Mars 1943 : La corvette Aconit au combat

(Sources : Rapport ACONIT N°209/CDT du 14/03/1943, Rappport Roselys à HMS Escapade 03/1943, le Groupe d'Action Sous-marine, Addim 1995 - remerciement Jean-claude Pinchon, pinchonjean@voila.fr)

Le 11 mars 1943, en Atlantique nord, la corvette Aconit des Forces navales françaises libres alors qu'elle escorte un convoi, éperonne et coule un sous-marin allemand, puis atteint à la grenade et met hors de combat au canon un deuxième sous-marin. Tout cela en moins de cinq heures!
Récit des évènements :


Le convoi : Des cargos, des pétroliers, des escorteurs.

Le 10 mars 1943 à 20h 24, dans l'Atlantique nord, un convoi allié se trouvant par 51°20'N-29°25'W est torpillé. Les bâtiments n°71, 74 et 65 (SS Lawton P. Evans) sont touchés. Le transport de munitions américain Andrea Luchenback (n°74 - 6565 t ) est littéralement volatilisé à 20h48.
Le cargo britannique n° 71 Tucurinca (5412 tonnes), alors endommagé, quitte le convoi sous escorte de la corvette Roselys. Il coulera le lendemain à 5h11.
Le 11 mars, à 1h15 par 51°14'N-29°18'W, les bâtiments n°131 (américain William C. Gorgas de 7197t) et n°23 (Jamaïca Producer) sont torpillés. Ce dernier, sera aperçu par la corvette Renoncule qui signalera que le bâtiment endommagé fait route par ses propres moyens. A la même heure HMS Harvester éperonne un U-Boot en surface, et fait rallier l'Aconit à 1h20.


Un navire marchand bien mal en point.

A 1h37 l'Aconit aborde le U-Boot allemand U444 en surface, repêche 4 survivants du sous-marin, et fait route vers le Harvester en train de recueillir les survivants du William C. Gorgas.
A 3h40, troisième attaque contre le convoi : le n°135, SS Brant County, est torpillé. Ce transport norvégien de 5000t chargé de munitions explose à 4h11.
A 6h40 la Roselys a un écho radar dans le 165 et fait route dessus.
A 06 h 55, elle reconnait le bâtiment marchand Henry Wynkoop, n°11 du convoi (capitaine G.F. Feltus), par 51°25'N-28°45'W. Ce navire non endommagé, mais qui n'a plus une embarcation sous porte-manteaux, signale que dix huit hommes ont abandonnés le navire la nuit dernière lorsqu'un pétrolier du convoi a fait explosion, qu'il ne lui reste que quatre mécaniciens et qu'il est à la recherche des déserteurs qui doivent se trouver dans les environs La Roselys reste auprès de lui pour le protéger et participer aux recherches.


Sur la plage arrière de l'Aconit, les grenades sont prêtes.

08h30 : La Roselys dirige le Wynkoop vers une embarcation portant sept hommes, en vue à 3 milles, et faisant un signal par fumigène. Dix minutes après après, à 300 yards de l'embarcation, la Roselys aperçoit un homme, sur un radeau qu'elle accoste, et embarque le naufragé à 9h15. Cet homme déclare se nommer "Crozier" chef mécanicien du Wynkoop. Se trouvant vers 3h30 dans la nuit occupé dans le canot à moteur, deux hommes ont sauté dans le canot qu'ils ont amené et qui a chaviré en arrivant à l'eau. Il a dû grimper sur un radeau. La Roselys effectue des balayages asdic autour du Wynkoop qui a stoppé pour reprendre son embarcation
Pendant ce temps, au moment où l'Aconit, ralliant le convoi, aperçoit des fumées à l'horizon, l'Harvester lui envoie le message suivant : "Suis complètement désemparé. Ralliez-moi au point 51°23' N 28°41'W". L'Aconit vire de bord aussitôt. Il s'estime à 45 milles dans le 7O du Harvester. Il lui faut plus de trois heures pour rallier. Ses antennes d'émission étant cassées, il ne lui est pas possible de prévenir l'Escapade, nouveau chef d'escorte, de sa décision de se porter à toute allure au secours du Harvester.


Grenadage.

11h30 : Les antennes sont réparées et l'Escapade est prévenue. Un relèvement gonio du Harvester est obtenu, et l'Aconit fait route directement sur lui.
11h55 : Un objet noir est aperçu à 6 milles droit devant, qu'on pense être un kiosque de sous-marin. L'Aconit force l'allure et rappelle aux postes de combat.
12h04 : L'objet est identifié : c'est une embarcation de sauvetage à voiles ayant des survivants à bord.
12h05 : L'Aconit entend une explosion sous-marine accompagnée d'une colonne de fumée droit devant au-delà de l'horizon. Au même moment le Harvester signale "Je suis torpillé".


Le sous-marin U432 est désemparé. Le kiosque fume encore du coup de canon qu'il vient d'encaisser.

12h12 : L'Aconit aperçoit un sous-marin à l'horizon, en même temps qu'une deuxième explosion est entendue accompagnée d'une colonne de fumée. Route sur le sous-marin qui plonge à 12h18. Balayage Asdic à 12h36, commencé au dessus de la position où le sous-marin a plongé, zigzag pour dérouter le sous-marin, contact Asdic à 12h49 à 1300 yards dans le 180, route sur le contact, chapelet de 10 grenades réglées à 100 pieds à 12h52. L'Aconit se retourne et fait route à nouveau sur le contact Asdic, et, à 13h00 lance à nouveau dix grenades réglées à 150 pieds. Attaque avec 23 projectiles de Hedgehog (sorte de mortier) à 13h05, à vitesse réduite : aucune explosion n'est entendue.
13h10 : Le sous-marin fait surface à 1800 yards à tribord sur l'arrière de l'Aconit. L'ennemi est immédiatement engagé au pom-pom (canon à tête multiple de petit calibre) et l'Aconit fait route sur lui à toute vitesse, ouvre le feu avec les mitrailleuses Oerlikons, le canon de 4 pouces et deux fusils mitrailleurs modèle 29. Des six coups de 4 pouces tirés les quatre derniers atteignent le sous-marin, le deuxième coup au but volatilisant le kiosque.


Cérémonies funéraire : les prisonniers allemands livrent un de leurs morts aux flots.

13h10 : L'Aconit cesse le feu, stoppe, puis bat en arrière pour essayer de poser son étrave sur le sous-marin et envoyer une équipe de prise.
13h15 : Ayant encore un peu d'erre en avant l'Aconit aborde l'U432 dans le kiosque qui disparait dans une large nappe de sang. Vingt prisonniers sont ramassés dont l'officier en second du sous-marin.
13h16 : L'Aconit fait route vers les radeaux des survivants du Harvester qui n'ont pas été perdus de vue pendant toute l'action et qui flottent à 7000 yards environ. Le Harvester a en effet coulé immédiatement après le deuxième torpillage. Entre 14 h et 17 h 35 vingt neuf survivants du destroyer, dont deux officiers, sont ramassés, plus seize rescapés du cargo américain Henry Wynkoop et deux du William C. Gorgas.
De son coté, à 15h30 la Roselys reçoit l'ordre de quitter le Wynkoop et rallie le convoi.