avec Parfait, Phénix et Sérieux, elle capture HMS Pembroke et Falcon au large des Baléares et libère un convoi de blé pour Toulon.

Une galiote à rames de 14 canons (1706 - 1718) construite à Toulon en 1706. Le 11 mars 1713, elle est jugée " en bon état " à Toulon. Pourtant, à peine cinq ans après, le 20 mai 1718, on donnera l'ordre de la démolir dans ce même port.

Une frégate de 32 canons type Sirène (1744 - 1760) mise en chantier à Brest en mars 1744, et lancée le 24 septembre 1744. En 1747, elle participe à de nombreux combats contre les corsaires entre Saint Domingue, Cuba et la Jamaïque (cdt Guichen), et résiste avec Atalante dans le port de Paix à Haïti à l'attaque de 5 vaisseaux anglais. En 1755, elle visite le Québec. En avril 1756, elle quitte Brest avec 3 vaisseaux et 2 frégates pour porter des troupes à Louisbourg (division Beaussier de Lisle). En 1758, elle fait une croisière au cap de Bonne Espérance et Sainte Hélène. En juin 1760, elle part de Brest pour porter des troupes à la Martinique, mais elle est attaquée peu après le 18 octobre 1760, et prise par HMS Boreas à Saint Domingue. Totalement dématée et coulant bas, elle ne sera pas incorporée dans la Royal Navy. (Caractéristiques : 520 t ; 38,3 x 10,3 x 4,7 m ; XXX à XXXII).

Une corvette (1770 - 1794) sur cale à Caudan (Lorient) en janvier 1769, comme gabare Marie de la Compagnie des Indes, elle est lancée le 14 août 1769 et achevée en octobre 1769. Achetée par le Roi à la liquidation de la Compagnie (4/1770), elle est transformée en corvette en 1770. En 1771-73, elle est prêtée à un particulier. On la croise en 1771 et 1775 à l'île de France. En août 1794, elle est captuée par HMS Intrepid (64) et Chichester (44). (Caractéristiques : 200 t ; 10 à 16 canons).

Une flute (1782 - ) achetée le 6/1/1782 au sieur Fournier, négociant, qui venait lui même de l'acheter pour 112 000 Frs. En janvier 1782, elle arrive à Toulon. On perd sa trace peu après (si vous avez des infos, écrivez moi).


Lettre du commandant du chébec Sirène, annonçant au préfet maritime la capture de la felouque corsaire espagnole Saint Joseph (27 juin 1812 - SHD Toulon 2A-403)

Une frégate de 40 canons type Coquille (1795 - 1808) mise en chantier à Bayonne en juin 1794, mise à flot en 1795 sou le nom de Fidèle. En mai 1795, elle prend le nom de Sirène. Elle participe à l'expédition d'Irlande (12/1796-13/1/1797), et au débarquement en baie de Bantry. De 1802 à 1804, elle croise en Méditerranée et en mer Egée. Le 8 juin 1805, en escorte vers la Martinique de 15 navires anglais pris à Antigoa, elle est contraint de les brûler en vue de frégates anglaises. Le 22 juillet 1805, elle prend part à bataille des "Quinze-Vingt" au cap Finisterre. En mars 1806, elle quitte Lorient avec la division Leduc pour une campagne de destruction des flottes baleinières anglaises dans le Nord. Son retour en septembre à Lorient fut difficile, avec de nombreux scorbutiques à bord. Elle livre un combat le 22 (ou 28 ?) mars 1808 au large de Groix à toute une division anglaise. Victor-Guy Duperré, futur amiral s'illustra brillament au cours de ce combat. Condamnée suite à des avaries de combat en avril 1808, elles sert alors de ponton à Lorient, avant d'être démolir en 1825. (Caractéristiques : 590 t ; 44,9 x 5,7 x 5,3 m ; Forfait ; XXVIII.12 + X.6 + IV.obusiers.36).

Un demi-chébec (1808 - 1814), corsaire pris en mars 1808 entre Bordeaux et Toulon par Themis et Pénélope. Il est armé en Corse de 1810 à 1814 à la station de Bastia. Le 25 juin 1812, il capture au large de Bastia, avec la Mouche n°21, la felouque corsaire espagnole Saint Joseph armée à Mahon (25 h, II.2 ou 3) et la conduit à Bastia.

Une frégate de 52 canons (1814 - 1836) mise en chantier à Dunkerque le 22 mai 1803 sous le nom d'Amphytrite, puis mise à flot le 24 septembre 1805 sous le nom de Milanaise. De 1805 à 1812, elle est armée à Dunkerque. Conduite dans l'Escaut en février 1813, elle rallie ensuite Brest en 1814, où elle est cédée aux Alliés suite à la convention du 23 avril 1814 et au traité de paix du 30 mai 1814. Mais elle reste désarmée à Brest. C'est le 30 août 1814 qu'elle prend le nom de Sirène. Elle reprendra toutefois le nom de Milanaise pendant les Cent jours (23/3-15/7/1815).

Une frégate de 52 canons (1823 - 1871) construite à Toulon de juillet 1820 à 1823. En mai 1826, elle ramène à Smyrne 200 pélerins turcs enlevés d'un brig autrichien par des pirates grecs et abandonnés sur un rocher sans vivres ni vêtements (CV de Rigny). Ce crime et bien d'autres réclament vengeance. C'est chose faite le 17 juin 1826, lorsqu'elle participe à la destruction du repaire des pirates grecs à Egine avec la division de Rigny. Le 20 octobre 1827, elle est engagée dans la bataille de Navarin contre la flotte turco-égyptienne, et combat la frégate Ihsanich qui explose à coté d'elle, faisant 23 tués et 43 blessés coté français. En 1830, elle prend part à l'expédition d'Alger, puis en juillet 1831 à l'affaire du Tage, en 1834 à la croisière du Prince de Joinville. Refondue en 1840, elle part de Brest en 1846 pour une longue campagne en Océanie. Elle touche Tahiti, puis rentre en août 1850 à Brest via à Rio (14/6). Refondue à nouveau en 1851, elle participe à la guerre de Crimée (1854 : Baltique, 1855 : mer Noire, armée en transport). Rayée le 20 juillet 1861, elle sert ensuite de charbonnière à Brest. (Caractéristiques : En bois ; 160 h en transport).


Le sous-marin Sirène (1927-42).

Un torpilleur autonome submersible (1901 - 1919) mis en chantier à Cherbourg le 11 avril 1900, lancé le 4 mai 1901, il entre en service le 14 décembre 1901. Affecté à la station des sous-marins de Cherbourg, il effectue entre décembre 1902 et juin 1914 235 plongées. Sa carrière sera malheureusement marquée par plusieurs abordage : le 10 novembre 1905 en surface avec un autre sous-marin, le 25 juin 1907 avec le Henri IV dans l'avant port de Cherbourg suite à une avarie de barre. Tout cela ne l'empêche pas de prendre part à la 1ère guerre mondiale du 2 août 1914 au 15 novembre 1918. En octobre 1917, il est affecté à l'école d'écoute de Brest. Mis en réserve en décembre 1918, il est condamné le 12 novembre 1919, puis vendu pour démolition le 12 novembre 1920 avec 3 autres sous-marins de la même série. (Caractéristiques : 157 t ; 250 cv ; 32,50 x 3,90 m ; Laubeuf ; 213t.pl ; 1 moteur à vapeur 275cv ; 1 chaudière à pétrole ; 1 moteur elec.127cv ; 1 hélice ; 12 nds surface ; 8 nds plongée ; IV.TLT.Drzewiecki.450 + II.TLT.système verrou glissant remplacés 1906 : II.carcasses).

Un sous-marin de moyenne patrouille et de défenses des côtes type Sirène (1927 - 1942) dont la construction commence aux Ateliers et Chantiers de la Loire à Nantes le 28 novembre 1923. Mis à flot le 6 août 1925, il entre en service le 12 mars 1927, date à laquelle il est affecté à Bizerte. D'octobre 1928 à juillet 1929, il est en réparations à Brest. Affecté à la 6e ESM, puis à partir de septembre 1936 au centre des sous-marins de Bizerte, puis en août 1938 à la 19e DSM, il rallie Toulon en novembre 1938. C'est dans ce port qu'il stationne à l'entrée en guerre. Placé en gardiennage d'armistice à Toulon le 21 octobre 1940, il est sabordé dans la darse des sous-marins le 27 novembre 1942. Renfloué en mars 1943, il est à nouveau coulé par bombes en baie de La Seyne en 1944. Son épave sera une dernière fois renflouée en 1945 et utilisé comme flotteur. (Caractéristiques : 609 t ; 1200 cv ; 64 x 5,20 x 4,1 m ; 757t.pl ; 2 moteurs électriques 500cv ; 2 diesel de 650cv ; 2 hélices ; 40 h ; VII.TLT.550 + XVIII.torp + I.100 + II.mitrailleuses.8 ; Symb. de coque : SI, SR, 93, 193).

Un sous-marin ex-anglais groupe 3 (1952 - 1958) construit aux chantiers Scotts Ltd à Greenock (Grande-Bretagne), il est mis à flot le 5 juin 1942, et participe à la seconde guerre mondiale sous pavillon britannique et sous le nom d'HMS Spiteful. Transféré à la France, il prend le nom de Sirène le 27 juin 1951. Il sera affecté au GASM (utilisé pour but Asdic) pendant quelques années, puis remis aux autorités britanniques le 1 octobre 1958. (Caractéristiques : 814 t ; 1764 cv ; 66,14 x 7,21 m ; 990 t.pl ; 2 moteurs électriques 659cv ; 2 diesel 882cv ; VII.TLT + I.1/3 + XXVIII.torpilles ; Symb. de coque : P3 ; P227,S615).

Le dernier bâtiment ayant porté le nom de Sirène est un sous-marin de 800 tonnes (1970-97).

(Texte : Net-Marine ; Pour en savoir plus : Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre de Colbert à nos jours)


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