Histoire de l'escadrille 12S - La génèse (1939-1951)
I - Une première 12S éphémère Au début de la seconde guerre mondiale, l'Aéronautique Navale est en pleine évolution. La Royale embarque des hydravions d'observation sur les gros bâtiments. La technologie des radars est à son début. L'aviation permet une surveillance maritime plus souple que les bateaux. Le premier septembre 1939, à la mobilisation, l'Aéronautique Navale renforce la surveillance des côtes par la création d'escadrilles côtières. Chaque Région Maritime a, dans chaque base, une escadrille de ce type. Il est prévu de placer sur la base d'hydravions d'Aspretto, toute récente, la 3S6, équipée en Latécoère 298. La priorité pour ce type d'avion est réservée aux flottilles de torpillage. La 3S6 est alors organisée sur le Continent à Saint-Mandrier, avec de vieux avions dont trois Gourdou Leseure GL812 périmés pour l'époque, deux Levasseur PL15 récupérés à l'escadrille école et un Loire 130. En attendant les fameux Latécoère, on destocke quatre autres Levasseur dont le dernier est reçu fin septembre.
Le 1er janvier 1940, la 3S6 se met en place à Aspretto (Corse). Le 10 mai 1940, c'est le début de la Campagne de France. L'escadrille joue un rôle obscur, mais accomplit ses missions de surveillance en Méditerranée. Elle ne dispose plus que des six PL15. Le 25 juin, c'est l'armistice. L'escadrille s'équipe en Latécoère 298, et les derniers PL15 sont ferraillés sur place. Le 28 juin, la 3S6 possède 3 Latécoère 298D basés à Aspretto, et 3 autres à la BAN Bizerte Karouba (Tunisie). Le 1er juillet 1940, la Marine remodèle l'organisation et le numérotage de ses escadrilles d'aviation. La 3S6 devient 12S. Cette 12S, équipée de Latécoère 298D est dissoute le 20 août, et, le 24 du même mois la BAN d'Aspretto est désarmée. Deux mois d'existence pour cette première 12S, ce fut bref ! Son insigne est inconnu. II - La génèse de la 22S
En 1945 se trouvent sur la BAN d'Agadir, deux flottilles d'exploration des F.N.F.L. (Forces Navales Françaises Libres). Ces flottilles furent formées aux États-Unis sur Catalina PBY5A en novembre 1943 pour la 6FE, et en mai 1944 pour la 8FE. Elles ont pour vocation la surveillance maritime. En octobre, la 8FE se retrouve sous l'appellation 8F en Indochine, de son côté enfin d'année la 6FE est dissoute. La flottille 6F lui succède en prenant l'insigne à croix de Lorraine porté sur la carlingue des avions de la 6FE. Mais la vocation de cette nouvelle flottille est complètement différente. Elle est axée sur le torpillage et le bombardement avec des avions embarqués sur porte-avions. Dans cette période d'après guerre, un organisme international est créé pour la règlementation et la sécurité du contrôle aérien sur notre globe : l'OACI (Organisation de l'Aviation Civile Internationale). Cet organisme prévoit un dispositif international de recherche et de sauvetage des avions et bateaux en difficultés qui est le SAMAR (Surveillance Aéro-Maritime).
Comme il n'y a plus de formation de surveillance maritime à Agadir après le changement de la 6FE et le départ de la 8FE, il est décidé de créer une escadrille qui aurait pour mission principale le SAMAR et le SATER (Surveillance Aéro-Terrestre) en Afrique du Nord. Elle a pour nom la 22S. Au début
ses moyens ne sont pas importants. On lui octroie quatre Catalina,
deux en service et deux en volant de fonctionnement. Ils volaient sans restrictions,
sauf que pas plus de deux n'étaient pas mis en vol en même temps. Les missions de sauvetage en mer étaient réalisées avec l'emport de Lindholme : engins emportés sous les plans et composés de dinghies et de matériels de survie dans des conteneurs réunis par des cordages. Ils étaient largués au vent de naufragés se trouvant à l'eau; marqués par un phoscar; l'ensemble devait dériver vers eux. Contrairement
aux Dornier 24 effectuant les mêmes missions SAMAR à Bizerte et à Aspretto,
le Catalina,
équipé de moteurs Pratt § Whitney R 1830-92 était toujours disponible.
III - Evolution de la 22S Un insigne ayant été adopté pour le SAMAR dans l'aéronautique navale, celui-ci représente un dauphin traversant une bouée ailée marquée SOS. Par cet insigne on devine aisément le rôle du sauvetage. Chacune des trois escadrilles d'hydravions 20S, 22S, 30S, reprendra cet insigne en y ajoutant son numéro sur la bouée. Le rôle
de la 22S s'étend. Elle s'occupe aussi de l'entraînement à
la lutte anti-sous-marine des réservistes. Puis peu à peu cette
vocation fait tâche d'huile et l'escadrille participe à toutes sortes
d'exercices avec le groupement de lutte anti-sous-marine puis avec l'escadre.
II faut dire que l'on s'intéresse de plus en plus aux nouveaux moyens
de recherche et de pistage des sous-marins, et à l'apparition du
système de bouées acoustiques largables Sonobuoy canadien. Des exercices réussis au large de Toulon amenèrent l'amiral Blanchard, dirigeant le GASM (Groupe d'action anti sous marine), à bord du Béarn à demander l'affectation de la 22S à Cuers. C'est ainsi que le 15 mars 1951, la 22S traverse la Méditerranée pour s'installer à Cuers avec ses amphibies. Les missions restent les mêmes. Vu l'importance que prend l'entraînement à la lutte anti-sous-marine, et la recherche de nouvelles tactiques, l'escadrille reçoit un, puis deux AAC1 Toucan équipés de dispositifs d'écoute de bouées sonores. Un autre Catalina lui est affecté. (D'après un texte du PM Blandin M., complété par des archives du quotidien La Dépêche de Tahiti et Cols Bleus ; Sources : Service Historique de la Marine, SIRPA Mer, Musée de la Marine, Service Photo de la Base de Lann Bihoué, SIAR, AHAN Faa'a) -> Anciens de la "douze" : Vous avez sans doute des corrections, des anecdotes ou des photos pour compléter cet historique. N'hésitez pas à nous écrire :
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